Jeux vocaux et improvisation 21, 22 et 23 novembre 2007 PREAC

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Jeux vocaux et improvisation 21, 22 et 23 novembre 2007 PREAC
Jeux vocaux et improvisation
21, 22 et 23 novembre 2007
PREAC Voix
CRDP de Dijon
1. Mercredi 21 novembre
Gunnar Eriksson, un humaniste en musique
Intervenante : Géraldine Toutain
Le point de vue de Gunnar Eriksson dans l’introduction du film : « Faire de la musique
avec des gens pas toujours musiciens, avec des gestes simples et efficaces, rendant la
musique accessible aux chœurs et aux individus ». Géraldine Toutain alterne des
séquences du DVD avec des mises en pratique par l’ensemble du groupe.
DVD : intro et début du film
Exercice 1 : les appels
Le jeu : Le meneur donne deux notes différentes. Chacun choisit un des deux sons. Tout
le monde s’éparpille dans l’espace puis essaie de retrouver les yeux fermés ceux qui
chantent la même hauteur.
Variante(s) : On peut aussi avec un chœur d’adultes donner les notes d’un accord en
les répartissant par pupitres. Le jeu peut se faire également en proposant des paires de
prénoms. Yeux fermés, les deux personnes doivent se retrouver en ayant droit à 3
appels. On peut aussi chanter les noms ou proposer des formes d’appel mélodiques
rythmiques ou stylistiques -avec adultes uniquement- ou « à la manière de ».
Commentaires : Fermer les yeux développe la concentration sur le son en effaçant la
dimension visuelle qui perturbe souvent l’écoute. Ce travail favorise les rencontres, la
concentration, l’écoute.
Chacun trouve sa place, aucun modèle n’est perfection. C’est le groupe seul qui décide de
l’appréciation collective. On développe la conscience de ce qui s’est passé.
On n’est pas toujours dans la démarche d’écoute active, de la globalisation. Donc il peut
être intéressant dans le travail avec les enfants de donner des consignes d’écoute (forme
musicale, nuances etc. ) afin que l’écoute globale se développe.
On peut ajouter à l’exercice des appels un élément sonore, instruments, disques, voix
d’appel.
Exercice 2 :
Le jeu : Répartis dans l’espace, les yeux ouverts, choisir un son bouche fermée, puis en
se déplaçant, se rassembler dans l’espace à un endroit prévu (la scène par exemple pour
débuter un spectacle) tout en cherchant à trouver un unisson par des glissendi.
Variante(s) : Réaliser le même exercice avec un accord parfait majeur.
Commentaire : il s’agit de partir du chaos (cluster) pour parvenir à une pureté et une
simplicité de son. Ce jeu peut se préparer par un travail de glissandi avec le meneur qui
fait varier un son de départ d’un ton ou ½ ton avec les mains.
Exercice 3 : Autonomie et initiation à la polyphonie.
Le jeu : Faire 1 gamme montante descendante. Diviser le groupe en 2 sous-groupe A et
B. Le groupe A réalise la gamme avec des tenues de 3 temps sur chaque note, le groupe
B avec des tenues de 4 temps dans un tempo lent. Les deux groupes commencent
ensemble. Le groupe A attend le groupe B quand il est arrivé à l’octave puis les deux
groupes repartent ensemble pour la gamme descendante.
Variante(s) : avec des enfants, l’ambitus d’une quinte peut suffire et il peut être
nécessaire de mettre un chef (enfant) devant chaque groupe. Un tempo un peu plus
rapide sera souhaitable. On peut augmenter le nombre de groupe et proposer des tenues
sur 3, 4, 5 et 7 temps par exemple.
mercredi 21, jeudi 22, vendredi 23 novembre 2007 – CRDP Dijon
Géraldine TOUTAIN, Gunnar ERIKSSON, un humaniste en musique
Guy REIBEL, jeux vocaux, Valérie PHILIPPIN, théâtre musical
Commentaires : Au lieu du nom des notes, on peut chanter la gamme sur les voyelles
des noms des notes uniquement (o, é, i, a…) ou en faisant Moïto (son bouche fermée
mais avec la bouche ouverte, la langue se remonte au fond de la bouche comme dans le
mot « campiNG »). Le legato est bien meilleur ainsi que la qualité sonore du résultat.
DVD : Séquence du Limu
Exercice 4 : Changements de timbre
Le jeu : Se répartir dans l’espace et s’appeler en voix parlée comme si on était dehors.
La voix est projetée sans crier. On peut ensuite passer à la voix chantée en gardant la
même projection. L’énergie de la voix projetée est transposable dans le chant. Essayer
sur un chant traditionnel comme « En passant par la Lorraine » avec les deux
positionnements vocaux l’un après l’autre (voix de choriste puis voix trad’). Pour aider à
trouver la couleur trad’, on peut ajouter un bourdon et mettre en place un canon à deux
entrées.
DVD : Séquence Jeu du furet
Exercice 5 :
Former un cercle, et transmettre de bouche à oreille une cellule à partir d’un meneur qui
invente. Avant que le motif ait fini de tourner, le meneur relance un nouveau motif ce qui
permet l’apparition d’une polyphonie musicale et rythmique. En fonction des
tempéraments artistiques des meneurs, les réalisations peuvent être très variées.
DVD : Séquence Tempo individuel
Exercice 6 :
Le jeu : on cherche ensemble une mélodie commençant par un accord parfait par
exemple. Ensuite chacun choisit son tempo. Le départ s’effectue ensemble et la
polyphonie apparaît rapidement à cause des tempi différents.
Commentaires : veiller à la qualité vocale, ne pas chanter trop fort pour privilégier
l’écoute.
Variantes : on peut choisir des mélodies commençant par des notes conjointes ou par
de grands sauts. A chaque fois, la polyphonie prend une autre couleur.
Autre jeu assez proche : on chante chacun à son tempo une mélodie commune mais
en la reconstruisant. On chante ensemble la première syllabe, puis on chante la 1ère et la
2ème, puis la 1ère, la 2ème et la 3ème et ainsi de suite jusqu’à reconstituer la première
phrase mélodique. Cela peut servir de devinettes pour une chanson ou d’introduction à la
chanson.
Géraldine Toutain conclut l’après-midi en lisant les conseils de Gunnar Eriksson par
rapport à ces jeux (voir livret pédagogique du DVD).
2. Jeudi 22 novembre
Jeux vocaux
Intervenant : Guy Reibel
G. R. : « L’homme fait des projets et Dieu rigole » dit le proverbe. Des événements
fortuits font évoluer ce qui était prévu. Au début des années 60, j’entre au GRM avec
Pierre Schaeffer. On pouvait tout faire, c’était l’âge d’or des possibilités (chœurs,
orchestres, émissions de radio…). J’ai eu envie de faire de l’improvisation. Les gens ont
eu beaucoup de plaisir et ce qui se passe alors est très riche. J’ai eu l’impression d’être
dépassé mais il fallait continuer. J’ai vécu une expérience avec Jacques Higelin par
exemple ou avec des chorales ACJ à Vaison la Romaine dans les années 70. J’ai fait des
émissions à la Radio avec des enseignants (Les enfants d’Orphée, l’Oreille en
colimaçon…).
Un peu plus tard, j’ai dirigé le Groupe Vocal de France. Puis j’ai décidé d’écrire un livre
pour mettre un peu d’ordre dans toutes les expériences musicales des jeux vocaux :
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qu’est ce que cela recouvre ? Quel rapport à la musique ? Au fond, le jeu vocal est « pour
les gens qui ne connaissent pas la musique ». Le jeu, il y a une règle du jeu à partir de
laquelle tout est possible. Le livre paraît en 1984 aux éditions Salabert.
Il y a quelques années, Vincent Maestracci, inspecteur général de la musique, m’a
demandé de « revisiter » le livre qu’il trouvait un peu « vieux » et on « n’entend rien ».
Le livre n’est pas épuisé mais il est tiré à la demande et imprimé à Milan ! J’ai souhaité
faire le DVD avec des publics très variés.
Après la guerre, il y a eu une grande révolution dans la musique avec Stockhausen :
apparition de la notion de « musique contemporaine ». Il fallait « casser » la musique.
Dans les années 60, apparition de la musique concrète, de la musique électronique
(assez similaire aux DJ d’aujourd’hui !). Il fallait que la musique « pète les plombs ».
Stockhausen est le plus génial des « péteurs de plomb ». Ecoutez « Stimmung » ! C’est
incroyable ! Il fallait « casser » pour se remettre en face de quelque chose qui
redevienne sensible et moins élitiste.
Maintenant les jeunes compositeurs sont des polyglottes de la musique (ils font du jazz,
connaissent plein de langages musicaux différents).
Le DVD a été une grande aventure musicale. Il faut que les gens soient touchés pour
qu’ils se mettent en marche. Ce n’est pas une méthode mais des pistes. Des chœurs du
sud de la France, d’Angers, un groupe d’animateurs de Nantes (des « sauvages plein
d’énergie »), un quatuor de chanteurs professionnels (« pas trop coincés ») ont participé
au DVD. Il y a un livret de 20 pages. Parallèlement, j’ai écrit un livre « L’homme
musicien » dans lequel j’essaie de redéfinir un certain nombre de termes (la mélodie, le
rythme, la mémoire, la forme…) en faisant attention à ne pas jargonner. Ces 400 pages
ont été plus faciles et moins longues à écrire que les 20 pages du livret !
En fait, il y a 2 DVD :
Un de trois heures avec des grands thèmes (l’espace, l’énergie, la vibration, la couleur, la
naissance de la mélodie, les aspects du rythme). Je recherche des dimensions
universelles en amont de l’histoire de toutes les musiques, sorte de retour aux sources,
mise en évidence des archétypes musicaux. Il y a 20 thèmes avec 86 jeux (règles et
exemples). C’est une sorte d’odyssée ludique. L’image vient montrer que la musique est
aussi le geste, le corps.
Un 2ème DVD comporte 4 séances plus longues (un échauffement vocal, des maternelles,
une classe de CLIS…).
Comment revivre la mélodie en sortant des clichés des choses manipulées (Star Ac) ?
Comment faire inventer des mélodies à partir d’un texte ? Quel geste mélodique à la
portée des gens en étant créatif ? Ce qui est passionnant, c’est ce qui est au cœur de la
pratique : relier les amateurs et les professionnels, les enfants et les adultes.
1ère proposition : « le chant sauvage »
Le jeu : G. R. propose de courtes cellules mélodico-rythmiques accompagnées par des
gestes du corps. Le groupe répète en imitation immédiate, puis parfois en même temps
que lui. (Oï, doï, tagadam, dja, dobedobedou…)
Il propose ensuite à chaque participant d’essayer.
Commentaires : ce qu’il faut bien voir, c’est le rapport entre le meneur et le groupe :
question/réponse ou synchronique. Il faut maîtriser cet aspect mais c’est naturel. Essayer
de régler le rythme. En synchronisme, c’est facile, on peut accélérer, ralentir, revenir. Le
réservoir de ce qu’on peut faire est infini. La voix se place bien avec les gestes si on est
attentif à ces 2 phases. On peut être dans des choses qui s’installent dans la régularité.
On peut répéter, s’installer dans une répétition. C’est un archétype musical. On est bien,
on répète. Après, on peut briser, faire évoluer, introduire de nouvelles choses.
G. R. : Je suis admiratif devant toutes vos ressources. Vous avez parfaitement compris.
C’est quelque chose de très naturel. Il se passe des choses très étonnantes dans des
mondes tout fins ou très pleins d’énergie. Vous êtes merveilleux parce que vous n’avez
pas d’inhibition liée à une trop grande professionnalisation. C’est l’énergie qui alimente
tout cela. Tout est vivant. Le jeu donne un sens à cela. Ce n’est pas un défouloir.
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2ème proposition : règle de la régularité rythmique puis accélération rythmique
Le jeu : Un groupe de 3. On se passe dans un rythme constant des cellules rythmiques.
Chaque participant modifie légèrement ou totalement la proposition de son voisin.
Commentaires : le Jeu vocal est quelque chose qui est asocial. Pour cet exercice, il est
nécessaire d’installer une pulsation pas trop rapide avant de commencer.
Il montre ensuite la séquence sur le DVD avec les trois animateurs de Nantes. Ce qui est
intéressant, c’est de partager le rythme. C’est autour du rapport à l’autre, du partage.
Le jeu, au début, c’est de la découverte mais après il y a des élaborations qui peuvent se
faire. On rentre dans un jeu plus développé avec un contexte plus élaboré.
Présentation du DVD :
Le DVD est présenté toujours de la même façon, le commentaire expliquant le contenu.
La règle du jeu du DVD est : je donne les premières instructions puis je les dessine.
Dessiner est quelque chose de très incitant, car on lie déjà le geste au son. Puis la
réalisation est faite avec un ou deux groupes sous la conduite d’un meneur. Il y a de
nombreuses propositions possibles et d’autres à inventer.
Les chorales sont composées de gens ayant des apparences physiques contrastées ce qui
apporte beaucoup, les chorales par exemple sont d’abord des lecteurs qui se trouvent en
difficulté lorsque l’on leur enlève les partitions, les supports. Mais ils prennent confiance
et sont un public assez intéressant.
3ème proposition : Les résonances
Le jeu : l’idée est de faire sonner l’espace, de s’approprier un espace acoustique et de
prendre conscience que selon la place où l’on se trouve le son est différent. Il est relatif
selon notre place dans cet espace. G.R. propose tout d’abord d’émettre un son l’un
après l’autre et de marcher une fois qu’on a son propre son. Ensuite celui-ci peut
changer. Il ne faut pas hésiter à se déplacer dans la pièce, à varier le son entendu en
mettant par exemple les mains en pavillons sur les oreilles, en bouchant l’une ou l’autre
oreille ou à s’arrêter et à laisser venir le son.
Commentaires : c’est un bel évènement vocal et imprévisible. On oublie les idées de
notes parce que ça sonne, ça vibre, ce qui en fait un chant insolite et improbable par
rapport à la musique, son histoire, sa théorie.
Je me suis toujours demandé ce que Mozart aurait pu dire en entendant ce chant.
A l’origine il n’existait pas de musique harmonique (d’abord rythme mélodie) mais la
musique a testé pendant des centaines d’années pour arriver à notre tempérament
actuel, et a cherché des harmonies mélodiques. Dans cet exercice, on n’est pas loin de
Ligeti, on s’éloigne du tempérament.
Les voix par delà la théorie se cherchent et se retrouvent, c’est loin du tempérament. On
crée des objets complètement originaux, on crée de la musique. Ce sont des accords
dans le même sens donné par nos prédécesseurs, c’est à dire que ça sonne
ensemble, c’est beau ensemble.
Penser d’abord à préparer un son, en ayant une image mentale de ce qu’on va chanter
pour préparer la voix et la respiration. Attaquer le plus doucement possible. Bien faire
attention à ne pas laisser retomber le son et à le ramener, l’accompagner.
Quand vous chantez un son qu’il faut augmenter et diminuer, il faut accompagner le son
au retour. Sachant qu’il faut plus d’air pour diminuer que pour augmenter, il faut le
prévoir.
Il faut mimer votre augmentation ça aide à voir votre dynamique.
Dans la même position, chacun avec son rythme propre fera fluctuer sa propre
dynamique en changeant de note.
C’est étonnant et très beau. C’est une idée tout à fait nouvelle dans les comportements
musicaux. Il y a une sorte de fondu-enchaîné, les sons naissent les uns des autres, par
glissements, écrits par des crescendo decrescendo, comme Xenakis.
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Variante : c’est l’idée de faire vivre un phénomène musical, qui se nomme la boucle. La
boucle est un élément sonore qui se suffit à elle-même, en autonomie. De manière plus
vivante, les boucles que nous allons produire vont s’adapter les unes aux autres.
Le cercle va se mettre à vivre par le rythme propre de chacun. On rentre, on augmente
et on diminue le son, on répète après une respiration toujours sur le même rythme et le
même son. De la même manière on sortira à son propre rythme du cercle.
Commentaires : c’est fuseler la matière sonore de manière naturelle. C’est comment
faire vivre des choses qui sont autonomes, en lien avec les autres et qui vont évoluer
avec les autres. Cela ne peut être écrit.
C’est très étonnant comme sensation, on est en dehors du temps, ce n’est pas la même
sensation que dans le temps habituel de la musique qui est écrite de manière successive.
Cette forme s’échappe du temps, ce jeux crée l’instant.
Les choses se déplacent, elles partent et progressivement elles se rencontrent.
4e proposition : L’harmonie naturelle
Le jeu : on croit tout savoir de l’harmonie, on a construit des tour de Babel fabriquées
qui sont très belles.
L’harmonie naturelle c’est une harmonie qui existe dans la nature depuis toujours. On a
réalisé les harmonies naturelles dans les musiques spectrales mais on a oublié que les
harmoniques sont utilisées de manière très simple :
Les musiques traditionnelles slaves ont très bien compris et de manière simple les
harmoniques naturelles. (ex: Ligeti)
La musique savante traditionnelle se base sur des accords simples et des enchaînements.
C’est un parti pris culturel et pas naturel. Le spectre de ces gammes est différent (ex au
piano)
On va construire un accord et on va bouger, se déplacer.
C’est un accord qui n’a pas de dualité, c’est une résonance naturelle qui ne bouge pas,
qui n’a pas d’interaction avec un autre accord.
On fait sonner un accord naturel (de sib) puis on va le colorer en le faisant passer par
« ou o a é éi ». On construit l’accord de manière très juste en prenant soin de faire vibrer
la quinte. Une fois que l’accord est posé, déplacez-vous, écoutez les résonances, l’espace
acoustique.
Commentaires : on a perdu les ancrages des harmoniques naturelles. Quand un
intervalle est bien fait, c’est quelque chose qui sonne. La musique est le seul art absolu
et parfait. Dans les intervalles, s’ils ne sont pas complètement justes, un phénomène qui
est le battement se fait entendre. Tout le système musical est fondé sur les tierces et les
quintes. Les bulgares chantent à la seconde comme lors de ce dernier jeu. C’est
extrêmement consonant, comme la neuvième qu’on vient de réaliser, ça vibre plus que la
musique tonale.
5ème proposition
2 groupes de femmes : d’abord une suite de quarte sur « la » et à la seconde supérieure
le même motif réalisé par le second groupe.
Puis rajouter une 3 voix. (siь do ré mi ré do si + do ré mi fa# mi ré do + ré etc..)
Il s’agit d’une gamme naturelle : do ré mi fa dièse sol la sib do.
Commentaires : quand vous savez chanter juste cette gamme rien ne bouge plus, vous
chanterez juste pour tout.
La musique traditionnelle et la musique tonale ne sont pas adaptées l’une à l’autre.
6ème proposition : les vagues
Le jeu : c’est le must des jeux vocaux. Les enfants aiment quand ça bouge, mais ils ne
savent pas dissocier l’intensité et la hauteur. Il s’agit d’un mouvement très intéressant.
Tout d’abord de manière naturelle, joindre le geste à la voix. Dans un premier temps en
aller-retour entre le meneur et son groupe.
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Puis on va mélanger tous ensemble ce mouvement mélodique le plus simple et le plus
naturel de quelque chose qui apparaît, se déplace et disparaît, chacun avec son propre
mouvement.
Commentaires : avec de petits gestes, on peut réaliser des choses très fortes, on a
davantage d’intensité. Il faut habiter son geste, tout ce qui est en trop est superflu.
Variantes : réalisons des vagues d’abord avec de petits gestes puis agrandissons. Il est
intéressant de varier les échelles, plus grand ou plus vite.
7ème proposition : La projection du son.
Le jeu : c’est une forme moins calme, moins sereine que la forme d’apparition et de
disparition. On est moins installé dans la durée : c’est une proclamation.
On lance en glissant le son, c’est une manifestation plus naturelle et spontanée, c’est
faire plus fort en montant plus vite aussi, et l’accompagner avec le geste. Cela s’installe
dans un rythme commun. Mais on peut aussi imaginer lancer un son dans un rythme
individuel, avec une intensité différente, mais pas uniquement sur deux dimensions. On
peut donner un élan, on rebondit sur le temps. S’il n’y a pas d’élan, il n’y a pas d’énergie.
C’est une forme type. On peut le penser comme quelque chose de compact ou plus
étendu. Ce qui compte, c’est le trajet en privilégiant le geste.
Variante(s) : se passer le son. On lance le son à quelqu’un, (pas de meneur) et on
rebondit sur ce qu’on a reçu pour le lancer de nouveau. Joindre toujours le geste. Le jeu
de boucle est aussi une des nombreuses variante de ce jeu : sur « doï » chacun à son
rythme, on laisse s’installer le motif qu’on répète comme un ostinato, sur des entrées
successives. Puis déplacement sur ce jeu de boucle.
Cf. : présentation des cahiers philosophiques édités par le SCEREN dossier la voix.
N°
Commentaires : en se passant des objets, ils deviennent très vite des personnages,
avec du caractère, deviennent lourds, pesants, légers. Cela peut devenir un événement
théâtral. Mais le jeu vocal n’est pas une improvisation théâtrale. Il faut choisir mais
surtout ne pas oublier le jeu. C’est le fait du relais car on est dans un transfert de code
qui impose le sur-jeu. Il faut échanger le son. Le prendre de manière naturelle. Déjà le
jeu du meneur est une forme de relais.
3. Vendredi 23 novembre 2007
Le théâtre musical
Intervenante : Valérie Philippin
9h-12h
Je suis chanteuse spécialisée dans le répertoire contemporain, le théâtre musical.
Je vous propose de travailler ce matin sur l’improvisation libre basée sur l’écoute, pour
développer cet art de l’écoute, l’écoute d’ensemble. Pour l’après-midi nous travaillerons
sur des textes d’Aperghis, les modes de jeux. On part de ses textes pour construire un
geste musical, en utilisant la voix, un instrument, un langage.
Exercice 1 : écoute collective
Le jeu : on fait un grand cercle au milieu de la salle. C’est un exercice de Peter Brook,
exercice de concentration qui consiste à compter de 1 à 20 (20 participants) en disant
chacun un chiffre uniquement sans qu’aucun de ces chiffres ne soit cité par deux
personnes.
Commentaires : quand deux personnes disent en même temps un chiffre, il faut
recommencer l’exercice. Il est difficile de faire attention dans ce type d’exercice, d’avoir
une écoute pointée tout en gardant une écoute globale.
C’est un exercice qui est plus facile à faire avec un groupe qui a déjà travaillé ensemble.
On rentre dans une logique commune, c’est plus ou moins la même hauteur, la même
dynamique. C’est un travail d’équilibrage d’un groupe. On rentre dans une dynamique
commune de diction, une sorte de consensus non dit, d’une forme d’homogénéisation de
la couleur, de l’énergie de la dynamique dans le fait de dire un chiffre. Tout le monde est
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obligé de se mettre dans un état de disponibilité. Lorsqu’un chiffre est dit simultanément
par 2 ou 3 individus, il se passe quelque chose de particulier, on a l’impression qu’ils
rentrent dans la même dynamique, la même énergie, c’est comme s’il était logique de
dire ce chiffre à ce moment précis de cette manière là.
Variante proposée par Anne Marie Olive : s’avancer d’un pas. Ce qui est déjà se
placer dans une problématique pédagogique. Ce jeu doit être ludique, c’est un travail sur
l’énergie, la disponibilité de chacun, cela doit rester intuitif sans introduire une notion
d’acquis.
Exercice 2 : La marche et l’écoute globale
Le jeu : Vous allez partir dans l’espace, on part de la marche qui sera la matière de base
à l’improvisation. Soyez attentif à la marche, au rythme collectif. Le groupe prend en
charge le début et l’arrêt du jeu. Les commentaires alterneront avec de nouvelles
versions du jeu.
Commentaires : 1ère tentative très intéressante. Comment percevez vous la structure
globale ? Départ en masse pour finir plus feutré, des développements de groupe, des
questions/réponses. En détails : certains avaient des rythmes, des frottées qui restaient,
pas de silence, au niveau de l’espace au début une dispersion homogène et il y a eu des
amorces de déplacement. Un solo à la fin et un contrepoint rythmique à trois. Il y a eu
des connections inter-personnelles au niveau des rythmes et des déplacements.
On peut utiliser les bruits extérieurs, des attitudes vocales ou gestuelles. On peut les
intégrer mais dans une règle d’or qui est « Ne proposez pas, réagissez uniquement ». S’il
y a une émergence individuelle et pour être en accord avec le groupe, elle vient de ce qui
est déjà, et ce qui est déjà ne peut être intellectualisé, ou réfléchi. Sinon c’est une prise
de solo qui entraînera le groupe avec mais qui ne fera pas partie de la couleur globale.
Il y a une problématique de regard dès qu’on est dans l’espace ou avec une partition.
Que fait–on de nos yeux quand on doit écouter ? Lorsque je parle d’écoute, je parle
d’écoute du danseur, de l’écoute capillaire, de sentir.
Variante(s) : Fermez les yeux et écoutez l’espace qui vous entoure corporellement, vos
mains, vos bras, prenez conscience de l’espace qui vous sépare du plafond, du ciel, de
l’infini, l’espace qui vous sépare du sol, des deux personnes vous entourant, de votre
dos, l’espace intérieur du corps, de la bouche, à l’intérieur du crane. Vous pouvez les
sentir en terme de température, d’intensité. Quel est l’espace entre vos jambes ? entre
vos bras ? Et puis sentez globalement le corps.
Ouvrez les yeux et avec vos mains, palpez l’espace qui est autour de vous, vous créez
des mouvements dans l’air comme si c’était quelque chose de concret, appuyez-vous
dessus. Puis concrétisez cet espace de manière tactile sur votre corps.
Repartez dans l’espace en marchant, en sentant maintenant cet espace corporel.
déplacez l’air lors de la marche, sentez et écoutez ses déplacements.
Puis nous introduirons l’écoute non pas corporelle mais musicale pour développer cette
écoute globale nécessaire à ce jeu.
Commentaire de la 1ère version : la fin, comment doit-elle se concrétiser ? Elle doit
être de manière intuitive, quelquefois cette fin est une évidence, d’autres fois pour
certains, la fin est acquise et pour d’autres elle se révèle dans le plaisir du jeu personnel.
Comment revenir à la base ? J’oublie que j’ai un vocabulaire, que j’ai des choses à
proposer car cela doit s’inscrire dans la collectivité.
Mais que se passe-t-il quand je pars de rien, que je ne veux rien, que je ne recherche
rien et que globalement il se passe quelque chose ? La disponibilité des uns va permettre
l’émergence d’une proposition globale ou soliste. Dans ce jeu on est dans l’interaction, on
s’inscrit dans une histoire collective. C’est parce qu’on réagit à ce qui nous est proposé
qu’on développe notre langage personnel, nos propositions.
L’écoute, c’est en rapport avec l’énergie, on est dans un état très particulier qui permet
de réagir, il ne faut pas que proposer mais faire évoluer sa propre proposition avec la
relation à l’autre, avec l’interaction du groupe.
Tout doit être perçu, rien ne doit être réfléchi mais tout doit être ressenti.
Dans certains cas, certaines dimensions peuvent être occultées : ou la dimension
musicale, ou la composition, la construction, cela peut devenir un exercice de théâtre
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avec du jeu, de la voix, une occupation de l’espace. Il faut garder à l’esprit qu’on est
dans un jeu musical, même s’il ne faut pas forcément avoir à l’esprit qu’on doit faire une
construction musicale, avec des harmonies, un contrepoint etc.…
Commentaire de la 2ème version : « La rapidité de départ était surprenante ».
Superposition de 3 chansons enfantines, des citations de la journée d’hier. C’est normal,
on donne ce qu’on est dans l’instant. Quel rapport du visuel avec le sonore ? La fin avec
une ronde aurait pu donner lieu à un solo de danse par exemple. Quand il y a une
consigne, cela ne marche pas si bien que quand il n’y en n’a pas. Il faut partir du rien et
laisser venir la chose ensemble. « C’est difficile de développer quelque chose, on a peur
d’imposer ». Il y a des choses qui fusent qui ne sont pas retenues par le groupe.
L’auditeur peut lui construire des choses et noter des éléments. La fonction du collectif,
c’est de faire avec les impulsions personnelles si elles passent par le corps. Il n’y avait
pas beaucoup de conscience corporelle, tout était plus dans le chant. Il faut être
disponible et même, ne pas avoir d’idées du tout. Il peut y avoir des temps de
disponibilités, de silence. Garder le contact avec la lumière, les auditeurs.
« Etrangement, les différentes propositions tendent à reculer dans l’espace, on va se
retrouver dans le couloir ! ». On cherche la position et la distance par rapport au public.
13h-16h
Valérie Philippin présente le livre “Zig bang” d’Aperghis aux Editions P.O.L. Elle distribue
également des exemples de texte-partitions.
Les textes présents dans « Zig bang » sont issus de spectacles (H par exemple, des
extraits de Conversations –1978, 1980-, du « Cut up », des truffages). La volonté
d’Aperghis est que les partitions-textes se transmettent oralement et donc, dans le livre,
il n’y a plus les indications présentes sur les texte-partitions.
Exercice 1 : Lecture à haute voix de Conversation « Plus vif part-vif… »
Le jeu : on prend une personne sur deux. Chaque participant choisit un phonème, une
syllabe ou un bout de mot. Le lecteur va relire le texte entendu une première fois tout
seul et chacun interviendra, quand le phonème choisi par lui apparaîtra, sur un mode qui
peut être glissé, murmuré. Il faut garder la même action sonore tout au long du texte.
Variante(s) : on ne change pas de phonème ni de son associé, mais on ajoute un geste.
Commentaire : il ne faut pas lire trop vite car les participants n’ont pas le texte en
main.
Nouvelle variantes :
- les participants se mettent en file indienne, le lecteur au fond légèrement décalé. Il faut
adapter le geste pour qu’il soit visible. On est dans la construction d’une machine,
comme une boîte à musique.
- les participants s’installent dans une composition de type « Photo de famille » avec le
narrateur perché sur une table.
Commentaire : le mot « mot » n’a pas été choisi. L’ensemble du groupe va choisir une
hauteur quand il entend le mot « mot », en plus de garder la proposition précédente. Le
narrateur lance cette action comme un chef qui dirige et les arrête.
Exercice 2 : Le dialogue amoureux
Le jeu : des consignes sonores ont été rajoutées en légende et aussi sur le texte (son
qui monte ou descend ou les deux). Les « L » sonnent comme des pizz. On peut établir
une convention pour les arrêts. Ensuite, il faut régler le dialogue des 2 acteurs et leurs
gestes.
Exercice 3 : énumération commençant par « Ko »
Le jeu : on choisit 4 personnes à qui on donne un rythme différent pour chacune. Ils
lisent la suite de mots avec toujours le même rythme. Une pulsation commune est
installée. On essaie d’abord avec 2 personnes et 2 rythmes puis à 4 avec les 4 rythmes.
Commentaire : cela fait penser à des chants pygmées. Dans le spectacle, il y avait des
livres qu’ils ouvraient et qui donnaient lieu à des polyrythmies.
mercredi 21, jeudi 22, vendredi 23 novembre 2007 – CRDP Dijon
Géraldine TOUTAIN, Gunnar ERIKSSON, un humaniste en musique
Guy REIBEL, jeux vocaux, Valérie PHILIPPIN, théâtre musical
Exercice 4 : énumération de mots en une seule syllabe commençant par « N »
Le jeu : la pluie qui tombe. Les hauteurs indiquées sont des hauteurs de registre et pas
des notes. Autre possibilité, on choisit un mot de départ dans la liste puis un chiffre et on
compte ce chiffre entre deux mots. Il ne faut pas marquer de pulsation. Bien soigner le
son produit, léger avec de la résonance, comme une goutte d’eau.
Des exemples de gestion de l’aléatoire existent dans la mallette pédagogique de Dijon
(corde à nœuds, des balles).
Exercice 5 : une parole libre
Le texte a été élaboré avec Jean-Pierre Drouet, percussionniste. Sur chaque syllabe ou
son qui revient, on associe un geste de percussion propre à différents instruments. S A =
souffle agressif.
Exercice 6 : ses muscles
Le jeu : un tube d’Aperghis ! On associe des gestes répétitifs aux mots. Un geste pour
« ses », un geste pour « muscle », un pour « donnent », un pour « un », un pour
« geste » et un pour « clair ». On dit le texte avec une pulsation mécanique.
Variante(s) : un lecteur dit le texte et chacun réagit en temps réel. On peut faire des
constructions gestuelles sur des textes en solo. Entre chaque phrase, on revient à la
posture neutre du début.
Commentaire : trouver un équilibre entre intensité de la voix du narrateur et celle des
gestes. En entrée de concert, on peut le faire sur quelques lignes avec les gestes mais
sans le son. On entend le bruit des vêtements et des respirations communes. Disposition
en ligne.
Exercice 7 : les carrés
Une ligne avec 10 phonèmes et ensuite des permutations. Choix sur certaines syllabes
d’interventions musicales (arpèges, sons piqués…) et choix d’action théâtrale sur certains
mots.
mercredi 21, jeudi 22, vendredi 23 novembre 2007 – CRDP Dijon
Géraldine TOUTAIN, Gunnar ERIKSSON, un humaniste en musique
Guy REIBEL, jeux vocaux, Valérie PHILIPPIN, théâtre musical