1914 raoul villain
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1914 raoul villain
1914 RAOUL VILLAIN En assassinant, le 31 juillet 1914, Jean Jaurès, Raoul Villain veut atteindre celui qui prêche la paix alors que la Première Guerre mondiale est sur le point d’éclater. En effet, la disparition de Jaurès lève le dernier obstacle au déclenchement du conflit, dans lequel cinq millions d’hommes vont trouver la mort. Ce 31 juillet 1914, l’atmosphère de Paris est enfiévrée par l’attente de la déclaration des hostilités entre la France et l’Allemagne. Les journaux portent en gros titres des déclarations patriotiques exaltant les qualités guerrières des Français. Des jeunes gens excités, brandissent des drapeaux tricolores et chantent la « Marseillaise ». Préparé dans les esprits depuis des années, le conflit est devenu inéluctable depuis l’assassinat d’un archiduc autrichien à Sarajevo, le 28 juin 1914. Pourtant, tout le monde n’est pas convaincu de la fatalité de la guerre. Jean Jaurès emploie encore toute son énergie à prêcher la paix. A la fin de l’après-midi, de retour du ministère des Affaires étrangères, il se rend à son bureau du journal « l’Humanité », dont il est le directeur ; mais avant de se mettre au travail, Jaurès et ses amis descendent dîner au café du Croissant, à deux pas du journal. Jaurès est assis le dos à la fenêtre restée ouverte. Un simple rideau le sépare de la rue. A 21h40, une main écarte le rideau, un coup de feu éclate. Jaurès s’effondre. L’assassin ne cherche pas à s’enfuir et se laisse arrêter sans résistance. Il se nomme Raoul Villain ; à 23 ans, il a l’esprit enflammé par les campagnes de presse lancées contre les pacifistes et particulièrement Jaurès. Quelque peu déséquilibré, Villain ne « crachait » pas sur l’absinthe. Larousse – France Loisirs 1914 RAOUL VILLAIN Le dernier obstacle à la guerre est écarté et, le lendemain, la France décrète la mobilisation générale. Ceci n’aurait pu rester qu’un crime banal réalisé par un exalté, si on ne connaissait le verdict qui s’en suivit. Le 29 mars 1919, après le procès de Raoul Villain, le verdict tombe : l’assassin de Jean Jaurès est purement et simplement acquitté. Aux questions posées : Villain a-t-il commis un homicide volontaire, réponse « NON » ; a-t-il agi avec préméditation, réponse « NON ». Jaurès n’a donc été assassiné par personne. Il aurait pu bénéficier d’une clémence du jury et voir sa peine réduite; n’est-ce-pas un crime politique, n’aurait-il pas été conditionné par le propos des journaux ? Mais non ! Il est acquitté. Entre le crime et le procès, cinq années se sont écoulé, ce qui a semble avoir pesé grandement sur le verdict. Pendant ces années de guerre, Villain ne connaît rien des épreuves et des dangers que les hommes de son âge vivent pendant ces années terribles et il ne peut comprendre l’horreur du conflit pour lequel il a commis un assassinat. Raoul échappera donc deux fois à la mort : la première en échappant à la guerre et la seconde par la clémence du jury. Accusé d’homicide volontaire, Raoul Villain comparaît le 24 mars 1919 au palais de justice de Paris. Cinq jour plus tard, Villain se voit acquitté et la veuve, condamnée aux dépens (principaux frais de justice liés à l'organisation du procès). Mme Jaurès, après la mort de son mari, a encore eu la douleur de perdre son fils, tué au front en 1917. Le 6 avril, les amis de Jaurès organisèrent une manifestation pour protester contre la décision du tribunal de Paris ; une foule de 30.000 Larousse – France Loisirs 1914 RAOUL VILLAIN personnes y participa calmement ; des « poilus » eux-mêmes viendront témoigner de leur respect envers celui qui aurait peut-être pu éviter l’horreur de ces cinq années de guerre. En 1920, il est arrêté pour trafic de fausse monnaie, condamné à une amende et laissé en liberté. On le retrouve ensuite en Espagne où il vit de l’héritage de sa tante. En juillet 1936, c’est la guerre d’Espagne, l’île d’Ibiza tombe aux mains des franquistes, elle est reprise par les républicains puis enfin, elle revient aux mains d’anarchistes. Raoul, accusé d’espionnage par ces derniers, est fusillé dans sa maison d’Ibiza. Larousse – France Loisirs