article complet

Transcription

article complet
Les étudiants bretons et l’Internet : Mythes et réalité
Contexte
Depuis plusieurs années, le développement rapide d’Internet et les nombreuses mesures adoptées
pour faciliter l’apprentissage et l’appropriation d’Internet dans les écoles ou les universités
inciteraient les étudiants à acquérir des compétences en informatique et dans l’utilisation du Net.
Ces étudiants, que l’on qualifie souvent de « digital natives » (que l’on pourrait traduire par « de
la génération numérique »), baignent dans les technologies de l’information et de la
communication depuis leur plus jeune âge et leur maîtrise de ces nouvelles technologies semble
tomber sous le sens. Et pourtant, l’exploitation d’une enquête sur leur usage des TIC exposée
dans cet article, va parfois à l’encontre de ces idées. Les principaux résultats sont les suivants.
Résultats
S’il est vrai que les étudiants sont mieux équipés en technologies numériques que l’ensemble de
la population et les utilisent plus fréquemment, ils n’en ont pas du tout une pratique homogène.
En premier lieu les étudiants scientifiques sont plus attirés par le côté technique de l’ordinateur
alors que les étudiants littéraires le considèrent plus comme un outil d’expression ou d’accès à
l’information. En second lieu, des différences de genre apparaissent dans l’usage d’Internet : les
hommes sont globalement de plus gros usagers du Net que les femmes.
Si globalement, 69% estiment leur habileté à se servir d’Internet très bonne, voire excellente, une
typologie des usages en révèle un échelonnement, à partir d’un seuil de pratique courante,
jusqu’à des utilisations plus marginales et plus sophistiqués. C’est la recherche de
divertissement qui motive d’abord l’usage d’Internet, les besoins de communication et la
recherche d’information n’intervenant qu’en second. Le courrier électronique n’est d’ailleurs pas
le seul mode d’échange des étudiants qui accèdent aussi à d’autres moyens de communication via
le Net (MSN ou des blogs). Seuls les étudiants aux usages les plus avancés se servent aussi
d’Internet pour étendre leur réseau social (tenir un blog, avoir des amis virtuels…) ou effectuer
des transactions.
Et bien que les étudiants de l’enquête soient quasiment tous utilisateurs mensuels d’Internet, leurs
usages dans leur relation avec l’université demeurent limités : ils se connectent peu à Internet
quand ils sont à l’université, échangent rarement avec leurs professeurs et ne savent guère trouver
de l’information en ligne pour les besoins de leurs travaux universitaires. La pratique des logiciels
bureautiques ou autres, primordiale pour leur arrivée sur le marché du travail, n’est pas acquise,
pour bon nombre d’entre eux.
En résumé, l’ordinateur et Internet apparaissent beaucoup plus comme une plate-forme d’accès
multimédia aux loisirs, à la communication, à des contenus distractifs que comme un outil de
travail indispensable pour les étudiants.
Des étudiants bien équipés pour des usages plutôt
personnels
1
Les étudiants sont bien équipés et très souvent connectés
L’opération « Micro Portable Etudiants » (MIPE), lancée en 2003, a eu pour but de faciliter
l’équipement numérique des étudiants entrant en première année à l’université. Ainsi,
l’équipement en ordinateur portable serait passé de 8% en 2004 à 52% en 20071. Selon l’enquête
bretonne « REBI », la totalité des étudiants utilise un ordinateur (les foyers bretons sont équipés à
61% en 20082). Deuxième indicateur du fort équipement : 71% des étudiants disposent d’une
connexion à Internet là où ils vivent la majeure partie de l’année (contre 55% des foyers résidant
en Bretagne), le logement au domicile des parents favorisant cet équipement. 55% possèdent un
ordinateur portable dont les trois quarts accèdent au wifi ; un peu plus de 6 étudiants sur 10
dispose d’une connexion à Internet haut débit et près de 50% ont recours à une webcam.
L’équipement n’est donc pas un problème pour cette catégorie de population.
Près des trois quarts des étudiants se connectent journalièrement, (tableau 1) et ce d’autant plus
qu’ils utilisent Internet depuis longtemps, c’est à dire plus de 4 ans (finalement depuis le lycée,
voire même avant). Pendant l’année universitaire, 22% des étudiants se connectent
quotidiennement 3 heures ou plus. Ce taux passe à près d’un tiers pendant les vacances. L’usage
d’Internet paraît bien inscrit dans les pratiques quotidiennes des étudiants, et plus encore dans
celle de leur temps libre.
Fréquence d’utilisation
d’Internet
Quotidiennement ou presque
Une fois par semaine ou plus
Une fois par mois ou plus
Moins souvent
Des
étudiants
72%
26%
2%
0%
Des
bretons3
68%
19%
4%
9%
Tous les étudiants sont des utilisateurs
d’Internet. Mais si l’on se concentre
sur la fréquence d’usage d’Internet
quotidienne, la différence entre
résidents en Bretagne et étudiants en
Bretagne est moins marquée.
Tableau 1Comparaison de la fréquence d’utilisation d’Internet des étudiants et des Bretons
Cependant, un clivage existe concernant le temps passé sur le Net, mais aussi dans l’estimation de
l’habileté à se servir de ces outils, clivage fondé sur le genre, la discipline d’étude, l’ ancienneté
d’utilisation et la possession d’un ordinateur. Plus en détail, les étudiants en sciences, de sexe
masculin, possédant un ordinateur et habitués depuis longtemps à utiliser Internet en ont une
pratique consolidée et y consacrent plus de temps.
L’ordinateur est une plate-forme multimedia4 plutôt qu’un outil de productivité personnelle
Depuis mai 2002, le gouvernement a mis en place un certificat informatique et internet (C2I) dans
le but de « développer, de renforcer et de valider la maîtrise des technologies de l’information et
de la communication par les étudiants en formation dans les établissements d’enseignement
supérieur ». A cela s’ajoute, ponctuellement, la mise en œuvre de formations aux outils
technologiques. Malgré cela, une part importante d’étudiants utilise finalement pas du tout, peu
ou mal les outils de bureautique. La moyenne obtenue pour les 2926 étudiants entrant à
1
http://www.microportable.fr/mipe/actualite.htm,, magazine MIPE 2007.
Chiffres issus de l’enquête « Résidentiel 2008 » de M@RSOUIN, conduite durant les mois de mai et juin 2008 sur
un échantillon représentatif de 2001 individus résidant en Bretagne âgés de 15 ans et plus (6ème édition).
3
Par bretons, nous entendons résidants en Bretagne.
4
Lecteurs cd/ dvd, graveurs cd/dvd, imprimantes, scanners, webcam, wifi.
2
2
l'Université Rennes 2 en L1 et participant à un test d’auto – évaluation, était seulement de 18 sur
35 (médiane égale à 18).
Notre enquête montre que les traitements de textes sont les seuls logiciels couramment usités (par
98% des étudiants), tandis que les logiciels de présentation et de tableur le sont par un peu plus
de la moitié, notamment des étudiants d’IUT, de DUT, de DEUST, formations plus appliquées et
professionnalisantes. Mais 44% des étudiants utilisent aussi des logiciels de montage de photo et
vidéo. Les logiciels plus techniques (création de musique, dessin / infographie, création de site
Web, logiciel d’analyse de données) sont plus utilisés par les étudiants scientifiques. Les hommes
sont globalement de plus gros utilisateurs de logiciels. Enfin, un étudiant sur deux seulement
utilise des logiciels libres et seuls 9% d’entre eux se servent d’un système d’exploitation libre.
Les hommes et les étudiants scientifiques ont un plus fort attrait pour le côté technique de l’outil.
Internet dans la vie personnelle : une pyramide des
besoins ?
L’ordinateur et Internet constituent pour les étudiants une plate-forme de communication,
de divertissement et d’acquisition de contenus.
Les étudiants se servent de leur ordinateur et d’Internet comme un véritable objet multimédia,
avec des usages pour la vie personnelle, plutôt hiérarchisés.
Taux des différents usages mensuels
Participer à un environnement virtuel en empruntant l’identité d’un
personnage (ex : Second Life)
7%
Regarder des œuvres d’art ou visiter des expositions virtuelles
Jeux
11% Hommes
11% Sciences
14%
Télécharger des jeux
20%
50% Hommes
40% Sciences
Jouer à des jeux en réseau
21%
50% Hommes
43% Sciences
Envoyer des cartes de vœux, des clips, blagues
35%
Jouer à des jeux solos
36%
52% Hommes
Téléchargement
70% Hommes
59% Sciences
Télécharger des logiciels
48%
Télécharger des films / clips vidéos
48%
61% Hommes
51% Sciences
72% Hommes
Télécharger de la musique
58%
73% Hommes
Visiter des sites de médias en ligne
67%
73% Hommes
Ecouter de la musique
Web 2.0
68%
85% Hommes
Regarder des contenus vidéo disponibles uniquement sur Internet (ex :
Youtubes)
72%
Rechercher des informations pour trouver des renseignements
pratiques
Web 1.0
78%
Communiquer par mails
90%
0%
10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Figure 1
3
Le téléchargement n’est pas, contrairement à ce que certains veulent faire croire pour cette
tranche d’âge5, la part la plus importante des usages du Net. Mais la pratique plutôt récente du
visionnage de vidéos sur Internet (Youtube, Dailymotion…) remporte un franc succès, et
caractérise cette tranche d’âge.
Le graphique ci-dessous présente les principales caractéristiques des étudiants visionnant des
vidéos sur Internet6. La taille des caractères augmente avec l’influence de la variable sur la
probabilité de visionnage. Ainsi, les résultats obtenus montrent une corrélation avec le besoin se
divertir grâce au Net (écoute de musique, jouer en ligne), la pratique du téléchargement, mais
aussi le genre et le domaine d’étude. Moins significatifs dans la corrélation avec le visionnage
sont l’environnement social de l’étudiant (activités conviviales, activités étudiantes, possession
d’un espace personnel) et son habileté à se servir d’Internet.
Pour résumer :
Un homme inscrits en Sciences écoutant de la musique,
téléchargeant et jouant en ligne, profitant d’un
environnement social « riche » et ayant un usage d’Internet
plutôt consolidé a « plus de chances » de visionner des
vidéos en ligne.
Par exemple, si l’on considère un étudiant ayant pour
habitude d’écouter de la musique sur le Net, sa probabilité
de visionner des vidéos est multipliée par trois par rapport
à un étudiant n’écoutant pas de musique, toutes choses
égales par ailleurs.
Le jeu en ligne représente aussi une part relativement importante des activités du Net, qui
concerne 4 étudiants sur 10, en réseau ou en solo. Les motivations sont la volonté d’interagir avec
autrui, de se désinhiber ou d’essayer différentes identités, d’explorer des aspects variés de sa
personnalité. Ainsi 46% des répondants sont très satisfaits de l’utilité d’Internet pour rompre leur
solitude et jouent à des jeux en réseaux.
•
Internet sert à effectuer des transactions et des recherches d’information
Les ⅔ des étudiants effectuent des achats sur Internet, notamment de produits culturels.
57% gèrent leur budget via le Net ce qui leur confèrerait une plus grande autonomie individuelle.
Et même si le risque de fraude reste présent à l’esprit, cela ne semble pas les détourner du Net
comme outil de transaction. Les recherches d’information quant à elles, s’orientent plus vers
l’information pratique (78% des étudiants) et l’organisation de loisirs (58%). Ceci dit, ces
recherches sont plus mensuelles qu’hebdomadaires ou quotidiennes.
•
Internet fournit plusieurs vecteurs et plusieurs modes de communication
97% des étudiants possédant un téléphone portable (soit quasiment tous) envoient des
SMS/MMS. Internet n’est donc pas le premier outil de communication, même textuelle. En
l’espèce, ce sont les amis, puis la famille proche et élargie qui échangent par courrier
électronique avec eux.
5
6
Voir par exemple O. Bomsel (2007) « Gratuit ! », Folio Gallimard.
Ces résultats sont issus d’une régression logistique.
4
Mais le courriel n’est pas le seul véhicule de communication. Une part importante se fait par
téléphone, la poste ou des visites et les étudiants pratiquent aussi, on l’a dit, d’autres modes
d’échange en ligne (MSN, Blogs…). D’ailleurs 38% d’entre eux possèdent un espace personnel
sur Internet, avec une part plus importante d’étudiants en sciences et en lettres. Pour 27%, il s’agit
d’un blog. Plus d’un étudiant sur trois « s’affiche » donc sur Internet.
•
Sociabilité et Internet
La communication avec des amis rencontrés en ligne tient également une place relativement
importante. Ainsi, 41% des étudiants (davantage les hommes) affirment avoir développé une
relation amicale par Internet7. D’ailleurs, les deux tiers des étudiants jugent Internet très
satisfaisant pour consolider de nouvelles relations, surmonter sa timidité ou rompre sa solitude
Les hommes sont plus nombreux à avoir développé une relation via le Net. Certaines amitiés sur
Internet ont eu pour conséquences une rencontre en face à face, pour 2 étudiants sur 10. Les
raisons évoquées sont diverses, comme le suggère la figure 6.
Motif(s) de création d'un espace personnel sur Internet
Donner ou vendre un article / service
quelconque
6%
Obtenir des informations ou un article /
service quelconque
8%
Faire profiter les autres de mes
connaissances, de mes talents
25%
Démontrer / développer mes habiletés
techniques, artistiques
25%
Pour dire que je suis, ce que j'aime, ce
que je pense
20%
40%
Pour des circonstances spéciales (sports,
loisirs, voyage…)
17%
31% hommes
24% hommes
34%
54% hommes
45%
Par curiosité
60%
80% 100%
Figure 2
Base: Etudiants possédant un espace personnel sur
Internet
•
16%
Pour agrandir le cercle d'amis
62%
0%
Jouer en réseau
Dans l'espoir de développer une relation
amoureuse
54%
Etablir / maintenIr des contacts avec des
gens qui partagent mes intérêts
Motif(s) du développement d'une relation amicale via
Internet ayant mené à une rencontre
53%
61% femmes
58%
Pour approfondir une relation intéressante
0%
20%
40%
60%
80% 100%
Figure 3
Base: Etudiants ayant développé des relations amicales
via Internet au cours de l’année précédant l’enquête, et
ayant mené à une rencontre physique
La pyramide d’acculturation au Net
En utilisant des techniques statistiques d’analyse multivariée des données, sur les usages
d’Internet par les étudiants dans leur vie privée, on peut établir une typologie des usages en 6
groupes.
Les classes obtenues sont présentées dans le graphique qui suit (figure 8), volontairement inspiré
de la pyramide des besoins de Maslow traduisant ainsi un gradient des usages d’Internet.
7
Contre 7% observé pour la moyenne des individus dans l’enquête Résidentiels 2006. On entend par « amis
virtuels », des personnes (identifiées par leur nom ou un pseudo) rencontrées sur Internet, avec lesquelles l’étudiant a
échangé plusieurs fois, la première rencontre ayant eu lieu sur Internet.
5
Le premier, constitué par 14% des étudiants, rassemble les « petits utilisateurs d’Internet ». Peu
d’usages, principalement dû à une faible connexion en terme de fréquence (liée à un problème
d’accès pour un sur deux) et à une utilité réduite de l’ordinateur (faible usage des logiciels et des
périphériques). Les femmes y sont sur - représentées.
A la base, le besoin le plus répandu est celui du divertissement. Le niveau suivant concerne les
étudiants qui utilisent Internet pour communiquer et faire des recherches d’information. Par
contre, les 2 niveaux qui suivent sont mutuellement exclusifs : l’un renvoie aux usages pratiques,
l’autre à la sociabilité. Il est rare finalement de trouver des étudiants qui gèrent leur budget,
achètent des produits culturels, de l’équipement informatique ou des articles divers, planifient
leurs loisirs, tout en communiquant avec des amis « virtuels », en jouant en ligne ou en
s’exprimant sur un espace personnel. Seuls en effet les 19% au sommet de la pyramide en sont
coutumiers, ils ont de surcroît les usages les plus diversifiés de l’ordinateur en dehors d’Internet.
Les 19% d’étudiants à la base de la pyramide qui utilisent Internet pour se divertir, regroupent des
étudiants de 1ère année (la moitié contre 41% dans l’échantillon). La recherche et la
communication, concernent plus les femmes (les ¾) et des étudiants de 3ème année (43% contre 1/3
dans le reste de l’échantillon). C’est une moitié d’hommes que l’on retrouve dans le groupe
« Internet pour effectuer des transactions ». Internet pour étendre son réseau social regroupe
plutôt des étudiants en Arts, Lettres, Langues ou Philosophie (38%).
Internet dans la vie étudiante
6
Un étudiant sur quatre n’utilise jamais Internet au sein de l’université
Aujourd’hui, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) font partie
intégrante du paysage universitaire. La mise en place d’Espaces Numériques de Travail (ENT),
dont le but est de permettre aux étudiants de profiter de services proposés par l’université,
permettrait un accroissement de l’utilisation de ces technologies dans l’établissement. De plus, de
nombreuses propositions ont été suggérées afin de mettre les universités à l’ère du numérique, la
dernière en date étant celle de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (« Faire
de numérique un outil pédagogique et au service de la vie étudiante »8). Malgré tout, 26% des
étudiants interrogés déclarent utiliser rarement, voire n’utilisent jamais Internet sur le campus.
Usage d'Internet à l'université
67% des non connectés à
domicile
65% hommes
63% Sciences
54% d'étudiants ne
possédant pas d'ordinateur
portable
17%
26%
50%
33%
24%
Au - une fois par jour
Outre
les
ressources
technologiques et personnelles
de l’étudiant, si ce dernier exerce
un travail durant l’année
scolaire, son usage sera plus
limité (du au manque de temps
probablement).
Au - une fois par semaine
Au - une fois par mois
Rarement ou jamais
Figure 4
La recherche sur Internet : un manque patent de formation?
69% des étudiants déclarent faire des recherches pour leurs travaux académiques. 40% si on
prend une fréquence hebdomadaire. L’usage d’Internet pour « planifier leurs études » est tout
aussi important car souvent préconisé pour obtenir leurs programmes, des dates, de l’aide, des
sujets d’examens …Cependant, 1 étudiant sur 10 tout de même n’est pas satisfait de ses
recherches sur Internet. Peut être que mener efficacement sur Internet une recherche avec les
outils appropriés n’est pas du ressort de la plupart des étudiants. Il est possible également que ce
problème n’ait pas été abordés lors de leur formation.
Des échanges rares par mail entre l’étudiant et ses professeurs
Rares sont les échanges numériques entre étudiants et professeurs / tuteurs. 6% communiquent au
moins une fois par semaine ou tous les jours, 36% une fois par mois. Les étudiants les plus actifs
dans la communication par mails sont les étudiants scientifiques et les étudiants effectuant un
stage dans l’année. On retrouve tout naturellement une majorité d’étudiants en 3ème année et plus.
Internet pour l’étudiant citoyen
8
source http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22726/faire-du-numerique-un-outil-pedagogiqueet-au-service-de-la-vie-etudiante.html. Discours de Valérie Pécresse du 16 octobre 2008.
7
La démarche « citoyenne » sous-entend ici une finalité des usages liée à l’éthique, la
politique, l’économique ou l’attitude militante.
Des étudiants loin d’être majoritairement des « militants », même avec les nouvelles
technologies
Internet, contrairement aux médias traditionnels, permet à l’internaute de s’informer rapidement,
mais aussi d’intervenir régulièrement dans le débat public, rétablissant ainsi une symétrie entre
l’émetteur de l’information et le récepteur. Aussi il est intéressant de savoir comment les
étudiants en tirent parti.
46% d’entre eux s’informent sur les enjeux politiques via Internet (cf. figure 6). Cependant, pour
près de un sur deux, Internet ne favorise par les débats politiques pour autant. 22% y voient un
mode d’échange avec les autres membres du public à travers les forums et chats, 6% y voient un
mode de communication avec les gens des médias. Les étudiants, bien que relativement familiers
d’Internet comme média informationnel, interviennent donc peu dans le débat public, et beaucoup
plus comme spectateur que comme acteur.
Le Net pour la recherche d'informations sur les enjeux
politiques (ex: Débats sur l'actualité...)
33% hommes
30% d'étudiants participant
activement à des activités
étudiantes en tant que
responsable ou bénévole
27% Sciences Sociales et
Humaines
22%
54%
24%
Au - une fois par semaine
Au - une fois par mois
Rarement ou jamais
Figure 5
Sur d’autres usages citoyens l’engagement est faible voire très faible : moins d’un quart ont déjà
consulté des sites de services publics, 8% ont déjà fait des dons via Internet, 5% communiquent
par mail avec des groupes politiques ou idéologiques, 5% des étudiants ayant un espace personnel
sur le Net l’ont pour poser un geste politique en contribuant à un débat, en défendant une cause
commune.
Opinion des étudiants sur les conséquences possibles d’Internet dans notre société
Beaucoup d’idées plus ou moins contradictoires circulent parmi les étudiants sur les
conséquences de l’arrivée d’Internet. Si certains y voient un moyen d’encourager la diversité
culturelle, d’autres au contraire le considèrent comme un instrument de l’extension de la
mondialisation au détriment de cultures minoritaires. L’éventail des conséquences possible de
l’intégration d’Internet dans notre société étant large, il n’est guère possible d’en dresser la liste
exhaustive. Cependant, il a été demandé aux étudiants d’exprimer leur opinion quant à certains
8
nombre d’impacts possibles (les résultats présentés sont ceux rattachés à la sphère citoyenne. cf.
figure 6).
Opinions concernant les conséquences possibles de l'intégration
d'Internet dans notre société
100%
6%
13%
15%
19%
26%
80%
37%
34%
32%
39%
43%
47%
24%
23%
21%
22%
32%
60%
40%
37%
81%
63%
49%
20%
37%
0%
Encourager la
diversité
culturelle
Accroître la
Faciliter la
Renforcer la Augmenter les Donner plus
diffusion de dominance de
inégalités de pouvoir aux solidarité
propos
quelques
entre les
citoyens
entre les
personnes
personnes
haineux, la
cultures sur la
scène
propagande
et l'incitation à
mondiale
la violence
plus
qu'auparavant
Plutôt en accord
Ni en accord ni en désaccord
Obliger les
institutions
financières et
politiques à
une plus
grande
transparence
Plutôt en désaccord
Figure 6
La diversité culturelle arrive en premier, avec 81% des étudiants plutôt d’accord pour dire
qu’Internet l’encouragerait. Mais en troisième position apparaît le fait qu’Internet renforce la
dominance de quelques cultures sur la scène mondiale. Et même si Internet permet l’expression
de tous, un peu moins de 2 étudiants sur 3 évoquent aussi une facilité à la diffusion de propos
haineux, la propagande et l’incitation à la violence. Concernant les autres opinions citées, les
étudiants semblent avoir du mal à se positionner. Notons tout de même que seul ¼ d’entre eux
pensent que le Net offre plus de pouvoir au citoyen. Est-ce pour cela qu’ils sont si peu actifs en
termes « d’usage citoyen » ? Ou alors, leur manque d’expérience dans ce domaine ne leurs permet
pas actuellement de se positionner ?
Annexe méthodologique
La Recherche sur les Etudiants de Bretagne et Internet (REBI) est un programme de recherche
d’initiative régionale (PRIR) CREAD-ENST-M@RSOUIN, financé par le conseil régional de
Bretagne et dirigé par P. Plantard, Maître de Conférences à l’Université de Rennes 2. C’est la
partie française d’une recherche comparative internationale (INTER), réunissant le Canada
(porteur du projet), la Suède, le Mexique et la France. Elle porte sur l’appropriation d’Internet et
des médias par les étudiants. Elle est guidée par le modèle suivant : les usages d’un étudiant sont
vus à travers 3 sphères de vie : personnelle, professionnelle, publique, tout en prenant en
considération :
9
-
le contexte de vie comprenant les ressources personnelles, sociales,
culturelles et techniques mises à sa disposition de l’étudiant.
ses évaluations personnelles faisant référence aux opinions qu’il a
d’Internet.
Ainsi, la Bretagne a recueilli d’avril à décembre 2007 à l’aide d’un questionnaire (à la fois papier
et en ligne) des données sur 1350 étudiants inscrits dans les quatre universités de Bretagne en
premier cycle.
L’échantillon obtenu est représentatif de la population estudiantine de Bretagne en termes de lieu
d’étude, domaine d’étude, année d’étude, âge et sexe. La répartition des étudiants selon les quatre
domaines définis par la recherche est la suivante : Au total, ¼ sont inscrits en « Arts, Lettres,
Langues », 38% sont inscrits en « Sciences Humaines et Sociales », 22% en « Sciences
Mathématiques et Informatique ». Enfin, 15% appartiennent à « d’autres filières »9. Une majorité
d’étudiants sont inscrits en première année de licence (41%), suivi d’¼ en seconde année de
licence et d’⅓ des étudiants en 3ème année. Presque tous les interviewés ont entre 18 et 24 ans et
64% sont des femmes.
9
Les étudiants du domaine « Autre » regroupent des étudiants en Droits, en Sciences Politiques, en Sciences
Economiques, Administration, STAPS, Arts Lettres et Communication, dans divers IUT, en Licence Professionnelles
et en Médecine, Odontologie, Pharmacie, Sage-femme et des étudiants en Master.
10