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Laurence Burnez-Lanotte
Jean-Paul Caspar
Claude Constantin
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe
de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 2001, tome 98, N. 1. pp. 53-76.
Résumé
Le site de Vaux-et-Borset (Hesbaye liégeoise, Belgique) a livré deux villages mitoyens, l'un rubané, l'autre blicquien. Cette
découverte a été, en Belgique, l'un des éléments majeurs dans la compréhension des rapports chrono- culturels entre les deux
cultures représentées. Cet article de conclusion présente une discussion détaillée de ce problème chronologique à Vaux et dans
le contexte de la problématique de l'avènement de la civilisation néolithique en Hesbaye.
Abstract
The site of Vaux-et-Borset (Hesbaye liégeoise, Belgium) comprises two neighbouring villages, one of the Linear Pottery culture,
the other of the Blicquy group. The investigation of this site has been of major importance for our understanding of chronological
and cultural connections between the two cultures involved. This concluding paper presents a detailed discussion about this
chronology issue at Vaux, and frames the results in a larger debate on the earliest Neolithisation of the Hesbaye region.
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Burnez-Lanotte Laurence, Caspar Jean-Paul, Constantin Claude. Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe
de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 2001, tome 98, N. 1. pp. 5376.
doi : 10.3406/bspf.2001.12439
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_2001_num_98_1_12439
Rapports chronologiques
et culturels entre Rubané
et Groupe de Blicquy
Laurence BURNEZ-LANOTTE,
Jean-Paul CASPAR
et Claude CONSTANTIN
à Vaux-et-Borset
(Hesbaye, Belgique)1
présente
Le
Résumé
mitoyens,
culturels
dans
l'unsite
des
le de
contexte
éléments
une
Vaux-et-Borset
l'un
entre
discussion
rubané,
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de majeurs
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deux
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l'autre
détaillée
(Hesbaye
cultures
dans
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liégeoise,
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problème
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Cet
chronologique
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a alivré
rapports
civilisation
été,dedeux
enconclusion
àBelgique,
chronovillages
Vaux
néoli
et
thique en Hesbaye.
Abstract
The site of Vaux-et-Borset (Hesbaye liégeoise, Belgium) comprises two
neighbouring villages, one of the Linear Pottery culture, the other of the
Blicquy group. The investigation of this site has been of major importance
for our understanding of chronological and cultural connections between
the two cultures involved. This concluding paper presents a detailed discus
sionabout this chronology issue at Vaux, and frames the results in a larger
debate on the earliest Neolithisation of the Hesbaye region.
INTRODUCTION
Depuis à peu près vingt ans, l'étude du Néolithique le
plus ancien de la Belgique est dominée par un débat
qui, bien que parfois polémique, a dynamisé tous les
aspects de la recherche. Ce débat s'articule autour du
cadre chrono-culturel de la néolithisation de la
Moyenne Belgique. Deux grandes "écoles " se sont très
rapidement opposées, pour proposer deux analyses
radicalement divergentes. L'une, à la suite de D. Cahen
(Institut royal des Sciences naturelles de Belgique),
soutient une vision synchronique (Cahen et Gilot, 1 983)
des différentes manifestations culturelles identifiées.
L'autre, à laquelle nous nous rallions, prône une con
ception
initiée par C. Constantin (Demarez et al, 1977 ;
Constantin et al, 1978), qui estime que les deux cultu
resprincipales reconnues, le Rubané et le Groupe de
Blicquy (BQY), ont des rapports diachroniques.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
Ces propositions ont eu un vaste champ d'implications,
puisqu'elles engagent des positions touchant à des pro
blématiques
plus larges, qui concernent :
- les rapports d'identité entre cultures rubanée et blicquienne ;
- le rôle du substrat mésolithique dans la néolithisa
tion;
- la chronologie et les modalités des contacts entre cou
rants de néolithisation méditerranéens (cultures à
Céramique Imprimée et Cardiale) et danubiens (cul
ture à Céramique Linéaire).
En vingt ans de recherches, les matériaux se sont accu
mulés de manière significative. Aujourd'hui, un état des
lieux des questions chronologiques est pertinent, dans
la mesure où des "certitudes" s'imposent, même si cer
tains éléments ne sont pas encore résolus, et compte
tenu du fait qu'il s'agit d'un préalable incontournable
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
dans la mise en place du cadre nécessaire à la com
préhension
des débuts du Néolithique en Europe du
nord-ouest.
Au cœur d'une controverse qui fut vive et d'une opposi
tionentre deux systèmes contradictoires, très féconde
quant au nombre des publications qui y furent consac
rées, le site de Vaux-et-Borset a joué un grand rôle.
En effet, il a été utilisé de part et d'autre comme él
ément de preuve : d'abord du synchronisme par les uns
(Cahen et Docquier, 1985), puis du diachronisme par
nous-mêmes (Caspar et ai, 1989; Constantin et al.,
1993). Les premiers y voyant le lieu d'un rapport
(d'échange matrimonial supposé) entre deux cultures
contemporaines, les seconds soutenant qu'il s'agit de
deux installations successives.
Nos fouilles2 ont constitué un apport fondamental dans
la résolution de cette question et nous souhaitons ici en
synthétiser les acquis. Ces derniers prennent tout leur
sens si on les replace dans le contexte d'une problémati
que
chrono-culturelle, non seulement en Moyenne Bel
gique, mais au-delà. En effet, l'ampleur des discussions
a très vite débordé le cadre géographique de la Belgique
pour s'étendre vers le nord de la France (RRBP3 et
VSG4), jusqu'au Néolithique le plus ancien au sud de
la Loire, et dans la France méridionale, l'enjeu fonda
mental étant la chronologie et la nature de l'impact du
Néolithique méditerranéen, au nord de son domaine
spécifique de répartition. À travers ces débats, il n'est
pas sans intérêt de réfléchir sur la pertinence et la capac
itéde résolution et d'intégration des démarches inter
prétatives
utilisées de part et d'autre, dans la mesure où
la recherche actuelle s'y trouve entièrement impliquée.
Nous proposerons ici de nous limiter à un bref rappel
des arguments de la thèse de la contemporanéité entre
Rubané et Blicquien qui développe et complète notre
exposé précédent (Burnez-Lanotte et al, 1993), puis à
un examen critique des principaux faits archéologiques
concernés, à la lumière des résultats obtenus à Vaux-etBorset. Dans une étude ultérieure, nous envisagerons
la problématique plus large des rapports chronoculturels entre Rubané, Rubané récent du Bassin pari
sien et groupe de Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain,
ainsi que celle des rapports éventuels avec les cultures
mésolithiques et celles de la sphère méditerranéenne,
à la lumière des découvertes faites dans le nord de la
France (Constantin, étude en cours).
LA CONCEPTION DU SYNCHRONISME
ENTRE LE GROUPE
DEBLICQUY/VILLENEUVE-SAINT-GERMAIN
ET LE RUBANÉ :
HISTORIQUE RAPIDE DE CETTE HYPOTHÈSE
Nous rappellerons brièvement les principales idées
émises dans le cadre de "l'hypothèse synchronique " en
suivant les étapes de son élaboration et en nous centrant
sur les rapports entre groupe de В licquy /VilleneuveSaint-Germain et Rubané. Notre exposé ne s'étendra
pas ici dans le détail sur le récit des principaux travaux
menés dans le Bassin parisien concernant les problémat
iques
chrono-culturelles liées à la définition des entités
Augy-Ste-Pallaye, Cerny, Chambon et Néolithique
Bulletin de la Société Préhistorique Française
ancien centre atlantique. Ce travail a déjà été exposé
pertinemment ailleurs (Constantin, 1985; Simonin,
1996, p. 13-25). De plus, nous considérons d'emblée
que les groupes de Blicquy et de Villeneuve-SaintGermain sont les deux faciès régionaux d'une même
culture, ce qui a été unanimement reconnu.
Les origines de "l'hypothèse synchronique" :
les datations 14C
Dès les premières découvertes permettant de définir le
groupe de Blicquy, sa contemporanéité avec le Rubané
est clairement affirmée : " ...groupe original du Néol
ithique
danubien, contemporain ou légèrement pos
térieur
à la fin du Rubané dans la région des sources
de la Dendre. . " (Cahen, Demarez et van Berg, 1979,
p. 32-33). Très vite, l'argument décisif est celui des
datations radiométriques, qui orientent toute l'inter
prétation.
En effet, une première collection de dates
publiée à l'occasion du colloque de Gand en 1982 (De
Laet, 1983) place le Rubané récent du Bassin parisien
postérieurement au groupe de Blicquy/VilleneuveSaint-Germain (Cahen et Gilot, 1983, p. 36). Puis, une
deuxième série, enrichie de dates du Rubané de Bel
gique (Omalien), montre toujours la postériorité du
Rubané récent du Bassin parisien, et la contemporanéité
entre le groupe de Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain
et le Rubané de Belgique (Cahen et Docquier, 1985,
p. 114). Les conséquences en sont tirées : "... Aucun
élément chronologico-stylistique ne permet donc de
refuser la contemporanéité du Rubané récent et du
Groupe de Blicquy établie, tant en Hainaut qu'en Bas
sinparisien, par un faisceau de datations au radiocarbone vers la fin du 7e millénaire BP" (van Berg, 1982,
p. 128). La seule chronologie fiable est due au I4C : "Un
nombre impressionnant de dates au radiocarbone per
met d'établir la chronologie du Danubien durant plus
d'un millénaire et demi, entre 5500 et 3900 av. J.-C. On
trouve d'abord le Rubané et le groupe de Blicquy, entre
5400 et 4900 av. J.-C, immédiatement suivis, selon les
régions, par le Rubané récent du Bassin Parisien, le
Pointillé ou le Roessen, entre 5200 et 4600 av. J.-C. ..."
(Cahen et Gilot, 1983, p. 38 ; voir aussi : Cahen, 1982,
p. 139 ; Cahen et Docquier, 1985, p. 1 14-1 15 ; Cahen,
Caspar et Otte, 1986, p. 9). Après un élargissement du
nombre de sites datés et de nouvelles données relatives
à la calibration (Gilot et Mahieu, 1987), un cadre plus
précis est mis en place, selon lequel " . . .le BQY/VSG
est contemporain du RRNO [RRNO5 dont fait partie le
Rubané de Belgique] pendant au moins une partie de
son existence. . . " (van Berg et Cahen, 1993, p. 52), soit
sur au moins 250 à 300 ans. Dans le même temps, on
affirme cependant : soit que " ...leurs relations chronolo
giqueséchappent à la résolution actuelle du I4C"
(Cahen et Otte, 1990, p. 464), soit que la question est
résolue (dans le sens du synchronisme), et donc qu'il
n'est plus la peine d'en discuter (van Berg, 1986).
Dans cette chronologie, la position du Rubané récent
du Bassin parisien va de soi : "le groupe de Blicquy
pourrait être partiellement à l'origine du Rubané récent
du Bassin parisien." (Cahen et Gilot, 1983, p. 39).
"Dans l'ensemble danubien, le Rubané récent du
.
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Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
Bassin parisien occupe une position chronologique
"post-rubanée", équivalente à celle du Roessen en
Allemagne et de la Céramique pointillée en Europe
orientale (Cahen et Gilot, 1983)" (Cahen et Docquier,
1985, p. 1 16). Cependant, d'autres archéologues n'en
visagent
qu'une contemporanéité partielle du Vill
eneuve-Saint-Germain
et du Rubané récent du Bassin
parisien (Villes, 1986; Tappret et Villes, 1989).
La preuve archéologique de la contemporanéité :
la coexistence de vestiges (ou d'éléments typologiques)
des deux entités culturelles mélangés
dans les mêmes structures
(ou sur les mêmes vases)
Les datations radiométriques présentent des limites
dues à leur nombre relativement faible et aux écarts
importants qu'elles offrent pour un même ensemble
culturel. Elles induisent de ce fait une certaine équivo
que.
La nécessité s'impose donc de trouver des preuves
archéologiques de la contemporanéité, ce qui exige une
recherche conséquente.
Dans ce contexte, la découverte à Vaux-et-Borset
(Cahen et Docquier, 1985) de vestiges rabanes et blicquiens dans la même structure (fosse 7) est interprétée
comme une preuve nouvelle de la contemporanéité, sur
la base d'observations stratigraphiques que l'on peut
juger très succinctes (Cahen et Docquier, 1985, fig. 5) :
"L'intrusion de vestiges blicquiens en contexte rubané
et l'homologie stylistique des productions matérielles
de ces deux groupes témoignent de contacts entre eux.
Si l'on admet que la poterie et la parure étaient des
apanages féminins, on pourrait imaginer alors qu'une
découverte comme celle de Vaux-et-Borset illustre la
présence d'une femme blicquienne dans un village
rubané ou, si l'on préfère, qu'une relation exogamique
entre ces groupes n'aurait probablement pas laissé
d'autres traces susceptibles d'être repérées par les
archéologues. " (Cahen et Docquier, 1 985, p. 119-1 20).
D'autres ensembles identifiés comme des intrusions
mutuelles sont diagnostiqués : en Hesbaye (ChaponSeraing, Darion), en Hainaut (Aubechies) entre groupe
de Blicquy et Rubané récent du Nord-Ouest, mais aussi
entre Rubané alsacien et groupe de Villeneuve-SaintGermain (Dachstein) et entre Rubané récent du Bassin
parisien et groupe de Villeneuve-Saint-Germain
(Armeau, Cuiry-les-Chaudardes, Mennevi Ile/Derrière
le village, Château-Landon) (van Berg, 1982, p. 126;
van Berg et al. , 1 982, p. 24-25 ; Cahen et Docquier,
1985, p. 1 13 ; van Berg, 1986, p. 210-213 ; Jadin et al,
1 989, p. 67 ; van Berg et Cahen, 1993, p. 47-49).
L'origine méditerranéenne des éléments
groupe de Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain
contemporains du Rubané (ou plus anciens)
dans le nord de la France et en Belgique
Si des groupes néolithiques bien constitués coexistent
avec le Rubané, ou même lui sont antérieurs, la nécess
ités'impose d'expliquer leur origine, puisque l'on
refuse unanimement de leur envisager une genèse pure
ment locale.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
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Il nous faut remonter à 1980 pour voir apparaître l'idée
de l'origine méditerranéenne de ces ensembles : "(...)
Dans une partie de l'Europe du Nord... des groupes
considérés comme purement mésolithiques pourraient
se révéler néolithisés ou subissant un début de néolithisation, d'origine encore peu claire, soit sous l'influence
du Néolithique ancien de Méditerranée..." (RoussotLarroque, 1980, p. 179-180). "...D'autres traits, peutêtre inspirés d'influences méridionales, font soupçonner
que la région [Europe septentrionale] ne fut pas entièr
ementsubmergée par la colonisation rubanée... " (Roussot-Larroque et Thévenin, 1984, p. 138).
En 1986, M. Lichardus-Ttten insiste sur les parentés
dans les systèmes de décor céramique entre Cardial et
Épicardial d'une part, et Rubané récent du Bassin pari
sien et céramique du Limbourg d'autre part (LichardusItten, 1986), pour proposer une rencontre entre mondes
danubien et méditerranéen au Rubané récent du Bassin
parisien, selon un processus identique à celui observé
ailleurs dans la périphérie de la culture à Céramique
Linéaire (avec la culture de Malo Korenovo en Yougosl
avie
septentrionale, la culture de Boian dans la vallée
du Danube au sud des Carpates roumaines, la culture
de Précucuteni, et la culture de Tripolje en Ukraine
occidentale ; Lichardus-Itten, 1986, p. 158) et qui serait
"... fortement responsable de l'évolution ultérieure,
durant le Néolithique récent, de la moitié Nord de la
France, et ce jusqu'en Belgique. En particulier, les
groupes de Villeneuve-Saint-Germain et de Blicquy... "
(Lichardus-ltten, op. cit., p. 158). Cet article, pourtant,
sera ultérieurement repris par quasi tous les tenants de
"l'hypothèse synchronique " comme un argument auto
risé à l'appui de la contemporanéité entre Rubané et
groupe de Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain.
A ce stade du raisonnement, il restait à confirmer les
hypothèses d'une néolithisation méridionale précoce du
domaine danubien et à préciser le cheminement vers le
nord du Néolithique méditerranéen. En 1987, la ques
tion est résolue. Quelques tessons découverts aux
Alleuds (Maine-et-Loire), présentant des décors pivo
tants en bandes parfois orthogonales, réalisées, selon
les auteurs, à la coquille, sont attribués au Cardial, et
les conséquences en sont tirées : "Le schéma tradition
nel
de la néolithisation et des échanges d'influence au
Nord de la Loire doit être entièrement révisé à la
lumière des documents nouveaux. " (Roussot-Larroque
et al, 1987, p. 81). La même année, quelques tessons
similaires sont publiés, provenant de Ligueil (Indre-etLoire), avec les mêmes conclusions : "Les affinités
méridionales des groupes ď Augy-Sainte-Pallaye et de
VSG attestent une résistance à la culture rubanée - cette
résistance émanerait de populations néolithiques ayant
leur propre dynamique sur toute la façade atlantique
depuis une époque que l'on n'a aucune raison de croire
beaucoup plus tardive que la néolithisation du Midi
méditerranéen sinon pour sauver le modèle de la lente
pénétration danubienne vers l'ouest" (Villes, 1987,
p. 47).
Si la céramique constitue la principale catégorie de ves
tiges utilisée pour développer l'idée d'une pénétration
ancienne du Néolithique méditerranéen dans le nord de
la France, d'autres matériaux sont toutefois exploités.
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C'est en particulier le cas pour certains anneaux en
pierre à section pseudo-triangulaire, pour lesquels C.
Constantin (1985 : thèse soutenue en 1983) avait déjà
noté des similitudes entre les exemplaires du Rubané
récent du Bassin parisien et ceux du Néolithique de la
France méditerranéenne et de l'Italie (Roussot-Larroque
etThévenin, 1984; Roussot-Larroque, 1993). Dans un
autre domaine, il faut mentionner le pavot (papaver
somniferum) dont la présence en contexte rubané est
limitée à la rive gauche du Rhin et qui d'après C.C.
Bakels (Bakels, 1982) aurait son origine sauvage un
iquement
en Méditerranée occidentale. Cette donnée
issue de la paléobotanique est abondamment invoquée
comme argument en faveur d'impacts méditerranéens
occidentaux en contexte rubané (Lichardus-Itten, 1 986 ;
van Berg et Cahen, 1993 ; Heim et Jadin, 1998).
L'extinction du débat
ou comment échapper à la chronologie ?
En 1986, au XIIIe colloque interrégional sur le Néol
ithique
de Metz, dont les actes ne seront publiés qu'en
1993, deux longues contributions déjà citées plus haut
rassemblent l'argumentation en faveur de l'hypothèse
de la contemporanéité BQY/VSG/RRNO (RoussotLarroque, 1 993 ; van Berg et Cahen, 1 993), mises à part
les découvertes du "Cardial de la Loire", qui sont,
elles, publiées comme on l'a vu, en 1987 (RoussotLarroque et al. , 1987; Villes, 1987).
C'est l'ensemble de toute cette argumentation qui est
reprise et développée en plus de 150 pages au colloque
de Liège de 1988, sur le thème "Rubané et Cardial"
(Roussot-Larroque, 1990a et b; Schoenstein et Villes,
1990 ; van Berg, 1990 ; Cahen et Otte, 1990), au cours
duquel quelques chercheurs apportent un appui nou
veau à cette théorie : A. Gob (Gob, 1990) avec un
"modèle polygénétique" de néolithisation et Roudil
(Roudil, 1990) avec la proposition d'une remontée cardiale par les moyens de la navigation circum-ibérique.
L'objectif du colloque est clair : "... L'organisation de
ce colloque à Liège... au moment même où s'effon
drentles conceptions jusqu'ici dominantes sur la néoli
thisation
de l'Europe occidentale" (Roussot-Larroque,
1990a, p. 316).
En 1989, nos fouilles à Vaux-et-Borset (Belgique)
révèlent, sur le même site, la présence en Hesbaye
liégeoise de deux habitats importants mitoyens, l'un
rubané, l'autre blicquien (Caspar et al, 1989). Cette
découverte démontre la non-pertinence de "l'hypothèse
synchronique", sur le terrain même où on avait voulu
la fonder (Cahen et Docquier, 1985). La découverte
simultanée d'une occupation domestique et funéraire
blicquienne à proximité du village rubané de Darion,
dans la même région, est cependant l'occasion de réaf
firmer les contacts (et donc la contemporanéité) entre
Rubané et Blicquien, tout en rappelant que ces relations
pourraient avoir des formes très diverses, puisqu'elles
ont laissé somme toute très peu de traces (Jadin et al,
1989, p. 67).
En 1990, les actes du colloque de Liège sont édités
(Cahen et Otte, 1990) et, dès lors, les principaux prota
gonistes
de la "thèse synchronique" ne s'expriment
Bulletin de la Société Préhistorique Française
quasi plus, à de rares exceptions près : "Enfin, le
groupe de VSG dont aucun argument décisif, bien au
contraire, ne démontre qu'il puisse succéder au
RRBP..." (Schoenstein et Villes, 1990, p. 3). Cet auteur
cependant, dès l'année suivante, au XVIIIe colloque
interrégional de Dijon (1991), laisse la porte ouverte à
toutes les solutions sans se prononcer (Tappret et Villes,
1996). Depuis lors, si la thèse des remontées précoces
du Cardial en Bassin parisien est évoquée par différents
chercheurs (Gallay, 1995; Guilaine et Manen, 1997;
Beyneix, 1998), ceux-ci n'argumentent pas la question
des rapports chronologiques entre Rubané et groupe de
Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain. Une exception est
toutefois à signaler. C. Jeunesse, après avoir écrit : "Les
constatations qui précèdent sur l'identité des traditions
funéraires m'invitent à pencher plutôt pour le modèle
diachronique..." (Jeunesse, 1995, p. 19), se livre en
1 998 à un jeu de chaises musicales sur les dates I4C qui
vieillit celles du début de la culture de Cerny, ne laissant
que trop peu de place entre ce dernier et le Rubané
récent du Bassin parisien, et contraignant à envisager
"... un chevauchement long entre le début du VSG et
la fin du Rubané... " (Jeunesse, 1998, p. 281).
Si le développement de la "thèse synchronique" que
nous venons d'évoquer rapidement (nous soulignons
que nous parlons ici de la construction générale de la
thèse et non pas des argumentations utilisées) semble
bien avoir une certaine cohérence, on ne peut néan
moins omettre de mentionner de nombreuses variations
d'un texte à l'autre et parfois même à l'intérieur d'une
même publication. Bien sûr, celles-ci peuvent apparaît
re
comme des tâtonnements dans une entreprise diffi
cile qui a la grande ambition de renouveler les concepts.
Ces variations portent principalement sur ce qui consti
tue
le cœur du sujet : les rapports chronologiques fins
entre groupe de Blicquy/Villcneuve-Saint-Germain et
Rubané. Le groupe de Blicquy/Villeneuve-SaintGermain précède le Rubané, ou lui est contemporain,
ou lui est partiellement contemporain à ses débuts ou,
au contraire, vers sa fin : "Le Groupe de Blicquy est
contemporain de la fin du Rubané" (Cahen et van Berg,
1980, p. 36); "... en renversant l'ordre de succession
couramment admis RRBP/BQY/VSG et en lui substi
tuantune séquence BQY/VSG/RRBP on comprendrait
mieux le sens de l'évolution" (Roussot-Larroque,
1990a, p. 356); "Le BQY/VSG disparaît en tout cas
avant la fin du RRBP" (van Berg et Cahen, 1993,
p. 52).
Par delà ces variations et à partir de 1990, on observe
que la dimension temporelle offre désormais pour cer
tains une configuration à géométrie variable qui la rend
hors d'atteinte : "Qui dit d'ailleurs que la solution est
tranchée?" (Cahen étal, 1993, p. 30; Jadin et Cahen,
1997, p. 168). L'ambiguïté s'installe évidemment
quand l'interprétation nouvelle des mêmes faits se
modifie chez ces auteurs, alors que leur formulation
laisse entendre qu'ils sont dans la continuité de leur
ancienne thèse. Dans ce mouvement, et pour
"échapper" à la question chronologique, on réutilisera
(Jadin, 1 997) un concept mis au point par deux d'entre
nous grâce à l'analyse techno-fonctionnelle des indust
rieslithiques rubanée et blicquienne des villages de
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Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
Implantation des deux villages à Vaux-et-Borset
Le site s'insère dans une zone riche en occupations du
Rubané régional dit "Omalien" (Éloy, 1957, 1962,
1963, 1968, 1972, 1973, 1987, 1994). L'origine de nos
travaux y est due aux découvertes de J. Docquier
(Docquier, 1993-1995). Les installations sont implant
ées
sur le sommet et sur la pente méridionale d'une
crête en faible relief du plateau limoneux de la Hesbaye
(fig. 1 ). L'occupation rubanée s'étend sur la pente méri
dionale du plateau (fig. 2 et 3). 6680 m2 ont été fouillés
(de 1989 à 1995, dont 2950 m2 en 1989 et 1990). Les
principales structures mises au jour sont : une enceinte
délimitée par un fossé interrompu dont le tracé forme
:
L'APPORT DES FOUILLES DE VAUX-ET-BORSET
À PROPOS DE LA QUESTION
DES RAPPORTS CHRONOLOGIQUES
ENTRE RUBANÉ ET BLICQUIEN
Fig. 1 - Vaux-et-Borset "Gibour" et "À La Croix Marie-Jeanne"
(Villers-Le-Bouillet, Lg.) situation topographique des deux villages
village rubané (en foncé); village blicquien (en hachuré).
:
Vaux-et-Borset : celui de la "récupération d'armatures
lithiques" (Caspar et Burnez-Lanotte, 1994 et 1997).
Les publications prouvent qu'en réalité, ce concept de
recyclage que nous avons élaboré à Vaux n'est actuell
ement
vérifié que sur ce seul site, avec "en stratigraphie"
sur deux objets (un quartier d'orange et une frite) : un
usage exclusivement blicquien sur un produit d'une
technologie exclusivement rubanée.
Après cet aperçu général de l'hypothèse visant à légit
imerle synchronisme BQY/VSG/RRNO, nous propo
sonsd'examiner successivement les principaux faits
archéologiques concernés à Vaux et d'argumenter ainsi
de manière décisive le cadre chronologique le plus vra
isemblable
du Néolithique le plus ancien de Hesbaye.
57
un quadrilatère irrégulier délimitant une superficie de
4,5 ha, et un village dont 3 habitations, leurs fosses de
construction et une batterie de silos (fig. 4) ont été
explorés. Au moins deux phases d'habitat ont été recon
nuespar les recoupements de ces structures. Au nordouest et au sud-ouest de cette occupation, les vestiges
blicquiens ont été étudiés sur 8450 m2 (1989-1990)
répartis en deux secteurs6. Les structures comprennent
des fosses et des trous de poteaux erratiques, sur la crête
et sur le haut de la pente méridionale d'une part (fig. 5)
et, plus à l'ouest, sur une pente également orientée au
sud (fig. 6). Malgré l'érosion, on suppose l'existence
de trois habitations (Burnez-Lanotte et al, 1993). Les
structures rubanées et blicquiennes les plus proches
sont distantes de 36 m. Aucun recoupement n'a été
VAUX-ET-BORSET
1991
CB
A La Croix
Marie -Jeanne
:
Fig. 2 -Vaux-et-Borset "Gibour" et "À La Croix Marie- Jeanne " (Villers-Le-Bouillet, Lg.) plan général des campagnes de fouilles de 1989 à 1993.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
58
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
:
Fig. 3 - Vaux-el-Borsci "Gibour" (Villers-Le-Bouillet, Lg.). Habitat rubané plan général des fouilles (1989-1995).
observé entre structures des deux villages mitoyens qui
s'excluent mutuellement.
Répartition de mobilier intrus d'une occupation
dans les structures de l'autre à Vaux-et-Borset
La question se pose de l'interprétation d'artefacts
exclusivement typiques (quant à l'origine de la matière
première, la technologie, la typologie ou du point de
vue fonctionnel) d'une des deux cultures, retrouvés
dans les structures et installations du village mitoyen.
Dans ce qui va suivre, il s'agit, pour le groupe de Blicquy, des campagnes 1 989- 1 990 ayant livré 25 structures
à remplissage détritique et, pour le Rubané, des campa
gnes1989 à 1995 totalisant 74 structures et un fossé
d'enceinte.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
Matériel blicquien dans les fosses rubanées
Ces éléments sont regroupés par type de matière pre
mière (l'origine des pièces est répertoriée comme suit :
lieu-dit (VGI : Vaux-et-Borset, "Gibour"), année de
fouille, éventuellement tranchée, numéro de structure
et profondeur; les niveaux indiqués sont des passes
artificielles de puissance variable sous le décapage) :
- le silex1
- 7 individus (2 éclats, 1 lame entière, 2 fragments de
lame brute, 1 tablette et 1 grattoir; fig. 7, nos 7, 3, 2,
1, 4) en silex exogène, gris-éléphant, dit "de Ghlin"
(SGM - Hubert, 1970 et 1982), issus du niveau supé
rieur (0-20 cm) des structures VGÏ-89-97, 94-05,
90-27,90-43,90-26,90-34;
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
59
- deux polyèdres facettés en silex gris à grain fin de
Hesbaye (SFH ; VGI-90-26/0-20 cm) ;
- deux burins en SFH (VGT-89-104/-10 cm et 9026/0-20 cm ; fig. 7, nos 5, 6);
- un pseudo-burin en SFH qui se raccorde à un fra
gment de lame retouchée (VGI-90-21/0-10 cm), pro
duit accidentel d'un usage en percussion lancée
(fig.7,n°8);
- 3 chutes de burin en SFH (VGI-89- 120/ 10-20 cm- 2
pièces et VGI-89- 1 04/- 1 0 cm ; fig. 7, nos 1 0, 7, 9).
Une première évaluation de ces pièces nous avait fait
compter en outre deux éléments en schiste gris-clair à
blanc qui, après examen critique, se sont révélés appar
tenir au contexte de surface (Constantin et al., 1993,
p. 92).
Matériel rubané dans les fosses blicquiennes
- le silex
Cet ensemble regroupe quelques témoins du débitage
exclusivement rubané sur tranche d'éclat :
- trois frites (VGI-90-02/A, 0- 10 cm ; B, 20-40 et 5080 cm) (fig. 9, n°3);
- deux quartiers d'orange (VGI-90-02/D, 20-30 et B,
20-40 cm) (fig. 9, nos 1,2).
Bulletin de la Société Préhistorique Française
Тг. А 1993
• о a
0 ° Q/
Fig. 4 - Vaux-ct-Borset "Gibour" (Villers-Le-Bouillct, Lg.). Habitat
rubané plan des tranchées A et AJ.
:
- les schistes
- fragment de bracelet en schiste gris-anthracite (VGI90-43/0-10 cm) : L = 10 mm ; 1 = 8 mm ; ép = 4 mm ;
- fragment de palet en schiste gris-anthracite (VGI90-27/0- 1 0 cm) : L = 94 mm ; 1 = 43 mm ; ép = 9 mm ;
- ébauche de bracelet en schiste gris-vert (VGT-89Tranchée A', 100/20-40 cm) : 0 = 95 mm; palet
circulaire avec perforation centrale de 0 = 24 mm
(fig. 8,n°2);
- ébauche de bracelet en schiste gris-anthracite (VGI89-Tranchée A', 100/20-40 cm, 40-60 cm) : palet cir
culaire
incomplet avec perforation centrale en 5 fra
gments remontés (fig. 8, n° 4) ;
- fragments d'ébauche de bracelet en schiste grisanthracite (VGI-89-Tranchée A2, 100/30-40 cm) : L
= 27 mm ; 1 = 29 mm ; ép =11 mm ;
- palet entier non perforé, en schiste gris-vert (VGI-89Tranchée A', 100/20-40 cm) : 0 = 98 mm; ép =
14 mm (fig. 8, n°3);
- fragment de palet perforé en schiste gris-anthracite
(VGI-89-Tranchée A, 100/60- 70 cm) ;
- fragment d'ébauche de bracelet en schiste grisanthracite (VGI-89-Tranchée K, 100/0-10 cm) : L =
28 mm ; 1 = 24 mm ; ép = 8 mm ;
- rondelle centrale issue du percement d'un palet, en
schiste gris-vert (VGI-89- 107/10-20 cm) : 0 =
40 mm ; ép = 16 mm (fig. 8, n° 1 ) ;
- fragment de schiste gris- vert, avec une plage polie sur
une face (VGI-89- 107/20-30 cm) : L = 46 mm; 1 =
29 mm ; ép = 9 mm ;
- fragment brut en schiste gris-anthracite (VGI-9023/0-20 cm) : L = 6 1 mm ; 1 = 38 mm ; ép = 1 6 mm ;
- fragment brut en schiste gris-clair à blanchâtre (dif
férent des schistes blicquiens) (VGI-90-27/0-40 cm) :
L = 36 mm ; 1 = 32 mm ; ép = 1 0 mm.
- outillage poli en roche dure
- talon d'herminette polie en amphibolite (VGI-90103/B, 10-20 cm) (fig. 10, n° 1);
- deux éclats de phtanite noir d'Ottignies-Mousty (Bra
bant méridional ; Caspar, 1982 et 1984) : un éclat brut
(VGI-90-02/ 20-30 cm) : L = 57 mm (fig. 10, n° 3)
et un éclat avec une plage polie (VGI-8956/30-40 cm) : L = 40 mm (fig. 10, n° 2).
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
60
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
Tr. A F 1990
'00
:
Fig. 5 - Vaux-et-Borset "Gibour" (Villers-Le-Bouillet, Lg.) plan des installations blicquiennes, tranchées AC (1989), AD (1990),
В (1993) et tranchée F (1989).
90006
90007
A/
Тг. С В 1990
10m
:
Fig. 6 - Vaux-et-Borsct "À La Croix Marie-Jeanne" (Villers-Lc-Bouillet, Lg.) plan des
installations blicquiennes.
- le grès
- fragment de molette débordante de type rubané (VGI89-102/B4, 0-10); L - 135 mm; 1 = 1 18 mm; ép =
76 mm.
- la céramique
- une bouteille dont il reste plus de la moitié et qui était
peut-être complète à l'origine (VGI-90-02 et VGI-9003; fig. 1 1). Les fragments qui la composent sont
issus de deux fosses qui ont également livré d'autres
remontages. L'une (VGI-90-02) manifeste un carac
tèreexceptionnel (Burnez-Lanotte et al., 1993 :
fig. 10) puisque de nombreux artefacts, outre la bout
eille fragmentée, étaient plaqués sur ses parois en
Bulletin de la Société Préhistorique Française
cuvette, dans une couche noire dont la pente suit celle
des parois de la fosse, sur 10 à 75 cm de profondeur.
La bouteille est décorée de rubans en chevrons
emboîtés et tendant à couvrir toute la surface. Ces
rubans sont remplis de fines incisions longitudinales
pouvant se recouper les unes les autres. Le décor sous
le bord et le décor secondaire sont réalisés au peigne
à deux dents. Les extrémités des rubans se terminent
par un groupe de grosses impressions,
deux petits (2 à 3 cm) fragments d'un vase (VGT-8969/B2, 0-20 cm ; fig. 1 1 ) portent un décor de deux
sillons courbes (rubans vides) profonds. Malgré l'épais
seurétonnante des tessons ( 1 1 mm), C. Constantin ne
peut proposer une autre attribution qu'au Rubané.
2001, tome 98, n" 1, p. 53-76
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
61
î 2
Les interprétations de ces "mélanges"
et leurs conséquences sur la chronologie
des occupations à Vaux
Les éléments intrus pris en compte ci-dessus ne font pas
appel à une hypothèse d'explication unique, comme
nous l'avons déjà exposé par ailleurs (Caspar et
Burnez-Lanotte, 1994, 1997, 1998). Nous verrons ici
successivement les éléments d'interprétation dont nous
disposons aujourd'hui :
Les contextes stratigraphiques
Tl est important de rappeler qu'aucun recoupement n'a
été observé entre des structures appartenant aux deux
occupations villageoises, relation qui aurait pu induire
un télescopage de leurs vestiges respectifs.
Les mélanges correspondent en réalité à un nombre
restreint de structures détritiques, à savoir : 6 des 25
fosses blicquiennes et 1 1 des 74 fosses rubanées aux
quelles
s'ajoute le fossé d'enceinte. Dans l'état actuel
des fouilles, les fosses concernées ont tendance à se
répartir de préférence dans le voisinage de l'autre occu
pation.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
: :
:
Fig. 7 - Vaux-et-Borsct "Gibour" (Villers-Le-Bouillet, Lg.) matériel blicquien intrusif dans les fosses
rubanées. Silex de Ghlin 1 à 4 ; silex gris fin de Hesbaye 5 à 10.
La présence d'artefacts rubanés dans des fosses bli
cquiennes
semble se raréfier (fig. 12 et 13) à mesure que
l'on s'éloigne de l'habitat rubané. De plus, les objets
concernés ne sont généralement pas confinés aux seuls
niveaux supérieurs des remplissages des fosses bli
cquiennes
(tabl. 1), ce qui tend à démontrer que leur
dépôt est chronologiquement lié à celui des comble
mentsdétritiques blicquiens. Il faut remarquer qu'une
concentration étonnante de ces pièces s'observe dans
deux structures (VGI-Tranchée AD-90-02 et 90-03)
entre lesquelles des remontages existent et dont l'une
(VGI-90-02) manifeste un caractère exceptionnel
(Burnez-Lanotte et al, 1993, fig. 10). Ses parois sont,
en effet, tapissées d'un sédiment qui inclut une grande
quantité d'artefacts, parmi lesquels des vestiges typ
iquement
rubanés : un vase, les deux quartiers d'orange
et les trois frites.
Les artefacts blicquiens en contexte rubané sont, quant
à eux, issus exclusivement de la partie supérieure des
remplissages des structures, alors que leur profil d'équi
libreétait atteint (tabl. 2). C'est en particulier le cas
pour les pièces provenant du fossé rubané, toutes
retrouvées dans le niveau supérieur d'une puissance de
2001, tome 98, n" 1, p. 53-76
62
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
:
Nombre
Niveau de découverte
Prof. max. (cm)
Structure
d'individus
structure
(cm)
30-40
VGI-89-56
1
90
VGI-89-69
1
0-20
120
VGI-89-102
71
1
0-10
0-10;
20-30;
20-30;
20-40;
VGI-90-02
7
86
50-80
(1)*
0-20 ; 20-40 ; 40-50
137
VGI-90-03
1
10-20
VGI-90-103
40
Tabl. 1 - Contextes stratigraphiques des pièces rubanées intruses en contexte blicquien, tous
matériaux confondus (silex, grès, céramique). * il s'agit des fragments d'un seul vase qui remont
entavec les tessons de VGI-90-02.
il* <S
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Д
ih.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
:
:
Fig. 8 - Vaux-ct-Borset "Gibour" (Villers-Lc-Bouillet, Lg.) matériel en schiste blicquien intrusif dans les structures rubanées (éch. cm).
2001, tome 98, n" 1, p. 53-76
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
Nombre
Niveau de découverte (cm)
Structure
d'individus
VG 1-89-97
2
0-20
VGI-89-100 Fossé
6
0-10 ; 20-40; 30-40 ; 40-60; 60-70
VGI 89-104
2
0-10
VGI-89-107
2
10-10; 20-30
VGI-89-120
2
10-20
VGI-90-21
1
0-10
1
0-20
VGI-90-23
4
VGI-90-26
0-20
VGI-90-27
3
0-10; 0-20; 0-40
VGI-90-34
1
0-20
2
VGI-90-43
0-10; 0-20
VGI-94-05
1
0-20
63
Prof. max. (cm)
structure
60
260
120
110
128
21
84
148
104
46
20
60
Tabl. 2 - Contextes stratigraphiques des pièces blicquiennes intruses en contexte rubané, tous
matériaux confondus (silex, schiste).
5 cm
:
:
Fig. 9 - Vaux-et-Borsct "Gibour" (Villers-Le-Bouillet, Lg.) matériel rubané en silex intrusif dans les fosses
blicquiennes. (éch. cm).
5 cm
:
:
Fig. 10- Vaux-et-Borset "Gibour" (Villers-Le-Bouillet, Lg.) outillage poli en roche
dure rubané intrusif dans les fosses blicquiennes. (éch. cm).
80 cm qui correspond à une phase de comblement lent,
mis en place bien après la fin de l'occupation, comme
en témoigne la présence d'un coin perforé dans cette
même couche (Constantin et al. , 1 993 : p. 93 et p. 89,
fig. 63). Ces positions des objets blicquiens remaniés
témoignent d'un dépôt nettement diachronique par
rapport au comblement principal des structures rubanées.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
Les contextes chronologiques
des " intrusions " céramiques rubané es
Les chevrons emboîtés tendant à couvrir la majeure
partie de la surface du vase ne sont pas rares en
Hesbaye (par exemple à Vaux-et-Borset "La Chapelle
Blanche" : Hauzeur et al. , 1992, fig. 3, n° 7) et dans la
vallée de la Gette (par exemple à Wange : Lodewijckx,
1990, fig. 7, n° 2). Ils sont le plus fréquemment formés
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
64
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
de rubans remplis d'impressions au peigne. Dans la
périodisation proposée pour la céramique rubanée du
Hainaut (Constantin, 1985), les rubans remplis de fins
sillons pouvant se recouper sont placés dans une phase
immédiatement antérieure à celle de l'apparition du
peigne. La coexistence de ce type de ruban et d'impres
sions
au peigne à deux dents sur ce récipient semble
donc cohérente : il daterait de la phase d'apparition du
peigne et n'occuperait donc pas une position terminale
dans le Rubané. C. Constantin, d'après une première
étude générale de la céramique rubanée décorée du site,
estime que le Rubané terminal semble absent de ce cor
pus.
Le matériel céramique blicquien de Vaux ayant été
placé, quant à lui, dans la deuxième phase du Blicquien
(Hauzeur et Constantin, 1993), il semble donc impossib
le,
si ces périodisations ont un sens, et sous réserve
de l'étude complète du corpus céramique du village
rubané, que ce vase ait été échangé entre deux populat
ionscontemporaines.
Les rapports quantitatifs des pièces " intruses "
par rapport au corpus
La proportion relative des pièces concernées par les
intrusions par rapport au corpus de la culture correspon
dante
dans l'état actuel des recherches est extrêmement
minime :
- éléments rubanés en contexte blicquien :
Les cinq pièces rubanées en silex représentent un
pourcentage dérisoire par rapport aux 3 049 éléments
lithiques rubanés de Vaux (compte non tenu des 560
débris et des 9 rognons bruts ou à peine aménagés ;
Caspar et Burnez-Lanotte, 1998, tabl. 1, p. 220).
Pour ce qui est de la céramique, on compte seul
ement deux vases rubanés intrusifs issus de trois fos
ses parmi un total de 22 structures blicquiennes qui
ont livré un ensemble de 449 individus identifiables.
- éléments blicquiens en contexte rubané :
- 7 individus en SGM ne représentent rien relativ
ementau corpus blicquien en SGM du site (N =
1 108, d'après le décompte des deux premières
campagnes et en excluant les débris; Caspar et
Burnez-Lanotte, 1994, tabl. 1, p. 6);
- 2 polyèdres facettés représentent un peu plus ď 1 %
des polyèdres en SFH (N = 161);
- 3 burins constituent un ensemble mineur par rap
port aux 48 burins (17 sur éclat et 31 sur lame) du
site (Caspar et Burnez-Lanotte, 1994, tabl. 5, p.
21).
Les 15 pièces lithiques concernées constituent donc
une quantité négligeable par rapport à l'ensemble
de la série lithique blicquienne à Vaux qui atteint
un total de 28 290 individus (compte non tenu des
débris et des rognons et blocs bruts ou à peine amé
nagés).
- 1 0 éléments en schiste seulement peuvent être rap
portés au corpus blicquien. Le dernier spécimen est
un schiste tout à fait différent, mat, gris clair à blan
châtre qui se distingue du matériau utilisé pour la
fabrication des bracelets. Cette série ne représente
0 1
)
:
iiOcm
Fig. 11 - Vaux-et-Borset "Gibour" (Villers-Le-Bouillet, Lg.) matériel céramique rubané
intrusil dans les fosses blicquiennes.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
pas plus de 5 % des 508 pièces ouvragées et moins
de 1 % des 1 444 éléments en schiste blicquiens
(total des pièces y compris les déchets de
fabrication; Caspar et Burnez-Lanotte, 1994,
tabl. l,p. 67).
Dans tous les cas et relativement au corpus mis au jour,
les pièces clairement diagnostiques d'une culture et
déplacées d'un village à l'autre sont extrêmement peu
fréquentes.
Phénomènes taphonomiques
Les processus taphonomiques sont omniprésents par
hypothèse, même s'ils sont difficiles à cerner. En effet,
il ne faut pas sous-estimer les transports aléatoires d'ob
jetsliés aux phénomènes d'érosion pour des structures
voisines, après l'abandon des deux installations, ni
l'existence d'occupations ou d'activités secondaires au
même endroit au cours du temps. Tous les archéologues
connaissent des exemples de matériaux qu'ils écartent
sans problème lorsqu'ils appartiennent à des cultures
séparées par des siècles, voire des millénaires, de celles
des installations qu'ils fouillent. Les tessons de très
petite taille peuvent relever de ce genre d'origine.
Dans le même ordre d'idée, on ne peut ignorer les
déplacements de spécimens liés aux réoccupations du
site aux âges des métaux. En effet, d'une part, certaines
structures desquelles sont issus ces intrus pourraient
être post-rubanées (VGI-89-97) et d'autre part, plu
sieurs
des fosses rubanées (VGI-90-Tranchée AJ :
90-21/26/27/34) sont dans la proximité directe d'une
série de fossés protohistoriques qui ont recoupé, à l'in
térieur
de l'enceinte, au moins une maison rubanée.
Nous avons déjà attiré l'attention sur le fait qu'il est
clair que les habitants des villages au Rubané (comme
au Blicquien) ont exercé une gamme d'activités culturales, artisanales et domestiques à la périphérie des sec
teurs bâtis, comme en témoigne, notamment, le déficit
de certaines catégories d'usages sur les outils retrouvés
à l'intérieur des habitats (Caspar, 1988 ; Sidéra, 1993).
Il s'agit, par exemple, des tâches liées au travail du bois
et des plantes non ligneuses. Ce phénomène suffirait à
lui seul à expliquer les quelques déplacements d'objets
observés. Les Blicquiens auraient pu ainsi manipuler,
plus ou moins involontairement (caractère difficile à
évaluer), des vestiges d'activités rubanées extra-muros
antérieures.
Inversement, on pourrait se référer à cette catégorie de
phénomènes pour expliquer la présence d'un burin en
SFH qui se raccorde à un fragment de lame retouchée,
produit accidentel d'un usage en percussion lancée, issus
tous deux d'une structure rubanée (VGI-90-21). La part
ieretouchée active de l'outil initial n'a pas été retrouvée.
Dans l'hypothèse probable où ces deux pièces résulte
raientde la fracturation d'un outil (grattoir-hermi nette ?)
emmanché, utilisé en percussion lancée, elles témoigner
aient
d'un démanchement au cours d'une activité blicquienne liée au travail du bois (recyclage d'éléments de
charpente ?) dans les ruines du village rubané.
La simple circulation des Blicquiens dans les ruines des
habitations rubanées a pu aussi provoquer des déplace
mentsà l'origine de la présence des quelques objets
Bulletin de la Société Préhistorique Française
65
blicquiens retrouvés dans les niveaux supérieurs des
remplissages des structures rubanées.
Recyclage
Pour rendre compte des déplacements lithiques rubanés, nous avons envisagé par ailleurs (Caspar et
Burnez-Lanotte, 1994 et 1997) l'hypothèse d'un recy
clage délibéré par les Blicquiens d'artefacts rubanés.
L'hypothèse étant celle d'un mode d'appropriation
directe visant à la récolte et même à la réutilisation
d'éléments (sous la forme de supports non retouchés
ou d'outils) ramassés dans les ruines du village voisin.
Précisément, une analyse microscopique a été menée
sur l'un des quartiers d'orange et sur une frite (Caspar
et Burnez-Lanotte, op. cit.) retrouvés en contexte blic
quien, vestiges d'un mode de débitage exclusivement
rubané. L'étude prouve que les deux pièces ont été uti
lisées pour le rainurage sur de la pierre tendre (schiste),
selon un mode d'usage qui est reflété par d'importantes
quantités de traces sur les ébauches des bracelets du
groupe de Blicquy et que des reconstitutions expéri
mentales ont permis de vérifier (Burnez-Lanotte, Cas
par et Rots, à par.). Compte tenu du fait qu'aucune trace
d'usage sur de la pierre tendre n'a été observée dans
les corpus rubanés (Van Gijn, 1990; Vaughan, 1994;
Caspar, 1988), dans ces cas précis, on peut affirmer
sans aucun doute possible un réemploi par des Blic
quiens de pièces rubanées. Cette pratique s'intègre sans
difficulté à un mode d'appropriation de supports d'out
ils,dont la principale motivation semble être l'opport
unité,et qui s'exprime également dans la récolte de
rognons et de débris de silex dans les poches de dissolu
tion
voisines du site.
Il est clair que la pollution d'objets d'origine rubanée
peut être nettement plus importante que ce qu'il parait
au vu de la présence d'authentiques "fossiles direc
teurs" de cette culture dans nos régions, que sont les
frites et les quartiers d'orange. Pourtant, il serait délicat
d'appliquer l'hypothèse d'un recyclage uniquement sur
base d'objets déplacés. Les preuves d'une manipulation
volontaire et donc utilitaire peuvent seules justifier l'h
ypothèse
que nous avons émise. C'est d'ailleurs à Vauxet-Borset que, pour la première fois, ce processus origi
nalde recyclage est avéré dans des contextes néolithi
ques
en Europe. Des analyses technologiques rigoureus
es,
des remontages, des analyses fonctionnelles et des
expérimentations actuellement en cours nous permett
ront
sans doute d'évaluer la pertinence et l'ampleur du
phénomène de réemploi par les Blicquiens du lithique
rubané du village mitoyen. Les éléments sont d'ores et
déjà suffisants pour confirmer le fait que l'occupation
blicquienne a succédé à l'installation rubanée.
L'examen des objets déplacés d'une occupation dans
celle de l'autre montre qu'à l'évidence on ne peut pas
envisager deux installations contemporaines. L'étanchéité relative de l'une par rapport à l'autre, telle qu'elle
apparaît à travers les profondes divergences des indust
ries, est difficilement concevable dans le cas d'une
mitoyenneté. Nous nous en tiendrons bien sûr à la
culture matérielle. Le domaine de la circulation des
biens qui ne laissent pas de traces, biens " immatériels ",
femmes (Cahen et Docquier, 1985), de même que
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
66
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
l'hypothèse de relations par l'entremise de tiers incon
nus(Jadin et al. , 1 989) échappent à notre raisonnement.
C'est donc le diachronisme qui s'impose comme hypo
thèse la plus fiable. Quant à envisager l'antériorité du
village blicquien (qu'elle soit partielle ou totale) par
rapport au village rubané, les faits exposés plus haut le
démentent.
Les "mélanges" entre Rubané et Blicquien
en Belgique : analyse critique
Dans le contexte des observations faites à Vaux-etBorset, on ne peut que s'interroger sur les intrusions
mutuelles invoquées à plusieurs reprises dans la litt
érature à l'appui de la thèse synchronique (Cahen et
Docquier, 1985 ; van Berg et Cahen, 1993 ; Jadin étal.,
1989).
Les "mélanges" entre Rubané et Blicquien
en Hesbaye : analyse critique
En Hesbaye, l'ensemble initialement publié de Vaux-etBorset (Cahen et Docquier, 1985), dans lequel les él
éments des deux cultures se seraient trouvés intimement
mêlés, nous semble devoir être réinterprété. En effet,
les deux fosses publiées (6 et 7) auraient mérité une
analyse critique de leur contexte, qui fait totalement
défaut à ce jour. En particulier, on peut s'interroger sur
les deux coupes longitudinales très sommaires des fos
ses qui, pour ce qui est de leur morphologie comme de
fi1
1
ч
:
:
:
Fig.104;
89structure
Bulletin
12-2:blicquienne
Vaux-et-Borset
de
89-97;
la Société
3 (89-56)
89-120;
Préhistorique
"Gibour"
ayant
4, 5 etlivré
(Villers-Le-Bouillct,
6: 89-100
Française
du matériel
(fossé);
rubané.
7:Lg.)89- 107;
localisation
8:90-21des;9:90-23;
structures 10:90-26;
rubanées ayant
11 90-27;
livré du 12:90-34;
matériel
2001,
intrusif
13:90-43;
tomeblicquien
98, n°14:94-05.
1,(1 p.à 53-76
14).151
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
leur remblai, ne s'apparentent en rien aux fosses blicquiennes et rubanées du site que nous avons explorées
(Burnez-Lanotte et al, 1993). En réalité, seule la fosse
n° 7 a livré un ensemble mixte des deux industries
(céramique, lithique, schiste), série unique, difficile à
interpréter dans l'état actuel de la publication et dont
l'homogénéité est sujette à caution.
On doit s'interroger également sur les "mélanges"
observés à Darion entre le village rubané et les installa
tions
blicquiennes. Les artefacts lithiques et céramiques
rabanes retrouvés en contexte détritique blicquien se
composent de "... cinq frites, de tessons rabanes déco
réscorrespondant à trois individus et d'un tout petit
fragment de tranchant d'herminette en phtanite. Ces
pièces ont été trouvées en stratigraphie, intimement
associées à du matériel blicquien. Les tessons rubanés
proviennent tous du tiers inférieur du remplissage d'une
même fosse. " (Jadin, 1997, p. 437). Cet ensemble, par
son caractère réduit et par sa position stratigraphique,
peut être interprété dans le même sens que ce que nous
avons observé à Vaux.
Pour ce qui est du matériel blicquien introduit dans les
structures rubanées, on relève certaines contradictions
dans la description de ces mélanges, sur le plan qualitat
if
et quantitatif, ainsi que des variantes dans l'attribu
tion
culturelle et dans l'interprétation des éléments. Il
s'agirait d'abord : "d'un grattoir sur lame débitée par
pression dans du silex de Ghlin-les-Mons, de fragments
de schiste travaillés, analogues à ceux de la fosse 7 de
Vaux-et-Borset et de la céramique dégraissée à l'os.
L'attribution de cette dernière à la céramique du Limbourg ou au Groupe de Blicquy est provisoirement
impossible vu les petites dimensions du tesson" (Cahen
et Docquier, 1985, p. 1 13). Cette série sera complétée
plus tard par " une pointe de flèche asymétrique en silex
bartonien café-au-lait, d'un type légèrement différent
de celui que l'on trouve à Romigny-Lhéry . . . " (Jadin,
1997, p. 438). Dans ce même article, les éléments en
schiste évoqués plus haut deviendront : " Des fragments
67
de différentes variétés de schiste travaillé et non tra
vail é. .
évoqués comme de possibles intrusions bli
cquiennes
(Cahen et Docquier, op. cit., p. 1 13)... [mais
il s'agit ]...soit de pièces brutes non attribuables, soit
de variétés lithologiques ou d'objets atypiques..."
(Jadin, op. cit., p. 438). À cela s'ajoute la présence
"... d'artefacts en silex hennuyer débités à la
pression... " (Jadin et al., 1989, p. 67). En ce qui con
cerne la céramique, on relève "... deux individus...
(qui)... pourraient appartenir au Groupe de Blicquy
(fig. 7 : 3-4) ..." (Jadin, 1997, p. 438). Malheureus
ement,
la position stratigraphique de ces quelques él
éments n'est pas précisée. Cependant, pour ce qui est des
deux pièces en silex analysées par l'un de nous du point
de vue fonctionnel, elles proviennent des couches sommitales de deux fosses : la fosse 83003 (0-10 cm) de
l'aire septentrionale pour le grattoir en silex de Ghlin
(Caspar, 1988, fig. 38) et la fosse 84081 (0- 1 0 cm) att
enante à l'entrée méridionale du site pour l'armature
asymétrique en silex blond8 (Caspar, op. cit., fig. 43).
Ces données stratigraphiques sont équivalentes à celles
observées à Vaux et correspondent vraisemblablement
à des rejets sporadiques blicquiens dans des fosses
rubanées partiellement comblées. On ne peut évidem
mentcomplètement exclure que les silex exogènes en
question n'aient été échangés entre Rubanés de Hes
baye et du Hainaut d'une part (silex de Ghlin) et du
Bassin parisien d'autre part (silex bartonien). Cepend
ant,dans l'état actuel de nos connaissances, aucun site
rubané de Hesbaye qui ne soit pas mitoyen à une occu
pation blicquienne n'a jusqu'à présent livré de traces
de tels échanges.
Les "mélanges" entre Rubané et Blicquien
en Hainaut : analyse critique
À Aubechies, quelques associations de matériaux bli
cquien et rubané dans les mêmes fosses ont été obser
vées. Les structures blicquiennes ne contiennent pas de
Tr. A F 1990
:
Fig. 13 - Vaux-et-Borset "Gibour" (Villers-Le-Bouillet, Lg.) localisation des structures blicquiennes ayant livré du matériel
intrusif rubané.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
68
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
- la céramique
Les intrusions blicquiennes dans les fosses rubanées
concernent 4 vases (fig. 14). Les fragments sont, à
l'exception d'un vase, de taille réduite. Certains (van
Berg, 1986) ont cru pouvoir attribuer d'autres vases
à cette série, ce que nous réfutons et que l'un de nous
discutera dans le cadre d'une étude qui dépasse celui
du présent article (Constantin : étude en cours).
- un fragment de vase avec un décor en arête de
poisson (fosse 9/0-15 cm; fig. 14, n° 2);
- un vase à décor en croix de Malte (fosse 1 0, С 1 /010cm;fig. 14, n° 1);
- un fragment de vase avec une plage imprimée
à l'aide d'un instrument à deux dents (fosse 8;
fig. 14, n°3);
- deux fragments de vase décorés de deux rangées
de courts sillons réalisés sous le bord. Ces éléments
proviennent peut-être d'un même individu (fosse
5; fig. 14, n°4).
Les intrusions concernent au total 6 des 54 fosses ruba
nées du site et ne représentent que 4 vases parmi plus
de 400 spécimens décomptés, ainsi que 3 pièces en
silex parmi plus de 4000 objets. Lorsqu'elle est con
nue10, la profondeur des intrusions est toujours comp
rise entre 0 et 20 cm, alors que les fosses 7 à 10 mesur
ententre 0,85 et 1,30 m de profondeur. Ces objets
appartiennent donc au remplissage terminal, lent et
long, de ces structures.
Logiquement, ces quelques observations conduisent à
attribuer les pièces blicquiennes intruses à une fréquen
tationdu village rubané, déjà abandonné, par les pro
tagonistes
de l'occupation blicquienne, distante de
120 m.
Rapports d'identité entre cultures rubanée
et blicquienne à Vaux-et-Borset
10cm
Fig. 14 - Aubechies "Coron Maton" (Hainaut). Céramiques blicquiennes inlrusives dans des fosses rubanées.
spécimens étrangers9 (Constantin et al, 1991). En fonc
tion du type de matière première, les éléments blicquiens retrouvés dans les contextes détritiques rabanes
se distribuent comme suit :
— le lithique en silex
- 2 lames et une pointe de flèche asymétrique en
silex bartonien du Bassin parisien (fosse 10/020 cm)
- les schistes
- un fragment de bracelet (fosse 6) ;
- un fragment de schiste travaillé correspondant pro
bablement
à une chute de découpage (fosse 7, moit
iésud/0-20 cm) ;
- un fragment de bracelet (fosse 9, décapage).
Bulletin de la Société Préhistorique Française
La question sera uniquement envisagée au travers des
vestiges mobiliers, les structures archéologiques étant
incomplètement explorées et l'érosion ayant altéré de
manière très inégale les deux occupations.
Les divergences profondes dans les productions cérami
quesdes deux cultures sont bien connues sur l'ensemb
le
des sites actuellement publiés. Le Hainaut offre un
répertoire détaillé de ces faits (Constantin, 1985). Les
558 récipients blicquiens de Vaux-et-Borset (Hauzeur
et Constantin, 1993) respectent, sans innover, la mor
phologie
et le système décoratif de la céramique du
groupe de Blicquy en Hainaut, qui constitue un univers
très original par rapport à la céramique rubanée récente,
tant en Hainaut qu'en Hesbaye. L'étude du corpus cér
amique rubané de Vaux, qui n'est pas encore aboutie,
devrait le confirmer.
Pour ce qui est des industries lithiques rubanée et bli
cquienne
de Moyenne Belgique (Cahen étal, 1986), on
a surestimé leur parenté (Caspar et Burnez-Lanotte,
1994 et 1998). Nous avons pu montrer qu'à Vaux, c'est
une situation très contrastée qui prévaut dans l'écono
mie
et la gestion des matières siliceuses, de part et
d'autre. Les différences portent sur toutes les étapes du
traitement et de l'usage de la matière première.
2001, tome 98, n°1,p. 53-76
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
En effet, à Vaux, les Rubanés exploitent un matériau
d'origine exclusivement locale, par opposition aux
Blicquiens que caractérise la diversité des sources et
des processus d'acquisition des matériaux siliceux. Si
les variétés d'origine locale (silex fin et grenu de Hes
baye) sont encore largement majoritaires avec 95 % des
effectifs (Caspar et Burnez-Lanotte, 1 994), elles pro
viennent
en priorité de contextes remaniés. Une catégor
ie
mineure (4 % des pièces) concerne deux types de
silex exogènes : l'un, gris-éléphant (SGM), qui pourrait
provenir des minières de silex de Ghlin-les-Mons en
Hainaut (Hubert, 1970 et 1982), l'autre, un silex mar
ron-beige
à grain très fin, issu des bancs tertiaires du
Bassin parisien (SMB), pour une part débité intramuros et, pour le reste, importé sous la forme de pro
duits semi-finis à finis. Dans l'état actuel des recher
ches,cette circulation de matières premières sur de lon
gues distances et l'organisation de réseaux d'échanges
qu'elle suppose, individualise le groupe de Blicquy par
rapport au Rubané pour ce qui est du silex mais offre
des correspondances à étudier pour ce qui est des
approvisionnements en roches nécessaires à la fabrica
tion
des herminettes rubanées.
Pour le Blicquien, l'échantillon de pièces numérique
ment
le plus important témoigne d'une gestion opportun
iste
de matériaux directement accessibles, aboutissant
à des outils peu élaborés, d'un usage vraisemblable
ment
immédiat. Manifestement, l'importance des pro
ductions
laminaires respectives est un caractère de dif
férenciation
des deux industries. La composante lami
naire représente dans le Blicquien 2,3 % (607 pièces
sur un total de 26 443, non compris les débris, les
déchets de fabrication et l'outillage) dont les deux tiers
sont en silex locaux (52 % en SFH et 13 % en SGH",
compte non tenu des pièces ayant subi une altération
thermique). Dans l'échantillon rubané, les lames brutes
représentent 12 % du débitage (307 pièces sur 2534,
non compris les débris et l'outillage) dont l'écrasante
majorité est en silex local (98 %, compte non tenu des
pièces ayant subi une altération thermique).
Le débitage sur tranche d'éclat est exclusivement
rubané. Quant à l'usage d'un éventuel débitage par
pression, tel qu'il a été avancé (Cahen et ai, 1986) pour
le débitage des lames en silex exogène (SGM et SMB)
blicquiennes, il ne semble pas pertinent de l'avancer
dans l'état actuel de nos recherches. Un programme
expérimental et une analyse des talons au microscope
à fort grossissement, actuellement en cours, devraient
nous permettre de le confirmer.
Pour ce qui est de la signification des rapports mor
phométriques
évidents, à Vaux, entre une série de lames
rubanées et blicquiennes en silex local, elle fait égale
ment l'objet d'un programme expérimental et d'une
analyse tracéologique. Si les correspondances étroites
qui apparaissent entre les productions laminaires en
silex local rubanées et blicquiennes (Caspar et BurnezLanotte, 1997) devaient se confirmer, la question se
poserait de savoir si elles seraient dues :
- à la perpétuation ď une tradition de débitage ; dans ce
cas, on interpréterait l'absence des éléments techniques
de débitage comme un problème d'échantillonnage ;
Bulletin de la Société Préhistorique Française
69
- à la récupération par les Blicquiens d'éléments lami
naires rubanés, dans un processus équivalent à ce que
nous avons mis en évidence pour certains outils.
Les outillages blicquien et rubané se distinguent clair
ement dans les quantités relatives d'outils sur lame et sur
support d'éclat ou de bloc : les outils sur support lami
naire représentent un peu moins d'un cinquième du
total des outils dans le Blicquien et 68 % dans le
Rubané (non compris les fragments d'outils indéter
minés, de percuteurs, ainsi que les chutes de burin).
Si, globalement, les grandes classes d'outils paraissent
se recouvrir dans les deux corpus, par contre, des dif
férences
s'accusent, tant dans les caractéristiques styli
stiques (comme pour les percuteurs) et fonctionnelles
des types concernés, que dans leurs proportions respect
ives. Ces différences sont révélatrices de distinctions
dans la mise en œuvre, les savoir-faire et la localisation
de certaines catégories d'activités. Ainsi, les grattoirsherminettes sur éclat blicquiens témoignent d'un renou
vellement
dans la conception des outils d'abattage
(Caspar et Burnez-Lanotte, 1996). Du point de vue
fonctionnel, on observe de fréquents réemplois des él
éments de faucilles rubanées, éléments constitutifs d'out
ilsmultiples (Caspar et Burnez-Lanotte, 1997), alors
que de tels cas n'ont pas encore été rencontrés dans le
Blicquien (ni dans le Villeneuve-Saint-Germain;
Caspar et Philibert, étude en cours). Les couteaux de
récolte simples qui apparaissent dans le Blicquien (par
opposition aux faucilles composites rubanées et bli
cquiennes)
indiquent vraisemblablement de nouveaux
usages dans la récolte des végétaux non ligneux,
domestiques ou non. Parallèlement, de nouvelles fonc
tions apparaissent, comme le perçage par rotation
mécanique au foret, qui sont liées à l'invention de l'art
isanat du schiste par les Blicquiens.
De plus, un certain nombre des catégories typologiques
exclusivement blicquiennes (polyèdres, burins, éclats à
retouches écailleuses inverses rasantes et envahissantes,
pièces émoussées, faucilles à dos arqué ou simples sur
grande lame, flèches tranchantes trapézoïdales), repré
sentent des pourcentages d'individus très importants
dans les sites blicquiens (Caspar et Burnez-Lanotte,
1994).
En ce qui concerne l'outillage poli en roche tenace,
l'herminette, selon des modèles omniprésents dans la
culture rubanée depuis les Balkans jusqu'au Bassin
parisien, disparaît complètement au groupe de Blicquy.
En conclusion, si l'on tient compte des modes d'appro
visionnement
et de production, du style, des choix tech
nologiques,
de la fréquence des classes d'outils et de
leurs caractères fonctionnels, les industries lithiques du
Rubané et du groupe de Blicquy issues des deux villa
gesmitoyens de Vaux sont fondamentalement dissemb
lables.
L'exclusivité et l'importance de l'artisanat du schiste
dans l'économie blicquienne apparaît nettement à Vaux.
Les ateliers de fabrication d'anneaux et de bagues nous
ont en effet permis de reconstituer toutes les phases de
cette production, depuis le clivage des blocs jusqu'à la
finition des pièces (Caspar et Burnez-Lanotte, op. cit.).
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
70
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
On ne peut raisonnablement imaginer que, si le village
rubané avait été, ici ou ailleurs, contemporain du Blicquien, il n'y aurait pas eu de contacts perceptibles à
travers des transferts de pièces en schiste d'une commun
autéà l'autre. Nous avons vu que les rares pièces en
schiste déplacées à Vaux s'opposent à toute hypothèse
de ce type.
Les moulins en grès rabanes et blicquiens, quant à eux,
différent typologiquement, à Vaux comme ailleurs
(Caspar et Burnez-Lanotte. op. cit.).
Les industries des deux villages rubané et blicquien de
Vaux se distinguent donc nettement. Les points de con
vergence
dans l'industrie lithique sont mineurs et peu
vent être interprétés en terme de continuité tradition
nelle,
au même titre que la conception générale des
habitations.
Les datations au I4C de Vaux-et-Borset
Onze datations (tabl. 3) ont été réalisées, dont huit au
laboratoire de Louvain (1991) et trois à l'accélérateur
d'Oxford ( 1 998 ; Hauzeur et al, à par.). Dix d'entre elles
concernent le groupe de Blicquy et une seule le Rubané.
Du point de vue de la cohérence de cette série, plusieurs
remarques s'imposent. L'échantillon Lv 1 884 doit être
écarté en raison de son insuffisance en charbon de bois
menant à une trop grande imprécision dans la datation
(communication de E. Gilot). Pour ce qui est de la fosse
VGI-89-01, la date réalisée à l'accélérateur (OXA
6904) est éloignée des deux autres respectivement de
350 et 390 ans. Quant à la structure VGI-90-02, les
deux dates obtenues sont séparées de 220 ans. Alors que
les deux structures VGI-90-02 et VGI-90-03 sont les
fosses de construction d'un même bâtiment et que plu
sieurs remontages ont été réalisés entre leurs vestiges,
on remarque que leurs datations se dispersent sur 310
ans.
On observe également que les deux datations effectuées
à l'accélérateur sont séparées de 160 ans, ce qui semble
beaucoup pour une même occupation.
D'une façon globale, l'ensemble des dates I4C de Vaux
présente une dispersion très large qui s'étend sur plus
de quatre siècles et qui, comparée à la série existante
de dates, ne fait que renforcer l'incohérence des résul
tats(Constantin et Lasserre, 1983). Ces observations
confirment que, dans l'état actuel des recherches, le I4C
ne permet pas de résoudre la question du rapport chro
nologique
entre Rubané et Blicquien en Belgique, que
l'on utilise l'ensemble des soixante-dix datations dispo
nibles pour ces deux cultures ou que l'on se limite aux
vingt-huit datations dont l'écart type est inférieur à cent
ans (Constantin, 1999).
contemporanéTtě entre
groupe de blicquy et rubané en belgique :
abandon nécessaire
de cette hypothèse
Pour conclure, nous résumerons ici les principaux
acquis archéologiques des fouilles de Vaux-et-Borset et
leur pertinence concernant la compréhension des rap
ports chrono-culturels entre Rubané et Blicquien en
Hesbaye.
Les différents aspects envisagés dans cet article sont les
suivants :
- les dates I4C rubanée et blicquiennes de Vaux confi
rmentl'impossibilité de résoudre le problème chrono
logique à l'aide de la méthode radiométrique, vu son
trop grand degré d'imprécision dans l'état actuel des
recherches. Elles renvoient donc à nouveau aux don
nées de terrain et aux raisonnements basés sur les
évidences archéologiques ;
- aucun recoupement stratigraphique n'existe entre
les structures des deux villages mitoyens à Vaux ; on
observe que les installations rubanée et blicquienne
voisines s'excluent mutuellement dans l'espace. Les
structures les plus proches de chacun des villages
sont distantes de quelques dizaines de mètres ;
- les fouilles ont montré que, de part et d'autre, il s'agit
d'occupations de type permanent, ce que traduisent
Mesure
Référence
Code laboratoire,
archéologique
numéro
et écart-type
Vaux et Borset : GROUPE DE BLICQUY
VGI-89- 01/20- 50
6390+ 85 BP
Lv 1882
VGI-89- 01/30- 40
6430 ± 65 BP
Lvl910
VGI-8901/20- 50
6040 ± 45 BP
OXA 6904
VGI-89- 102/25- 30
OXA 6905
6200 ± 55 BP
VG1-90- 02/10- 60
6130+ 100 BP
Lv 1883
VGI-90- 02/60- 80
5350 ± 80 BP
Lv 1909
VGI-90- 03/40-130
Lv 1881
6040 ± 65 BP
Lv 1911
6240 ± 80 BP
VGI-90- 16/70-120
VGI-90- 16/70-120
Lvl912
6340 ± 90 BP
Lv 1884
6230 ± 230 BP
VCM-90-06/60-100
RUBANE
OXA 6906
6195 ± 55 BP
VGI-89- 106/60
Tabl. 3 - Datations radiocarbone des villages rubané et blicquien de Vaux-et-Borset.
Bulletin de la Société Préhistorique Française
Nature de l'échantillon
charbon de bois
coquilles de noisettes
coquilles de noisettes
coquilles de noisettes
charbon de bois
charbon de bois
charbon de bois
charbon de bois
et coquilles de noisettes
charbon de bois
(grosse taille)
charbon de bois
triticum dicoccum
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
les vestiges de toute la panoplie des activités domesti
ques
sédentaires ;
- les télescopages des produits des deux cultures dans
les structures à contenu détritique voisines paraissent
faibles. Le point fondamental est que la position
stratigraphique de ces éléments intrusifs montre des
récurrences significatives. En effet, les artefacts
rubanés sont intimement mêlés au remblai des fosses
blicquiennes, alors que les vestiges blicquiens intrus
sont limités aux comblements terminaux des structu
res
rubanées concernées. Ce phénomène est vérifié
sur les autres sites sur lesquels les deux cultures se
sont installées, en Hesbaye comme en Hainaut.
Quelles que soient les interprétations que l'on puisse
proposer pour ces déplacements, il a été prouvé qu'à
Vaux, les Blicquiens ont réutilisé des pièces lithiques
typiquement rubanées dans le cadre d'activités exclu
sivement
blicquiennes, liées à l'artisanat du schiste.
Ce fait ne peut s'expliquer que dans le cas où les
Blicquiens ont récupéré des vestiges rubanés dans les
ruines du village mitoyen abandonné. Même si cette
interprétation ne s'applique actuellement qu'à une
petite série d'individus, nous envisageons l'extension
significative de cet ensemble (Caspar, BurnezLanotte et Rots : recherches en cours) ;
- la caractérisation techno-fonctionnelle des industries
lithiques rubanée et blicquienne du site a pu montrer
des dissemblances très pertinentes, tant en ce qui con
cerne la gestion des matières premières, que du point
de vue des outillages et des comportements qui s'y
impliquent, à tel point qu'on ne peut envisager une
coexistence de leurs auteurs (Caspar et BurnezLanotte, 1994).
Dans la limite des données actuelles et au vu des acquis
des fouilles de Vaux, l'hypothèse d'interprétation la
plus vraisemblable reste, pour nous, celle de la néolithisation primaire de la Hesbaye par le Rubané, auquel
succède le Blicquien. Cette proposition ouvre une pro
blématique
large qui concerne la compréhension des
processus de continuité et de changements dans
71
pace et dans le temps des deux cultures, à travers les
témoins de leurs installations, leur architecture, leur
économie, leurs choix technologiques dans la fabrica
tion
des artefacts et les conditions de leurs utilisations
dans le cadre d'activités de production et de consommat
ion
spécifiques. Mieux cerner ces questions d'identité
culturelle constitue le cadre de nos recherches à Vaux.
Ces dernières se poursuivent sur le terrain avec l'exten
sion
des fouilles des deux villages (J-P. Caspar, en co
l aboration
avec le Cercle archéologique HesbayeCondroz), et en laboratoire, en liaison avec un large
programme d'expérimentation (Katholieke Universiteit
te Leuven, Préhistosite de Ramioul, Facultés Univ
ersitaires
de Namur, UMR 7041 du CNRS et Cher
cheurs de la Wallonie) portant sur la caractérisation des
modes de fabrication des supports et des dispositifs
d'usages des industries.
Nous voudrions enfin souligner à nouveau combien le
débat sur les origines chrono-culturelles du Néolithique
en Belgique ne constitue pas une simple opposition
entre deux hypothèses, mais qu'il découle de deux con
ceptions
historiques fondamentalement opposées. En
effet, les uns surestiment le rôle exclusif des datations
radiométriques dans l'établissement des chronologies
et se fondent sur cet argument pour nier la valeur des
raisonnements basés sur des évidences archéologiques,
se donnant ainsi toute liberté pour des hypothèses
diverses. Les autres, dans une tradition de l'archéologie
européenne éprouvée, font appel avant tout au terrain,
à la stratigraphie, à la typologie comparée et à l'analyse
d'associations de caractères et d'objets, pour établir des
chronologies qui, bien que relatives, n'en sont pas
moins adaptées aux données. Les datations radiométri
ques
sont alors envisagées dans un second temps et
critiquées à la lumière des acquis du raisonnement, en
tenant compte du fait que, du point de vue de leur durée,
l'ordre de grandeur des faits archéologiques concernés
est bien inférieur au degré de précision chronologique
de la méthode de datation au I4C. On ne peut confondre
(Démoule, 1995) incertitude de la mesure radiométrique avec phénomène historique.
■
NOTES
:
:
;
( 1 ) Cet article est la IV et dernière partie d'une série consacrée aux fouilles
de Vaux-et-Borsct (Hesbaye liégeoise) dans la revue Helinium en 1993 et
1994 sous la signature collective de J.-P. Caspar, С. Constantin, A. Hauzeur,
L. Burnez-Lanotte (Burnez-Lanottc, Caspar et Constantin, i 993 Hauzeur
et Constantin, 1993 ; Caspar et Burnez-Lanotte, 1994). Cette revue a cepen
dantcessé d'exister avant que ne puisse être publié le présent article. Nous
remercions sincèrement la Société Préhistorique Française d'accueillir dans
son bulletin cet article de conclusion. Les trois premières parties peuvent
être résumées de la manière suivante.
L'introduction (Burnez-Lanotte, Caspar et Constantin, 1993) présente la
problématique qui est à l'origine des recherches entreprises à
Vaux-et-Borset celle des rapports chronoculturels entre Rubané et groupe
de Blicquy en Hesbaye et en Hainaut (Belgique) liée à celle de la néolithisation de ces régions. S'y ajoute une présentation générale du site et des deux
villages rubané et blicquien à l'issu des campagnes de touilles de 1989 et
1990.
La partie II (Hauzeur et Constantin, 1993) concerne l'analyse et l'interpréta
tion
du corpus céramique du village blicquien de Vaux ("Gibour" et "À la
Croix Marie Jeanne") correspondant à un ensemble de 558 vases. Sont étu
diés successivement les techniques de fabrication, les types morphologiq
ues,
les moyens de préhension, le système décoratif et les corrélations entre
les catégories morphologiques et les types de décor. Cette étude démontre
Bulletin de lu Société Préhistorique Française
l'homologie des caractéristiques des céramiques blicquiennes de
Hesbaye et du Hainaut. Ce corpus est attribué à la deuxième étape de la
chronologie céramique blicquienne établie par Constantin en Hainaut.
Il se singularise néanmoins par la diminution du nombre de vases décorés
(en particulier des décors en "arête de poisson") et, corrélativement, par
l'augmentation des vases non décorés.
La partie III (Caspar et Burnez-Lanotte, 1994) étudie le matériel lithique
blicquien. Le matériel en silex correspond à un corpus de 32 677 pièces,
analysé du point de vue de la matière première (caractéristiques de l'a
p rovis on ement),
des méthodes de taille, de la caractérisation des pro
duits débités ou exploités (éclats, blocs, débris, lames), des modes de
gestion du débitage, du décompte typologique et de la description détail
léedes différentes catégories d'outils et, enfin, une première approche
fonctionnelle et des modes d'emmanchement de quelques outils (analyse
macroscopique et microscopique) est proposée. Pour la première fois,
on démontre par une analyse fonctionnelle (microscopique) un phé
nomène de récupération et de réemploi d'armatures lithiques d'une cul
ture (rubanée) par l'autre (blicquienne). Le corpus en silex de Vaux est
comparé à ceux du groupe de Blicquy en Hainaut et du Villeneuve-SaintGermain en Bassin parisien ainsi qu'au Rubané récent du Nord-Ouest
en Belgique (modes d'approvisionnement, de débitage, choix technologi
ques,
fréquence des classes d'outils et caractères fonctionnels). Toutes
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
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ces analyses convergent pour appuyer l'hypothèse de la diachronie entre
groupe de Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain et Rubané récent. Pour ce
qui est du matériel en schiste, il comprend 1 444 pièces parmi lesquelles
147 anneaux, 3 bagues et tous les éléments correspondant aux différentes
étapes de la fabrication des anneaux. L'analyse détaillée reconstitue pour
la première fois les différents procédés utilisés pour le façonnage des
anneaux en schiste (mise en forme des palets, modes de perçage et de
finition) et une première approche de la panoplie des outils utilisés. En
outre, trois groupes d'outils en schiste sont identifiés. Enfin, on décompte
précisément le corpus du matériel en grès (brut et outillage), les galets
et une série d'objets en pierre (oligiste oolithique, marcassite et phtanite,
amphibolite, lignite).
(2) Réalisées de 1989 à 1990 grâce à la collaboration de J.-P. Caspar
(Katholieke Universiteit te Leuven-Bclgique), С Constantin (UMR 7041
du CNRS), A. Hauzeur (Institut royal des Sciences naturelles de Bel
gique), L. Burnez-Lanotte (Facultés Universitaires Notre-Dame de la
Paix-Namur-Belgique et UMR 7041 du CNRS), С Louboutin (Musée
des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye), I. Sidéra (UMR
7041 du CNRS), F. Tromme (Cercle archéologique des Chercheurs de
la Wallonie), J. Docquicr, E. Delye, N. Rochus et R. Bit (Cercle archéolo
giqueHesbaye-Condroz). Les fouilles de 1990 à 1999 ont été menées
par J.-P. Caspar (Katholieke Universiteit te Leuven-Belgique) et le Cercle
archéologique Hesbaye-Condroz.
(3) Rubané récent du Bassin parisien.
(4) Villeneuve-Saint-Germain.
(5) RRNO Rubané récent du Nord-Ouest
(6) Auxquels il faut rajouter 1 100 m2 en 1993 (Caspar et ai, 1994), dont
les résultats ne sont pas ici pris en compte, ce qui porte la surface explo
réedes deux villages en 1995 à 16230 m2 : 9550 m2 pour le Blicquien
et 6680 m2 pour le Rubané.
(7) Dans une première enumeration de ces pièces (Caspar et BurnezLanotte, 1998, p. 233), une erreur dactylographique s'est glissée la
structure VGI-89-89 n'appartient pas à cette série. Quant au fragment
de grattoir henninette en SFH blicquien issu de la structure VGI-90-25,
il provient du recoupement entre un fossé de l'Âge du Fer et une unité
domestique rubanée. Jusqu'à preuve du contraire, on considère qu'il
appartenait à l'ensemble rubané perturbé par le fossé VGI-90-25 plus
récent. Cependant, nous écartons cet artefact par prudence, du fait que
ces structures se situent en limite de fouille, et que l'on ne peut exclure
totalement l'existence de structures blicquiennes également recoupées
par le fossé VGI-90-25, dans le seeleur non encore exploré (même si les
secteurs fouillés qui l'encadrent n'ont livré aucune structure blicquienne).
(8) L'origine bartonienne de ce silex reste très hypothétique.
(9) La présence de silex de Hesbaye (Cahen et Docquicr, 1985) - si
l'identification lithologique est correcte - perd toute sa valeur après la
découverte d'habitats blicquiens en Hesbaye qui peuvent être à l'origine
d'échanges interrégionaux.
(10) II n'a pas été possible de l'évaluer pour les fosses 5 et 6, étant donné
les conditions de fouille lors du premier sauvetage de 1973.
(11) Silex grenu de Hesbaye, gris clair à foncé, jaune, beige ou brun
marron.
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:
74
Laurence BURNEZ-LANOTTE
Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix,
Namur et UMR 7041 "Protohistoire européenne",
CNRS, 13 rue de l'Arsenal, B-5000 Namur, Belgique
Jean-Paul CASPAR
Laboratorium voor Prehistorie
Katholieke Universiteit te Leuven
16 bis Redingenstraat, B-3000 Leuven, Belgique
Claude CONSTANTIN
UMR 7041 "Protohistoire européenne "CNRS
Maison de l'archéologie et de l'ethnologie
21, allée de l'Université, F-92023 Nan terre cédex
ANNEXE 1 :
La faune du village blicquien de Vaux-et-Borset
LAMIS HACHEM
Les traces de consommation carnée néolithiques sont
rares en Belgique, et la destruction naturelle des osse
ments dans la zone loessique explique en majeure partie
cette carence. On ne peut que regretter cette situation
alors que, récemment, les connaissances sur l'élevage
et la chasse ont fortement progressé dans d'autres
régions d'Europe, en particulier en Alsace (Arbogast,
Bulletin de la Société Préhistorique Française
1994) et dans le Bassin parisien (Hachem, 1995 ; Tresset, 1996). L'on se plaît alors à imaginer la richesse
d'informations archéozoologiques que pourraient four
nirles sites du Hainaut et de Hesbaye, et les comparai
sons
fructueuses qu'elles engendreraient au vu de
l'abondance des autres types de matériaux recueillis à
la fouille.
2001, tome 98, n°l, p. 53-76
Rapports chronologiques et culturels entre Rubané et Groupe de Blicquy à Vaux-et-Borset (Hesbaye, Belgique)
Structure 1 5
Structure 18
VAUX-ET-BORSET
"A LA CROIX MARIE-JEANNE" (1990)
Structure
:
Structure
Structure
Structure
Structure
Structure
Structure
Structure
:
VAUX-ET-BORSET"GIBOUR" (1990)
Structure 2:
- 12 fragments de dents de bovidé
2 mandibules de bœuf
1 maxillaire de bœuf
1 carpe de bœuf
1 distal d'astragale de bovidé
1 scapula de bœuf
1 corps de vertèbre de bovidé
1 dent de caprine
1 mandibule de caprine
1 distal épiphysé de radius de porc
1 phalange 3 entière epiphysée de sanglier
1 carpe de suidé
2 fragments de scapula de très jeune suidé
1 diaphyse d'ulna de très jeune suidé
1 diaphyse d'humérus de suidé
1 proximal de métapode de suidé
5 fragments de bois de cerf
- 224 restes indéterminés
Structure 3
- 1 8 fragments de dents de bovidé
1 maxillaire de bœuf
1 carpe de bœuf
1 phalange I entière epiphysée de bœuf
1 côte de bovidé
Bulletin de la Société Préhistorique Française
Structure
Structure
Structure
Structure
ESPECES
NR
Bovines (Bos sp.)
1
Suidés (Sus sp.)
Caprines (Ovis aries, Capra hircus)
NR DÉTERMINÉS
3
NR INDÉTERMINÉS
106
NR TOTAL
109
4
1 dent de bovidé
4 restes indéterminés
5
90 restes indéterminés
6
7 restes indéterminés
7:
1 diaphyse de fémur de suidé
1 dent de caprine
5 restes indéterminés
:
LISTE DES ESPÈCES DE VAUX-ET-BORSE
"GIBOUR" (1989 +1990)
ESPÈCES
NR
Bœuf (Bos taurus)
9
Bovines (Bos sp.)
40
Porc (Sus domesticus)
3
Sanglier (Sus scrofa)
1
Suidés (Sus sp.)
8
Caprines (Ovis aries, Capra hircus)
3
Bois de cerf
5
NR DÉTERMINÉS
69
NR INDÉTERMINÉS
540
NR TOTAL
609
VAUX-ET-BORSET"GIBOUR" (1989)
1
3 fragments de dents de bovidé
- 28 restes indéterminés
2
1 reste indéterminé
1 tibia distal épiphysé de porc
3
- 14 restes indéterminés
56
2 restes indéterminés
82
1 diaphy se ď ulna de bovidé
6 restes indéterminés
43
restes indéterminés
89
102
1 fragment de dent de bovidé
1 mandibule de bœuf
1 phalange I entière epiphysée de porc
- 138 restes indéterminés
103
- 15 restes indéterminés
1 fragment crâne (orbite) de bovidé
1 côte de caprine
1 dent de suidé
- 62 restes indéterminés
1 dent de bœuf
1 vertèbre cervicale de suidé
4 restes indéterminés
3 restes indéterminés
: :
Les quelques témoignages qui subsistent sur la faune
en Belgique sont donc précieux. En ce qui concerne le
Rubané, on peut faire référence au site de la "Place St
Lambert" à Liège (Cordy et Stassart, 1984) qui a livré
le plus d'ossements et dans une moindre mesure aux
sites de Blicquy (Hachem, 1991) et d'Awans (Hachem,
inédit). Quant à la faune datée du groupe de Blicquy,
l'échantillon de Vaux-et-Borset présenté ici est à notre
connaissance le seul existant pour le moment.
Le matériel osseux recueilli dans les fosses blicquiennes de Vaux-et-Borset " Gibour " et " À la Croix MarieJeanne" concerne les campagnes de fouille de 1989 et
1990 et se compose de la manière suivante :
75
Le matériel osseux est uniquement composé de rejets
calcinés, seule l'action du feu ayant pu permettre d'en
diguer l'action corrosive du sédiment loessique. Cet état
de fait induit que les données présentées ne reflètent
qu'une réalité déformée de la consommation initiale du
groupe humain. En effet, une première sélection est
inhérente au rejet partiel d'ossements à l'intérieur d'un
foyer. Une seconde modification est due à la combust
ion
totale d'une partie de cet ensemble. Enfin, l'érosion
différentielle intervient comme troisième facteur de per
turbation
de l'échantillon.
Malgré ces obstacles, les grands traits de la composition
de la faune peuvent être donnés.
Les restes éclatés sous l'action de la combustion sont
de taille extrêmement réduite (il s'agit principalement
d'esquilles de 1 cm), par conséquent les restes déterminables sont en nombre très restreint (10 %).
Par ordre d'importance, on dénombre en majorité des
restes de bovins, de suidés, puis de caprines. Bien que
l'on puisse difficilement distinguer les formes domesti
ques
des sauvages en raison de la mauvaise qualité de
l'échantillon, il est fort probable que la plupart de ces
ossements proviennent d'animaux domestiques. Seul
un reste de sanglier atteste de la présence de gibier dans
l'alimentation, les fragments de bois de cerf ne permett
ant
pas de conclure à l'abattage d'un cervidé (il peut
s'agir de bois de chute).
Ces minces indications vont dans le sens de ce que l'on
observe dans la faune du groupe contemporain de Vill
eneuve-Saint-Germain
dans le Bassin parisien, à savoir
une majorité de restes de bovins et des suidés en quant
itéplus importante que les caprines. Il reste bien
entendu à étayer cette première approche de la faune
du groupe de Blicquy avec de futurs échantillons, si
possible plus étoffés.
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76
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Laurence BURNEZ-LANOTTE, Jean-Paul CASPAR et Claude CONSTANTIN
:
:
:
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Maison de l'archéologie et de l'ethnologie
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Bulletin de la Société Préhistorique Française
2001, tome 98, n° 1, p. 53-76