Regarnissage des Greens de golf et inversion de flore

Regarnissage des Greens de golf et inversion de flore
N’hésitez plus pensez à fortifier et regarnir vos greens !
Un green de golf doit obéir à des impératifs de jeu bien précis, en termes d’homogénéité du gazon, de
roulabilité, de vitesse, et d’absence de grain etc. Les graminées qui composent ce gazon doivent aussi
pouvoir résister aux tontes les plus rases et être parfaitement adaptées à l’environnement. Bien peu
d’espèces réunissent toutes ses qualités, et les agrostides ou les petites Fétuques rouges sont, sans
conteste, les espèces majeures sur les greens de golf : elles représentent la perfection.
Malheureusement, la plupart des greens de golf sont envahis de pâturins annuels. Certes, les
pâturins résistent parfaitement aux tontes, ils peuvent donner un gazon de qualité, à la fois fin et très
ras, mais dans tous les cas cette espèce est extrêmement fragile. Son entretien est particulièrement
délicat en été (arrosages incessants), et sa sensibilité aux maladies (Anthracnose, Fusarioses…)
entraîne de multiples traitements. De plus, du mois d’avril au mois de juin, les pâturins annuels
fleurissent sans arrêt, c’est une réelle gêne pour l’homogénéité et donc pour le putting.
Les invasions de Pâturins annuels commencent par taches, si on ne fait rien leur progression sera inexorable,
jusqu’à 100%, et l’été il y a l’Anthracnose, les stress et un déclin complet du tapis végétal..
Toutes ces raisons ont conduit les professionnels à développer des techniques de conversions ou
d’inversion de flore ; l’objectif est d’introduire de plus en plus d’Agrostides dans le tapis végétal, afin
d’inverser leur proportion par rapport aux Pâturins annuels. (Dans cet article, nous ne parlerons pas
des Fétuques rouges, impossibles à introduire dans les conditions de nos golfs continentaux
français).
L’inversion ou la conversion est possible grâce à des regarnissages, et on va intervenir au moment
même du déclin physiologique naturel des Pâturins. La fin de printemps et les mois d’été sont la
période la plus propice. On ne peut intervenir qu’avec des espèces plus agressives que le Pâturin
annuel, c’est l’intérêt des Agrostides en cette période estivale.
Tableau/diagramme, à encadrer
Au cours d’une année, sur un green de
composition mixte Pâturins/Agrostides, on
constate que les Pâturins réagissent comme
des annuelles d’hiver, avec 2 piques de
végétation :
automne,
puis
sortie
d’hiver/printemps. L’été, les maladies et les
fortes
températures
déciment
le
peuplement, et les agrostides dominent
alors nettement.
Inversion de flore : Les Agrostides sont des plantes agressives et faciles à installer, mais il faut
respecter plusieurs règles :
-le semis doit se faire dans un sol réchauffé et lorsque les températures extérieures sont favorables,
(moyenne jour/nuit ≥ 12°), cette période favorable commence en avril (sud) ou fin mai, puis jusqu’en
aout/septembre. Dans ces conditions la germination est rapide (6-8 jours), et après quelques
semaines le gazon est tiré d’affaires.
-le jeune semis est sensible à la concurrence des autres graminées, il faut donc les stresser, ou
ralentir leur croissance pour augmenter la compétitivité des Agrostides.
-le jeune semis doit être régulièrement installé, de préférence avec une regarnisseuse, ou en opérant
des travaux de piquages, (≥800t/m²), ou derrière des défeutrages créant des sillons. Trop en surface
la germination est délicate, surtout en présence de feutre, trop profonde (après 10mm), les chances
de germination sont compromises, la plantule sera étouffée.
Mise en place :
-L’utilisation d’un regarnisseur est vivement conseillée, pour ne pas dire obligatoire ; il existe des
modèles à disques, ou à couteaux, (Ryan mataway, Gandy), dont l’écartement va de 2 à 2,5cm le
feutre et le sol est découpé, et la graine est déposée dans ce sillon. Les semoirs Vredo (disques
articulés ) fonctionnent très bien, en choisissant les modèles légers montés sur le 3 point.
(écartement des sillons 3,5cm, on va donc croiser.
Il existe aussi des semoirs à pointes ou à ergots qui créent autant de petits trous (≥1000-1200/m²)
dans lesquelles la semence est positionnée : Terracombi-Proseeds-Blecmultiseeder, GreenSpeed etc.
ces modèles de semoir demandent un carottage avant, avec 6-800t/m² de microlouchets de Ø6mm ;
on peut ainsi attendrir la couche superficielle et bien positionner les graines qui tombent par gravité.
Enfin de nouveaux modèles de regarnisseur montés sur des éléments de triplex ont vu le jour
(Vibeseeder® de Maredo), des mini-trous (1200/m²) sont creusés dans lesquels les semences
tombent directement. Il faut une surface sèche pour que ça fonctionne.
-la dose de semis : 3-5g/m², bien répartis sont plus efficaces que 7-8g épandus à la volée.
-Dates de semis : fin avril/mai dans le sud, fin mai-juin dans le Nord. A renouveler jusqu’en en fin
d’été, mais bien avant le solstice.
-Fréquence : 2-4 fois/an, en renouvelant les années suivantes.
Avant le semis : des opérations culturales doivent être faites pour travailler le feutre et stresser les
Pâturins verticutting 1-2fois/semaine. 2-3 jours avant le ressemis utiliser un ralentisseur (dosage
adapté à la hauteur de tonte). L’emploi de Primo maxx, avant les opérations permet de stresser le
Pâturin annuel (si on force les doses jusqu’à 800ml/ha, (voir plus !)
Les soins et le management après le semis
Les tontes : si c’est possible on remontera un peu la tonte, 8 jours après le semis, et pendant
quelques semaines. (≥4,3mm est parfait). Une tondeuse simplex stresse moins, surtout sur les
pourtours/colliers intérieurs de greens.
Greenkeeping : Tout autant que la mise en place du regarnissage, les soins ultérieurs et le
management du green conditionnent les chances de réussite du jeune semis. Le sol doit être
maintenu frais pendant toute la durée de la levée, il sera fertilisé suffisamment sans excès (engrais
longue durée, 30N par mois de croissance). On évitera des opérations mécaniques violentes dès que
les brins sont visibles (pendant 3-4 semaines). Par la suite la conduite du green ne doit pas favoriser
les Pâturins annuels. Exemple : limiter les fumures azotées trop précoces ou tardives, les Agrostides
en profitent moins, diminuer réellement les fréquences/doses d’arrosages.
Les regarnissages fonctionnent aussi bien dans le midi que dans le Nord, ce qui compte c’est la persévérance
et un vrai plan de bataill,e suivi plusieurs années.
Conseils complémentaires : Le tour de green, le collier : ce sont souvent des zones creuses ou
envahies de Pâturins, un regarnissage s’impose pour installer des plantes plus agréables au jeu et
moins sensibles.
Les variétés : bien que les Agrostides stolonifères soient thermophiles, elles se cultivent du nord au
sud de l’Europe. Dans le nord les Agrostides stolonifères se montrent performantes, la difficulté
supplémentaire vient surtout que les périodes favorables aux Pâturins annuels sont plus longues.
La nouvelle génération d’Agrostides stolonifères est agressive et très compétitive ; sans demander de
soins plus compliqué qu’un vilain Pâturin. Exemple A1-A4-G6-Penlinks II-Cobraé, etc. De nouvelles
variétés encore plus agressives sont à essayer Mémorial, T1, Ignite. etc
Des sélections d’Agrostides communes ou d’Agrostis canina peuvent aussi être choisies dans des
zones plus septentrionales (et remplacer l’Agrostide stolonifère).
Les chances de réussite : il n’est pas fréquent de réussir du premier coup, mais Il faut être
persévérant. Le programme prendra plusieurs saisons, ce n’est bien souvent qu’après 2-3 campagnes
de regarnissages que l’on s’aperçoit qu’il y a de plus en plus d’Agrostides. Ce n’est jamais gagné
définitivement, car la pression des Pâturins est souvent très forte, au moindre faux pas les
populations de Pâturins annuels reprennent du terrain. Le regarnissage fait partie du management
d’un green. C’est une opération d’entretien ordinaire même si les techniques de mise en place et la
qualité des variétés n’ont rien de banales.
Questions complémentaires :
-Lorsqu’il y a très peu de pâturins annuels doit-on quand même regarnir les greens ? Bien évidemment il faut
sans cesse occuper le terrain, et le regarnissage permet justement d’empêcher l’installation des pâturins. Les
vieilles Agrostides de la génération de Penncross, Pennlinks peuvent aussi être améliorées, en ressemant les
plus récents cultivars, ils sont plus fins plus denses et ils résistent mieux aux tontes courtes et aux invasions de
mousses ou de Pâturins.
-Lorsqu’il y a 100% de Pâturins annuels doit on regarnir ? Oui, car le Pâturin annuel n’est pas une fatalité, on
peut réellement inverser la flore d’un green, et limiter les multiples inconvénients d’une monoculture de
Pâturins.
La conversion de flore doit rentrer dans un programme cohérent avec plusieurs regarnissages
annuels et cela pendant plusieurs années, c’est la clef du succès. La persévérance est indispensable
pour réussir.
Hervé Eric Cochard
Ingénieur Agronome
GAZON COCHARD - Bureau d’études Golf & Sols Sportifs
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