L`art doit être accessible à tous
Transcription
L`art doit être accessible à tous
TESSIN MOBILITÉ ROYAUME-UNI Interdiction du voile Haro sur les pendulaires May en septembre: possible C’est ce jeudi qu’entre en vigueur la première loi antiburqa en Suisse. Réactions inquiètes. p. 25 Le Conseil fédéral veut que les «migrants» quotidiens payent davantage. Plusieurs modèles. p. 27 Theresa May se profile pour relayer le premier ministre David Cameron. Boris Johnson jette l’éponge. p. 31 VENDREDI 1ER JUILLET 2016 ® La Côte des loisirs CULTUREOSUISSEOMONDE «L’art doit être accessible à tous» LES PIONNIERS DE LA POLICE SCIENTIFIQUE NICOLAS QUINCHE HISTORIEN Le crime au féminin PORTRAIT Fondateur de l’ADAC, Enzo Miraglia quitte le Conservatoire de l’Ouest vaudois après vingt-sept ans d’enseignement. MAXIME MAILLARD [email protected] Se remettre en question, éviter la routine et le confort, tel est le credo d’Enzo Miraglia. A 55 ans, le Nyonnais d’adoption a décidé de quitter le Conservatoire de l’Ouest vaudois (COV), dont il fonda la section «Jazz et musiques actuelles» en 1991. A l’époque, l’institution s’établit dans les locaux de la Villa Niedermeyer. Enzo, lui, investit le garage. «Je l’ai retapé, isolé, j’y enseignais la batterie et le solfège. Plusieurs élèves que j’avais déjà à Gland m’ont suivi, puis j’ai fait venir des amis pour le chant et le piano. Gentiment, ça a pris de l’ampleur. A un moment donné, on n’était pas loin de 200 élèves dans la section.» Durant vingt-sept ans, le musicien n’aura eu de cesse de parfaire sa méthode au cœur d’un établissement dédié aux études classiques. Etre ouvert, à l’écoute, s’investir par rapport au besoins des gens désireux de faire de la musique: autant de points forts d’une pratique de l’enseignement envisagée comme un chemin vers la liberté. Car l’art ne doit pas être intellectuel, ni puriste; il ne ne se transmet pas comme un théorème mathématique. «Il faut t’inventer des images, sortir du confort pour créer». Tout sauf un élitisme, donc. «Un gamin qui vient de voir un clip à 10-12 ans, si tu lui apprends du Mozart, il y a peu de chance pour que ça marche. Faut rester ludique, ce qui n’empêche pas d’être exigeant derrière. L’art est un bien-être perpétuel qui doit être accessible à tous.» L’ADAC: une philosophie C’est ainsi que le diplômé du Conservatoire de Montreux a fondé l’Association des arts créatifs (ADAC) en 2009. Parce que le diplôme n’est pas tout et que la musique peut être partagée indépendamment de l’âge ou de la classe sociale. Fort de 22 professeurs et de plus de 400 élèves, l’ADAC est devenu un lieu incontournable de la formation à Nyon. Arts visuels, danse, musique y sont enseignés selon une philosophie simple: des auditions préférées aux examens; pas de cours individuels, mais un travail en groupe, impliquant une émulation entre les élèves, et pas seulement des devoirs envers les professeurs. Ces derniers sont tous actifs à l’extérieur de l’école, une manière d’éviter la monotonie en insufflant de l’énergie neuve. «Si t’arrives à transmettre la musique comme un jeu, très jeune, ça marche. L’essentiel est que l’enfant reparte avec les yeux brillants.» La musique aux tripes Passeur, Enzo Miraglia est aussi compositeur, batteur, lui qui a joué avec Pino Daniele, qui découvrit «la liberté de l’improvisation» avec Richard Pizzorno et Thierry Lang, et qui fit un passage au prestigieux Berklee College of Music de Boston. Ne lui demandez pas d’où lui vient ce goût des notes, du rythme, cette folle envie de faire et de transmettre la musique. Ça semble aller de soi. Pourtant, on n’écoutait pas de disques dans la famille de ce fils d’immigrés italiens arrivé en Suisse à deux ans et demi. Et si l’école lui a donné accès à bien des savoirs, ce n’est pas elle qui l’a mis sur la piste de l’art. «Peut-être les copains», esquisse-t-il après un instant, avant d’ajouter, comme rattrapé par ses souvenirs: «On avait un 33 tours qui tournait en boucle. A Lucens (ndlr: dans la Broye), t’avais rien d’autre, on se retrouvait et on écoutait de la musique.» Après le tambour à neuf ans vint le temps de l’orchestre, ancêtre de la disco et du DJ. «J’ai commencé dans les bals du village. On avait un band près de Payerne et on reprenait les hitparades du moment.» Deep Purple, Supertramp, Cabrel, Madonna, tout y passait, et sans partition, à l’oreille. La musique lui avait pris les tripes. Elle lui ouvrira aussi les portes de la peinture, en 2004. Comment? «Dans une note, il y a tellement de notes, c’est la même chose pour un trait. Seul le médium change, l’important est de s’imprégner, de découvrir, de voir.»} + INFO www.enzomiraglia.ch www.adac.me Enzo Miraglia a notamment composé la musique de «6e Elément», un spectacle de danse de la troupe Igokat, ex-premiers danseurs du Béjart Ballet. SIGFREDO HARO EN DATES 1960 Naissance en Italie. 1991 Crée la section «Jazz» du Conservatoire de Nyon. 1992 Diplômé du Conservatoire de Montreux Les hommes tuent et violent davantage que les femmes. Les statistiques ne laissent planer aucun doute sur ce constat incontestable: les crimes violents sont l’apanage des hommes. La population carcérale est d’ailleurs surtout masculine. Pourtant des périodes tragiques de l’Histoire mettent parfois en lumière des femmes qui assistent ou participent à des actes d’une barbarie inouïe, comme nous le rappelle Wendy Lower dans son ouvrage «Les furies de Hitler». Le régime nazi n’a en effet pas laissé de côté les femmes. Certaines ont intégré le système concentrationnaire, tandis que des sages-femmes et des infirmières ont participé à la politique de stérilisation forcée qui a causé la mort de plusieurs milliers d’individus suite à des opérations médicales bâclées. Des enseignantes ont participé à l’endoctrinement des élèves en organisant à leur intention des visites d’hôpitaux psychiatriques et en leur expliquant qu’il ne fallait éprouver aucune compassion à l’égard de ces êtres «inférieurs». Pourquoi ces femmes se sont-elles parfois portées volontaires pour officier dans les camps d’extermination? Certaines y ont vu l’occasion d’un emploi, une possibilité d’avancement ou l’envie d’exercer un pouvoir sur autrui. Les historiens ont encore trop tendance à omettre de mettre en lumière l’implication des femmes au cours de cette sombre période. La propagande nazie a elle aussi tenté d’occulter le rôle des femmes dans ces crimes en mettant en lumière davantage l’importance de la mère de famille que la complice du génocide et de la politique d’euthanasie. Les enseignantes, les sages-femmes et les infirmières ne sont pas les seules à avoir participé à cette entreprise criminelle. Il faut aussi mentionner les secrétaires qui sont nombreuses à s’être portées volontaires pour partir en Pologne, dans les pays Baltes et en Ukraine. Ces femmes œuvrant dans l’administration ont été des complices et des témoins directs des crimes de masse. D’ailleurs, peu ont osé s’opposer à ceuxci. Elles affirmaient ne faire que leur travail. Mais elles ne se contentaient pas toutes de rester dans des bureaux à officier comme dactylos ou opératrices téléphoniques. A l’Est, certaines Allemandes se sont rendues sur les scènes de crime pour encourager leur compagnon à tuer ou pour se livrer elles-mêmes à des crimes. Le rôle des femmes dans la terreur exercée dans les territoires de l’Est n’a rien de marginal. Wendy Lower, qui estime à un demi-million les femmes conditionnées ayant participé ou assisté à ces crimes, renouvelle les études sur la Shoah en concluant ainsi: «Le génocide est aussi une affaire de femmes. Quand on leur en donne l’occasion, elles s’y engagent elles aussi, jusque dans ses aspects les plus sanglants. Minimiser la culpabilité des femmes en la réservant à quelques milliers de gardiennes de camp endoctrinées revient à présenter sous un faux jour les réalités de la Shoah.» } SOMMAIRE 2004 Commence la peinture en autodidacte. 2009 Fonde l’Association des arts créatifs (ADAC). Agenda La Côte des Arts Le programme cinéma Les jeux Les programmes télé Economie p. 18 p. 19 p. 20 p. 21 pp. 22 à 25 p. 27