La grande et la petite Marianne au fil du temps…
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La grande et la petite Marianne au fil du temps…
1 La grande et la petite Marianne au fil du temps… L’éternel symbole de notre vive et immortelle République Française, telle une généreuse insurgée révolutionnaire au bonnet phrygien, celui des Grognards de l’an II, celui des Communards des hauts de Belleville, celui des superbes Poilus montant en ligne, celui de Jean Moulin monté en Panthéon mais surtout celui du pauvret Gavroche tombant sous les balles des Marseillais…Se présente telle cette éminente patriote largement dépoitraillée mais emmenant ses mugissants bataillons vers le Triomphe de la Victoire accomplie ; un étendant sanglant d’effroi à la main mais bravant la mort pour que vive à jamais, fusse au prix de la mort, notre pleine Liberté chérie de toujours. Sa présence orne à jamais le flanc droit de l’Arc de Triomphe, celui du Souvenir, du Respect et de la fulminante Vénération de nos sacrales valeurs se traduisant par ce triptyque hautement républicain : « Liberté – Egalité - Fraternité ». Tant de fois, cet allégorique et prestigieux personnage décora nos bons vieux billets de banque en francs de l’époque révolue au fil des Républiques glissantes. Dans le cours des siècles qui passent si inexorablement, par sa glorieuse Grâce et sa généreuse Bonté associées à sa chérissable Fécondité, par sa symbolique présence, elle irradie les mairies, toutes nos maisons communes en nos contrées, paysages et terroirs Français. 2 Le visiteur de l’hôtel de ville de Beaumont en Valentinois peut découvrir la toute nouvelle et rutilante salle des délibérations du conseil municipal, installée au deuxième étage de la respectable et réhabilitée bâtisse. C’est une noble, distinguée et officielle enceinte dans laquelle sont communément célébrés les mariages, cérémonieuses et républicaines solennités tellement valorisantes pour celles et ceux devant cosigner un acte authentique aussi important dans leur existence devenue dès lors partagée et maritale. Sur le plateau d’une commode d’un style propre à l’ancienne royauté et récemment acquise par notre collectivité, discrètement installées juste derrière les sièges directoriaux de la municipalité aux affaires, se trouvent deux remarquables Mariannes : L’une grande et haute de dimension et l’autre de plus restreinte présentation, mais toutes deux ceintes de leur indissociable écharpe tricolore. Ces deux symboles possèdent hardiment et en propre une histoire dont il vous est conté ici une partie, peut-être limitée dans le temps, de leur vécu certes matériel mais représentant un grand intérêt mémoriel. Elles se trouvent indissolublement attachées à l’âme même de notre charmante bourgade de caractère et d’autre part, se placent comme en filigrane des souvenirs impérissables et émus que votre serviteur anime envers son village adoptif, devenu pour lui tellement cher et précieux à la fois. La grande Marianne, un buste de jeune femme fière et déterminée, sereine et candide portant naturellement le bonnet des historiques et glorieuses circonstances guerrières ou révolutionnaires, se présente à celle ou celui qui la détaille du regard…Telle une œuvre moulée avec l’utilisation de cette matière blanche qu’est le plâtre ancestral et traditionnel. Cette présence objective à portée subjective décorait alors la petite et vieillotte salle du conseil municipal dans sa livrée telle que j’en pris connaissance, à partir des forsythias de l’année 1975. Lorsque la fugace Destinée des Hommes daigna me consentir l’honneur de me recevoir en qualité de nubile, inexpérimenté, mais très déterminé secrétaire de mairie de ce village d’alors : Cette obscure salle commune se trouvait située au faux rez-de-chaussée de cette ancienne mairie, au sein de laquelle tout un chacun pouvait accéder en ayant préalablement emprunté un escalier double donnant sur la place du Rasset. Une sorte d’inélégant et même inutile sas malodorant invitait les impétrants au mariage à pénétrer dans cette peuchère pièce fort exiguë, malaisée et inconfortable…Mais aussi dont la senteur de l’atmosphère proposait à la fois ses variations ajoutées de cire, de renfermé, de paperasses et de fumée de cigarettes, une odeur franchement curieuse attachée à ces vieux murs. S’y trouvait de façon proéminente, une vieille cheminée en marbre presque bourgeois dont certains éléments constitutifs brisés attestaient des vicissitudes que l’irrespectueuse patine et les brusqueries du temps leur avaient fait subir. La photographie officielle du Président de la République Valéry Giscard d’Estaing se trouvait accrochée juste en dessus de cet élément de chauffage, ancien pourvoyeur de chaleur, tombé en inévitable désuétude mais revêtant une destination à tout le moins décorative de ce lieu, un peu l’âme de la bourgade, le cœur de village. En face du jeune regard du président, sur une sorte de support en pierre noble, se trouvait installée en hauteur cette même Marianne d’origine bien plâtrière, acquise de fort longue date et dont je ne pas situer l’année de l’achat ni même les circonstances y ayant contribué. Telle une volonté du peuple affirmée, elle ornait les réunions, cérémonies et débats se tenant sur ou autour de la vénérable table en bois de chêne massif, laquelle se trouvait agrémentée de treize chaises en bois de la même essence. Ce sont toujours des sièges datant certainement de l’âge d’or de la Troisième République, l’époque de l’Entente Cordiale et de l’affaire Dreyfus. C’est toujours ce mobilier prestigieux et de grande valeur qui se trouve utilisé dans la salle de réunions Henri Noailhet jouxtant l’actuelle salle du conseil municipal Gérard Thiers. C’était alors le 3 Beaumont dont la strate de population la faisait compter treize conseillers municipaux en exercice. Une vaste, lourde et encombrante table dotée de son vert tapis enveloppant et par endroit troué de maladroites et inopportunes brûlures de cigarettes…Le tapis des salles officielles et même des jeux, celui de la réflexion, de l’analyse, du débat souvent de la discorde mais du bon sens au service de tous, celui veillant aux intérêts collectifs de notre collectivité en mouvement. Tant au cours de ces séances de travail et en présence d’un rare public toujours occasionnel mais jamais fidèle, il m’était si souvent demandé d’aller quérir quelque document nécessaire à l’analyse du moment des élus interrogateurs. J’en prenais possession au secrétariat situé juste en face de la salle des délibérations et des mariages et le confiait à l’analyse collective. Cette Marianne aussi muette et immuable vit passer tant de jeunes mariés écoutant respectueusement l’énoncé de la part de Messieurs Venant, André, Henri et Yvan, la municipalité d’alors, les articles concernés du Code Civil. Il leur appartenait de dignement le respecter et de garder ses recommandations en mémoire, dans le cadre d’une vie conjugale à accomplir, c’est à dire citoyenne et républicaine à la fois. Pourtant était alors vite venu le temps pour la collégialité municipale, de transporter cette éminente enceinte au premier étage de l’édifice devenu libéré par un occupant. Ce fut l’utilisation d’une salle plus vaste toujours au même mobilier mais étendu par l’effet réglementaire lié à l’augmentation de la population de la commune voyant le nombre de ses conseillers municipaux s’accroître et révéler dix-sept membres. Pendant que la même immobile Marianne, comme de marbre et toujours à la même écharpe tricolore avait été installée toujours à l’aplomb du siège du maire, en suspension au dessus de son autorité en premier magistrat de la commune. C’était un support qui avait occasionné tant de difficile besogne à l’artisan qui avait réalisé ces travaux, toujours en présence frontale avec la photographie du même président. C’était une salle proprette dotée d’un plancher et enjolivée par des tapisseries en tissus de la jolie couleur tilleul, dont les nuances presque sédatives se mariaient avec bonheur à la tonalité chromatique des hauts rideaux dont naturellement, le tissu avait été acheté à petit prix aux établissements Breynat. En séance de travail délibératoire, les élus d’alors devaient écouter en s’égrenant inlassablement l’immuable comptée des heures souvent tardives, lourdement plombées à l’horloge du beffroi si proche…Mais autant de responsables communaux veillant à la bonne gestion des affaires municipales requerrant une attention continuelle mais aussi de se coucher si tard pour l’intérêt collectif. En son temps innovant, une situation de la salle du conseil municipal ayant changé de positionnement dans les années qui suivirent, pour prendre possession de l’espace jusqu’alors occupé par la bibliothèque municipale, installée elle-même dans ses fonds baptismaux. Ce lieu de lecture et de culture à la fois, à cette époque, devant se déplacer en rezde-chaussée dans un bâtiment, propriété de la paroisse située en la rue de l’Evêché. Alors, cette salle du conseil municipal commença à revêtir une forme moderne et adaptées aux exigences contemporaines : Un mobilier plus fonctionnel se fit jour avec des sièges plus confortables et même ergonomiques. Pendant que cette ancestrale table servait toujours, utilisée par la respectueuse municipalité conservant précieusement ce patrimoine légué par les disparus aïeux. Alors, cette même Marianne traversant les décennies, se trouva installée sur un modeste mobilier, juste à côté d’un buste du Général de Gaulle. Celui tant de fois transporté sur le lieu du souvenir de l’Appel du 18 juin, une cérémonie toutes les années célébrées à l’entour de la stèle de la mémoire disposée au cœur de l’espace Charles de Gaulle. Tout compte fait, une Marianne s’accommodant fort bien de la proximité de cette éminent personnage de la République Française mais dont l’usage local et, à titre anecdotique, voulait alors et tout bonnement que…Un conseiller municipal en exercice utilise ce chef du Général comme support original et utile de son chapeau. Un clin d’œil à l’histoire ne perturbant pas pour autant l’inébranlable mobilité de notre Marianne toujours sereine et impassible. A tant d’occasions, elle 4 avait, de façon bien distraite et même inintéressante, entendu autant d’explications pourtant batailleuses, animées, guerroyeuses, passionnées, querelleuses, enflammées, discursives mais tellement démocratiques à la fois. A l’occasion de réunions du conseil municipal dont certains ordres du jour se trouvaient si ternes et sans intérêts avérés… Mais dans la continuité de bien d’autres si incidents de l’avenir de notre village tout entier. Parce que voilà venu le temps de l’aménagement du nouvel et définitif hôtel de ville, dans sa conception et sa réalisation actuelles…Une vaste et très fonctionnelle salle en soupentes joliment mise en valeur et décorées de jolies aquarelles de Marimon avec des toiles modernes de peintres villageois. Elle dispose d’un tout nouveau mobilier plus moderne et très adapté avec un nombre de conseillers municipaux ayant accédé au nombre de vingt-sept. Le reflet d’une évolution permanente de la démographie galopante propre à notre commune suburbaine. Alors, dans la durée, cette bonne Marianne se trouve aujourd’hui assistée par la présence attendrie comme d’une petite sœur, sa sœur cadette. Deux ennuyeuses solitudes créant une agréable petite communauté phrygienne. En effet, l’accomplissement des travaux intérieurs avait permis que la salle des mariages, dans son opérationnalité voulue permanente soit nécessairement transférée, de façon provisoire, à la salle municipale Veyrane. Il s’avérait alors évident, au regard des célébrants, qu’il importait de transférer aussi ce symbole de la République dans ces lieux transitoires et…Comme un outil destiné à être présent sur la table sur laquelle étaient déposés les actes de mariages à signer par les parties et leurs témoins respectifs. Cette Marianne historique se révélant à la fois trop volumineuse, encombrante et lourde mais surtout fragile et vulnérable à tout moment, à préserver de mille soins attentifs…Il fut décidé de se doter à cette occasion d’une Marianne substitutive plus légère, manipulable et commode, tout en assurant la même utilité mais plus facile à transporter, en même temps que le rituel matériel associé aux formalités officielles. C’est la raison pour laquelle et depuis que se sont célébrés les mariages à la salle Veyrane, à l’occasion des nouveaux mariages survenant dans la salle du conseil municipal…Se trouve présente sur la table cérémoniale, cette petite Marianne, une sorte de nouvelle génération s’inscrivant dans le cours du temps qui passe. Elle s’offre à la vue de tous, certes plus élégante, sobre, gracieuse et aux traits si fins et même jolis…Superbe et distinguée égérie des temps nouveaux…Pendant que, telle sa soeur aînée, celle qui a vraisemblablement vu se succéder les Républiques de nos pères, puis la nôtre et certainement, connaîtra celles de nos enfants, petits-enfants et descendants futurs…Elles deux et dans leur destinée humaine respective mais si partagée, Libres, Egales et Fraternelles, constitueront un héritage éminemment transmissible…En terme de chérissable patrimoine si précieux et même sacré, au regard des mémoires villageoises reconnaissantes, respectueuses et hautement déférentes…Ce que allégorise de si éloquente façon… La grande et la petite Marianne au fil du temps… Jean d’Orfeuille