Abeille et Gaucho « L`imposture écologique
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Abeille et Gaucho « L`imposture écologique
ÉCONOMIE Soldes. Des clients regardants l Affluence ne signifie pas forcément achats. Manifestement, les clients attendent la 2e démarque. (Photo Yann Le Gall) Les soldes d'hiver ont démarré hier. Malgré la cohue traditionnelle et un afflux important dès les premières heures, les commerçants ont noté un manque d'engouement des clients. A Paris, on relevait les files d’attente habituelles devant les grands magasins Galeries Lafayette, Printemps et autres enseignes du quartier (Burton, Zara, H & M). Grande affluence aussi à Rennes dans la matinée, à la fois dans les boutiques prestigieuses, dans les chaînes (Minelli, André, Mango) et aux Galeries Lafayette. Mais des commerçants faisaient déjà part de leur pessimisme. « C'est comme l'année dernière, ce n'est pas la ruée et dès la semaine prochaine, on fait la deuxième démarque », indique une commerçante toulousaine. De leur côté, certains clients affichaient leur déception : « C'est encore cher. On a des articles à -50 % mais ce sont des articles souvent de très grandes tailles ». « On baisse les prix sur des vêtements démodés... », regrettaient certains. A NOTER AGRICULTURE. PLUS QUE 2 % DU PIB. Selon un dossier sur les nouveaux défis de l’agriculture, à paraître aujourd’hui par l’Insee, l’agriculture ne représentait plus que 2 % du PIB (produit intérieur brut) de la France en 2005. En 50 ans, l’agriculture française a connu une modernisation spectaculaire, mais a aussi perdu les trois-quarts de ses exploitations agricoles. Autre constat : depuis 1960, le volume de la production agricole a doublé, mais le revenu net par entreprise a diminué de moitié en termes réels. « IPHONE ». APPLE S’INVITE DANS LA TÉLÉPHONIE. Lors du congrès MacWorld à San Francisco, le PDG d’Apple Steve Jobs a présenté sa dernière nouveauté : l'« iPhone », qui fait à la fois téléphone mobile, baladeur, avec les mêmes fonctionnalités que l’iPod, appareil photo et ordinateur de poche avec navigateur internet. Sa commercialisation en Europe est prévue au dernier trimestre. Reste qu’Apple devra convaincre les opérateurs de placer son produit dans leur réseau de distribution. (Photo AFP) NANTES ATLANTIQUE. HAUSSE RECORD DU TRAFIC DE +12,15 %. L’aéroport Nantes Atlantique a connu en 2006 une croissance record de son trafic de 12,15 %, la meilleure progression des aéroports français d’intérêts nationaux. En 2006, l’aéroport Nantes Atlantique a accueilli 2,4 millions de passagers contre 2,161 en 2005. L’essor du trafic régulier international (8 nouvelles lignes en 2006) a accéléré les bons chiffres de l’aéroport qui sur ce marché a gagné 228.000 passagers par rapport à 2005. CROISSANCE. PENALISÉE PAR L’INDUSTRIE. Le ministre de l’Economie Thierry Breton l’a admis hier : le rebond espéré de la croissance au quatrième trimestre sera moins fort que prévu. Les chiffres publiés par l’Insee hier montrent un effritement de la production industrielle en novembre, en baisse de 0,2 % par rapport au mois précédent. La France ne devrait atteindre que d’extrême justesse la barre des 2 % de croissance alors que le ministre de l’Economie tablait sur un taux de 2,6 % il y a peu. (Photo AFP) START WEST 2007. 23 PROJETS INNOVANTS RETENUS. Chaque année, le forum du financement de l’innovation Start West rassemble une sélection d’investisseurs innovants. La 7e édition aura lieu les 24 et 25 janvier à Rennes (à la CCI le le 24 et à l’ESC le 25). Cette année, 23 projets du Grand Ouest et d’autres régions ont été retenus. Leurs porteurs pourront rencontrer durant ces deux jours des investisseurs. Depuis 2001, Start West est à l’origine de plus de 55 millions d’euros dans plusieurs dizaines d’entreprises innovantes. Renseignements : www.start-west.com Les chiffres du jour 300.000 Le nombre de curriculum vitae (CV) reçus par la SNCF en 2006. Cac 40 : 5501,95 1 € = 1,2988 $ - 0,67020 £ BOURSE EN PAGE 34 Intermarché. 24 usines et des investissements Fortement présent dans l’industrie agroalimentaire en Bretagne, le groupement Intermarché poursuit ses investissements pour approvisionner ses quelque 3.000 magasins Intermarché, Ecomarché, et Netto. Dans la région, les 24 sites industriels contrôlés par l’enseigne des Mousquetaires représentent près de 6.000 emplois et travaillent avec plusieurs milliers d’agriculteurs bretons. Le rapprochement avec ces sociétés a parfois démarré par un partenariat qui s’est élargi au fil du temps jusqu’à la prise de contrôle progressive et le plus souvent totale. Plusieurs des acquisitions concernent des entreprises familiales n’ayant pas de repreneurs. En s’adossant au groupement de distribution, elles ont trouvé de nouveaux débouchés commerciaux, en France et parfois à l’étranger. De la terre… Dans la seule usine de conserves de légumes d’Intermarché, Kerlys (260 salariés), à Locoal-Mendon (56), 15 millions d’euros vont être investis pour moderniser l’unité et faire passer la production de 70.000 à 90.000 tonnes d’ici trois ans. Elle a été rachetée en 2000 à la société Lorcy, en difficulté économique et technique. A Saint-Evarzec (29), près de Quimper, la société de salaisonnerie Monique Ranou, reprise en 1998, va bénéficier de 13 millions d’euros d’investissement pour s’agrandir de 4.500 m² d’ici 2008. Intermarché contrôle aussi la société d’abattage-découpe de l Intermarché se démarque par sa stratégie d’investissement dans l’agroalimentaire. Une politique qui se traduit par le contrôle de 24 sites industriels en Bretagne. Ici la salaisonnerie Monique Ranou. (Photo Jacky Hamard) bovins SVA (2.037 salariés entre Vitré, Trémorel et Liffré), l’entreprise d’abattage-découpe de porcs Gâtine Viandes (400 salariés) à la Guerche-de-Bretagne, Onno, spécialisée dans le pâté, à Pontivy et Saint-Méen-le-Grand, et Claude Léger à Laillé (35) spécialisée dans les plats cuisinés… … à la mer Intermarché s’est aussi largement impliqué dans le secteur de la mer et possède, à travers son armement Scapêche, une flottille d’une vingtaine de bateaux de pêche avec quelque 300 marins. Sa cen- trale d’achat, la Scamer, à Lorient, s’approvisionne auprès des sociétés de mareyage du groupement, Capitaine Houat à Lorient (220 salariés) et Boulogne-sur-Mer pour les poissons entiers et filetés, et les Viviers de la Méloine (45 salariés) à Plougasnou pour les coquillages et les crustacés. Les investissements actuels portent sur la mise en barquette des poissons destinés au secteur du libre-service. L’enseigne de distribution contrôle également les usines de transformation Capitaine Cook, spécialisées dans les conserves de pois- sons à Plozévet (140 salariés) et dans les produits traiteurs, notamment le surimi, à Clohars-Carnoët (une centaine de salariés) où 4 millions d’euros ont été investis depuis deux ans. Dans le domaine de la mer, il faut encore citer le Moulin de la Marche (290 salariés) à Châteaulin, réputé notamment pour son saumon fumé label rouge. A noter encore la création, en 2002, de la société des eaux de sources de Paimpont, qui commercialise annuellement 50 millions de bouteilles. Yves Drévillon L’INTERVIEW DE LA SEMAINE Abeille et Gaucho « L’imposture écologique » Cette profession est étrangement organisée avec des pratiques parfois douteuses. Cela est due au fait que sur 67.000 apiculteurs, à peine 3.000 sont professionnels ou semi-professionnels. Et même parmi ces derniers, tous n’ont pas la rigueur nécessaire à un métier en réalité très complexe. Comment voulez-vous qu’ils puissent par exemple détecter une nouvelle maladie ? Certains apiculteurs font faire analyser leurs abeilles mortes en Espagne car on ne dispose pas en France des moyens techniques pour le faire. Dans « Abeilles, l’imposture écologique » (éditions le Publieur), le journaliste Gil Rivière-Wekstein dévoile les dessous de l’affaire du Gaucho et du Régent TS, deux insecticides interdits d’utilisation en 2004 en France sur maïs et tournesol car soupçonnés de faire mourir les abeilles. Fruit de deux années d’investigation, son enquête étayée démontre comment ces deux molécules sont devenues un « bouc-émissaire idéal ». Vous parlez d’une imposture écologique, pourquoi ? Parce qu’au nom de l’écologie et en touchant cette fibre sensible on a réussi, au moyen de discours simplificateurs, à faire interdire deux molécules alors que les éléments à charge n’étaient pas si évidents que cela. Le Gaucho et le Régent ontils été selon vous incriminés à tort ? Oui, et ce n’est pas moi qui le dis. Des études récentes indépendantes publiées à l’échelle internationale, dont celle du professeur belge Eric Haubruge prouvent que le dépeuplement des ruches ne peut pas être imputé à ces insecticides. En Espagne, la piste privilégiée par les chercheurs est une nouvelle pathologie liée à la présence d’un parasite intestinal jusqu’ici inconnu en Europe : le nosema l Dans un ouvrage très documenté, le journaliste d’investigation Gil Rivière-Wekstein démonte l’argumentaire des apiculteurs français. (Ph. DR) ceranae. Il n’y a qu’en France que des apiculteurs désignent le Gaucho et Régent comme seuls responsables. Pourquoi une telle croisade contre ces deux insecticides ? Au départ un petit groupe d’apiculteurs convaincus que le gaucho était à l’origine de tous leurs maux a réussi à imposer son point de vue en aménageant parfois la vérité. Pour des raisons multiples, idéologiques ou d’opportunité, ils ont été suivis par des chercheurs, des politiques, des militants écologistes. De la droite villieriste à la gauche paysanne, une alliance hétéroclite s’est construite autour de ce combat. Parallèlement, d’autres apiculteurs n’observaient pas de surmortalités alors qu’ils mettaient leurs ruches sur des champs traités au Gaucho. Mais la plupart d’entre eux n’ont pas osé le dire face à l’hystérie ambiante. Vous dressez un tableau pas très reluisant des pratiques des apiculteurs. Quelles ont été les conséquences de cette affaire en France ? Les premières victimes sont les apiculteurs eux-mêmes. Le fait de suspendre les deux molécules n’a pas changé grand-chose. L’union nationale de l’apiculture française (Unaf) prétend que le cheptel se porte mieux mais ajoute paradoxalement qu’il ne produit pas plus de miel. La seconde victime est l’agriculture puisqu’on lui interdit des nouveaux produits plus respectueux de l’environnement que représentent les enrobages de semences. Cette crise a tellement marqué les esprits qu’aucun homme politique n’a le courage de revenir sur une décision erronée. Propos recueillis par Frédérique Le Gall TOUTES • Jeudi 11 janvier 2007 • Le Télégramme 7