quart de finale 16e cro

Transcription

quart de finale 16e cro
Quart de finale du XVIe CRO
La moto
A l’époque où j’étais léger, entre six et dix ans, mon père m’avait souvent conduit à l’école en
moto. Dès qu’il avait fait démarrer le moteur, j’enfourchais le réservoir rond et large comme
une guêpe d’acier noir, mon cartable accroché au cou.
(fin de la dictée pour les CM1)
Mon père s’asseyait derrière moi, fixait ses lunettes étanches, me calait contre lui et rabattait
sur nos jambes un tablier de cuir.
(fin de la dictée pour les CM2)
Il y avait, sous le tablier, une poignée de secours, une courroie de cuir renforcé, pour m’y
cramponner en cas de besoin, mais il me suffisait de serrer les genoux contre le réservoir
vibrant et de sentir mon père penché sur moi, ses jambes contre les miennes, ses bras tenant le
guidon, me protégeant de chaque côté.
(fin de la dictée pour les 6e)
La poignée de secours ne me servait qu’après le dernier virage, dans la courte ligne droite qui
aboutissait à l’école, quand mon père criait pour couvrir le bruit du moteur : « Accroche-toi,
on s’envole ».
(fin de la dictée pour les 5e)
Il lançait la moto à fond sur cent mètres, pour me ménager une arrivée pétaradante devant mes
camarades. Je descendais de la moto encore tremblant de plaisir, faisais glisser mon cartable
sur mon épaule. On ne s’embrassait pas, mon père et moi, devant les autres.
(fin de la dictée pour les 4e)
Pierre savait que cela aurait tout gâché. Au contraire, il se redressait sans un mot, rajustait le
tablier de cuir, levait sa main gantée vers son casque, dans une esquisse de salut militaire, et
repartait plein gaz, comme un héros, un pan de son foulard blanc claquant dans l’air comme
un fanion.
(fin de la dictée pour les 3e)
Michel
BRAUDEAU,
naissance d’une passion.

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