Mon idéal job - Cabinet d`avocats à l`immigration au Canada
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Mon idéal job - Cabinet d`avocats à l`immigration au Canada
ILS ONT CHANGÉ DE MÉTIER... NADIA INTERVIEW job Mon idéal Du Maroc au Québec, en passant par la France, de l’orthoptie à la tête d’un cabinet d’avocats, on ne peut pas dire que Nadia se complaise dans la routine. Elle a su créer les occasions et être à l’écoute des rencontres qui lui ont permis de se construire le riche parcours qu’elle a aujourd’hui. Entretien réalisé le 16 août 2016 Pouvez-vous nous parler du début de votre parcours ? Quelle formation avez-vous suivie ? Nadia : Je suis née au Maroc et j’ai grandi au Maroc, en Algérie et en France. J’ai toujours été attirée par le droit et le métier d’avocat, mais je prévoyais de vivre et de faire ma carrière au Maroc et on ne peut pas dire que le droit soit un métier très valorisé là-bas, notamment à cause de la corruption qui sévissait en ce temps là. Donc, même si au fond ça a tout toujours été mon rêve, ça n’aurait pas été un bon choix. J’avais fait un bac scientifique et je voulais une expérience à l’étranger, le temps de mes études. J’ai donc choisi une formation qui ne se donnait pas au Maroc, et c’est comme ça que je me suis orientée vers l’orthoptie(1). J’ai ensuite fait mes études en France, des études universitaires d’orthoptiste, c’est à dire dans la correction des troubles binoculaires. J’ai fait ça pendant 4 ans, à la faculté de médecine de Nancy. Après avoir eu mon diplôme, je suis allée à Montréal, en tant que touriste. J’y allais rendre visite à mes frères qui y vivaient, avant de partir m’installer au Maroc. J’ai profité de mon séjour pour visiter un hôpital, pour voir un peu comment ils travaillaient, quelles étaient leurs méthodes de travail en orthoptie. Et lors de ma visite, ils m’ont dit que ça faisait 6 mois qu’ils n’avaient pas d’orthoptiste et qu’ils en cherchaient. Ils m’ont fait une offre d’emploi. Ils m’ont dit « On t’engage tout de suite si tu acceptes ». J’ai accepté et c’est l’hôpital qui s’est donc occupé de faire ma demande de permis de travail. (1) L’orthoptie a pour vocation le dépistage, la rééducation, la réadaptation et l’exploration fonctionnelle des troubles de la vision. (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Orthoptie) Et vous êtes restée à ce poste un moment ? Nadia : Dans ma tête, j’allais travailler une année puis retourner chez moi. Mais au cours de cette année j’ai rencontré mon mari. J’ai donc décidé de rester et j’ai continué de travailler pour cet hôpital pendant 4 ans. J’avais un patient qui venait régulièrement. Il était avocat et chaque fois qu’il venait me voir je lui disais que le droit c’était le métier de mes rêves. Je me souviens, je lui disais « Qu’est-ce que j’aurais aimé faire ça ! ». Un jour, il m’a apporté les papiers de demande d’admission et il m’a dit « Arrête de rêver et fais-le ! ». J’ai tout laissé tomber. “ Les études de droit durent combien de temps au Québec ? Nadia : Normalement c’est 3 ans puis 6 mois de barreau et 6 mois de stage, donc ça fait 4 ans en tout et moi je les ai fait en 5. Mes jumeaux avaient donc 4 ans quand j’ai terminé mes études. Je dirais que les études au Québec n’ont rien à voir avec les études en France. Ici tout est fait pour que l’étudiant sorte avec son diplôme, donc les horaires sont aménagés. Quand j’ai eu mes enfants, j’ai eu l’appui de mon mari, mais j’ai aussi eu l’appui de l’université et des professeurs. Je ne pense pas que j’aurais été capable de le faire en France. ” Il m’a dit « Arrête de rêver et fais-le ! ». J’ai tout laissé tomber. Comment vous organisiez-vous pour étudier ? Combien de temps s’est-il écoulé entre le moment où votre patient vous a donné ces papiers et celui où vous êtes rentrée à l’université ? Nadia : Pas longtemps. Ma décision a été prise instantanément, dès que j’avais les papiers en mains. Après c’était juste le temps des démarches d’admission, m’informer auprès de plusieurs universités, remplir mes demandes, attendre les réponses, donner ma démission. Je dirais que moins de 6 mois après, je commençais les cours. J’avais 31 ans. Nadia : J’enregistrais mes cours, je les répétais en changeant les couches. Heureusement, mon mari me soutenait beaucoup dans toutes les tâches quotidiennes. Est-ce que c’était effrayant ? Nadia : Non, j’étais très encouragée par mon mari. J’ai vraiment un mari super. En fait, je suis tombée enceinte pendant ma première année de droit. J’ai eu mes enfants au début de ma deuxième année, des jumeaux. Mon mari m’a vraiment encouragée à faire cette reconversion. Je pense qu’il était la seule personne à m’encourager, car tout le monde me disait « Tu as déjà une carrière, c’est le temps de fonder une famille ». Sans mon mari je n’aurais jamais pu le faire. Il m’a fallu renoncer à un bon salaire, adopter un autre rythme de vie, profiter moins de la vie temporairement parce que les études et les enfants c’était dur. Financièrement, on change ses priorités, c’est sûr qu’il y a des dépenses qu’on ne fait plus. J’avais une bourse, un prêt étudiant, ça ne permet pas le luxe mais ça aide à s’en sortir. Mon mari venait de finir ses études, il commençait à travailler donc on s’en sortait. “ Financièrement, on change ses priorités ” Il s’agit non seulement d’une reprise d’études, mais dans un domaine très différent, de scientifique à littéraire… Nadia : Même si j’ai fait des études scientifiques, je suis très littéraire. J’écris beaucoup, même en dehors de mon travail et de mes études. Je n’ai rien publié mais j’ai toujours beaucoup écrit, des nouvelles entre autres. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail actuel ? Nadia : Rencontrer les gens, entendre des histoires différentes. Je suis spécialisée dans le droit de l’immigration, c’est une spécialité du droit qui est magnifique car il permet de rencontrer des gens originaires de partout dans le monde. Il y a beaucoup de psychologie, de droit, de sociologie, de coaching, avec nos clients… il n’y a pas une journée qui ressemble à l’autre. “ L’idée du métier d’avocat était toujours restée un peu en suspens, mais c’était comme un rêve inaccessible. ” Et qu’est-ce qui vous plaisait moins dans votre précédent métier ? Revenons à ce fameux patient qui vous a mis le pied à l’étrier comme on dit… Nadia : En orthoptie aussi je voyais des gens, mais les patients venaient toujours pour les mêmes problèmes, c’était très répétitif. Le fait d’être dans l’obscurité une grande partie de la journée, à la longue, devenait également difficile. L’idée du métier d’avocat était toujours restée un peu en suspens, mais c’était comme un rêve inaccessible. Même si j’ai beaucoup aimé mes études d’orthoptie, et la pratique aussi, au bout de quelques années c’était devenu un peu monotone. J’avais envie d’autre chose. Nadia : Ce monsieur a été le déclic. Je ne sais pas si je l’aurais fait sans son coup de pouce. En plus, pendant toute ma première année de droit, j’ai travaillé chez lui. Il y a eu un grand élan d’amitié entre nous et il a peut être vu mon potentiel. Il était spécialisé en droit criminel et j’ai donc commencé en droit criminel avec lui, c’était vraiment passionnant, mais par contre, je ne gagnais pas bien ma vie. Et ce que je gagnais, je le donnais à la personne qui gardait mes enfants. En dernière année d’études, le professeur de droit à l’immigration m’a proposé de faire un stage chez lui. Y-a-t-il toutefois des points communs ou des qualités que vous avez pu transférer ? Nadia : Dans mon premier métier, j’ai gagné en maturité. Et sinon, je dirais l’empathie et la patience avec les gens. Ce sont des qualités indispensables quand on pratique en droit, surtout en droit de l’immigration, ce n’est pas comme en droit commercial. Il faut vraiment beaucoup d’empathie, de bienveillance envers les gens et ça je pense que je l’ai développé avant, dans mon métier d’orthoptiste. Je n’ai pas eu une seconde de regret par rapport à mon ancien travail . Ni de l’avoir fait, ni de l’avoir quitté. “ Avec du recul, est-ce que vous regrettez d’être passée par le métier d’orthoptiste et vous vous dites que vous auriez directement dû faire avocate ? Nadia : Je n’ai pas eu une seconde de regret par rapport à mon ancien travail. Ni de l’avoir fait, ni de l’avoir quitté. Non, il n’y a rien que j’ai regretté. C’était une belle expérience aussi. Le fait de faire mes études en France m’a permis de rencontrer des personnes avec qui j’ai encore des liens d’amitié. Mon expérience en France est inoubliable, mes années d’étudiantes font partie des meilleures années de ma vie. Est-ce que ça a été dur ensuite de trouver votre premier emploi en tant qu’avocate ? ” Nadia : Non, en fait, à la fin de mon stage, mon professeur de droit de l’immigration m’a proposé de rester travailler avec lui, ce que j’ai fait pendant plusieurs années. Pour des raisons personnelles, je suis ensuite rentrée au Maroc pendant 2 ans et j’ai démarré mon bureau d’avocats là-bas. J’y étais avocate canadienne pratiquant au Maroc. A mon retour au Québec j’ai gardé mon cabinet. Petit à petit on s’est agrandi et on est 8 personnes à présent. Que des femmes ! J’ai la chance d’avoir une équipe super. D’ailleurs, je valorise la reconversion car à part une jeune avocate que l’on vient d’embaucher, aucune n’avait fait des études de droit à l’origine. Je n’ai jamais regardé les diplômes. Quand j’engage quelqu’un je m’attache vraiment à sa personnalité. Donc dans l’équipe, les filles ont toutes des parcours très riches. Est-ce que vous avez le sentiment de profiter encore plus maintenant de votre carrière d’avocate parce qu’elle vous ait arrivée plus tardivement ? Nadia : Oui, absolument. Je la savoure plus. Je le fais avec passion. Au nom de MonJobIdéal, nous vous remercions d’avoir partagé votre parcours avec nous. Nous ne doutons pas que nos lecteurs apprécieront votre regard croisé entre le Maroc, la France et le Québec. Au vu du plaisir évident que vous prenez à aider les autres, nous ne pouvons que souhaiter à votre cabinet de continuer à croître. Y-a-t-il tout de même des choses que vous aimez moins ? Nadia : C’est sûr que des fois on a affaire à des gens difficiles mais quand on les considère avec empathie et bienveillance, on leur trouve des excuses. Il faut dire que l’on a un secret. Tous les mardis matins, on a une coach qui vient nous voir au bureau. On fait de la méditation, elle nous coache. Ça nous aide à passer une bonne semaine. Quels sont vos projets pour le cabinet ? Nadia : Continuer à grossir. Après tout, j’ai commencé dans mon sous-sol. Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui envisage de se reconvertir ? Nadia : D’être attentif à ce qui arrive. On a tous des rencontres ou des occasions comme j’ai eues. Il faut juste se lancer à un moment donné. Je pense qu’on a tous ces opportunités là, il faut juste ne pas les laisser passer. La période de galère passe vite. Si on est heureux dans ce qu’on fait, c’est bien. Mais si on n’est pas heureux et qu’on a envie de changer, je trouve que le Québec est vraiment le pays où c’est possible de le faire. Tous les outils sont là pour nous permettre de le faire. Je trouve qu’ici tout est fait en fonction de l’humain et qu’il y a moins avez cet esprit de compétitivité et de hiérarchie. a convaincu et vous ître Nadia Barrou vous Ma igration Je ne suis pas certaine que ma reconversion sur les possibilités d’imm s plu ir vo sa n d’e vie en aurait été possible en France. Ici, l’université .barrou.com au Québec ? http://www m’a permis d’aménager mes horaires. D’ailleurs, j’encourage souvent mes clients à faire pareil, à reprendre leurs études, à suivre leurs rêves. + job Mon idéal EN SAVOIR PLUS