Qui suis-je? Telle est la question
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Qui suis-je? Telle est la question
Tournoi d’éloquence – Janvier 2012 Qui suis-je? Telle est la question Par Romain HALLET Bonjour, est-ce qu’on se connaît? Oui? Non? Je serais tenté de dire que oui… Mais j’en doute. Suis-je sûr? Je pense que non. Je me prénomme Romain. J’ai 17 ans, bientôt 18. J’aime le foot, je joue au rugby. J’ai longtemps fait du solfège, mais je n’ai jamais joué d’un quelconque instrument. Hô, j’aimerais vous savez. Encore jeune, vif, plein de gaieté, d’objectifs, de buts de rêve dans la tête ; enfin je suis un ado quoi. Mais la tête sur les épaules, je sais que je me prépare à la vie d’adulte. Encore que je ne sache trop ce que c’est, si quelqu’un sait. Je suis bénévole, j’aime l’Afrique et j’aimerais y vivre plus tard. Bonjour, est-ce qu’on se connait? Voici la question que je pose à ce reflet qui n’a de cesse de me suivre. Partout où je vais, il est là, et, à chaque fois que je l’aperçois, cette question me revient-en pleine face! Le plus frappant c’est le matin, lorsque je me regarde dans la glace. Je ne dors plus, j’ai sommeil. C’est affreux, c’est angoissant! Mais qui suis-je? Je me prénomme Romain. J’ai 17 ans, bientôt 18… Tout cela, toutes ces informations me concernant, sont-elles suffisantes pour me connaître? Pour savoir savoir d’où je viens, où je vais, ce que j’aime, ou je suis, quel est mon but, ai-je une destinée ou mon existence est-elle indifférente aux yeux de l’univers? Tout cela est-il suffisant pour savoir QUI JE SUIS? Non! Et c’est ici que se pose un réel problème. Mon monde. Je suis là, face à ce monde gouverné par l’argent. C’est tellement réaliste, c’est tellement blessant. Vous voyez, lié au monde, je constate que, d’un côté, seul l’argent, vit. Et moi de l’autre, je suis comme enchainé, prisonnier de son système, dont je dépends totalement aujourd’hui. Et cela me revient: Qui suis-je? Mes envies, mes convictions, mes actes … Sont-ils le résultat d’un choix que je fais moi et moi seul? Suis-je libre de décider? Suis-je libre de penser? Je n’ai pas envie de me prononcer de manière catégorique. Imaginer que la réponse soit non. Ce serait trop lourd à porter, à admettre, ce serait impensable et je me le refuserais de toute façon. Mon monde. Je suis continuellement inviter à penser de telle façon, à acheter telle chose, à me comporter de telle manière. Et pourquoi? Pour être cool? Pour avoir une vie sois disant plus facile et meilleure… Une vie où je serais heureux? Mon monde m’invite à me distinguer de la masse. Enfin, à m’y confondre finalement. Ma société n’a de cesse de m’influencer dans mes choix. Et inconsciemment, j’accepte cela. Si bien que j’en viens à me demander si je fais de réels choix, si mes pensées viennent bien du fond de mon cœur ou si elles sont, au contraire, tout bonnement influencées par la masse, elle-même influencée par la société et son système. Si mes pensées ne m’appartiennent pas, mes propres actes et mon devenir ne sont alors que factis et mensonger. Si je ne pense pas de manière propre, comment puis-je douter? Et vous aurez vraisemblablement compris où je voulais en venir. Descartes disait: "Je pense donc je suis". En d’autres termes, si je ne pense pas, je ne puis douter. Si je ne doute pas, je suis parfait. Or la perfection n’existe pas! Si je ne pense pas de manière propre, je n’existe donc pas! Mais alors, quelle est la signification de ma présence sur terre? Mais qu’est-ce que je fais là? Tout n’aurait-plus aucun sens. Je … Non! Stop, c’est effrayant! Cela dit, je fais partie de la masse. C’est un fait, je fais partie d’un tout. Un tout qui jamais ne se lasse de pomper abusivement les richesses de ma terre et de créer de problèmes. Un tout qui trouve des éventuelles solutions. Pas parce que c’est nécessaire, mais bien pour rassurer la masse. C’est joli, c’est propre, c’est efficace. Et je me contente de dire que c’est bien que c’est mal, ou encore qu’il faut que cela change. C’est joli, c’est propre, c’est efficace. Certains me diront que la maladie qu’est l’homme pour la terre peut enfin continuer, encore et toujours, à se répandre. Mais est-ce pour autant la faute de l’homme? Est-ce pour autant de ma faute si le monde va si mal? Non mais qui je suis moi pour me donner droit d’abuser de cette chère terre si hospitalière? Qui donne sans compter et qui ne demande en retour qu’on s’occupe un tant soit peu d’elle et qu’on la respecte. J’aimerais juste comprendre… Mais c’est la masse qui domine, c’est plus fort que tout, Elle est plus forte que tout! Et la terre va de plus en plus mal. Dès lors, suis-je complice? OUI! Dois-je pour autant l’accepter? Est-ce une fatalité? Je pense que NON! Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort, qu’ils ont pour autant raison. Je ne suis pas en accord avec le système mis en place, avec la masse et ses principes. Mais suffit-il de dire que je n’appartiens pas à la masse pour m’en détacher? Non. Vous voyez, l’influence que je subis de la masse me gêne beaucoup car cela m’empêche réellement savoir qui je suis. Est-ce dans la nature de l’homme de toujours vouloir plus et au final détruire ce que l’on a de plus chère? J’aimerais comprendre pourquoi nous agissons ainsi. Dans quel but, car nous connaissons la fin. Est-ce ça notre but? La fin? J’aimerais savoir si j’existe tel un pion ou si je peux vivre et jouir des présents de ce monde sans crainte aucune pour les générations futures. Saurais-je un jour qui je suis réellement? Peut-être bien que non. Et c’est sans doute mieux pour l’homme… Car ne pas savoir est plus facile que d’affronter la réalité. Mais est-ce pour autant mieux? Saurais-je un jour qui je suis? Cela fait 2000 mille ans qu’on se pose la question pour Dieu. J’ai encore du chemin à parcourir. C’est positif, car c’est sur le chemin de l’accomplissement nos objectifs que l’on devient quelqu’un et qu’on trouve le réel bonheur! Saurais-je un jour qui je suis? Telle est ma question!