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Paris, le 15 juillet 2015
Information presse
22 biomarqueurs plasmatiques pour prédire le risque
de psychose chez des sujets à risque
Les troubles schizophréniques et plus généralement les troubles psychotiques
constituent la 3è cause de handicap chez l’adulte et représentent un coût sociétal et
humain considérable. Touchant des adolescents et adultes jeunes, ils apparaissent après une
période de 2 à 4 ans de signes « prodromiques », pendant laquelle s’installent les premiers
symptômes aspécifiques (difficultés scolaires, troubles du sommeil, anxiété-dépression) puis des
symptômes psychotiques atténués ou transitoires, les premières bizarreries, les difficultés de
fonctionnement. La détresse et la gêne fonctionnelle croissent durant cette période et entraînent
des conduites à risque (consommation de toxique, conduites suicidaires) d’autant plus que les
personnes ne savent pas toujours où trouver de l’aide. Après la transition psychotique, défini par
des troubles psychotiques suffisamment sévères et durables, les sujets restent en moyenne sans
traitement pendant un à deux ans, et ce retard de traitement à une influence défavorable sur le
pronostic à court et long termes. Ainsi, la prévention de la psychose est un objectif majeur
en termes de santé publique.
La détection et l’intervention précoces ont pour objectifs de réduire la durée de psychose non
traitée, en incluant les sujets à très haut risque de psychose dans un suivi non stigmatisant, de
réduire les complications (suicide, toxiques, dépression) et les conséquences fonctionnelles
(déscolarisation, isolement social). Les données actuelles suggèrent que certaines interventions
précoces peuvent prévenir l’apparition d’une psychose. Certains critères cliniques ont été définis
pour identifier des sujets à « ultra haut risque », par exemple en utilisant la CAARMS, parmi
lesquels un tiers seulement développera une psychose à 2 ans. Améliorer la prédiction du
risque d’émergence de troubles psychotiques à l’adolescence ou au début de l’âge adulte
est un défi majeur, indispensable pour mieux cibler les personnes qui bénéficieront de
programmes de prévention.
Mais quels sont les marqueurs et sont ils accessibles ? La publication du premier article
rapportant un panel de marqueurs dont la valeur prédictive dépasse les 90% est une
avancée majeure. Issu d’une collaboration internationale et d’analyses réalisées par l’équipe de
S Bahn de l’université de Cambridge, la valeur prédictive a été analysée sur la première cohorte
française des sujets à ultra haut risque coordonnée par l’équipe du Pr Marie-Odile Krebs (Inserm
– Université Paris Descartes- cohorte ICAAR, PHRC07118) et recrutée au sein du C’JAAD (Centre
d’Evaluation Jeunes Adultes et Adolescents), au Centre Hospitalier Sainte-Anne, Paris.
La démarche inclue plusieurs étapes. Dans un premier temps, 29 molécules sériques sont été
identifiées dans une analyse immunologique multiplex dans 5 cohortes indépendantes,
comparant 127 patients souffrant de schizophrénie jamais traités à 204 contrôles. Un groupe
optimal de 26 biomarqueurs a été identifié par régression de type lasso. La capacité
discriminante de ce panel a été testée dans 2 autres cohortes. Puis le panel a été testé dans une
population de militaires américains prélevés en routine, dont 75 ont développé ultérieurement
une schizophrénie et 184 contrôles, ainsi que chez 72 consultants en psychiatrie avec
symptômes prodromiques du C’JAAD parmi lesquels certains ont développé une schizophrénie.
Le panel prédit la conversion chez les sujets prodromiques avec une performance de 0,82, et
même 0,92 [95%CI : 0.85-0.99] si on ajoute au modèle le score de CAARMS positive. Les
marqueurs en question comportent principalement des molécules impliquées dans la réponse
inflammatoire et immunitaire, des facteurs hormonaux, des facteurs de croissance.
Ces résultats constituent une avancée déterminante à double titre : d’une part, pour la première
fois des biomarqueurs dosés sur un simple prélèvement périphérique réalisé en début de suivi,
avant que la clinique ne soit tranchée, permettent d’identifier correctement la quasi totalité des
individus qui développeront une schizophrénie chez des sujets à ultra haut-risque ; d’autre part,
les molécules identifiées sont pour la plupart impliquées dans des processus de neuroplasticité,
renforçant l’idée que certaines interventions à visée neuroprotectrice pourraient constituer une
stratégie thérapeutique spécifique de ce stade évolutif. Bien sûr, il conviendra de vérifier ce
résultat sur d’autres cohortes, mais il s’agit là d’un premier pas vers un test permettant
d’identifier avec précision des sujets à risque de transition chez qui certaines
interventions spécifiques pourraient permettre de limiter voire d’éviter le
déclenchement d’une schizophrénie.
Accéder au texte intégral : http://www.nature.com/tp/journal/v5/n7/full/tp201591a.html
Sources
Chan MK, Krebs MO, Cox D, Guest PC, Yolken RH, Rahmoune H, Rothermundt M, Steiner J,
Leweke FM, van Beveren NJM, Niebuhr DW, Weber NS, Cowan DN, Suarez-Pinilla P,
Crespo-Facorro B, Mam-Lam-Fook C, Bourgin J, Wenstrup RJ, Kaldate RR, Cooper JD, Bahn
S (2015) Development of a blood-based molecular biomarker test for identification of
schizophrenia prior to disease onset, Translational psychiatry. 2015 sous presse
Krebs MO, Magaud E., Willard D., Elkhazen C., Chauchot F., Gut A., Morvan Y., Bourdel M.C.,
Kazes M. (2014), « Évaluation des États Mentaux à Risque de transition psychotique : Validation
de la version française de la CAARMS », Encephale, 40(6):447-56.
INSERM UMR 894, Université Paris Descartes, Centre de Psychiatrie et Neurosciences,
Physiologie des maladies psychiatriques, Institut de Psychiatrie (GDR 3557), Service HospitaloUniversitaire, Centre hospitalier Sainte-Anne, Paris, France
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