Table ronde ``Recycler les matières organiques de Montréal
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Table ronde ``Recycler les matières organiques de Montréal
Table ronde ''Recycler les matières organiques de Montréal : comment s'y prendre ?'' QUESTIONS / RÉPONSES Volet 1 : Le projet montréalais de recyclage des MRO Les questions sont répondues par Monsieur Éric Blain de la Ville de Montréal 1-Quelle quantité de matières résiduelles organiques (MRO) est générée annuellement sur l’Île (RV-RA confondus)? Sur l’île de Montréal, les 600 000 unités d’occupations de 8 logements et moins produisent environ 270 000 tonnes de MRO annuellement. 2-Quelle quantité de MRO est éliminée annuellement (nombre de camions) et où ces matières sont transportées? (LES et distance) En 2012, 230 000 tonnes de MRO ont été éliminées c’est-à-dire envoyées dans les dépotoirs de Lachenaie, Ste-Sophie et St-Thomas. La collecte porte-à-porte des MRO demande environ 25 000 camions annuellement. Ensuite, les MRO transitent par des sites de transbordement (en périphérie proche de Montréal) et vont vers des sites d’enfouissement dans environ 9 000 camions. 3-Quelle quantité de MRO est recyclée annuellement et quelle quantité le sera une fois le projet de la Ville réalisé à 100 %? En 2012, 39 000 tonnes de MRO ont été récupérées (environ 12 %). Ces 39 000 tonnes comprennent : 21 000 t de résidus verts 3 000 t de résidus alimentaires 8 000 t de résidus mélangés (verts et alimentaires). L’autre 7 000 t est traité en amont, c’est-à-dire par les citoyens (compost domestique). Une fois le projet à terme, on devrait être en mesure de composter 219 000 t c’est-à-dire 81% des MRO produites sur l’île. 15 000 t de résidus verts seront ajoutées en amendement = 234 000 t soit 84 %. 4-Dans le projet de Montréal, il y a deux différents types de collectes : RV et RA mélangés dans l’ouest de l’Île et des RV et RA séparés dans le reste des secteurs. Voudriez-vous nous rappeler quelles sont les raisons techniques qui expliquent ce choix? Deux types de collectes sont prévues sur l’ile de Montréal à cause des différentes caractéristiques du gisement. L’ile est séparée en deux : Est et Ouest. Le secteur Ouest est caractérisé par des résidences unifamiliales et par de plus nombreux d’espaces verts. Donc plus de résidus verts. Les résidus verts et alimentaires seront ainsi collectés ensemble et traités dans le secteur ouest par compostage. Le secteur Est est plus densément bâti donc plus de résidus alimentaires que de résidus verts. Il n’y a pas assez de résidus verts pour faire du compostage. Les différentes matières seront traitées séparément. 5-Dans le projet de Montréal, il est prévu que certains résidus verts soient envoyés à l’extérieur de la Ville. Quelle quantité sera envoyée à l’extérieur de l’île? Pourquoi ces résidus seront envoyés à l’extérieur de l’ile? Où seront-ils envoyés? Savez-vous à quoi ils serviront? On parle du traitement des résidus verts (56 000 t annuellement) qui font l’objet de pointes saisonnières avec de gros volumes (feuilles d’automne, ménage du printemps du jardin). Ce n’est pas rationnel de construire des infrastructures sur l’île pour traiter des résidus en période de pointe et ainsi d’avoir des infrastructures qui ne fonctionnent pas à plein régime durant le reste de l’année. Ça devient plus logique de les envoyer à l’extérieur de l’île où ces matières seront traitées par compostage en andains. Les sites qui seront utilisés ne sont pas encore déterminés. Actuellement, le 12 % des MRO collectées sont traités par compostage. Les résidus alimentaires collectés dans l’Est s’en vont à Berthier, les résidus mélangés de l’Ouest à Lachute, les résidus verts s’en vont à Sherbrooke, les feuilles mortes de l’agglomération sont traitées par compostage en andains retournés au Complexe environnemental St-Michel depuis 1996. Le compost nous revient et la quasi-totalité est utilisée par Montréal ou redistribuée aux citoyens. Chaque année, on distribue entre 1 500 et 2 000 t aux citoyens et on se sert du compost produit pour faire le recouvrement final du site du CESM. On serait capable d’en prendre facilement deux fois plus pour l’aménagement du CESM. Montréal voudrait maximiser l’utilisation du compost produit avec les matières de Montréal. 6- Rappelez-nous pourquoi nous avons choisi de faire de la biométhanisation? Montréal a fait le choix de la biométhanisation pour traiter les résidus du secteur Est à cause des caractéristiques du gisement. (Pas assez de résidus verts en proportion). La biométhansisation est un processus efficace, compact et qui contrôle bien les nuisances. Ça se passe à l’intérieur d’un réservoir. Le procédé humide a été choisi parce que c’est le meilleur pour enlever les contaminants et que l’on veut produire un compost normé BNQ de catégorie A, c’est-à-dre disponible pour tous les usages. Traiter ces résidus par compostage ne fonctionnerait pas parce que cela nécessiterait des amendements en résidus verts. Les technologies choisies sont éprouvées. Les technologies sont déjà en place et fonctionnent ailleurs, comme à Toronto. Le gaz produit (en pleine capacité) représenterait le ¼ du gaz naturel acheté annuellement par la Ville pour ses opérations. 7- Sur l’île de Montréal, pourquoi doit-on faire de la biométhanisation et ensuite du compostage? Le digestat n’est pas stable et comme on veut un produit sans contrainte d’usages, on utilise le procédé de compostage pour tuer les éléments pathogènes du digestat. On veut une filière éprouvée parce que Montréal construit ses installations pour les 20 prochaines années. Le compostage et les usages des extrants Les questions sont répondues par Monsieur Simon Naylor de Viridis, par Monsieur Éric Blain de la Ville de Montréal et par Monsieur Michel Laforest de Spiraltrans 8- Est-ce que le compostage produit à Montréal pourrait être épandu sur des terres agricoles? Si oui, dans approximativement quel périmètre pourrait être envoyé les matières compostées. Croyez-vous que les agriculteurs seraient intéressés à recevoir cette matière et la valoriser? NAYLOR : Il y a trois types de matières dont on parle : 1- du digestat fait avec des résidus alimentaires, 2- du compost fait avec des résidus verts et des résidus alimentaires et 3des boues municipales. Les usages sont légèrement différents. Si on récupérait les 600 000 t de MRO disponibles sur l’île (résidus verts, résidus alimentaires et boues municipales), on aurait besoin de 7 à 11 % des terres agricoles de la CMM pour recycler l’ensemble des MRO. Étude faite par Solinov pour le compte de la CMM. La question des quantités : sur l’île, on parle d’environ 600 000 tonnes annuellement toutes MRO confondues alors que pour le lisier et le fumier des animaux, on parle de 35 millions de tonnes annuellement. La capacité de réception des terres agricoles est immense. Les restes de table et de jardins font des digestats et des composts de qualité impeccables. Par contre on n’utilise pas les boues municipales pour les épandre sur des cultures pour la consommation humaine. Plein d’agriculteurs veulent le produit parce que c’est livré chez eux gratuitement. Ça permet des économies d’argent, mais aussi, ça évite l’usage de produits qui sont lourds de conséquences environnementales et sociales. En plus, contrairement aux engrais industriels, dans ces matières il y a de la matière organique. BLAIN : Ce que vous dites est encourageant M. Naylor. On n’aura pas de difficulté à utiliser tout le compost produit. L’objectif de Montréal est d’utiliser le maximum sur l’ile de Montréal. C’est une question de transport. On a fait faire une étude et la conclusion de celle-ci est que le potentiel d’utilisation sur l’île est plus grand que la génération. S’il y a des restes, ça pourrait éventuellement aller chez des agriculteurs. Par contre le digestat, qui est issu d’une collecte à trois voies de résidus de table, risque de comporter des contaminants et c’est une nouvelle filière que l’on ne connait pas. Alors Montréal, à cette étape-ci, privilégie une filière éprouvée et donc ne prévoit pas épandre directement le digestat sur les terres agricoles. 10-Connaissez-vous des villes comparables à Montréal où l’on utilise localement le compost issu du recyclage des RV + RA municipaux? NAYLOR : Je n’ai pas d’exemples transférables à vous donner, par contre je félicite Montréal et ses efforts de vouloir produire un produit que les gens voudront se réapproprier. Par contre, selon l’étude de SOLINOV, et par principe de sécurité, l’agriculture est souvent le débouché le plus facile car elle peut se permettre de prendre des digestats et des composts de moins grandes qualités. 11- Advenant le transport du digestat à l’extérieur de l’ile de Montréal. Serait-il encore nécessaire de le composter ou serait-il possible de l’utiliser tel quel? Et où? NAYLOR : Au niveau agronomique, le digestat est meilleur que le compost parce que tous les éléments minéraux sont hautement disponibles. Par contre, je suis aussi un peu dans l’inconnu et dans la précaution parce que je n’ai pas vu le digestat qui sortirait des infrastructures de Montréal. Peut-être comportera-t-il des morceaux de plastique ou de vitre ? Je n’ai pas de craintes concernant son odeur, sa texture ou encore la quantité produite. Par contre, j’ai l’espoir qu’à Montréal on puisse construire un processus qui permet d’enlever les contaminants. LAFOREST : Un des produits le moins bien côté d’un point de vue social sont les boues municipales. Le digestat de boues déshydratées en Allemagne est valorisé directement aux champs et on fait la même chose avec les résidus alimentaires. On a des filières qui permettent d’enlever les contaminants. Au Québec, on a un guide qui nous dicte les usages possibles pour la valorisation des matières fertilisantes produites. Donc ça va dépendre quelle stratégie on va vouloir prendre et quelle quantité on va laisser aux citoyens. Mais c’est tout à fait possible de valoriser directement les digestats qui de toute manière performent plus que les composts en matière de valorisation. BLAIN : Il faut être prudent quand l’on compare l’Europe avec l’Amérique à cause de l’apport de résidus verts qui changent la matière à biométhaniser et le digestat n’est plus produit seulement avec des résidus de table mais aussi avec des résidus verts. Le procédé de traitement est aussi différent. Toronto a fait le même choix que Montréal de composter le digestat et ils ont aussi un digestat qui comprend un peu de plastique. Volet 2 : Les exemples transférables Les questions sont répondues par Monsieur Michel Laforest de Spiraltrans Et par Monsieur Éric Blain de la Ville de Montréal 12- Connaissez-vous des villes comparables à Montréal où sont implantées des infrastructures de biométhanisation et de compostage? C’est-à-dire où sont traitées le même type de matières dans des quantités semblables et à proximité des résidences? Les avez-vous visitées? Si oui, savez-vous s’il y a eu des nuisances associées à différentes étapes de leur implantation ou à leurs opérations usuelles. (Odeur, bruits, rats ou autres parasites, etc). Si oui, quelle est la cause de ces nuisances et comment sont-elles traitées? LAFOREST : Je connais beaucoup d’installations dont celles du Sydeme à Morsbach en Moselle-Est. D’abord, comme on travaille avec de la matière organique issue de la collecte et qui risque parfois de comporter un peu de matières résiduelles, on ne sera pas dans une situation parfaite et il y aura toujours un peu de nuisances générées. À Morsbach, on traite 45 000 tonnes de résidus mélangés (résidus verts et résidus alimentaires) et les infrastructures sont à environ 150 m ou 200 m des résidences. Donc, ils ont dû porter une attention particulière à la question des nuisances. Ils ont ainsi confiné les endroits où l’on manipule la matière organique. Les endroits où la matière est traitée ne comportent pas de défi au niveau des odeurs, c’est durant la manipulation qu’il risque d’en avoir. Il faut donc porter une attention particulière à nos infrastructures d’exploitation. À Morsbach, ils ont fait des surfaces très facilement lavables et ils ont mis sous dépression les bâtiments où l’on reçoit des matières en vrac déjà en putréfaction. Un système de traitement d’air adéquat est aussi un élément clef de la gestion des odeurs. En Allemagne, ils ont un système de purification d’air aussi grand que l’infrastructure de compostage. Toujours à Morsbach, ils font de la digestion sèche, et le digestat est repassé en ajoutant des résidus verts pour faire un compost. Parfois ils ont des odeurs au niveau du digestat parce que pour le composter, ensuite on doit garder une certaine activité microbienne. Ils vont traiter les odeurs grâce à un bâtiment sous pression négative qui a un biofiltre. Aussi, les camions entrent dans un SAS pour décharger leur marchandise. En France, la législation oblige de composter les digestats. Alors qu’en Allemagne on utilise le digestat tel quel. Ils ont réussi à contrer la problématique des odeurs par des installations impressionnantes comme la plupart des nuisances proviennent de lacunes dans les méthodes d’exploitation inappropriées. Il existe une foule d’équipements et des méthodes éprouvées qui permettent de minimiser les nuisances. C’est une question de stratégie à mettre en place. BLAIN : La ville a aussi visité plusieurs centres pour s’assurer des résultats de ces exploitations. À Montréal, tout va se faire à l’intérieur. On a choisi les technologies les plus performantes au niveau des odeurs. On prévoit aussi installer des laveurs et des biofiltres pour laver et purifier l’air qui va sortir des infrastructures. On veut aussi installer des nez électroniques dans l’ensemble des installations afin de détecter en amont les problématiques d’odeurs et de réagir instantanément. Des travailleurs vont être sur place 24 h sur 24h. Volet 3 : Le permis social d’opérer Les questions sont répondues par Monsieur Cédric Bourgeois de Transfert, Environnement et Société 13-Quels sont les principaux facteurs sociaux de réussite pour les projets d’implantation d’usines de traitement des matières résiduelles organiques? BOURGEOIS : 4 principaux facteurs sont déterminants. L’attitude du promoteur, la participation des publics, la confiance envers le promoteur et la vision d’ensemble du projet de traitement des MRO. L’attitude du promoteur : C’est une façon de faire les choses, c’est un processus avant de parler des résultats. On doit faire la part entre ce qui est bon pour l’environnement et ce qui est bon pour le citoyen. Ce n’est pas parce que le projet est vert qu’il sera accepté par les citoyens des quartiers d’accueil. On doit rendre le projet acceptable et se poser la question comment on fait des gens de la communauté d’accueil des gagnants. Tant que l’on n’a pas répondu de manière satisfaisante à cette question (satisfaisante pour les citoyens), il y a un risque d’acceptabilité sociale. La participation des publics : Passer d’un mode passif à un mode actif, on doit susciter une large adhésion citoyenne. Le défi est encore plus grand aujourd’hui de susciter l’adhésion d’une large part de la population à l’implantation d’infrastructures de traitement des MRO en milieu urbain alors que ces gens-là n’ont pas participé à la définition du projet, à la définition du plan directeur, ni au programme, ni à la politique Québécoise. La confiance envers le promoteur : Au Québec, on a un très grand passif social avec lequel il faut vivre et en ce qui a trait à la question de la gestion des matières résiduelles (Fertival, comporect, Agricor, sont autant d’exemple de problèmes…). Il faut bâtir la relation de confiance entre le promoteur et les parties prenantes. Elle se bâtit graduellement, elle est fragile et précieuse. Pour cela, le promoteur doit écouter et entendre, s’engager et tenir ses promesses puis en bout de piste, il doit être en mesure de profiler socialement son projet aux besoins et attentes des communautés qui accueillent les infrastructures. Cela se fait par des mécanismes plus participatifs, plus collaboratifs que la consultation et l’information traditionnelle. La vision d’ensemble du projet : Voir le défi du recyclage des MRO dans son entièreté. Collecte, transport, traitement, valorisation. Il faut traiter avec les citoyens la raison d’être de ce projet-là. 14- Pouvez-vous nous faire part d’exemples transférables ou d’initiatives inspirantes au niveau social qui ont favorisé la réussite du projet? BOURGEOIS : De façon générale, de plus en plus de promoteurs sont prêt à s’engager, mais traditionnellement, le secteur de gestion des MR au Québec à toujours été frileux à aller de l’avant avec des pratiques socialement innovantes. Un exemple très loquace pour illustrer ce que l’on peut faire pour rendre acceptable un projet pour une collectivité est celui de l’incinérateur de Isseane en France. Ce projet permet de chauffer les logements de la communauté, un comité de sentinelles a été créé, un suivi en temps réel des émissions atmosphériques, le bâtiment est à moitié enfoui, un concours citoyens a été mis en place pour trouver le nom de l’infrastructure… Bref tous ces efforts ont permis de rendre acceptable ce projet. La MRC de la Haute-Yamaska a fait mettre en place une commission indépendante pour réviser le PGMR . Lac Mégantic a une collecte mur à mur (résidence, ICI, lieux publics) des matières organiques. La Ville de Levy a mis en ligne un site internet pour informer en direct sur les nuisances. A St-Luc de Vincenne, on a travaillé au niveau des communications d’une manière très proactive. A Varenne, le maire porte de dossier, il est le principal promoteur du dossier. Ils ont aussi développé une approche de relations publiques et de relations citoyennes axées sur les enfants. Il y a des bons exemples à suivre mais, il faut se prendre tôt. BLAIN : Des comités de suivis seront mis en place dans chacun des 4 secteurs où seront implantées les infrastructures. Volet 4 : Les boues municipales Les questions sont répondues par Monsieur Richard Fontaine de la Ville de Montréal et par Monsieur Simon Naylor de Viridis 15-Sur une base annuelle, combien de boues sont produites actuellement sur l’île de Montréal? Comment sont-elles traitées et valorisées? En 2013, la station d’épuration a produit 267 200 tonnes humides de boues déshydratées à 34 % de matières sèches, l’équivalent d’environ 30 semi-remorques de 25 tonnes par jour. Ces boues ont ensuite été incinérées pour produire 44 530 tonnes de cendres humides, soit 5 semi-remorques en moyenne par jour vers le lieu d’enfouissement technique de la station d’épuration. Une fois que les boues sont déshydratées à environ 30 % de matières sèches elles sont incinérées dans 4 incinérateurs et sont disposées au lieu d’enfouissement technique de la station d’épuration J.-R. Marcotte. Les cendres ne sont pas actuellement valorisées. Cependant, l’énergie dégagée par la combustion des gâteaux est revalorisée sous forme énergétique pour le chauffage des bâtiments et le refroidissement des pompes de la station de pompage. FONTAINE : Il y a quelques mythes à détruire. Ce que l’on produit sur une base quotidienne est de 800 tonnes métriques par jour de matière organique. Ces matières organiques là, il y a à peine 27 ans, étaient redirigées directement vers la Rivière-desPrairies ou le fleuve Saint-Laurent sans aucun traitement. De mon côté de la lorgnette, la question de l’épuration des eaux et de l’assainissement des cours d’eau ceinturant l’île est prioritaire. On produit 44 530 tonnes de cendres, et même si l’incinération ne fait pas l’objet d’un consensus, il y a tout de même quelques avantages associés. Cela permet de réduire de beaucoup les quantités et, une fois incinérée, il n’y a plus de pathogène dans la matière organique et elle est inerte. La grande majorité des cendres est incinérée et non valorisée de la manière que l’on l’entend aujourd’hui. Par contre, l’incinération permet la production de vapeur ce qui diminue la consommation d’électricité de l’équivalent 3 millions de $ sur une facture actuelle de 10 millions $. La première étape de création de l’énergie est fondamentale. Aussi on essaie de produire, avec une partie des boues, des granules et de les faire normer BNQ et ainsi de voir quels seraient les débouchés pour ces granules-là. Que ce soit au niveau de l’épandage, de l’intégration aux fertilisants ou aux combustibles. On a 6 ou 7 projets qui vont de l’avant. On a aussi des projets de revalorisation de la cendre parce qu’actuellement les cendres sont transportées vers la carrière Demix. Un lieu qui accueillera aussi une infrastructure de biométhanisation. On a un potentiel de stocker, de manière sécuritaire, les cendres à cet endroit pour encore environ 175 ans. Le projet c’est de pouvoir les stocker pour ensuite pouvoir les utiliser. On a déjà des projets pilotes pour voir les impacts de l’épandage de ces cendres sur les terres agricoles. Nos projets pilotes ont pour objectif d’étudier les différents impacts. L’épandage des boues municipales en grande quantité me préoccupe parce qu’elle soulève beaucoup de questions. Notamment parce que l’on efforce de traiter les bactéries, les virus et les substances émergentes qui sont présents dans les boues et qu’avec le temps, en épandant sur les terres agricoles et avec le ruissellement, est-ce que ces contaminants ne seront pas de retour dans les eaux ? 16- Avez-vous des projets futurs en ce qui concerne le traitement et la valorisation des boues municipales? FONTAINE : Intégrer la granule au fertilisant, intégrer les cendres dans les briques et les pavés, épandre de la cendre dans des cultures en utilisant des distances raisonnables. Pour cumuler et stocker les boues pour pouvoir les épandre, il nous faudrait plus d’un ou deux stades olympiques. Avant de procéder ainsi nous avons beaucoup de travail en amont. En ce moment, nous travaillons sur l’avenue qui nous semble la plus prometteuse, c’està-dire la valorisation des cendres. Il est possible d’envisager qu’une partie des boues soient biométhanisées, mais uniquement pour les besoins de la station. Il ne faut pas regarder seulement une seule solution. 17-Serait-il possible de les composter les boues municipales? Connaissez-vous des villes comparables à Montréal où l’on valorise les boues municipales et comment procèdentelles? NAYLOR : Si l’on a fait beaucoup de progrès sur l’épuration des eaux usées, il nous reste un bon bout à faire en ce qui concerne la valorisation des boues et à cet effet il y a plusieurs scénarios à envisager : soit on les transforme en compost, soit on les utilise comme manière fertilisante dans certains types d’agriculture non vouée à la consommation humaine. En France, 75 % des toutes les boues municipales sont recyclées dans l’agriculture, aux États-Unis 50 % sont recyclées. Au Québec, on est à 27 % et si on valorisait Montréal, on passerait à 70 % de valorisation. Je suis convaincu qu’il y aurait des agriculteurs pour prendre les boues. Il y a des métaux dans toutes les boues et celles de Montréal sont plus intéressantes au niveau des contaminants que les boues provenant des animaux. New York, L.A., Milwaukee, Paris, San Francisco, Ottawa, Toronto, Winnipeg, Calgary, Vancouver sont autant de villes qui recyclent toutes leurs boues municipales. FONTAINE : La législation européenne s’est resserrée parce qu’ils ont eu des mauvaises surprises, il faut donc penser en amont et être très prudents. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire, je dis qu’il faut le faire de manière contrôlée avec des normes. Dans une perspective environnementale, actuellement 3 camions sont nécessaires pour nos besoins en camionnage. CORALIE DENY : C’est un dossier complexe, parce que l’incinération créer aussi beaucoup de gaz à effet de serre. FONTAINE : Les 4 incinérateurs actuels arrivent en fin de vie utile dans les 10 prochaines années et on va les revoir et penser à des équipements plus performants. On a investi plus de 10 millions de dollars pour avoir un système de suivi des gaz à la sortie. Les systèmes actuels sont beaucoup plus performants qu’à leur origine. NAYLOR : Une étude faite par le Conseil canadien des ministres de l’environnement confirme que la méthode la plus « GES friendly » est l’épandage de ces matières sur les terres agricoles ou pour la restauration de sites miniers. Le bilan GES de ces usages, même si les boues doivent parcourir plusieurs centaines de KM, est nettement plus intéressant que celui de l’incinération.