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RÉGLEMENTATION VITIVINICOLE
Chambre d'agriculture 16
Bureau d'études bâtiment
UNE PRESTATION COMPLÈTE
Depuis juillet 2013, le bureau d’études bâtiment de la Chambre d’agriculture 16 propose
une prestation complète pour la conception et la réalisation de bâtiments agricoles. Cela
va de l’esquisse du projet au dépôt du permis de construire en passant par la consultation
des entreprises, le suivi de chantier. Une démarche innovante qui repose sur une convention de co-traitance avec un architecte DPLG d’Angoulême, Olivier Guedo. Interview de
Stéphane Bireau, conseiller Bureau d’études bâtiment de la Chambre et partie prenante
de cette nouvelle dynamique.
nous rencontrons les architectes des Bâtiments de France, ils apprécient tout de suite
l’incidence du bâti dans son environnement.
Même chose pour la salle de vente d’un viticulteur ou d’un éleveur. Par rapport à la
position du bâtiment, on visualise à l’heure
près quand la zone d’accueil sera au soleil
ou à l’ombre. Après cette mise à niveau,
nous sommes allés plus loin.
Qu’entendez-vous par là ?
Stéphane Bireau.
Quand avez-vous pris vos fonctions ?
Après une période de tuilage de plusieurs
mois, j’ai succédé en 2013 à Jacques Mounier, parti à la retraite. Au cours de l’année,
la Chambre a procédé à une modernisation
des outils. Le bureau d’études s’est équipé
pour rendre des plans en 3 D ainsi qu’en
images de synthèse. Voir le bâtiment dans
l’espace, pratiquer l’insertion paysagère...
autant de moyens qui aident à mieux appréhender le projet mais qui facilitent aussi
l’instruction du permis de construire. Quand
J’avais senti une forte demande des
agriculteurs pour une prestation complète,
allant de l’ingénierie du bâtiment jusqu’à sa
réalisation finale. Les professionnels sont
immergés dans leurs tâches. Ils ont peu
de temps à dégager pour s’occuper de dossiers lourds, très chronophages. Jusqu’à
maintenant, le Bureau d’étude bâtiment de
la Chambre s’arrêtait au dépôt du permis
de construire. Pourquoi ne pas aller plus
loin et prendre en charge d’autres aspects,
tel que la consultation des entreprises, le
suivi de chantier, l’aspect « assurances
décennales »... J’ai sollicité les élus de la
Chambre qui ont accepté. Restait à trouver
un partenaire architecte car nous n’avions
26 I Le Paysan VIGNERON NOVEMBRE 2014 mensuel n° 1161
Bio
Agé de 46 ans, Stéphane Bireau a
d’abord travaillé à l’ADASEA où il s’est
occupé d’installation, de pré-retraite,
d’environnement, d’économie. Puis en
2009, il rejoint la Chambre 16, après
la dissolution des ADASEA. Il s’est
formé aux techniques de construction des bâtiments ainsi qu’au dessin
industriel avant de prendre la responsabilité du Bureau d’études. Il continue
d’améliorer ses compétences par des
formations continues.
pas la capacité de conduire seul cette mission. Olivier Guedo, architecte DPLG à Angoulême, a accepté de jouer le jeu. C’est
quelqu’un « qui ne construit pas que des
maisons » mais qui connaît bien la problématique des bâtiments professionnels.
Par ailleurs, il a complété son diplôme
d’une option juridique très intéressante
pour nous. Durant plusieurs mois, nous
avons travaillé ensemble à la définition
d’un contrat qui pourrait s’adapter à notre
nouveau partenariat. En nous inspirant des
conventions mises au point par l’Ordre des
architectes, nous sommes tombés d’accord
sur la notion de co-traitance. Comme son
nom l’indique, la co-traitance repose sur
une participation croisée, un double regard. Nous, Chambre d’agriculture, possédons une connaissance technique du projet, des besoins et des contraintes liées à
l’activité. En tant que bureau d’étude, nous
initions la démarche, la mettons en œuvre
dans un premier temps. L’architecte, lui, va
valider les plans, s’assurer du bon dimensionnement du bâtiment, des techniques
de construction, des relations de chantier.
Il agit comme mandataire, autrement dit
comme superviseur du projet.
De ce montage, quel bénéfice en retire
l’agriculteur ?
Comme déjà dit, cette prestation « clé en
main » lui simplifie la vie, en le délivrant de
tâches qu’il n’a pas l’habitude de maîtriser,
administratives et autres. Mais c’est aussi un
gage d’efficacité et de sécurité. Quand nous
sollicitons les entreprises, chacune reçoit le
même descriptif des travaux, un cahier des
charges identique, précis et détaillé (commande béton...). La mise en concurrence
s’en trouve facilitée. En général, participent
à l’appel d’offres des entreprises repérées
par nous mais aussi des entreprises locales, recommandées par l’agriculteur. La
démarche est transparente. Les réunions
de chantier avec l’architecte permettent de
s’assurer de la conformité aux plans. Nous
collectons toutes les assurances professionnelles (assurances décennales), ce qui
ne va pas forcément de soi. Et pourtant, en
cas de sinistre, de quel recours disposera le
maître d’ouvrage si l’entreprise a déposé le
bilan, l’artisan pris sa retraite ?
Cette prestation de co-traitance génère
un surcoût.
Je ne dirais pas exactement cela. Disons
que c’est la différence qui existe entre une
matière première et un plat cuisiné. C’est
normal que le plat cuisiné ne soit pas vendu
au même prix. A ce jour, 80 % des dossiers
que nous traitons ont choisi la formule de
la co-traitance, c’est-à-dire de la prestation
complète.
En tant que bureau d’étude, est-ce que
cela change vos relations avec les
agriculteurs ?
Non, pas du tout. C’est toujours le facteur
humain qui intervient en premier. Pour tout
projet, je rencontre toujours l’agriculteur
sur place pendant une demi-journée, à titre gracieux. Nous réfléchissons ensemble, j’écoute ses propositions, émet les
miennes. L’accompagnement a lieu avant
Co-traitance, la norme dans les métiers du bâtiment
Si la notion de co-traitance fait figure d’exception pour la réalisation de bâtiments
agricoles, elle est usuelle dans le monde du bâtiment. « Nous fonctionnons pratiquement toujours de cette façon. Sur beaucoup de chantiers, je travaille en équipe avec
un ingénieur béton, un ingénieur fluides... » indique Olivier Guedo, l'architecte DPLG
partenaire de la Chambre d’agriculture de la Charente.
Entre co-traitance et sous-traitance, quelle différence y a-t-il ? La principale ligne de
partage a trait au paiement. Dans la co-traitance, chacun est payé en direct par le
client. Par exemple, la Chambre d’agriculture va établir sa propre facture et l’architecte
la sienne. Si la Chambre d’agriculture était sous-traitante de l’architecte, ce dernier
recevrait l’intégralité des honoraires avant d’en rétrocéder une partie à la Chambre,
en tant que bureau d’étude. Interfère aussi la notion de responsabilité. Chaque cotraitant délivre son attestation d’assurance. Par ailleurs, en cas de défaillance de l’un
d’entre eux, les autres sont solidairement responsables. Et qui reste maître d’œuvre ?
C’est toujours le client, unique donneur d’ordre même si l’architecte, en sa qualité de
mandataire, joue le rôle de chef d’équipe.
La viticulture en pointe
Le Bureau d’études bâtiments de la Chambre 16 travaille pour tous les secteurs
d’activité (élevage, grande culture, activité
équestre...) mais, incontestablement, les
dossiers viticoles virent en tête. Sans doute
l’effet FranceAgriMer (aides aux investissements) mais aussi les mises aux normes
(plateforme de lavage, chais de stockage…).
Et ce n’est pas fini. En élevage par exemple est annoncé pour la période 2015-2020
un nouveau Plan de compétitivité pour les
vaches allaitantes en zones vulnérables,
avec bien sûr mises aux normes à la clé. En
viticulture, les chais de stockage vont passer
sous une nouvelle rubrique ICPE. Plus contraignante, moins contraignante ? On n’en
sait rien encore.
le lancement du projet et une fois le dossier réalisé, souvent en association avec le
technicien agricole ou viticole du secteur.
Comment voyez-vous l’évolution de votre
activité en 2015 ?
J’aimerais intégrer une dimension « aménagement intérieur » des bâtiments. C’est
déjà en partie le cas mais je souhaiterais
présenter de manière plus systématique
cette proposition. C’est bien de faire une
belle « boîte vide ». C’est mieux de peaufiner sa fonctionnalité.
Est-ce que beaucoup de Chambres
d’agriculture ont intégré cette
composante « clé en main » de la
conception et réalisation des bâtiments
agricoles ?
Je ne le pense pas. Il y en a peut-être deux
ou trois autres en France, plutôt dans le
Nord.
Propos recueillis par Catherine Mousnier
mensuel n° 1161 NOVEMBRE 2014 Le Paysan VIGNERON I 27