NATUROPATHIE • Produit à Nyon, le sirop du Père Michel pourrait

Transcription

NATUROPATHIE • Produit à Nyon, le sirop du Père Michel pourrait
 La liberté -­‐ 08/10/2013 Un sirop vaudois interdit ? par Sophie Dupont http://www.laliberte.ch/node/432069 NATUROPATHIE • Produit à Nyon, le sirop du Père Michel pourrait disparaître. En cause? La propolis, un de ses principaux composants. Près de 5000 signatures ont été réunies pour le sauver. Utilisé par petits et grands depuis 25 ans pour renforcer leurs défenses immunitaires avant l’hiver, le sirop du Père Michel est en danger. Son fabricant, les laboratoires Bioligo basés à Nyon, a été soumis à une interdiction de distribuer son produit leader par le chimiste cantonal vaudois, en avril dernier. L’entreprise a fait opposition et bénéficie d’un sursis. Cause des tracas de Bioligo, la propolis, l’un des principaux composants du sirop. C’est un mastic fabriqué par les abeilles et utilisé pour enduire les ruches, qui est considéré comme un antibiotique naturel dans les milieux naturopathes. La propolis a un statut flou. Elle ne répond pas à la définition de denrée alimentaire et ne peut donc être vendue comme telle. Mais elle n’est pas non plus vraiment reconnue comme substance médicamenteuse. «Chasse aux sorcières» Les laboratoires Bioligo ont lancé une pétition en juin dernier, pour sauver le Père Michel – sirop, mais aussi bonbons, sprays buccaux et autres produits qui contiennent de la propolis. L’ensemble de la gamme pèse environ trois cent mille francs, estime le directeur des laboratoires Bioligo, Frédéric Deville, qui dénonce une «chasse aux sorcières» contre la propolis. La pétition a réuni entre quatre et cinq mille signatures, mais son fabricant en espère dix fois plus. En 2012, environ 24000 flacons du fameux sirop ont été vendus en Suisse. Le produit est également exporté en Europe, où la propolis est reconnue comme denrée alimentaire. L’entreprise, qui sait que son produit est sur le fil du rasoir, a déjà fabriqué un sirop sans propolis, vendu dans les pharmacies qui se conforment aux directives fédérales et refusent de vendre la recette originale. «Mais ce n’est pas une solution, je me battrai jusqu’au bout pour conserver la propolis, et sauver notre patrimoine thérapeutique», rapporte Frédéric Deville, qui attend une décision du chimiste cantonal depuis plusieurs mois. Celui-­‐ci refuse de s’exprimer tant que la procédure juridique est en cours. Retiré au compte-­‐gouttes En même temps, les produits contenant de la propolis sont retirés des commerces au compte-­‐gouttes, au gré des inspections cantonales ponctuelles. «Lorsque nous trouvons ce sirop dans les pharmacies, nous les informons qu’il doit disparaître des rayons», confirme la pharmacienne cantonale vaudoise, Anne-­‐Sylvie Fontannaz. Selon Frédéric Deville, la propolis est plus ou moins admise selon les cantons. «A Genève, le pharmacien cantonal fait du zèle pour interdire les produits contenant de la propolis. Sur Vaud, nous avions constaté jusqu’ici une plus grande tolérance.» Faire agréer le sirop incriminé comme médicament «coûterait beaucoup trop cher», selon Frédéric Deville, qui parle de plus d’un million de francs. Et si l’on en croit Swissmedic, qui s’exprime avec beaucoup de précaution sur le sujet, rien ne garantit le succès d’une telle démarche. «Vu que la composition de la propolis change suivant le lieu de récolte, il n’est pas évident de prouver que le produit est efficace et de qualité», explique Stefan Borner, collaborateur scientifique à l’unité de contrôle des médicaments illégaux à Swissmedic. La propolis n’entre aujourd’hui en Suisse que dans la composition de deux médicaments (une préparation homéopathique et un gel buccal), et seulement en association avec d’autres principes actifs. I ***** Vers une médicalisation des substances naturelles? En 2008, le Tribunal fédéral a rejeté le recours d’une société qui vendait des pastilles aromatisées à la propolis. Il a invoqué que la propolis n’est autorisée ni comme denrée alimentaire, ni comme additif. La distribution des pastilles a été interdite «tant que le produit n’était pas au bénéfice d’une autorisation de l’Office fédéral de la santé publique ou d’un enregistrement auprès de Swissmedic». La propolis n’est pas la seule substance concernée. Les laboratoires Bioligo ont dû renoncer à quatorze préparations d’huiles essentielles en capsule. «Le problème est que les produits de médecine dite douce sont fabriqués par des petites entreprises familiales, qui n’ont pas les moyens financiers d’enregistrer leurs préparations comme médicaments», soutient Frédéric Deville. «D’une manière générale, les produits à base de plantes sont en train de disparaître», constate pour sa part Renato Kaiser de l’association suisse en naturopathie. A l’instar de la propolis, beaucoup de produits naturels autorisés en Europe comme denrées alimentaires doivent être enregistrés comme médicaments en Suisse. La situation pourrait changer avec la révision de la loi sur les denrées alimentaires, qui devrait être adaptée à la législation européenne d’ici à deux ans. Autre espoir pour le Père Michel, une initiative parlementaire demande de simplifier la procédure d’autorisation pour les médicaments relevant de la médecine complémentaire. Si elle passe la rampe, l’initiative de la conseillère nationale Marianne Kleiner (PLR/SG) permettra d’autoriser des produits thérapeutiques utilisés à petite échelle depuis plus de dix ans sans occasionner d’effets secondaires. Pétition en ligne -­‐ http://www.bioligo.ch/propolis/ 

Documents pareils