V en dredi 10 juin - Cité de la Musique
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V en dredi 10 juin - Cité de la Musique
Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Dans le cadre de la 5e Biennale d’art vocal Du mardi 7 au samedi 25 juin Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Schola Heidelberg | Vendredi 10 juin – 20h30 Vendredi 10 juin Schola Heidelberg 5e Biennale d’art vocal MARDI 7 JUIN – 19H Rue musicale MERCREDI 8 JUIN – 20H30 Salle des concerts JEUDI 9 JUIN – 20H30 Salle des concerts Léo Delibes Messe Brève Benjamin Britten A Ceremony of Carols Johannes Brahms Ein deutsches Requiem Felix Mendelssohn Christus Cantates chorales Maîtrise des Hauts-de-Seine Chœur d’enfants de l’Opéra National de Paris Gaël Darchen, direction Entrée libre MARDI 7 JUIN – 20H30 Salle des concerts Orchestre National de Lille BBC Symphony Chorus Jean-Claude Casadesus, direction Sally Matthews, soprano Dietrich Henschel, baryton-basse MERCREDI 8 JUIN – 15H ET 16H30 JEUDI 9 JUIN – 9H30 ET 11H SPECTACLE JEUNE PUBLIC Amphithéâtre Accentus Ensemble Orchestral de Paris Laurence Equilbey, direction Sandrine Piau, soprano Robert Getchell, ténor Markus Butter, baryton VENDREDI 10 JUIN – 20H30 Amphithéâtre Guillaume Dufay Motet « Ecclesiae militantis » Conception, mise en scène de Sophie Grelié Stefano Gervasoni Musique de Giacinto Scelsi Horrido Scénographie de Bruno Lahontâa Josquin des Prés Miserere mei, Deus Éclats René Leibowitz Muriel Ferraro, chant A se stesso op. 37 n° 3 Sophie Grelié, création sonore et régie René Leibowitz Two Settings Robert Schumann JEUDI 9 JUIN – 18H30 Meerfey op. 69 n° 5 ZOOM SUR UNE œUVRE In Meeres Mitten op. 91 n° 6 Johannes Brahms Felix Mendelssohn : Christus Drei Gesänge op. 42 par Brigitte François-Sappey, musicologue Iannis Xenakis Nuits Ma Le Jardin de Monsieur Lully Les Arts Florissants Les solistes du Jardin des Voix William Christie, direction MERCREDI 8 JUIN – 19H Rue musicale Œuvres de Charles Trenet, Mac Huf, Rudi Revil, Richard Rodgers, Giulio Caccini, Francis Poulenc, Vicki Tucker Courtney, Jacques Ofenbach, Leonard Cohen, Orlando di Lasso, Giovanni Battista Pergolesi, Jerry Estes Chœur d’Enfants Sotto Voce Scott Alan Prouty, direction Richard Davis, piano Entrée libre JEUDI 9 JUIN – 19H Rue musicale Œuvres de Carl Nielsen, Felix Mendelssohn, Gioachino Rossini, Pekka Kostiainen, Bo Holten, Alain Louvier Maîtrise de Paris Patrick Marco, direction Christine Lajarrige, piano Entrée libre 2 Schola Heidelberg Walter Nußbaum, direction Christina Hess, Catherine Anne Motuz, trombones baroques DU MARDi 7 AU SAMEDi 25 jUin MERCREDI 15 JUIN – 18H30 ZOOM SUR UNE œUVRE SAMEDI 18 JUIN – DE 9H30 à 18H CITÉSCOPIE MERCREDI 22 JUIN – 20H Salle des concerts Johann Sebastian Bach : «Tilge, Höchster, meine Sünden» (d’après le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi) Par Sylvie Pébrier, musicologue Le lied de Schumann Avec Brigitte François-Sappey, Claire Badiou et Hélène Pierrakos, musicologues Claudio Monteverdi Il Ritorno d’Ulisse in patria MERCREDI 15 JUIN – 20H30 Salle des concerts SAMEDI 18 JUIN – 20H30 Salle des concerts Arcangelo Corelli Concerto grosso n° 4 op. 6 Francesco Bartolomeo Conti Cantate « Languet anima mea » (Arrangement Johann Sebastian Bach) Giuseppe Torelli Concerto en ré mineur Johann Sebastian Bach Psaume 51 « Tilge, Höchster, meine Sünden », d’après le Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi Gustav Mahler Frühlingsmorgen Erinnerung Rheinlegendchen Robert Schumann Dichterliebe op. 48 Johannes Brahms Fantaisies pour piano op. 116 Hugo Wolf Fussreise Nimmersatte Liebe Begegnung Das verlassene Mägdlein Auf ein altes Bild Verbogenheit Der Rattenfänger ll Giardino Armonico Giovanni Antonini, direction Roberta Invernizzi, soprano Bernarda Fink, mezzo-soprano VENDREDI 17 JUIN – 20H30 Salle des concerts Nathalie Stutzmann, contralto Inger Södergren, piano Ivan Fedele Animus anima pour ensemble vocal Johannes Maria Staud Par ici ! (Création mondiale, commande EIC) Bruno Mantovani Cantate n° 1 pour 6 chanteurs et ensemble La Venexiana Chiara H. Savoia, mise en scène Claudio Cavina, direction Martina Belli, La Fragilité humaine/Mélantho Salvo Vitale, Le Temps/neptune Valentina Coladonato, La Fortune/junon Giulia Peri, L’Amour Mauro Borgioni, jupiter Giorgia Milanesi, Minerve Mirko Guadagnini, Ulysse Oksana Lazareva, Pénélope Makoto Sakurada, Télémaque Marco Bussi, Antinoüs /Phénicien iii Alessio Tosi, Pisandre/Phénicien ii Alberto Allegrezza, Amphinome/ Phénicien i Paolo Antognetti, Eumée/Eurymaque Luca Dordolo, irus Gabriella Martellacci, Euryclée SAMEDI 25 JUIN – 20H Salle Pleyel Arnold Schönberg Gurre-Lieder Orchestre Philharmonique de Strasbourg Czech Philharmonic Choir Brno Marc Albrecht, direction Christiane Iven, Tove Lance Ryan, Waldemar Anna Larsson, la Colombe Barbara Sukowa, la narratrice Albert Dohmen, Bauer Arnold Bezuyen, Klaus-narr Petr Fiala, chef de chœur Ensemble intercontemporain Neue Vocalsolisten Stuttgart Susanna Mälkki, direction Robin Meier, Réalisation informatique musicale ircam Ce concert est précédé d’un avant-concert à la Médiathèque. Entrée libre sur réservation au 01 44 84 44 84 3 VENDREDI 10 JUIN – 20H30 Amphithéâtre Schola Heidelberg Walter Nußbaum, direction Christina Hess, Catherine Anne Motuz, trombones baroques Enregistré par France Musique, ce concert sera difusé le mercredi 29 juin à 9h07. Fin du concert vers 22h15. Guillaume Dufay Ecclesiae militantis Stefano Gervasoni Horrido Josquin des Prés Miserere mei, Deus – première partie René Leibowitz A se stesso op. 37 n° 3 Josquin des Prés Miserere mei, Deus – deuxième partie René Leibowitz Two Settings The Sick Rose never Seek to Tell Thy Love Josquin des Prés Miserere mei, Deus – troisième partie entracte Robert Schumann Meerfey op. 69 n° 5 In Meeres Mitten op. 91 n° 6 Johannes Brahms Drei Gesänge op. 42 Abendständchen Vineta Darthulas Grabesgesang Iannis Xenakis Nuits 5 Guillaume Dufay (ca 1400-1474) « Ecclesiae militantis », motet isorythmique à cinq voix Composition : 1431. Durée : environ 6 minutes. C’est Guillaume Dufay, né vers 1400 dans les environs de Cambrai ou Chimay, qui ouvre ce stimulant parcours polyphonique, juste hommage à ce précurseur fondamental de la Renaissance. Disons que le désir d’italie a habité très tôt le projet musical de Dufay, au service de la chapelle de Carlo Malatesta à Rimini dès 1419, puis séjournant à Rome (1428-1433), avant de suivre à Florence le pape, chassé par une insurrection, et de travailler à la cour de Savoie à Chambéry (1433-1435). Au sein de sa production, se remarque, avec les messes, la série des motets isorythmiques (c’est-à-dire sous-entendant le maintien d’un rythme identique du début à la in de l’œuvre). Ainsi du motet à cinq voix Ecclesiae militantis, composé pour l’intronisation du pape Eugène iV en 1431 et dont en outre la polytextualité (c’est-à-dire la superposition de plusieurs textes aux voix) s’avère un heureux piment prosodique. Roger Tellart Stefano Gervasoni (1962) Horrido, pour sept voix solistes Composition : 2008-2011. Commande : WDR, avec le soutien de la Ernst von Siemens Musikstiftung et de la SACEM, pour les Wittener Tage für neue Kammermusik. Création : le 7 mai 2011 à Witten par la Schola Heidelberg sous la direction de Walter nußbaum. Texte : Hyacinth Freiherr von Wieser. Durée : environ 11 minutes. Horrido est une œuvre a cappella pour sept voix (deux sopranos, alto, deux ténors, baryton et basse) sur des textes fragmentaires du baron Hyacinth von Wieser (1893-?), un juriste qui, obsédé par la peur d’être empoisonné, s’isola de ses proches et du monde, inissant par atterrir dans un sanatorium de Munich où il peignit et écrivit. On ne sait plus rien de lui à partir de 1920, année où le docteur Hans Prinzhorn, psychiatre et historien qui faisait des recherches sur les rapports entre art et maladie mentale (son livre Bildnerei der Geisteskranken représente une des premières tentatives d’analyse dans le genre) termina ses visites et recueillit de nombreux échantillons de la production « artistique » du baron von Wieser. il les réunit ensuite dans une grande collection d’art brut, Sammlung Prinzhorn, conservée aujourd’hui au service de psychiatrie de l’Université de Heidelberg. 6 Cette œuvre constitue ma première tentative de mettre en musique des textes non poétiques, c’est-à-dire des textes qui ne font pas indiscutablement autorité par leur contenu, leurs caractéristiques formelles, leur histoire. j’ai toujours cherché à faire preuve du plus grand respect dans la « traduction » musicale des textes poétiques, les considérant comme des systèmes organiques accomplis obéissant à certains principes régulateurs. S’agissant des textes du baron von Wieser, ce respect devient en premier lieu une forme d’adhésion à la soufrance psychique qu’ils expriment presque inconsciemment de façon artistique ; ici, la facture artistique est le résultat de la mise en forme d’une matière façonnée à partir du délire et de la schizophrénie. il en résulte une idée de beauté artistique et de fonction de l’art qui dépasse (de façon iconoclaste) les catégories « habituelles » de la création artistique (auteur, public, réception de l’œuvre, contexte de sa présentation au public, etc.). Pour cette raison, je considère Horrido (le titre est un mot extrait des textes du baron von Wieser) comme un autre élément de ma recherche musicale actuelle, dans laquelle la rencontre entre la « spontanéité » et la « règle » me semble être un pivot essentiel (je pense par exemple à mes œuvres Prato prima presente, Com que voz, Nube obbediente). je ne cacherai pas les diicultés que m’a causées l’utilisation de textes qui ne se veulent pas poétiques. La preuve en est, par exemple, la longue genèse de l’œuvre – commencée en février 2008 et achevée en janvier 2011. Patrick Hahn (jeune dramaturge de l’Opéra de Stuttgart) a choisi et ordonné les textes, leur donnant une dimension dramaturgique qui a permis de créer un cadre structurel implicite dans mon œuvre. je dis implicite parce que j’ai respecté cette forme de façon diverse et l’ai rendue invisible, la transformant de l’horizontale – une « quasi cantate » avec des moments lyriques, narratifs, discursifs – à la verticale : les mêmes moments se rencontrent par superposition contrapuntique, combinés et recombinés, représentant pour ainsi dire l’espace dissocié, dépourvu de logique, atemporel de l’esprit malade. De l’ordre/désordre du délire à l’ordre de l’assemblage, au « désordre » de la mise en musique. Stefano Gervasoni Josquin des Prés (1440-1521) « Miserere mei, Deus », motet à cinq voix Composition : 1534. Durée : environ 15 minutes. Pour les contemporains, il fut le prince des musiciens, « faisant ce qu’il veut des notes, là où les autres font ce qu’ils peuvent ». Ayant, tout comme Dufay, ressenti très tôt l’appel de l’italie, c’est à la cour du duc Hercule i d’Este à Ferrare qu’il atteint une gloire polyphonique que seuls Palestrina et Lassus égaleront plus tard. Mais la disparition de ce prince humaniste en 1505 provoquera son retour dans sa Picardie natale, prélude à une retraite paisible à Condé-sur-Escaut, 7 où il meurt en 1521. En tout cas, le motet « Miserere mei, Deus » à cinq voix qui fait mémoire du réformateur Savonarole, brûlé vif à Florence en 1498, compte parmi les pages plus signiiantes laissés par le maître de l’Ars perfecta, ménageant un rare équilibre entre paroles et musique, polyphonie et harmonie (le dolorisme de l’invocation liminaire « Miserere mei, Deus » qui par la suite revient litaniquement en refrain). Dans les grandes comme les petites choses, josquin sait trouver sa liberté là où nul autre n’irait la chercher. Roger Tellart René Leibowitz (1913-1972) A se stesso op. 37 n° 3, pour chœur double à huit voix Composition : 1959. Texte : Giacomo Leopardi. Dédicace : à Camillo Togni. Durée : environ 3 minutes. René Leibowitz a composé cette pièce sur un texte de Giacomo Leopardi en 1959, à l’intention de son ami le compositeur italien Camillo Togni. Two Settings op. 71 The Sick Rose never Seek to Tell Thy Love Composition : 1966. Texte : William Blake. Durée : environ 3 minutes. René Leibowitz composa ses deux arrangements sur des poèmes de William Blake pour chœur mixte op. 71 en l’espace de quelques jours, en 1966. Leibowitz habille les poèmes de Blake d’un vêtement dodécaphonique qui est aussi remarquable pour sa brièveté laconique que pour son habileté compositionnelle. Leibowitz utilise la série dodécaphonique (la même dans les deux arrangements) non comme patron ixe, mais comme une suite de cellules de trois notes qui se joignent constamment dans de nouvelles conigurations pour former des « champs » dodécaphoniques. Comme les quatre cellules de trois notes de la suite fondamentale consistent en une combinaison d’une tierce et d’une quarte, ces intervalles dominent la mélodie et l’harmonie des Two Settings. Une technique dodécaphoniques qui rappelle le style tardif de 8 Webern et Schönberg, suggère occasionnellement la tonalité et doit avoir été considérée par certains auditeurs en 1966 comme démodée ; elle nous permet cependant de reconnaître un traitement très individuel de cette technique. Jan Kopp Robert Schumann (1810-1856) Romanzen für Frauenstimmen mit willkürlicher Begleitung des Pianoforte [Romances pour voix de femmes avec accompagnement de piano ad libitum] op. 69 et op. 91 – extraits Meerfey [La fée des mers] (op. 69 n° 5) in Merres Mitten [Au milieu de la mer] op. 91 n° 6 Composition : mars 1849. Création : le 1er avril 1849. Publication : 1849, Bonn, Simrock. Efectif : chœur de femmes et piano ad libitum. Durée : environ 7 minutes. Schumann avait abordé au monde vocal par le biais du lied, où une voix et un piano se répondaient en un dialogue serré, presque fusionnel. il lui faudra quelques années pour songer à écrire pour ensemble de voix, et c’est son accession au poste de chef de chœur de la société chorale masculine de Dresde, en 1847, qui jouera le rôle de déclencheur. L’enthousiasme le pousse bien vite à créer un chœur mixte. Dès le début de 1848, il s’attelle à développer un répertoire pour ce nouveau médium : c’est à ce Chorgesang Verein que sont ainsi destinées les Romanzen und Balladen op. 67, 75, 145 et 146. Les Romanzen op. 69 et 91 seront quant à elles composées pour la partie féminine de celui-ci. Les poètes sont les mêmes que ceux du lied soliste (Eichendorf, Mörike, Uhland, Kerner ou Rückert), les poèmes aussi parfois, comme la Soldatenbraut. Placées sous le signe d’une certaine simplicité, ces Romanzen aux accents de Volksmusik [musique populaire] appartiennent à tout un contexte musico-social des années 1840-1860, qui voient leurir nombre de sociétés chorales sur tout le territoire allemand. En ceci, elles sont fondamentalement diférentes des lieder à voix soliste. Volontiers strophiques, elles parlent de magie à la manière des ballades ou évoquent des personnages simples, iancée de soldat, religieuse ou joueuse de tambourin. Angèle Leroy 9 Johannes Brahms (1833-1897) Drei Gesänge op. 42, pour chœur mixte a cappella Abendständchen : « Hör, es klagt die Flöte wieder » sur un texte de Clemens Brentano Vineta : « Aus des Meeres tiefem, tiefem Grunde » sur un texte de Wilhelm Müller Darthulas Grabgesang : « Mädchen von Kola, du schläfst! » sur un texte d’Ossian traduit par Herder Composition : 1859, 1860 et 1861. Création : Abendständchen le 23 novembre 1872 à Munich ; Vineta le 17 avril 1864 à Vienne ; Darthulas Grabgesang le 16 décembre 1886 à Cologne. Publication : en 1868. Efectif : chœur mixte à six parties (soprano, 2 altos, ténor, 2 basses). Durée : environ 10 minutes. jusqu’aux Vier ernste Gesänge op. 121 [Quatre Chants sérieux], écrits un an avant sa mort, Brahms n’aura de cesse de composer pour la voix. Son attirance pour le genre choral vient de sa propre expérience de chef de chœur à Hambourg, puis à la cour princière de Detmold, et enin à la Wiener Singakademie. La décennie qui voit naître Un requiem allemand (1857-1868) est l’une des périodes les plus proliiques. La plupart des œuvres chorales écrites à ce moment sont largement inluencées par le style de la chanson populaire : mélodie souple et naturelle, forme simple et claire, harmonie empreinte de modalité ancienne. En 1860, Brahms précisait à Clara Schumann : « De nos jours, le lied fait voile dans une direction si fausse que l’on ne saurait suisamment s’imprégner d’un idéal. Et pour moi, celui-ci est le Volkslied. » Composés entre 1859 et 1861, les Drei Gesänge [Trois Chants] op. 42 relèvent de cette esthétique comme en témoigne le choix des textes empruntés à Brentano, Müller et Herder, tous défenseurs du Volkslied. On sait combien l’ouvrage de Herder Stimmen der Völker in Liedern (Voix des peuples dans leurs chansons, 1779) ou encore celui d’Arnim et Brentano Des Knaben Wunderhorn (Le Cor enchanté de l’enfant, 1806) ont eu de retentissement sur des générations entières de compositeurs – jusqu’à Mahler et Schönberg –, venues s’abreuver à la source de la chanson populaire. Abendständchen est un chant de sérénade très simple en deux strophes légèrement variées de l’une à l’autre. Le rythme de barcarolle de la pièce suivante évoque les lots où a sombré jadis la ville de Vineta sous les attaques répétées du roi du Danemark, Waldemar. Thème romantique par excellence, les ruines de « la belle et antique cité enchantée » font écho à celles, nombreuses, des peintures de Caspar David Friedrich (1774-1840). Le Chant funèbre de Darthula attribué à Ossian, ils du barde et guerrier légendaire Fingal, qui aurait vécu au iiie siècle, inspire à Brahms une écriture en double chœur dans le style des maîtres anciens tels isaac, Palestrina ou Schütz, auxquels il vouait une admiration particulière. Eurydice Jousse 10 Iannis Xenakis (1922-2001) Nuits, pour douze voix Composition : 1967. Commande : Fondation Gulbenkian. Création : le 7 avril 1968 au Festival de Royan par les solistes de l’O.R.T.F. sous la direction de Marcel Couraud. Éditeur : Salabert. Durée : environ 9 minutes. L’impact de Nuits dans le domaine de la musique pour ensemble vocal fut d’une importance considérable. Marcel Couraud n’hésita pas, à la création, à comparer sa modernité avec celle du Sacre du printemps. nombre de pièces composées après 1968 seront redevables de la révolution déclenchée par l’œuvre de Xenakis. L’exécution de Nuits nécessite une technique vocale éliminant tout vibrato ain de pouvoir réaliser une modulation sur des quarts de ton. Le timbre des voix résulte de l’interaction savamment étudiée des composantes du son vocal : hauteur/tessiture, intensité, choix des voyelles et des phonèmes. Ainsi, par exemple, la voyelle « i », très fermée, traitée dans le registre aigu des sopranos dans la nuance triple forte (« à gorge déployée », comme le veut Xenakis), qui rappelle les chants de lamentations funèbres des îles grecques, donne un son particulièrement dur. À l’opposé, la voyelle « a », très ouverte, chantée par les hommes dans le grave et forte, se rapproche des psalmodies tibétaines. Dans Nuits, le texte, support traditionnel de la voix, a disparu. il n’est plus ici le stimulant de l’imagination musicale. C’est dans cet extraordinaire éventail de phonèmes (plus de cent cinquante en tout), tous asémantiques, même s’ils sont parfois empruntés au sumérien, de bruitages vocaux de toutes natures, que Nuits trouve sa propre expression. L’unité se réalise par une sorte de « lallation » qui parcourt toute la tessiture des voix. Mais au-delà de l’absence de texte, Nuits apparaît comme une œuvre dénuée de toute intention descriptive, évocatrice, même si l’auditeur est en droit d’entendre une lamentation prolongeant la douleur et la compassion que renferme l’épigraphe : « Pour vous, obscurs détenus politiques, Narcisso Julian (Espagne) depuis 1946, Costas Philinis (Grèce) depuis 1947, Eli Erythriadou (Grèce) depuis 1950, Joachim Amaro (Portugal) depuis 1952, et pour vous, milliers d’oubliés, dont les noms mêmes sont perdus ». L’œuvre se tient à l’écart d’un esprit néo-romantique, et si l’émotion peut naître, elle ne le doit qu’à l’impact de la musique, non à ce qu’elle serait censée représenter. Xenakis s’en est expliqué lui-même : « Il y avait donc la dédicace. Et puis il y a le problème musical en soi. Car il ne faut pas croire que c’est une image réaliste d’une situation : que la chose construite doive être un miroir. Il faut dépasser ce stade. » L’opinion de Milan Kundera sur la musique de Xenakis s’applique particulièrement bien à Nuits : « la beauté lavée de la saleté afective, dépourvue de la barbarie sentimentale ». Max Noubel 11 12 Guillaume Dufay Ecclesiae militantis Triplum Ecclesiae militantis Roma, sedes triumphantis Patri sursum sidera Tamen cleri resonantis Laudem pontiici dantis Promat voce libera ! Siège de l’Église militante Et triomphante jusqu’aux cieux Pour le Seigneur, Siège aussi du clergé qui fait entendre Et résonner sa louange au Pontife, Rome fait entendre sa voix libérée ! Gabrielem vocavit, Dum paternum crimen lavit, Baptismates sumptio, Eugenium revocavit « Bonum genus » quod notavit Pontiicis lectio ! Celui qu’elle appela Gabriel Quand elle lava le péché originel En lui donnant le baptême, Elle l’a renommé Eugène, Ce qui signiie « bien né », En l’élevant Pape ! Quod consulta contio, Quo nam sancta ratio. Sic deliberavit, Ut sola devotion, Regent in palatio Quod Deus beavit. Ce qui pesa dans l’assemblée, La raison sainte Qui prima à la délibération, C’est que la dévotion seule Règne dans le palais Que Dieu a béni. Certe Deus voluit Et in hoc complacuit Venetorum proli ; Sed daemon indoluit, Quod peccatum defuit Tantae rerum moli. il est sûr que Dieu l’a voulu Et en cela, il a comblé La ligne des Vénètes ; Mais le démon soufrit, Car en tout cela, Le péché n’a pas eu de part. Dulcis pater populi Qui dulcorem poculi, Crapulam perhorres, Pone Lento consuli Rem gregis pauperculi, ne nescius erres. Doux Père du peuple, Toi qui frissonne devant La douceur et l’ivresse du vin, Remets au consul Lentus Le ministère du pauvre troupeau, Pour ne pas risquer dans l’ignorance de te tromper. Pater haereno ilio Spiritus coninio Det prece solemni Gaudium Eugenio, Perfecto dominio, in vita perenni! Amen Père uni au Fils Et consubstantiel à l’Esprit, Donne par la prière solennelle La joie à Eugène Ce maître parfait, Pour une longue vie. Amen 13 Motetus Sanctarium arbitrio Clericorum proprio Cordo meditanti nequam genus atrio Recedat ludibrio Umbrae petulanti, nam torpens intertia Longa quaerens otia nes civit eugenium; Sed juris peritia Cum tota justitia Sunt ejus ingenium. Hunc est testimonium: Pacem quaerit omnium Exocus piaculi; Et trinum daemonis Daemonis et carimun Pompam vincit saeculi. Pour l’arbitrage des saints, Par le chœur méditant Des clercs eux-mêmes, Que le genre vil Se retire du seuil Au rire insolent du rire de l’ombre, Car l’indolence engourdie Qui cherche l’éternelle oisiveté, ne connaît pas Eugène ; Mais la maîtrise du droit Et la justice toute entière, Voilà ses qualités propres. C’en est la preuve : il recherche la paix de tous, Abomine l’impiété ; Et il triomphe du triple Démon, Et de son équipage, il règne sur la pompe du siècle. Quem color ipsi Poli Di scutum, quod attuli Tibi, pater optime, Sacrum det, quod oculi Tui instar speculi Cernant nitidissime ! Toi que le peuple vénère, Dis quel bouclier je t’ai ofert, Père très bon, Et donne-lui la sainteté Que nos yeux t’y voient Comme dans un miroir éclatant. Ejate, pulcherrime, Querimus, tenerrime, Moram longi temporus Ducimur asperrime, nescio quo, perrime, Ad pulmentum corporis. Et toi, très belle, nous te cherchons, très tendre, Dans l’attente d’un temps éternel Et tu nous conduis à travers les afres, je ne sais où, de ta main de fer, jusqu’au foudroiement du corps. Una tibi trinitas Vera Deus unitas Det coeli fulgorem, Quem linea bonitas, Argentea castitas, Sectavit in morem. Amen. Que l’Une Trinité, Dieu, vraie Unité, Te donne l’éclat du ciel, Que sa douceur de coton, Que sa chasteté d’argent, Ont suivi dans tes mœurs. Amen. 14 Contratenor Bella canunt gentes, querimur Pater optime, tempus. Expediet multos, se cupis, una dies nummus et hora luunt magnumque iter orbis, agendum nec suus in toto noscitur orbe Deus. Amen. Les peuples chantent les guerres et nous plaignons Père très bon, notre temps. Un seul jour, si tu le veux, en délivrera beaucoup. L’argent et le temps s’écoulent, le grand chemin du Monde doit s’accomplir Or son Dieu n’est pas en tous points du globe. Amen. 15 Stefano Gervasoni Horrido innere Stimme trat seit Anfang Mai 1912 auf. Personen, hauptsächlich Verwandte, auch verstorbene, nie gekannte; n. n. sagt, selten wie ein telefonischer Anruf. infolge allgemeiner Verwirrung dachte ich anfangs an wirkliche Verbindung. Endgültige Klarheit über Subjektivität Ende juli 1912. Wesen, die aufeinander und ineinander leben, Ungute, nur ganz getrennte Persönlichkeiten können eine Reise Durch die Welt ausführen. ich bin das Persönlichste, was es in der Welt geben kann. für den mantischen Menschen täglich nötig: 1 inspiratorisch gute Sache für sich, 10 Übungen Tageszal, 10 mantische. 3 nicht vergessen. Ferner gut: 1 mal Zenit sehen (Zimmer), 1 Mitfresser heraus = 1 Krankheitskeim, womöglich nur Hand gleicher Seite, 3 mal drücken, (Blut gut), 1 Sirius (5/4 Takt), 1 mal Übertreiben, 1 mal „Links“ Man braucht: Uhr, Spazierstock, Hut (harten z. Denken, 5 Löcher zur Luftzufuhr, (weichen z. Ausgehen). nibelreinmorgen. Ostara Velleda Falkensitar Dir Wanderer Stier Birnbaum Urlied Ra Mana Mana Mana Die Flaume gt = ezl Aus der Wunderhöhle Die blaue Blume Lebe gern und froh Denn die Sonne schaut Auf die Erde so, Und das Wunderkraut ist das Horrido An Euch An Dich Selbst Unhändig, Famaro Fatalo Fanallo Marengo. Man denke nicht, Mensch ist Mensch. Hyacinth Freiherr von Wieser 16 Des voix intérieures se sont fait entendre depuis mai 1912. Des personnes, principalement des proches, aussi des personnes décédées jamais entendu parler ; n. n. dit : rare comme un coup de téléphone. Dans le plus grand désarroi j’ai cru d’abord à une vraie communication. Clarté déinitive sur la subjectivité in juillet 1912. Êtres vivant les uns sur les autres et les uns dans les autres, mauvais, seules des personnalités complètement séparées peuvent faire un voyage autour du monde. je suis la chose la plus personnelle qu’il puisse exister dans le monde. nécessaire tous les jours pour l’adepte de mantique : 1 bonne chose pour soi en inspiration, 10 exercices chifre du jour, 10 de mantique. ne pas oublier 3. Autres bonnes choses : voir 1 fois le zénith (chambre), 1 point noir enlevé = 1 germe pathogène, si possible seule la main du même côté, appuyer 3 fois (le sang c’est bien), 1 Sirius (mesure à 5/4), exagérer 1 fois, 1 fois « à gauche » il faut : montre, cane, chapeau (un dur pour penser, 5 trous pour l’aération, un mou pour sortir). Bruinepurmatin. Ostara Velleda Fauconsitar À toi promeneur Taureau Poirier Chant primitif Ra Mana Mana Mana La prune b. = une/une De la grotte magique La leur bleue Prends plaisir à la vie Car le soleil regarde Sur la terre ainsi, Et l’herbe magique C’est l’horrido À vous À toi-même Malcommodé, Famaro Fatalo Fanallo Marengo. ne pas penser, l’homme est l’homme. Traduction Daniel Fesquet 17 Josquin des Prés Miserere mei, Deus Miserere mei, Deus ! Secundum magnam Misericordiam tuam. Miserere mei, Deus ! Et secundum multitudinem miserationum tuam dele iniquitatem meam. Miserere mei, Deus ! Amplius lava me ab iniquitate mea : et a peccato meo munda me. Miserere mei, Deus ! Quoniam inquitatem meam ego cognosco : et peccatum meum contra me est semper. Miserere mei, Deus ! Tibi soli peccavi et malum coram te feci : ut justiiceris insermonibus tuis, et vincas cum judicaris. Miserere mei, Deus ! Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum : et in peccatis concepit me mater mea. Miserere mei, Deus ! Ecce enim veritatem dilexisti : incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi. Miserere mei, Deus ! Asperges me, Domine hysopo, et mundabor : lavabis me et super nivem dealbabor. Miserere mei, Deus ! Audi, audi tui meo dabis gaudium et laetitiam : et exaltahunt ossa humiliata. Miserere mei, Deus ! Averte faciem tuam a peccatis meis : et omnes iniquitates meas dele. Miserere mei, Deus ! Cor mundum crea in me Deus : et spiritum rectum innova in visceribus meis. Miserere mei, Deus ! ne projicias me a facie tua : et spiritum sanctum tuum ne auferas ame. Miserere mei, Deus ! Redde mihi laetitiam salutaris tui : et spiritu principali conirma me. Miserere mei, Deus ! Docebo iniquos vias tuas : Miserere mei, Deus ! Et impii ad te convertentur. Miserere mei, Deus ! Libera me de sangunibus Deus, Deus salutis mae : et exultabit lingua mea justitiam tuam. Miserere mei, Deus ! Domine, labia mea aperies : et os meum annuntiabit laudem tuam. Miserere mei, Deus ! Quoniam si voluises sacriicium, dedissem utique : holocaustis non delectaberis : Miserere mei, Deus ! Sacriicium Deo spiritus contribulatus : cor contritum et humiliatum, Deus, non despicies. Miserere mei, Deus ! Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua, Sion : ut œdiicentur muri, jerusalem. Miserere mei, Deus ! Tunc acceptabis sacriicium jutitiœ, oblationes et holocausta : tunc imponent super altare tuum vitulos. Miserere mei, Deus ! 18 Pitié pour moi, mon Dieu ! Dans Ton amour, selon ta grande miséricorde, Pitié pour moi, mon Dieu ! Eface mon péché. Pitié pour moi, mon Dieu ! Lave-moi tout entier de ma faute, puriie-moi de mon ofense. Pitié pour moi, mon Dieu ! Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Pitié pour moi, mon Dieu ! Contre Toi, et Toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. Ainsi, Tu peux parler et montrer Ta justice, être juge et montrer Ta victoire. Pitié pour moi, mon Dieu ! Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère. Pitié pour moi, mon Dieu ! Mais Tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, Tu m’apprends la sagesse. Pitié pour moi, mon Dieu ! Puriie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige. Pitié pour moi, mon Dieu ! Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que Tu broyais. Pitié pour moi, mon Dieu ! Détourne Ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés. Pitié pour moi, mon Dieu ! Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et rafermis au fond de moi mon esprit. Pitié pour moi, mon Dieu ! ne me chasse pas loin de Ta face, ne me reprends pas Ton Esprit Saint. Pitié pour moi, mon Dieu ! Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne. Pitié pour moi, mon Dieu ! Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; Pitié pour moi, mon Dieu ! Vers toi, reviendront les égarés. Pitié pour moi, mon Dieu ! Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera Ta justice. Pitié pour moi, mon Dieu ! Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange. Pitié pour moi, mon Dieu ! Si j’ofre un sacriice, Tu n’en veux pas, Tu n’acceptes pas d’holocauste. Pitié pour moi, mon Dieu ! Le sacriice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. Pitié pour moi, mon Dieu ! Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de jérusalem. Pitié pour moi, mon Dieu ! Alors Tu accepteras de justes sacriices, oblations et holocaustes ; alors on ofrira des taureaux sur Ton autel. Pitié pour moi, mon Dieu ! 19 René Leibowitz A se stesso op. 37 n° 3 À soi-même Or poserai per sempre, Stanco mio cor. Perì l’inganno estremo, Ch’eterno io mi credei. Perì. Ben sento, Pour toujours prenne in Ta fatigue, mon cœur. Mon ultime illusion Est morte, que j’ai crue qui serait sans in. Morte. Et me souvenant Des rêves les plus chers, je sens bien que l’espoir s’est éteint en moi, Mais même et plus encore le désir. Repose, Pour toujours. Tu as assez battu. Rien ne mérite tes ièvres. D’aucun soupir n’est digne cette terre. Amertume et ennui Est la vie, et jamais rien d’autre. Et boue est le monde. Apaise-toi, maintenant. Désespère Une dernière fois. À l’espèce humaine Le destin n’a donné que de mourir. Méprise Qui tu es, désormais. Méprise la nature, Cette force brutale qui préside en secret au malheur universel. Méprise l’ininie vanité de tout ce qui est. in noi di cari inganni, non che la speme, il desiderio è spento. Posa per sempre. Assai Palpitasti. non val cosa nessuna i moti tuoi, nè di sospiri è degna La terra. Amaro e noia La vita, altro mai nulla, e fango è il mondo. T’acqueta omai. Dispera L’ultima volta. Al gener nostro il fato non donò che il morire. Omai disprezza Te, la natura, il brutto Poter che, ascoso, a comun danno impera E l’ininita vanità del tutto Giacomo Leopardi René Leibowitz Two settings op. 71 Deux mises en musique The sick Rose La Rose malade O Rose, thou art sick! The invisible worm That lies in the night, in the howling storm, Has found out thy bed Of crimson joy: And his dark secret love Does thy life destroy. Rose, tu es malade ! Le ver invisible Qui glisse dans la nuit, Quand hurle la tempête, A découvert ton lit De pourpre joie : Et son amour sombre et secret Détruit ta vie. William Blake 20 Never Seek to Tell thy Love Ne cherche jamais à exprimer ton amour never seek to tell thy love Love that never told can be; For the gentle wind does move Silently, invisibly. ne cherche jamais à exprimer ton amour L’amour, qui ne peut jamais être exprimé ; Alors que la douce brise soule, Silencieuse, invisible. i told my love, i told my love, i told her all my heart, Trembling, cold, in ghastly fears Ah, she doth depart. j’ai dit mon amour, j’ai dit mon amour, je lui ai dit de tout mon cœur, Tremblant, glacé, en proie à une peur atroce Qu’elle parte. Soon as she was gone from me A traveller came by Silently, invisibly – He took her with a sigh. Dès qu’elle m’eût quitté, Un voyageur vint, Silencieux, invisible – il la prit dans un soupir. William Blake Robert Schumann Meerfey op. 69 n° 5 La Sirène Still bei nacht fährt manches Schif, Meerfei kämmt ihr Haar am Rif, Hebt von inseln an zu singen, Die im Meer dort untergingen. Tranquillement, la nuit, de nombreux bateaux naviguent, La sirène peigne ses cheveux sur le récif, Elle commence à chanter les îles Péries en mer à cet endroit. Wann die Morgenwinde wehn, ist nicht Rif noch Fei zu sehn, Und das Schilein ist versunken, Und der Schifer ist ertrunken. Quand les vents du matin se lèvent, On ne voit plus ni récif, ni sirène, Et le bateau a coulé, Et le marin s’est noyé. Josef von Eichendorf 21 In Merres Mitten op. 91 n° 6 Au milieu de la mer in Meeres Mitten ist ein of’ner Laden, Und eine junge Kaufmannsfrau darinnen, Die feil hat golden Band und Seidenfaden. Au milieu de la mer, il est un magasin ouvert, Où une jeune commerçante Vend des rubans dorés et des ils de soie. in Meeres Mitten ist ein Ball von Golde; Es streitet drum der Türke mit dem Christen. Wem wird zuletzt der edle Schatz zu Solde? Au milieu de la mer, il est une boule d’or Pour laquelle se battent les Turcs et les chrétiens ; Qui possèdera à la in le noble trésor ? in Meeres Mitt’ ist ein Altar erhaben, Mit Rosenkränzen kommen alle Frauen; O bittet ihn für mich, jesum den Knaben! Au milieu de la mer, est élevé un autel, Toutes les femmes y viennent avec des rosaires ; Ô priez pour moi l’enfant jésus ! Friedrich Rückert Johannes Brahms Drei Gesänge op. 42 Trois Chants Abendständchen Sérénade Hör es klagt die Flöte wieder Und die kühlen Brunnen rauschen, Golden wehn die Töne nieder, Stille, stille, laß uns lauschen! Écoutez encore la plainte de la lûte Et le bruissement des froides fontaines, Les notes d’or s’évanouissent, Silence, silence, écoutons-les ! Holdes Bitten, mild Verlangen, Wie es süß zum Herzen spricht! Durch die nacht die mich umfangen, Blickt zu mir der Töne Licht. Une tendre prière, une douce attente, Parlent délicatement au cœur ! Dans la nuit qui m’enserre, La lumière de la musique me regarde. Clemens Brentano 22 Vineta Vineta Aus des Meeres tiefem, tiefem Grunde Klingen Abendglocken, dumpf und matt. Uns zu geben wunderbare Kunde Von der schönen, alten Wunderstadt. Depuis les grandes, grandes profondeurs de la mer Les cloches du soir tintent, faibles et assourdies Et nous racontent l’histoire merveilleuse De la belle et antique cité enchantée. in der Fluten Schoß hinabgesunken, Blieben unten ihre Trümmer stehn. ihre Zinnen lassen goldne Funken Widerscheinend auf dem Spiegel sehn. Und der Schifer, der den Zauberschimmer Einmal sah im hellen Abendrot, nach der selben Stelle schift er immer, Ob auch ringsumher die Klippe droht. Englouties au fond des eaux Ses ruines se tiennent encore debout. De ses créneaux des étincelles d’or Se réléchissent sur le miroir des eaux. Et le relet enchanté que le navigateur Vit une fois dans la clarté du couchant, Ramène toujours le navire au même endroit, Même si alentour les écueils menacent. Aus des Herzens tiefem, tiefem Grunde Kling es mir wie Glocken, dumpf und matt. Ach, sie geben wunderbare Kunde Von der Liebe, die geliebt es hat. Depuis les grandes, grandes profondeurs de mon cœur il tinte en moi comme des cloches, faibles et assourdies. Hélas, elles me racontent la merveilleuse histoire De l’amour que ce cœur a autrefois éprouvé. Eine schöne Welt ist da versunken, ihre Trümmer blieben unten stehn, Lassen sich als goldne Himmelsfunken Oft im Spiegel meiner Träume sehn. Un bel univers a été englouti là, Ses ruines se tiennent encore debout, Souvent, comme de célestes étincelles d’or Elles se font voir sur le miroir de mes rêves. Und dann möcht ich tauchen in die Tiefen, Mich versenken in den Wunderschein, Und mir ist, als ob mich Engel riefen in die alte Wunderstadt herein. Et alors je voudrais plonger dans les profondeurs, M’abîmer dans le rappel de ce lamboiement, Et pour moi c’est comme si des anges m’appelaient Depuis l’antique cité enchantée. Wilhelm Müller 23 Darthulas Grabgesang Chant funèbre de Darthula Mädchen von Kola, du schläfst! Um dich schweigen die blauen Ströme Selmas! Sie trauren um dich, um dich! Sie trauren um dich, den letzten Zweig Von Thruthils Stamm! jeune ille de Kola, tu dors ! Les ruisseaux bleus de Selma autour de toi sont silencieux ! ils te pleurent, ils te pleurent ! ils te pleurent toi, le dernier rameau, Le dernier rameau de la race de Truhil ! Wann erstehst du wieder in deiner Schöne? Schönste der Schönen in Erin! Du schläfst im Grabe langen Schlaf, Dein Morgenrot ist ferne! Quand te relèveras-tu dans toute ta beauté ? Toi, la plus belle des illes d’Erin ! Ton sommeil dans la tombe est long, Le lever du soleil est loin ! O nimmer kommt dir die Sonne Weckend an deine Ruhestätte: Wach auf! Wach auf, Darthula! Frühling ist draußen! Ô jamais le soleil ne viendra Pour te sortir de ton sommeil : Réveille-toi, réveille-toi, Darthula ! Le printemps est arrivé ! Die lauen Lüfte säuseln, auf grünen Hügeln, Holdseliges, holdseliges Mädchen, Weben die Blumen! im Hain wallt sprießenden Laub! Les doux zéphyrs bruissent sur les vertes collines, Gentille, gentille jeune ille, les leurs poussent ! Le feuillage ondule dans le bosquet ! Auf immer, so weiche denn, Sonne ! Weiche Sonne, dem Mädchen von Kola, sie schläft! nie ersteht sie wieder in ihrer Schöne! nie siehst du sie lieblich wandeln mehr. Dem Mädchen von Kola, sie schläft! Éloigne-toi, soleil, pour toujours ! Éloigne-toi, soleil, de la jeune ille de kola, elle dort ! Plus jamais tu le la verras dans sa beauté, Plus jamais tu ne la verras, charmante, se promener. La jeune ille de Kola, elle dort ! Johann Gottfried Herder 24 Walter Nußbaum allant de l’intonation micro-tonale XXe siècle – ont été récompensés Après avoir étudié la musique sacrée aux bruits de voix et de respiration à plusieurs reprises dans le monde à Heidelberg (l’orgue avec Martha – et mettent en regard les œuvres entier. En 2005 est également paru un Schuster et la direction avec Manfred des XVie et XViie siècles avec celles DVD d’œuvres de Lachenmann, Furcht Schreier), Walter nußbaum devient des XXe et XXie siècles, en faisant und Verlangen, en collaboration avec chantre. Pendant cette période, il toujours appel à un répertoire sortant l’Orchestre de la Radio Bavaroise. Le collabore avec Peter Eötvös et Michael des sentiers battus. Une nouvelle CD des Chants de l’amour de Gérard Gielen. En 1992, Walter nußbaum crée conception de l’interprétation Grisey, chez Kairos, reçoit un Diapason la Schola Heidelberg et l’Ensemble naît ainsi, à partir du lien profond d’or en 2008 ; celui des Consolations Aisthesis ; il enseigne également la entre la pratique historique et la de Lachenmann, paru en janvier 2009 direction de chœur et la direction musique contemporaine. La Schola chez Kairos, est consacré dès le mois d’orchestre à la Hochschule für Musik, Heidelberg possède un vaste de février par la Critique de Disque Theater und Medien de Hanovre. il répertoire, notamment grâce à Allemande. En octobre 2009 sort est invité à collaborer avec plusieurs son travail avec des compositeurs un CD-portrait de Carola Bauckholt. ensembles vocaux et instrumentaux contemporains invités à la diriger Un album avec des œuvres René en Allemagne et à l’étranger, comme (Heinz Holliger, Helmut Lachenmann, Leibowitz paraîtra à la in de l’année l’Ensemble Aventure Freiburg, le neue Caspar johannes Walter, Peter Eötvös, 2011. Ensemble d’Hanovre, le nederlands Stefano Gervasoni, jan Kopp, Hans Kamerkoor, le Chœur de Chambre Zender, Carola Bauckholt). Elle est Sopranos de la Radio Finlandaise et le RiAS- également à l’origine de nombreuses Carola Keil Kammerchor, entre autres. En 2006, il commandes. Depuis 1993, la Schola Heike Heilmann fait ses débuts au nationaltheater de est en résidence au KlangForum Christiane Rittner Mannheim avec Passagio de Luciano Heidelberg e.V. avec l’ensemble Berio. En 2010, il dirige la création de instrumental Aisthesis. En plus de ses Altos l’opéra de Berhardt Lang Montezuma. concerts à Heidelberg, la Schola se Barbara Höling En plus de son engagement constant produit dans des festivals comme la julie Comparini dans le grand répertoire, Walter Biennale et le Festival de Salzbourg, Michaela Riener nußbaum porte un intérêt particulier les Wittener Tagen für neue Thomas Riede aux œuvres contemporaines et Kammermusik, le Musikfest de Berlin, dirige ainsi de nombreuses créations Milano Musica, le Festival de Flandres, Ténors mondiales. il est tout particulièrement le Festival de Lucerne, la Biennale de jörg Deutschewitz intéressé par l’histoire de Venise, le MDR Musiksommer. Elle jakob Buch l’interprétation au XXe siècle. collabore avec l’Ensemble Modern, Stefen Barkawitz l’Orchestre Symphonique de la Radio Sebastian Hübner Schola Heidelberg de Cologne, l’Orchestre Symphonique Dirigée par Walter nußbaum, la de la Radio de Baden-Baden et Schola Heidelberg fait dialoguer Fribourg, les Bamberger Symphoniker, Martin Backhaus musique ancienne et musique la Deutsche Radio Philharmonie et Ekkehard Abele contemporaine depuis sa création. l’Orchestre Symphonique de Berlin, Christoph Drescher Les solistes de l’ensemble, qui peut entre autres. Les deux disques parus compter jusqu’à 16 membres, en 2001 – l’un autour des œuvres Trombones baroques maîtrisent des styles et des de Lachenmann chez Kairos, l’autre Christina Hess techniques vocales très variés – consacré à des œuvres vocales du Catherine Anne Motuz 25 Basses L’Association est soucieuse de soutenir les actions favorisant l’accès à la musique à de nouveaux publics et, notamment, à des activités pédagogiques consacrées au développement de la vie musicale. Les Amis de la Cité de la Musique/Salle Pleyel bénéficient d’avantages exclusifs pour assister dans les meilleures conditions aux concerts dans deux cadres culturels prestigieux. Trois catégories de membres sont proposées avec des privilèges réservés : Les Amis • Un accès prioritaire à l’achat de places, 2 semaines avant l’ouverture de la vente aux abonnés, • Un accès à une bourse d’échanges, • Une newsletter par e-mail informant des événements importants de l’Association, • Des places parmi les meilleures, pour tous les concerts, dans la limite des places réservées à l’Association, • Une présentation en avant-première de la nouvelle saison. Les Donateurs • L’accès à des places de dernière minute (jusqu’à 48h avant le concert), dans la limite des places réservées à l’Association, • 2 verres d’entracte offerts par saison, • La participation aux cocktails organisés par l’Association, • La possibilité d’assister à 1 ou 2 séances de travail d’orchestre, • 4 entrées offertes au Musée de la musique. Les Bienfaiteurs • 2 places offertes par saison, à choisir parmi une sélection de concerts, dans la limite des places réservées à l’Association, • 2 cocktails d’entracte offerts par saison, • La mention de leur nom dans les brochures annuelles. • 2 invitations aux vernissages des expositions temporaires du Musée de la musique. Les Amis de la Cité de la musique | Salle Pleyel Association loi 1901 Présidente : Patricia Barbizet | Contact : Marie-Amélie Dupont 252, rue du faubourg Saint-Honoré 75008 Paris [email protected] • Tél. : 01 53 38 38 31 • Fax : 01 53 38 38 01 N° Siren 501 242 960 Une collection de disques autour des instruments du Musée de la musique 6 TITRES DÉJÀ DISPONIBLES • Pancrace Royer Christophe Rousset, clavecin Goujon/Swanen 1749-1784 • Jean-Philippe Rameau Christophe Rousset, clavecin Hemsch 1761 • Johann Jakob Froberger Christophe Rousset, clavecin Couchet 1652 • Le salon de musique de Marie-Antoinette Sandrine Chatron, harpe Érard 1799 • 24 Ways Upon the Bell – Dowland, Britten, The Beatles… Christian Rivet, guitares, luth et archiluth • Chopin Edna Stern, piano Pleyel 1842 En vente à la librairie-boutique Harmonia Mundi et dans les points de vente habituels PUB CD NAIVE.indd 1 30/11/10 14:31 Et aussi… MARDI 11 OCTOBRE 2011, 20H Steve Reich Drumming (Part 1) Double Sextet (création française) Music for Eighteen Musicians Ensemble Modern Synergy Vocals Brad Lubman, direction Steve Reich, piano MARDI 18 OCTOBRE 2011, 20H Steve Reich The Desert Music Ludwig van Beethoven Symphonie n° 5 > SALLE PLEYEL > MÉDIATHÈQUE SAMEDI 25 JUIN 2011, 20H En écho à ce concert, nous vous proposons… Arnold Schönberg Gurre-Lieder Orchestre Philharmonique de Strasbourg Czech Philharmonic Choir Brno Marc Albrecht, direction Christiane Iven, Tove Lance Ryan, Waldemar Anna Larsson, la Colombe Barbara Sukowa, la narratrice Albert Dohmen, Bauer Arnold Bezuyen, Klaus-narr Petr Fiala, chef de chœur MARDI 27 SEPTEMBRE 2011, 20H Brussels Philharmonic Chœur de la Radio Flamande Michel Tabachnik, direction Pierre Boulez Pli selon pli – Portrait de Mallarmé > CYCLE PAUL KLEE Ensemble intercontemporain Lucerne Festival Academy Pierre Boulez, direction Barbara Hannigan, soprano JEUDI 27 OCTOBRE 2011, 20H Michael Jarrell Cassandre (version de concert) Livret d’après Christa Wolf … de regarder un extrait vidéo dans les « Concerts » : Die Forelle et Erlkönig de Franz Schubert par Claudio Abbado (direction), Anne Soie von Otter, Thomas Quasthof et le Chamber Orchestra of Europe enregistré à la Cité de la musique en mai 2002 … d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » : Apostolo glorioso, Cum tua doctrine à 6 voix de Guillaume Dufay par le Huelgas Ensemble et Paul van Nevel (direction) enregistré à la Cité de la musique en juin 2003 • Vier Doppelchörige Gesänge de Robert Schumann par Accentus, Laurence Equilbey (direction) enregistré à la cité de la musique en octobre 2006 (Les concerts sont accessibles dans leur > CONCERT ÉDUCATIF SALLE PLEYEL DIMANCHE 25 SEPTEMBRE 2011, 11H Ensemble intercontemporain Susanna Mälkki, direction Fanny Ardant, récitante Sébastien Naves, ingénieur du son ircam Pierre Charvet, réalisation informatique musicale ircam > Sur le site Internet http://mediatheque.cite-musique.fr Les grandes igures : Beethoven Les Siècles François-Xavier Roth, direction Pierre Charvet, présentation > COLLÈGE DU 6 OCTOBRE AU 2 FÉVRIER LE JEUDI DE 15H30 à 17H30 La musique contemporaine Collège de 15 séances intégralité à la Médiathèque de la Cité de la musique.) … de regarder dans le « Dossiers pédagogiques » : Le Romantisme : Robert Schumann et Johannes Brahms et Portraits de compositeurs du XXe siècle : Iannis Xénakis dans les « Repères musicologiques » > à la médiathèque … d’écouter avec la partition : Nuits de Iannis Xenakis par la Danish National Radio Choir et Jesper Grove Jorgensen (direction) • Missa de Beata Virgine et Motets de Josquin des Prés par Jean Mouto, Theatre of Voices, Paul Hillier (direction) … de lire : De Guillaume Dufay à Roland de Lassus : les très riches heures de la polyphonie franco-lamande par Ignace Bossuyt Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont | Stagiaires : Anna Soliman et Delphine Anquetil imprimeur FOT | imprimeur BAF | Licences no 1014849, 1013248, 1013252 > CYCLE STEVE REICH