La villa Verveine de Caroline Dayot

Transcription

La villa Verveine de Caroline Dayot
Dans la série des « Maisons à louer »
Le 29 janvier 2011 nous, poètes, avont loué
La villa Verveine de Caroline Dayot,
à Ault, dans la Somme
Anthologie poétique
mise en forme et en ligne par Lignes d’écritures
dans le cadre de la Maison nomade poésie
Merci aux 18 poètes
qui ont participé à l’aventure en étant présent devant la Villa le 29 janvier 2011,
ou en acceptant que d’autres lisent leur texte
Jean-Michel Ansard
Moaison d'ichi
O som-me comme chés asticots, on vivons dins ch'qui nous norris : l' terre. Est bieu inne moaison in torchis oz y avons queud, pis a n'est mi leu d' nous tchére dsus nos
cahouette. O z i som-me fin héreux.
O n' som-me mi des teupes. On n' vivons mi intérré. Nos moaisons i s'étampit't dins ch'
solél, aveuc le capieux roge, leu bottes noérte, pis leu chinoéres blanc ou bien coére,
gan-ne. Des queuds il leu mét'té du blu à leu ziux, pis i bat'té des peupiéres quante chés
tiotes bise du boin temps i s'éjut'té aveuc chés contrévints.
Dins leu mur i eu pététe l' sang d'un tayon qui sé sra copeu aveuc ch' feurre.
Dins l' plafond d' chom muraille, touillé dins ch' t'érgille i eu seurmint l' sang d'un
soldat tcheu dsus nos terre picarde. Un fiu d'ichi ou un horzain, fuche !
O l'es aveu ti vu nos moaisons un torchis ? aveuc leu z'aillots pis leu boin sintimint d'
wattieux battus pis d' lapin à pronieux, quante chés communiantes conme des tiotes
abesses d' Corbie ileu vont à l'église ? Tandire qu'leu ainesses in robe fleurachée i
lantcht'té in rire des proumesses a chés gars.
Al sont foaites aveuc du feure, pi dot-terre, al sont gramint pus solide qu'in –ne
moaison in brique. Ch' leup i peux soufleu tant et pis coére, i ne l' zé fras mi tchaire,
marche ! I n' souflera jamoais tant si fort qu' nos vint d' mer : Vint d'amont cache
péchon, vint d'amont rinte don al tien-ne d'maison.
I s'adov't't dins chés courts jors, intorsillé dins chés néiges. I s' récout'té un molé
quante chés euzons seuvages i s'in vont ou bien i rviench't't, in nous disant des poéyis
qu'on n' sait mi . Cha leu foait la gambe fin belle a nos moaison d' torchis. I n' sav't'té
tasseulmint point qu' i n'eu étou labeu, un Chine, ou in Teurtchie ou ailleurs, des
moaisons conme vleu les notes
Chés eusons i pass't't, chés communiantes i rviench't't. Poé les meumes, forchémint
Dins ch' cortis ch' viu gueudjeu i s'édvise aveuc ch' séhu i eu tours un séhu.
Wardeu nos moaison in torchis, wardeu nos perlage qui va si bien aveuc, wardeu chés
aillots, chés communiantes pis chés cotrons fleurachées, wardeu étou ch'lapin a
prognieu pis ch'raton. Wardeu tout eu dusqu'a tant que j' meurche, apreu, apreu…
Ilyes Bellaga
Ville là
Les fresques de la grotte de lascaux ne doivent pas mettre leur nez dehors.
On les a figées dedans pour éviter le regard d’un mammouth ténor
De peur de lui comme la peur pour le sourire d’un gamin
Qui sur son visage dessine ce que peut donner sa main
Mon enfant sourit tous ce qu’il tient
Sourit pour les sombres de tout ses états
Son sourire illumine les murs sombres des voisins
Même ceux des sombres voisin qui refusent son éclat
Ma fille sais-tu où ai-je mis mes clef ?
Je les cherche ses satanés ferrailles !
Je ferme cette maison sans grand regret
Laissons la ville qui a peur de nos gueules de racailles
Partons avant qu’ils ne reviennent
Ces ombres de l’ombre ces gris égrisé
Laissons les toaster et boire une plate verveine
Qu’arrange leur cœur épuisé
Ma fille met ton visage entre mes mains
Les malins ne comprendront jamais ce sourire dit idiot
Les terres bitumées n’ont pas à recevoir des nuages les flots
Ni les bien rangés le regard de mon gamin
Dis à ta mère de ne pas fermer le robinet à gaz
Contrairement à nos habitudes…
Nous partons avant la marré rase
Le temps que je descends dans la cave mes lassitudes…
Mais où ai-je mis ces hordes de tournesols ?
Avec quoi je vais fermer cette case offensée ?
La porte qui jusqu'à lors je n’ai jamais fermé
De cette hutte qu’on déracine de son sol
Papa les clefs je les ai
Et je les ai toujours gardés
Comme on retient un soupir
Que les cons ont prit pour mon sourire
Papa j’ai refusé de pleurer depuis que je suis né
Papa il n’y a que toi qui n’a pas vu en moi une débile
Ils ne m’aiment comme ils n’aiment pas les fées
Pour eux la nature est dans les crottes des gorilles
Ils ne reconnaissent la mer que dans Thalassa
Ils aiment la nature dans des pots au bifidus
Ils ont appris même à chier selon un agenda
Et que le bon vin n’est servit que sous le nom Petrus
Papa mon sourire ne veut pas être beau
Juste il ne leur ai pas sophistiqué
Les lascars ont mit du temps à admirer Lasquaux
Sans s’arrêter de le dépeindre et de l’astiquer
Père mon regard ne sera jamais en rade
Il volera vers un Rom et un enfant nomade
Vers l’autre que les autres regardent comme vil
Et je reste là
Je retiens mon soupir
Serrer dans un sourire
Non papa malgré eux je ne quitterai jamais la ville.
Yve Bressande
Villa & Poésie à louer
Quelle aubaine
Louée soite la peau&zie
La peau de la villa tatouée
Vert et veine du sang de la poéZie
Surtout pas s'ouvrir les veines
C'est tout le contraire
Vivre vivre vivre
En façade et à l'intérieur
La vie du crayon du pinceau de la plum=
Vie des mains des objets de Caroline
Vie en bord de mer
En bord de ciel
Accueillir la poésie
Accueillir la vie
On t'aime
Villa Verveine
Laurent Briet
A verveine (Blues)
A Verveine,
si le vent t'y mène,
A Verveine,
le partage est une aubaine.
On sème des petites graines,
on s'aime à perdre haleine,
à Verveine.
Villa Verveine,
on voulait te mettre en quarantaine.
Villa Verveine,
on te trouvait trop obscène.
Mais si les langues se déchaînent,
c'est juste l'amour qui gène,
Villa Verveine.
A Verveine,
viens soigner ta peine.
A Verveine,
laisse mourir ta haine.
Y'a des coups de sang, des coups de flemme,
mais ça ressemble à l'Eden,
à Verveine.
A Verveine,
on dit qu'y'a des énergumènes,
A Verveine,
on voit d'étranges phénomènes.
Moi, j'ai rencontré la magicienne,
je crois qu'les gens se méprennent,
sur Verveine.
A Verveine,
j'ai trouvé ma reine,
A Verveine,
parmi les poupées en porcelaine.
A mon tour je t'ai fait mienne,
j'en suis maintenant le capitaine,
Villa Verveine.
Françoise Coulmin
Ault : Maison à louer
Quand mes soleils me seront froids
Je choisirai un toit d’étoiles
Des murs à crayonner
Cachant des yeux à consoler
Au loin
Des hurlements de tête
Et pleurs de bête
Qui ne sait plus où aller
Ne fermerai ni porte ni fenêtre
Sur ma table eau d’espace parfumée
et pain rouge d’azur
Avec des amis sûrs
Athènes, 01/2011
Dany DEBRAY
Murs débordant de générosité
coeur dehors, coeur dedans
Plafonds tentaculaires
Inondant de tendresse
Submergeants, bousculants
...Escaliers carnassiers
Avides de couleurs
Craquants de surcharge
Voix douce de l'hôtesse
Corps frêle qu'une bourrasque ne peut plier
Présence violente et enveloppante comme la mer
Araignée tissant sa niche à vivre, sans arrêt
Faisant fi des obstacles,
Droite dans ses bottes
Dans tous les sens dans dans sa tête
UN TOUT à connaître
Michel Debray
Caroline est une artiste.
La maison de Caroline en témoigne...
Caroline est une sorte de Factrice Pouliche en jean et petit haut
Caroline est pudique
Caroline a ses raisons
Caroline est belle
Caroline est une femme-enfant prodige
Caroline joue à la poupée-gigogne
Caroline sourit et il fait soleil
Caroline pleure et la mer se retire à l'horizon
Caroline est indispensable à ce monde
Caroline a besoin d'amour
Patricia Debray
La maison claire et sombre
(mais c’est vrai que je suis toute petite)
La maison me semble grande
C’est vrai que je suis toute petite.
Il y a des zones claires et des zones sombres.
Au rez-de-chaussée le bureau de poste
Ça sent la poussière et le tampon encreur
Au fond, une niche dans le mur. On y entrepose les sacs postaux.
La chatte y fait ses petits. Et les tue !
A moins que ce ne soit d’autres chat, je n’sais plus !
Dans la salle à mange, de grosses fleurs
Sur les murs, des hortensias je crois.
La salle donne sur la cour, la cour dans la buanderie. J’aime l’odeur de la lessive et du
tas de charbon.
A l’étage, une chambre jolie, avec un papier peint clair, recouvert de lapins
C’est la chambre du grand fenêtre.
La fenêtre donne sur ue place immense, mais c’est vrai que je suis toute petite.
Une autre chambre, je la déteste, c’est la mienne.
Pur y aller, je dois passer par un couloir tout noir
(je suis trop petite pour atteindre l’interrupteur)
et le rideau qui cache des étagères ou une penderie
cache aussi des monstres et des tueurs d’enfants.
Et uis il y a la chambre interdite.
Peu de souvenirs. Sans doute y a t il la petite sœur qu’il ne faut pas réveiller ?
Un lit ? J’ai oublié.
Une armoire, oui, avec un grand tiroir en bas difficile à ouvrir.
Dedans, bien rangées, des boîtes de médicaments, beaucoup de boîtes.
Notamment de gros cachets marrons qui ressemblent à du chocolat. J’en vole
quelquefois…
Tout en haut, c’est dans le grenier que tous les trois nous faisons un jour un spectacle
d’enfants.
Un rideau, un banc, une histoire de voyage et les larmes de notre mère
Les premières dont je me souvienne, les dernières aussi.
Maison claire et sombre
Enfance claire et sombre
Mais c’est vrai que je suis toute petite.
Gilbert Desmée
Villa Verveine à Ault
Vous aimez ? Non ? Ce n’est pas une raison pour détruire… D’abord… Vous êtesvous arrêté ? Avez-vous regardé ? Regarder pas voir… Si vous me dîtes ce n’est pas
beau ou même c’est beau cela ne me dira rien de ce que vous en vivez de ce que vous a
dit ce que vous avez regardé Non ? Non ? Et non ? Rien de tout cela ne vous est
arrivé ? Alors pourquoi faudrait-il l’enlever ? Ce qui est là est fait pour être regardé
pour interpeller pour questionner mais vous me dites que cela est différent des autres
façades que cela tranche que cela détonne n’est pas dans la norme oui c’est vrai ! C’est
hors norme c’est pour cela que les gens viennent la regarder cette façade sinon ils ne
feraient que passer sans rien regarder que leurs pieds pour savoir où ils mettent leurs
pieds pour ne pas tomber pour ne pas se les tordre Allons mais non ce n’est pas une
torture de regarder cette façade C’est un appel à s’arrêter.
Jean Foucault
A la villa vers, à la villa vers veines
« C’est une façade »
Dit-on souvent
De ceux qui ne se dévoilent pas
Qui cachent
Leur être intérieur
Et pourquoi seraient ils obligés
De se dévolier ?
« C’est une couverture »
Serait encore plus grave
Pratiquement cacher sciemment.
Mais quand
Au contraire
la façade
Dévoile
Explicite
Interpelle
Va t on demander de l’effacer ?
La gratter ?
Pour voir ce qu’il y a dessous ?
Moi j’aime ceux qui n’ont pas
Une façade de façade
Mais une façade de cœur
De veines et de nerfs
Oui, décidément,
Un petit rayon de façade
en bord de mer
Ça n’a jamais fait de mal à personne !
Philippe Jaeglé
La Montagne
Où que l’on aille
Il y a une montagne
Un défi monumental
Qui dévoile nos murailles mentales
Tel qu’on n’en conçoit pas le sommet
On sait qu’il existe mais
On l’omet
C’est si massif
Que nous sommes un peu paumés
On a beau slalomer,
On s’y précipite
Une avalanche de questions dans nos têtes… gîte
Les explications théoriques tombent à pic,
Mais là, c’est la pratique…
Il faut bien se lancer sur la piste au milieu de ce cirque.
Cela n’a rien d’une petite étape touristique
C’est un terrain sans guide
Qui de fil en aiguille se complique.
Au déclic, on fait le grand saut.
On se dit qu’on sera plus vite en haut
Quand on met les deux pieds dans le pla…teau.
Plutôt que se hâter, viser la constante
A monter en pression, gare à la descente,
L’émotion augmente quand on art pente…
Tantôt véloces ou lentes sont les avancées
Plates ou bosselées
Droites ou en lacets
Est-ce fixé ? qui sait ?
Des fois la voie accidentelle, c’est le seul accès…
Axé sur le bon sens,
On efface les impasses
Laisse une trace
Dans le bon versant…
Pense au suivant qui passe…
Face aux enjeux, vient le vertige
La volonté se fige
Dans l’abîme de nos doutes,
Le désaccord…niche.
Ça fiche les rêves en pièces
Chaque foulée est un test
Mais les gestes sont lestes
Tant qu’au fond de nous, les vœux restent
Dans l’escalade des événements
Reprenons de l’élan
Dans l’escarpement,
Quand bien même le cœur est au bord de l’éboulement
Il y a forcément un plan auquel s’accorder
Quelqu’un pour nous transporter
Quelqu’un à emporter,
On est plus fort dès qu’on bouge en cordée…
Dès lors, on peut tout aborder
En un mouvement coordonné,
Sauter les fossés, transcender les rangs donnés.
Rendu à l’orée des cimes
Les pas peinent
L’oxygène décline
Le palpitant tambourine,
Les vents sont plus forts,
L’effort culmine…
C’est un volcan qui fulmine
Quand on chope sa destinée au col
Un instant sublime
Où tout s'arrête
Et l’âme décolle…
Moment solennel
Un regard en arrière,
Avec ce calvaire
On a prit de la hauteur
Le mortel au sacré se révèle
Là, entre ciel et terre,
De glorieux horizons
S’éclairent
Dans le champ de vision,
Il y a de nouveaux mondes
Et de nouveaux monts…
Hervé Leroux
Ta maison Caroline est comme un doux sourire.
Pas un sourire calculé, un sourire de façade,
Un vrai sourire, naturel, sincère, celui qui fait plaisir
Une parenthèse de poésie dans un monde aussi fade,
Aseptisé, normalisé, protégé par des lois d'un autre âge
Qui voudraient que nous soyons tous formatés, sans saveur
Couleurs ternes, dos voûtés, en rang et soyez sages!
Résiste Caroline et tu as bien raison, ta maison c'est du bonheur
Petite fleur qui se bat pour survivre au milieu des gravats
Une forteresse de couleurs, un rempart arc-en-ciel, une arme de combat
Liska
Girafe des villes
Girafe des villes
Dans la savane
Des antennes télé
Tour Eiffel de chantier
Brouteuse de béton
Grand mât levé
Sur l’océan de toits
Jeu de construction
Grandeur réelle
Echelle
Pour le paradis
Aux portes du ciel
La grue bâtit
Nid après nid
Nos maisons de vie
Roland Nadaus
Louée soit cette maison
C’est une maison de paroles
au milieu des bruits de la ville
Il faut y entrer par derrière
en traversant le jardin
Une allée de graviers crissants
vous annonce
Inutile de frapper à la porte étroite
et la sonnette ne fonctionne pas
Pour entrer il suffit d’attendre
et d’entendre
Parmi toutes les paroles dites
il n’y en a qu’une pour vous
Ce n’est pas une parole passe-partout
même si elle ouvre votre cœur
Cette parole n’est que pour vous
pour votre silence intérieur
C’est une parole clé
de celles qui vous ouvrent la langue
Sept fois sept fois dans la bouche
avant que vous osiez répondre
Dans cette maison de Parole
je vous le promets vous entrerez
Malgré le bruit des mobylettes et des mots
qui leur ressemblent
Vous entrerez je serai là je vous dirai :
Bonjour l’artiste !
–et ensemble on se taira–
Lydia Padellec
La Maison morcelée
Le soir, la maison paraît plus vaste
de son silence. Plus vide aussi. Les
ombres jouent à cache-cache dans ses
recoins. Des rires lointains se font
entendre. Un écho dans la lumière. La
petite fille est morte en même temps
que la mésange. Découverte au bas de
l’escalier. Les plumes déchirées.
*
De la chambre émane un parfum
d’humus et de poussière. Une pièce
petite comme celle d’une boîte à
musique. La ballerine au corps de
porcelaine ne tourne plus en rond. La
flûte enchantée n’enchante plus.
*
Au-dessus de la cheminée, le cri
de Munch ne résonne plus. Sa bouche
ouverte a avalé trop de fumée. Même
la chanson de Tino Rossi ne fera pas
revenir le Père Noël. Des fourmis
rouges grésillent dans la cendre à la
recherche d’une forêt.
*
Sur le bord de la fenêtre, une
mouche tente l’invasion. Elle se
cogne au carreau. Aveugle. La peur
lui
ressemble.
Globuleuse
Petite
comme
et
un
noire.
bonbon
empoisonné.
*
Les herbes du chemin mènent à la
porte d’entrée. Un chemin - ruisseau
dont l’odeur rappelle la mer. Des
akènes de pissenlits tourbillonnent et
donne la migraine. Pas de coques ni
de palourdes à dîner. Il faut sécher les
larmes du ver de terre.
*
Le grenier a une porte qui donne
sur le ciel. Les étoiles y pénètrent.
Glaciales. Un vieux flacon d’eau de
Cologne s’est ouvert et quelques
gouttes se sont déversées
sur les
doigts de l’araignée. Des photos
jonchent le sol. Des feuilles mortes
aux sourires figés. Au milieu, une
palourde siffle.
*
Effleurer la vapeur du jasmin du
bout des lèvres. Un chatouillement
d’insectes invisibles. L’émail des
casseroles devient jaune à force de les
frotter avec du citron. Les recettes de
grand-mère, parfois, ne sont pas de
bons conseils.
Anne Poiré
Architectures scellées de soi
Quels drôles de textes
quelles drôles de maisons
sous l’écorce
parmi les routes
sentiers artères
de l’autre côté
de la psyché
de toute éternité
ô toit
du labyrinthe
toujours tu minotaurises à rêver
l’imaginaire comme un filet
où se laissent prendre les ombres
toits pluriel
toits énigmatiques
charpentés d’incertitudes
lieu idéal
lieu fractal
où tous les toits sont permis
toutes les lois
et moi émoi et mois
lieux grandioses
de toutes les couleurs du j’ose
maisons protection
maisons cocon
il y aurait des fenêtres
de vastes horizons
de la lumière à foison
il y aurait
les pièces à vivre les pièces à grandir
aux senteurs d’alcôve
elles fleureraient l’enfance
et même la guimauve
dense
la signifiance
pour plus de références
afin de renforcer
la paix et la confiance
il y aurait
l’escalier
qui conduirait aux fées
l’escalier
toujours hospitalier
l’escalier allié
et les chambres
de janvier à décembre
lieu
où peindre
lieu où rêver
lieu où pleurer lieu où fabriquer
lieu où écrire
lieu où s’étourdir
lieu où s’enfuir
espace où grandir
ensemble
il y aurait
mythologie
recoins infinis
merveilleux fouillis
maisons verveine
où gommer les peines
maisons menthe à l’eau
où prendre son galop
maisons grenadine
jamais anodines
depuis le salon
vagabond
jusqu’à la cuisine
initiations fines
maisons en expansion
tout y susurrerait à l’être
en secret
clefs du bonheur
violet
indigo
bleu
vert
jaune
orangé
rouge
toute la palette
depuis la façade
jusqu’à l’intérieur
dedans
dehors
même si
dehors
dedans
les peurs
équilibres fragiles
loups à apprivoiser
dragons à éloigner
ce seraient
maisons nid
maisons abri
ô fil d’âtre
et de patrimoine
amarrage d’Ariane
chacun y retrouverait
son parfait chemin
dédale labyrinthe
vers la maison cloisons
maison abandon
rêvée
réelle
architectures scellées de soie
maisons nomades
hypothèses
hypothèques
maisons frissons
que l’on porte en soi
maisons
qui éloignent les prisons
maisons donjons
de l’autre côté
ô toits
l’imaginaire comme un filet
où se libèrent
les ombres
dans l’enchevêtrement
vignes vierges des rires
des rives
toujours
les toits
autorisent à rêver
06/01/2011
La Roche , 42 670 Belmont de la Loire
Mario Urbanet
extravagance à Ault-Onival
entre vagues et cailloux
balayée de frais
la langue de sable
longue et blonde
s’imprègne des pas rares
de marcheurs insatiables
jalouse
la mer en efface les traces
de ses lames cruelles
vides
les dents de scie des cabines de baigneurs
coupent la plage
de la ville
décor touchant d’un théâtre vide
conservatoire d’échos précieux
cris de gamins rieurs
cliquetis des grand-mères tricoteuses
répondant aux trinquetis des bocks mousseux
ploufs des plongeons sur le ventre
sous les quolibets des mouettes rieuses
la falaise saigne d’éboulis endémiques
le crachin têtu
importune qui n’est pas d’ici
l’alternance marine offre aux regards
deux pays en un
celui des eaux pleines
celui du sable à perte de vue
aucun des deux ne lasse
côté ville
des maisons de pêcheurs désarmés
se baissent humblement
en esquive aux vents
les murs
enduits de goudron
offrent aux enfants
une ardoise à portée de craie
altières et vides
dans leur raideur rococo
des demeures se nomment au passant
Salamandre
Sirène
Amazone
Villa des Loups
et se noient d’ombre l’une l’autre
A VENDRE
annoncent comme on mendie
des pancartes aux maisons
aux commerces
à la terre
aux vies
d’un pays qui fut bonheur
autrefois
quand le travail tenait aux mains
extravagante !
une façade crie son refus
dynamite l’ennui
au nom de toutes les autres
ses fresques peintes révèlent
que du vivant existe ici
démonstratives jusqu’au bout du cœur
elles font même le trottoir
de sa verve
la Villa Verveine
défie le passant
hurle aux tympans obtus
je veux vivre en Vimeux
et le chanterai en clé de Somme
et en clé de phare
s’il le faut
la foule des poètes accoure
et loue
clamant omnes
ut desint vires
tamen est laudanda voluntas
extravagants
sont les panneaux A Vendre
c’est un cri général
à supposer que manquent les forces
il n’en faut pas moins louer l’intention
octobre 2010
Florence VAUDET
Villa Verveine
Villa Verveine en bord de mer
Tes murs sont tristes et gris poussière
Ta porte sur la rue posée
Sans sourciller paupières baissées
Nul ne regarde personne ne sait
Villa Verveine en bord de peine
Au vent du large ton cœur se traîne
Mélancolie sur la façade
Des jours de pluie marrées maussades
Où les vagues battent chamade
Villa Verveine en bord de rêve
Les passants ignorent les secrets
De la fée qui t'a fait sourire
A mis des fleurs sur tes souvenirs
Et des couleurs pour te bâtir
Villa Verveine en bord d'Opale
Maison de poupées aux teints pâles
Boîte de Pandore recelant
En son âme de femme-enfant
Tant de trésors au goût d’antan
Villa Verveine en bord de rue
Demeure des ours et chats perdus
Dans les plis de celluloïd
Regarde le soleil sur tes rides
Te peindre et recoudre tes vides
Villa Verveine, villa soleil
Ressuscitée de ton sommeil
Des oiseaux dansent sur la palette
Sous le miroir de tes fenêtres
L'amour te donne un air de fête

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