2015 07 21 Visite Thiers Article JP Roubaud V4

Transcription

2015 07 21 Visite Thiers Article JP Roubaud V4
Le temps des secrets (suite)
Le 5 juin dernier une vingtaine d’élèves de CE1 de
l’école Gilles Vigneault, dans le 4ème arrondissement
de Marseille, pénétrait dans la cour du Lycée Thiers.
Que faisaient-ils donc dans cet établissement marseillais
qui ne compte plus de classes primaires depuis un bon
demi-siècle ? Ils venaient observer le résultat d’un
projet scolaire mené depuis quelques années par leurs
aînés du lycée de Briançon. Ils étaient accompagnés de
deux mamans et de leur institutrice Eliette Alphand,
originaire des Vigneaux dans les Hautes-Alpes.
Sur place pour les accueillir, Denis Vialette, enseignant à
Briançon, précisera que ce projet a eu pour point de départ
quelques lignes du « Temps des secrets » où Marcel Pagnol
évoque son premier contact avec le lycée Thiers : à l’approche
du lycée il est saisi par la taille du cadran de l’horloge « grand
comme une roue de charrette » et surpris par son carillon,
« retentissante nouveauté ».
L’horloge mécanique de 1783 a été remplacée en 1914 par une horloge électro-mécanique puis en 2003
par un système électronique : les notes du carillon cher à Pagnol se seraient-elles envolées à jamais ? Et
bien non, car les trois cloches qui datent de l’ancien régime sont toujours là. Elles chantent la semaine le
« Carillon du bicentenaire » composé par Patrick Geel, l’organiste de Saint-Victor, et le dimanche le
« Carillon de Pagnol » ressorti des oubliettes à l’occasion de « Marseille Provence 2013 capitale
européenne de la culture ».
Horloge mécanique 1783
Horloge électro-mécanique 1914
Horloge électronique 2003
Par petits groupes, les élèves de CE1 ont été conduits via
les combles au clocher de cet ancien couvent des
Bernardines, désaffecté à la Révolution puis transformé
en lycée par Bonaparte en 1803. Dans une pièce d’une
dizaine de m2, ils ont pu observer les trois horloges
successives et faire tinter les cloches, dont la plus
ancienne est datée de 1773. Leur guide a présenté
rapidement les différents systèmes de mesure du temps,
depuis le gnomon, un simple bâton planté dans le sol,
jusqu’à l’horloge atomique sur laquelle est calée
l’horloge du lycée via une liaison radio. A noter cette
réponse pleine de bon sens d’un élève à une question sur
le système utilisé après le gnomon : « la lampe pour voir
l’heure la nuit »…
Une fois leur visite achevée les écoliers ont reçu une information sur
un nouveau projet en cours de réalisation dans le quartier du Panier :
il porte cette fois sur le clocher des Accoules (8 cloches) et celui de
l’église Saint-Laurent (4 cloches), deux monuments emblématiques
du plus ancien quartier de Marseille. Comme celui du Lycée Thiers,
c’est un projet collaboratif et pluridisciplinaire : musique, histoire, et
bien sûr technologie. Il s’agit d’étudier ce patrimoine campanaire
pour en proposer une mise en valeur. Cela passe par une
identification des notes produites par ces cloches et la mise au point
par des écoliers de Marseille de mélodies adaptées. Ils utiliseront
pour cela de petits pianos électriques fournis par le Lycée d’Altitude.
Pour les petits élèves de CE1 le temps a passé très vite et les cloches du Lycée Thiers tinteront longtemps
dans leur mémoire. Si un jour ils intègrent ce lycée, contrairement à Pagnol ils ne seront pas
impressionnés par l’horloge et son carillon puisqu’ils auront eu le privilège d’en découvrir les
mécanismes. Quant au Lycée de Briançon, c’est avec succès qu’il poursuit au bord de la mer son projet
pédagogique « Horloges d’Altitude » qui réunit ainsi les antipodes de l’académie.
Auteur : Jean-Pierre Roubaud, partenaire du projet « Horloges d’Altitude »
Eliette Alphand enseigne à l'école primaire Gilles Vigneault dans le 4°
arrondissement de Marseille où elle est née. Mais originaire des Vigneaux, elle
aime revenir dans la maison des grands-parents à Rif Gros et retrouver dans
les Hautes-Alpes l’ensemble de sa famille restée au pays. Elle découvre le
projet scolaire « Horloges d’Altitude » avec des visites aux Vigneaux et à la
Collégiale, et tout naturellement elle participe au projet à Marseille autour des
carillons du Lycée Thiers, des Accoules et de Saint-Laurent.