Dossier de presse

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Dossier de presse
JIRKA
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Il y a 100 ans maintenant…
100 ans, à hauteur d’homme, cela semble lointain ; mais à la hauteur de l’Histoire de
l’humanité, c’était presqu’hier. Il s’agit seulement de quatre générations, il s’agit du temps de
nos arrières grands-parents.
100 ans c’est aussi le temps nécessaire pour avoir le recul sur des événements complexes
qui se sont déroulés dans l’indifférence quasi générale de l’opinion internationale.
L’exposition de l’artiste Jirka à l’Orangerie de Cachan rend hommage aux victimes du
génocide arménien perpétué par le gouvernement turc entre 1915 et 1918 et ayant pour
conséquence l’extermination de plus de 1 500 000 âmes.
Contexte historique
Au XIXe siècle une grande partie des arméniens vivent au sein de l’Empire ottoman. Ils y
demeurent sous la « protection » des turcs, en tant que peuple soumis, au même titre que
les juifs et les grecs. Chacune de ces communautés paient une taxe particulière lui
permettant de vivre librement et d’exercer sa propre religion. Pourtant, à cette époque, les
arméniens sont déjà victimes de persécutions : la population est soumise à des brutalités
ainsi qu’à des impôts supplémentaires très élevés et injustes. En parallèle se développe un
sentiment nationaliste car le peuple arménien ne supporte plus cette servitude forcée. Des
révoltes éclatent et sont violemment réprimées.
En 1908, avec le début de la révolution jeune-turc, les arméniens sont plein d’espoir. Ce parti
politique regroupé sous le nom de Comité Union et Progrès (CUP) rétablit la Constitution de
1876 qui instaure l’égalité de tous devant la loi. Malheureusement, cette période d’optimisme
est de courte durée. Les arméniens sont perçus comme des « ennemis de l’intérieur » par le
nouveau gouvernement et soupçonnés d’alliance avec la Russie, ennemie jurée de la
Turquie. Par ailleurs, se met en place l’idée d’un darwinisme social prônant la purification de
la race turque. Taner Akçam, l’un des premiers universitaires turc à reconnaître le génocide
arménien, explique ainsi leur mentalité :
« C’était des ingénieurs sociaux qui croyaient aux idéologies positivistes de l’Europe du XIXe
siècle et à la suprématie de la biologie. Ils avaient la conviction profonde que la société
2
ottomane était malade, un genre de tumeur qu’il fallait extirper par la chirurgie. Et, en tant
que médecins de cette société, ils détenaient les instruments pour soigner le mal. »1
L’arrivée de la guerre va créer un environnement favorable leur permettant de régler la
question nationale de manière radicale.
Une extermination programmée
Le massacre du peuple arménien s’est fait de manière systématique. Il a été organisé par le
gouvernement jeune-turc alors en place. Il débute d’abord par l’élimination des 120 000
soldats arméniens mobilisés dans la IIIe armée qui étaient sur le front du Caucase entre
janvier et février 1915. Vient ensuite l’arrestation le 24 avril 1915 des élites arméniennes
dans la capitale et les provinces. La majeure partie d’entre eux seront ensuite rapidement
assassinés.
A partir de la fin du mois de mai
commence
femmes,
la
des
déportation
enfants
des
et
des
vieillards vers les déserts de Syrie et
de
Mésopotamie,
les
derniers
hommes valides étant tués par des
milices directement dans les villes et
les villages. Une vingtaine de camps
de concentration sont créés où la
Déportation des arméniens par la police ottomane
population
qui
a
réussit
à
les
atteindre vivante survit dans des
conditions inhumaines : près de 400 000 arméniens y meurent de faim, de soif, de froid et
d’épidémies. Ces camps ont fonctionné entre l’automne 1915 et l’automne 1916. Les
rescapés sont ensuite massacrés sans pitié suite à une décision du ministre de l’Intérieur,
Talat Pacha, le 22 février 1916 ordonnant la liquidation des derniers arméniens encore
présents en Anatolie et dans les camps. On estime à 300 000 le nombre de victimes de cette
décision barbare.
Les experts évaluent entre 500 à 600 000 le nombre d’arméniens qui ont échappé aux
massacres. S’en est suivi une diaspora qui dissémina les survivants aux quatre coins du
globe.
1
L’Histoire n°408, Arméniens le premier génocide du XXe siècle, février 2015, p.50, 98 p.
3
Le tabou du génocide arménien en Turquie
Yves Ternon, historien à l’Université Paul-Valéry (Montpellier III), déclare qu’à la suite de ces
terribles événements : « les arméniens sont purement effacés de l’histoire et de la mémoire
nationale. La société d’histoire turque s’attache à écrire son propre récit national dans les
années 1930. Il s’apparente à une véritable uchronie, une histoire sans lieu ni temps précis
dans laquelle les arméniens n’apparaissent simplement, occasionnellement, que comme un
groupe de révolutionnaires. »2
La déportation dont les arméniens ont été victimes est justifiée comme étant une mesure
légale de transfert en réponse au risque révolutionnaire. Le complot est totalement nié. Les
procès de Constantinople à partir de 1919 rejettent l’atrocité des crimes sur les membres du
CUP et affirment que les mesures prises contre les arméniens étaient nécessaires à la
formation du corps social turc.
Pendant plusieurs décennies la Turquie
mettra tout en œuvre pour falsifier,
dissimuler et détruire des documents
compromettants ; allant jusqu’à réfuter
la présence du peuple arménien en
Turquie. Elle se forge une nouvelle
identité
ainsi
que
le
décrit
Taner
Akçam :
« […] le génocide arménien n’a pas
seulement
signifié
l’extermination
physique des arméniens : c’est bel et
bien sur la base de cette extermination
qu’une nouvelle société a été édifiée.
Camp d’orphelins arméniens au début des années 20
à Alexandropol (aujourd’hui Gyumri en Arménie)
L’identité nationale turque a pris forme auOrphelin
cours arméniens
du processus génocidaire. […] Les
arméniens ne sont pas seulement rejetés en dehors de l’identité nationale. Cette identité ne
peut exister qu’en postulant la non-existence des arméniens ; elle ne peut, pour cette même
raison, accepter à nouveau l’existence de l’autre sans se remettre en cause. Ni proposer une
explication à l’extermination de l’autre. Par ailleurs, la Turquie s’est développée aussi grâce
à la richesse des chrétiens qui constituaient 25 à 30% de la population en 1915. La
destruction de la richesse économique et culturelle des chrétiens à constitué une des bases
de la prospérité des turcs. »3
2
3
L’Histoire n°408, Op. cit, p. 79
L’Histoire n°408, Op. cit, p. 51
4
Aujourd’hui encore la question du négationnisme turc est prégnante et fait encore largement
débat sur la scène politique internationale.
Cathédrale de la mémoire
Jirayr Khachikian dit « Jirka » est né à
Basrah en Irak. Profondément marqué par
l’histoire du peuple arménien, ses parents
étant
des
rescapés
du
génocide,
sa
vocation est enracinée dans la diversité
multi-ethnique
de
la
civilisation
mésopotamienne.
Son œuvre est une synthèse entre la forme
et la couleur, le volume et l’espace, la
courbe et la droite. Elle constitue une
osmose entre peinture et architecture et a
de
multiples
facettes :
abstraction
iconographique - figurée par exemple avec
les silhouettes des femmes iraquiennes -,
expression symbolique du langage pictural ;
composition
synergie
de
formes
audio-visuelle
géométriques,
d’«Art-évolutif ».
Son travail a été présenté au Grand Palais lors du Salon d’Automne et des Indépendants, à
l’UNESCO, à la galerie Nationale d’Arménie, à la Biennale de Cachan ainsi qu’à d’autres
événements.
Architecte de profession, Jirka a réalisé de nombreux projets de construction en Ile-deFrance. Il est également concepteur de plusieurs ouvrages dédiés à la mémoire du génocide
arménien, comme le projet de la statue de Komitas érigée sur la place du Canada ans le 8 e
arrondissement de Paris.
L’Orangerie de Cachan, avec sa verrière et sa hauteur de plafond, évoque pour l’artiste
l’idée d’une cathédrale. Elle est pour lui un lieu propice au recueillement et à la
commémoration. C’est aussi un espace baigné de lumière, indiquant de manière symbolique
que le peuple arménien est tourné plus que jamais vers l’avenir.
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Autour de l’exposition
Le jeudi 16 avril à 19 heures, à la roseraie Tilly, se tiendra une cérémonie de
commémoration autour de la plantation d’un arbre.
Le vernissage de l’exposition est ensuite prévu et débutera avec la performance de la
chanteuse Hasmik Mardirossian qui interprétera un chant liturgique arménien. Suite à cela,
la violoncelliste Mélanie Badal et une contrebassiste joueront deux pièces musicales écrites
par le prêtre orthodoxe et musicologue Komitas. Cet instant commémoratif se terminera par
deux danses réalisées par les jeunes filles de l’association « jeunesse arménienne de
France », sous la direction de leur professeur danse Arto Bekdjian.
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Contact et infos pratiques
Emmanuelle CANNAVO
Médiatrice culturelle
01 49 69 17 93
[email protected]
Service des affaires culturelles
15, rue Gallieni / 94 230 Cachan
Entrée gratuite / horaires d’ouverture de l’Orangerie :
Du lundi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h / le jeudi jusque 19h.
Plan de l’Orangerie :
Contact de l’artiste :
[email protected]
A venir, en lien avec la commémoration du génocide arménien :
> Le vendredi 24 avril à 20h, au Cinéma La Pléiade : projection du film The Cut
> Du 26 juin au 06 juillet, à l’Orangerie : exposition 1915, Le Golgotha des
femmes
L'Orangerie
de Cachan
Direction : 01 49 69 17 91
- Service des Affaires Culturelles -
Secrétariat : 01 49 69 17 90
15, rue Gallieni - 94230 Cachan
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