La Télévision : Opium du peuple ou lucarne sur la

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La Télévision : Opium du peuple ou lucarne sur la
La Télévision : Opium du peuple ou lucarne sur la connaissance ?
La télévision obéit à une logique de fonctionnement mercantile dont l’enjeu essentiel est la
prise d’influence sur le cerveau du spectateur. Ainsi Mr Lelay, ancien PDG de TF1, a dévoilé
dans un excès de franchise inestimable que son souci principal est de vendre « du cerveau
disponible » pour les annonceurs publicitaires.
Frédéric Beigbeider compare la Télévision au retour de la caverne de Platon où l’Homme
contemple - en guise d’ombres sur le mur - son écran cathodique qui lui donne –t- à voir une
réalité qui n’en est pas une.
Dans la même verve, mais à l’opposé, Jean Baudrillard spécule que le vrai bonheur est peutêtre niché dans ce monde par procuration que constitue la vision de la vie à travers l’écran en
nous épargnant le contact avec la vulgaire réalité.
Tous les penseurs du vingtième siècle et d’avantage du siècle nouveau ont essayé de sonder le
rapport le l’Être Humain avec son image et plus récemment avec ce que peut lui servir de
référence de représentation de lui-même.
Ainsi Alain Finkelkraut diagnostique –t- il la disparition de l’image de l’autre derrière la
somme des images produites par les médias.
Marie-José Mondzain va encore plus loin en constatant que « …la marchandisation du visible
signe l’arrêt de mort de l’image (dans le sens de la représentation symbolique et
significative) ».
Bernard Stiegler essaie de trouver un rapport réaliste à la donne indéniable de l’existence de la
technologie dans notre vie aujourd’hui : pour lui la question n’est plus si l’artefact est
acceptable mais bien plus : quel rapport acceptable trouver avec ce même artefact ?
Comment expliquer tant de méfiance et de défiance envers cette télévision dont si peu de
concitoyens veulent ou peuvent se passer désormais ?
N’est-ce pas indéniable qu’elle permet à chacun d’entre nous de prendre connaissance d’une
foule de sujets qui autrement resterons ignorés de nous car hors de notre propre champ de
vision ? N’est-ce pas à travers la télévision que nous apprenons l’état du monde comme si
nous y étions, que nous voyageons à travers le monde et nous partons à l’aventure ?
C’est en constatent une telle ambiguïté qu’il s’impose de considérer de plus près le sujet
de notre café-philo :
La connaissance est la faculté de comprendre, le fruit d’une étude ou d’une pratique,
et de Percevoir qui signifie d’une part : saisir par l’esprit ou par les sens (donc activement),
d’autre part : recevoir, recueillir (passivement)
Opium signifie au sens littéraire ce qui agit à la manière d’une drogue en apportant l’oubli, en
causant un engourdissement moral ou intellectuel. Autrement dit : en rendant l’individu
étranger à lui-même et incapable de trouver un rapport avec sa propre identité.
Ces caractéristiques mis en rapport avec notre expérience complexe et contradictoire de
téléspectateur moyen nous amènent à poser la question plutôt comme suit : Quand est-ce
que la télévision est porteur de connaissance et quand est-ce qu’elle devient opium ?
Le débat qui a suivi cette introduction a mis en évidence toute la difficulté des spectateurs de
résister à la tentation de s’abandonner passivement parce que télévision et passivité sont liés.
Néanmoins il est aussi indéniable que cette télévision nous ouvre de nouveaux horizons
infiniment enrichissant sur le plan culturel et intellectuel.
Ceci dit, il reste à constater que la fin du débat s’était résolument détournée de la Télévision
pour ne plus parler que d’Internet. Ce dernier semble beaucoup plus adapté au désir du
« programme à la carte » que tout et chacun appelle de ses vœux. Est-ce que choix est
synonyme de liberté ? Où se situent l’action et la maîtrise de son « choix » ? Ne s’agit-il pas
tout simplement d’une extension de l’éternel question cruciale : En quoi suis-je maître de mon
action et quelle raison aie je d’agir ?
Animation du Café-Philo du 27 octobre 2007 par Ursula Houziaux

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