La Ville du Futur - Ambassade des Pays-Bas

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La Ville du Futur - Ambassade des Pays-Bas
Conférence franco-néerlandaise
La Ville du futur
20-21 novembre 2014, Paris
Comment rendre les villes durables et vivables tout en assurant leur compétitivité et leur
force économique ? Grâce à quelles innovations technologiques le développement urbain
devient-il plus intelligent ? Que prévoient les pouvoirs publics en termes de défis et de
solutions ? Et quel rôle le citoyen est-il appelé à jouer dans ces évolutions ? Telles sont les
questions qui ont été abordées lors de la conférence franco-néerlandaise sur le
renouvellement urbain qui s’est tenue à Paris les 20 et 21 novembre derniers.
En France comme aux Pays-Bas, le renouvellement urbain figure au rang des questions
prioritaires. Les deux pays disposent d’une expertise considérable, comme il est apparu
durant la conférence à laquelle ont participé 150 architectes, urbanistes, entrepreneurs,
chercheurs et représentants des pouvoirs publics. Le présent compte rendu donne un
aperçu des différents thèmes abordés et de la déclaration d’intention adoptée en conclusion
de la réunion par 51 entreprises, centres d’expertise et communes néerlandaises et
françaises en vue de coopérer concrètement dans le domaine du renouvellement urbain.
Urbanisation
Partout dans le monde, le nombre de citadins ne cesse d’augmenter. Selon les prévisions,
en 2030 les villes rassembleront plus de 70 % de la population mondiale. Elles devront en
conséquence relever des défis considérables en termes de mobilité, d’environnement, de
santé, d’approvisionnement en énergie, en nourriture et en eau, ainsi que de qualité de vie.
L’élaboration et la mise en œuvre des solutions appropriées demandent une analyse et une
approche multidisciplinaires. L’université technique de Delft travaille en étroite
coopération avec plusieurs partenaires afin d’étudier le métabolisme de la ville dans un
contexte multidisciplinaire et a ainsi participé à la création de l’Amsterdam Institute for
Avanced Metropolitan Solutions. De façon comparable, la Fabrique de la Cité se penche
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sur les différentes tendances et constitue un espace de rencontre des diverses perspectives
adoptées sur la problématique.
Technologie et économie
Parmi les défis que devra relever la ville du futur figurent notamment la qualité de l’air et
l’approvisionnement énergétique. Une transition sera nécessaire concernant l’utilisation de
l’énergie et le déploiement des TIC. Les transports urbains de demain seront-ils
électriques ? Plus de voitures et de bus électriques signifie moins d’émissions, moins de
nuisances sonores et un rendement énergétique accru. Comme le prouve Ebusco, les bus
électriques peuvent également permettre de réduire les coûts. La mise en œuvre de
transports électriques implique aussi de revoir les systèmes de production d’énergie, leur
décentralisation étant une des options envisageables. La ville du futur ne sera pas
seulement consommatrice d’énergie mais aussi productrice. Doté de capteurs et de
compteurs communicants, le réseau énergétique sera plus intelligent. Les entreprises telles
qu’Alstom et Alliander prévoient que nous utiliserons ensuite ces données sur l’énergie
pour opérer des choix stratégiques permettant d’optimiser réseau, service et gestion.
La ville du futur est synonyme de concepts et de services innovants. L’internet des objets
permet d’adopter les applications et les modèles d’entreprises appropriés. Demain, tous les
espaces urbains seront dotés de capteurs qui collecteront et transmettront les données par
le biais de réseaux. Il sera ainsi possible d’améliorer la gestion des réseaux énergétiques,
des bâtiments, de l’infrastructure, de la mobilité, du système de santé et de l’information
aux citoyens. Sigfox travaille à l’élaboration de normes pour ces nouveaux réseaux de
transmission des données. Le partage des connaissances et des données favorise la
décentralisation des systèmes de gestion. WikiHouse met ainsi la conception, le
téléchargement et la construction d’une maison ou d’un espace à la portée de tous, grâce à
un système de construction en kit, proposé en open source. AirBnB, BlaBlaCar, Wikipedia,
Kickstarter, FabLab, OpenSource suivent une démarche comparable. Pour ce qui est de la
production alimentaire, elle est possible au cœur même de la ville. Les systèmes high-tech
élaborés par PlantLab permettent d’installer des cultures potagères dans les bâtiments ou
en sous-sol, sous les supermarchés, dans les restaurants et même dans des éléments de
cuisine, sans lumière du jour et avec une empreinte écologique minime. Les avantages sont
évidents : plus de transport, pas de pertes, fraîcheur des produits, moindre consommation
d’énergie et d’eau (correspondant pour cette dernière à 10 % des besoins habituels).
Politique et administration
La transition vers la ville du futur peut se faire sous différentes formes : ascendante,
descendante ou un mélange des deux, selon la ville et les processus concernés. Conscientes
des avantages économiques de l’accroissement d’échelle, 24 communes néerlandaises se
sont regroupées au sein de l’aire urbaine Rotterdam-La Haye, marquant par cette
innovation administrative une étape vers la région du futur. L’approche d’Amsterdam
Smart City est principalement ascendante. Elle vise l’élaboration de solutions intelligentes
en matière d’approvisionnement énergétique, de mobilité et de distribution, privilégiant la
participation des habitants et l’ouverture des données. Le défi administratif consiste
notamment à opérer un décloisonnement entre les différents secteurs mais aussi au sein
même de l’administration. La mission stratégique « Ville durable » du ministère
français de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a adopté une
approche intersectorielle. La ville intelligente et l’e-administration se développent de pair, la
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participation citoyenne passant par l’utilisation des réseaux sociaux, des données et de
l’externalisation ouvertes. Si cette évolution apporte des réponses, elle est aussi source de
restrictions et de nouveaux défis.
Le développement accéléré des villes risque de se faire au détriment des espaces verts, des
parcs et des arbres, avec un impact direct sur le cadre de vie et le climat urbain. Utrecht a
élaboré pour la structure verte urbaine une vision à long terme, à l’horizon 2030, qui
favorise notamment les projets de quartiers : les habitants prennent l’initiative, sont les
donneurs d’ordre et restent responsables de l’entretien. Angers, ville verte par excellence
et par tradition, s’efforce d’utiliser les structures vertes en lien avec l’enseignement, la
recherche et le développement dans ce domaine et de générer ainsi des avantages
économiques. Les architectes paysagistes de la Fédération française du paysage
(FFP) plaident en faveur d’un plan pour l’infrastructure verte dans chaque ville européenne,
afin que tous les projets d’urbanisme municipaux ou régionaux intègrent une telle structure.
Pour encadrer l’infrastructure urbaine, les villes du futur ont en effet besoin de parcs et de
rues, de toits et de périmètres verts qui représentent un gain en termes de salubrité et de
qualité de vie, ainsi qu’une valeur ajoutée économique et, en tant que « pièges à CO 2 »,
jouent un rôle croissant dans la lutte contre le changement climatique.
Urbanisme et culture
L’urbanisme du futur doit tenir compte de la dynamique sociale, économique et culturelle et
de son évolution. La ville peut se développer de façon plus organique, et donc durable, si sa
programmation précède son organisation physique. On peut ainsi très concrètement
s’appuyer pour la planification urbaine et régionale sur un calendrier évènementiel, comme
dans le cas d’Amsterdam, et impliquer fortement la population dans le processus
d’élaboration et de mise en œuvre. Ou faut-il, comme Lyon, considérer l’urbanisme comme
un projet éducatif ? La ville du futur est basée sur un nouvel urbanisme intelligent qui vise
la répartition équitable et l’accessibilité des biens et des services. Les projets en ce sens
n’ont pas un caractère purement technologique mais considèrent la ville comme un système
vivant. À Rotterdam, on expérimente la planification d’une ville plus attractive. Mais la
concurrence ainsi suscitée entre les villes a aussi son revers. L’attraction exercée sur les
personnes ayant un haut niveau de formation, les investisseurs et les expatriés peut
entraîner la déstabilisation de l’économie locale, la hausse des prix fonciers et créer une
tension dans l’espace public. Il importe donc de ne pas négliger les mesures propres à éviter
ou atténuer ces conséquences.
Parlons-nous dans le cadre des villes du futur de planification ou plutôt de déplanification ?
Comment relier la ville et ses zones frontières ? Et comment organiser le processus de
conception ? UNStudio s’appuie pour sa part sur une organisation en réseau, dans laquelle
les expériences et les rencontres personnelles sont essentielles. Sur la base de son
expérience dans le cadre du projet du Grand Paris, l’intervenant du CNRS plaide pour une
nouvelle approche qui fasse coexister les différentes zones urbaines et qui réinterprète la
dualité centre-périphérie. Cette approche implique notamment la formation d’une métropole
et la redistribution aux différentes zones des fonctions telles que la recherche, la santé et la
culture. La disponibilité des données ouvertes joue sur ce point un rôle crucial. Waag
Society étudie la dimension culturelle de la technologie dans une optique d’ouverture, de
réciprocité et de partage. En coopération avec divers partenaires, l’organisation mène des
expériences à grande échelle sur les sciences citoyennes et la technologie des capteurs
distribués.
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Déclaration d’intention
Par-delà l’échange de savoirs et de contacts, la conférence sur la Ville du futur avait pour
objectif d’encourager la coopération franco-néerlandaise en matière de conception, de
développement et de construction dans ce domaine. La déclaration d’intention
préalablement soumise aux participants contenait des propositions d’activités concrètes
telles que des masterclasses, des projets de recherche et des visites de travail bilatérales.
Une cinquantaine d’entreprises, de centres d’expertise et de communes l’ont signée, dont
les villes de Paris et de Bordeaux, qui s’efforcent toutes deux de trouver des solutions
intelligentes aux défis urbains.
Ce texte peut être considéré comme le prolongement de la déclaration franco-néerlandaise
de janvier 2014, signée notamment par Amsterdam et Lyon, visant à échanger
connaissances et expériences en matière de villes intelligentes.
Perspectives
L’ambassade des Pays-Bas et celle de France explorent les possibilités de lancement d’une
structure de coopération dans le domaine du renouvellement urbain, sur la base des
déclarations d’intention susmentionnées. Les parties intéressées sont invitées à soumettre
leurs propositions concrètes de projets de coopération.
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