De Volkskrant 16/10/2013 (Vincent Kouters) L
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De Volkskrant 16/10/2013 (Vincent Kouters) L
De Volkskrant 16/10/2013 (Vincent Kouters) L'engrenage de la violence à toute vitesse Une histoire familière racontée avec des accords de piano fracassants et des éclairages angoissants. Macbeth ne supporte pas le bruit. Le bruit qui l'entoure : les cris d'agonie de ses victimes. Mais surtout le bruit dans sa tête : les voix vénéneuses des sorcières qui lui prédisent un avenir doré. Telle est l'idée originale derrière MCBTH, une adaptation du Macbeth de Shakespeare en théâtre musical par le Toneelhuis d'Anvers et LOD de Gand. De la fosse d'orchestre montent des sons rudes dès que les sorcières se mettent à clamer la prochaine royauté de Macbeth. "Le bien est mal et le mal est bien" chantent-elles. Les textes (traduction d'Hugo Claus) sont projetés sur grand mur arrière en bois. C'est nécessaire car le piano tonitruant les rend quasi incompréhensibles. La question 'est pas ce que les mots signifient précisément mais la manière dont ils s'insinuent dans la tête de Macbeth. Qui après cette intro sombre et musicale demeure avec une imagination fourmillante. Ensuite l'histoire familière se déroule à toute allure. Comme le suggère déjà le titre sans voyelles, le metteur en scène Guy Cassiers a coupé des scènes mais on peut comprendre de quoi il retourne. On assiste donc très tôt au moment crucial où Lady Macbeth persuade son mari d'assassiner le roi en place afin d'accélérer la prophétie. L'engrenage de la violence est mis en branle. Tom Dewispelaere joue Macbeth et Katelijne Damen son épouse complice. C'est Breaking Bad en une heure et demi. Dewispelaere passe constamment du général belliqueux mais obéissant au monstre possédé. Damen joue le travail d'intrigue de sa lady avec un peu moins de subtilité mais ça s'accorde aussi aux tons âpres de cette production. En fait tous les acteurs de ce spectacle jouent des rôles secondaires. Il reste peu d'espace de jeu entre la composition crescendo de Dominique Pauwels et les projections en noir, blanc et rouge de Cassiers sur le mur en bois. Même les costumes consistent en des projections sur des costumes blancs. Tout devient encore plus étroit lorsqu'à chaque meurtre le mur glisse en avant et que la scène en bois est de plus en plus en ruines. Lorsqu'enfin les sorcières, incarnées par trois mezzos sopranos apparaissent à nouveau le bruit qui brouille les perceptions de Macbeth atteint un sommet. MCBTH offre un coup d'œil dans la tête troublée d'un despote. La cacophonie dans laquelle sombrent ce Macbeth est son épouse est assourdissante et impressionnante. L'antihéros n'a pas droit à une scène de mort. Il se transforme lentement mais sûrement en un fantôme. Dewispelaere est finalement à genoux, terrassé par des voix et des forces furieuses (mauvaises). Mais son hurlement demeure incompréhensible. Le mal s'est produit. Avant que les lumières ne s'éteignent nous avons encore une dernière vision de son angoisse, accentuée par la musique terrifiante et les éclairages. C'est précisément cette image-là qui demeure longtemps en mémoire.