Sociologie chapitre 4 ordre politique et légitimation A - socio

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Sociologie chapitre 4 ordre politique et légitimation A - socio
COURS PREMIERE ES – LVH – STRATAKIS – 2012/2013
Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
SOCIOLOGIE
Chapitre 4 :
ORDRE POLITIQUE ET LEGITIMATION
★Questions centrales du chapitre 4 :
Comment se construit un Etat ? Une nation ?
Quelles sont les différentes formes que peut prendre un Etat ?
Comment les citoyens peuvent-ils participer à la vie politique,
autrement que par le vote ?
Qu’est-ce que le statut de citoyen ?
Vision d’une France qui ne
serait pas un Etat-nation.
Objectifs du chapitre 4 :
Acquérir des savoirs :
Savoir définir les notions essentielles du programme de première : Etat, Etatnation, souveraineté, Etat de droit, Etat unitaire/fédéral, démocratie
représentative/participative, citoyenneté, droits civiques.
Il faut savoir :
Expliquer les raisons historiques de l’avènement d’un ordre politique distinct des
ordres économiques, sociaux et culturels.
Distinguer la construction étatique de la construction nationale.
Utiliser le vocabulaire politique et juridique pour distinguer les différentes formes
étatiques.
Expliquer les différents formes possibles de participation politique et de
légitimation démocratique.
Définir la citoyenneté, et distinguer les différents types de citoyenneté en fonction
de l’environnement culturel et social.
-
Acquérir des savoir-faire :
savoir extraire les idées principales d’un texte
savoir analyser un document iconographique
savoir lire et interpréter des tableaux à double entrée et différents types de
représentations graphiques (diagrammes, représentations de séries
chronologiques)
savoir lire et interpréter, utiliser les taux de répartition, taux de croissance, taux
de croissance moyen, indice simple (de base 100), pour établir des comparaisons
dans le temps et l’espace.
Plan du Cours
I Pourquoi un ordre politique ?
II Quelles sont les formes institutionnelles de l’ordre politique ?
III Comment analyser la diversité des formes de citoyenneté et des cultures politiques ?
Activité de sensibilisation et de transition avec le chapitre 3 (contrôle social et déviance) : extraits du
film 1984, de Michael Radford, à partir du livre de Georges Orwell. Quels sont les instruments du
contrôle politique dans cette société ? Qu’est-ce qui unit politiquement les individus dans ctete
société ?
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
I POURQUOI UN ORDRE POLITIQUE ?
Activité de sensibilisation : les origines du pouvoir Belin documents réagir p 328
Q1. D’où ces trois personnages tirent-ils leur pouvoir ?
A/ Définir l’ordre politique
1. Qu’est-ce que le pouvoir politique ?
Document 1 : France2 Interview François Hollande 28/03/2013
http://www.youtube.com/watch?v=noU3c7oGlv4 du début à 5 :30 ou 7
en complément : Le discours du président François Hollande au Parlement Marocain
http://www.youtube.com/watch?v=GRSw23WTXrU
Q1. Dans quels domaines François Hollande dit-il ici intervenir (interview télévisée) ?
Q2. Pourquoi un Président de la république en France a-t-il du pouvoir ?
Q3. Quels sont les instruments avec lesquels il peut exercer un pouvoir politique ?
Q4. Qui représente François Hollande devant le Parlement marocain ?
Document 2 : Comment définir le politique Hatier doc 3 p 309
On qualifiera un gouvernement de politique lorsqu’il concerne l’ensemble des individus et des
groupes (familles, clans, parentèles, etc…) qui forment une société organisée, disposant d’un
territoire pour y exercer toutes sortes d’activités et appliquant des règles de vie communes. Ces
sociétés ou groupement politiques reconnaissent en pratique, comme le montrent les
comportements habituels de leur membres, le droit qu’ont certains individus (ou groupes
d’individus) d’accomplir des actes dont les effets s’imposent à tous, d’exiger le respect de règles
collectives, de définir ce qu’il convient de faire en certaines circonstances ou de manière continue.
Bref on peut parler d’activités politiques quand les membres de la société - pas n’importe lesquel,
mais seulement ceux auxquels est reconnue une autorité particulière sur l’ensemble du
groupement – parviennent à contraindre tous les autres à régler leurs différends selon des
procédures imposées, à payer des redevances à ceux qui gardent et protègent biens et personnes,
à se comporter comme il convient selon leur position, leur statut et leur place dans la société.
Jacques Lagroye, Bastien François et Frédéric Sawicki, Sociologie politique coll. « Amphi », dalloz,
2006.
Q1. Quels sont les éléments essentiels permettant de reconnaître une activité – ou un
groupement- comme étant politique ?
V
Point vocabulaire : Le pouvoir désigne une relation asymétrique. Il repose sur une
contrainte ou le consentement à obéir, lié à la légitimité de celui qui l’exerce. La
légitimité est la qualité de ce qui est conforme à la loi, à la justice, à la raison ou aux
règles établies.
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Le pouvoir politique est la domination qu’exerce un individu ou un groupe d’individu
dans une société, dans le but d’organiser celle-ci. Cette domination peut s’exercer à
l’encontre de la volonté du peuple (dictature) ou eu nom du peuple (démocratie).
Selon Max Weber (sociologue allemand, 1864-1920) a écrit dans Le Savant et le
Politique : « le pouvoir politique, c’est le monopole de la violence légitime ».
B/ La construction de l’Etat
Document 3 : Comment s’est construit l’Etat en France (carte + Nathan doc 1 p 280)
Carte de la France au Xème siècle - source : http://www.abcfrancais.com
La genèse de l’Etat en France
Au début du XIIème siècle, le roi de
France Louis VI le Gros, dépense encore
toute son énergie à tenter de pacifier son
domaine, qui ne s’étend guère, autour de
Paris, que de Senlis à Orléans. La violence
est on ne peut plus décentralisée dans ces
guerres permanentes qui mettent aux
prises une multitude de petits et grands
seigneurs. Mais après deux siècles de
luttes complexes, analogues aux logiques
de la concurrence commerciale qui firent
surgir des oligopoles, les monarques
anglais et français (…) sont déjà à la tête
d’ensembles territoriaux imposants qui
assurent leur supériorité militaire sur tout
autre grand seigneur(…). La victoire de
Charles VII, qui crée en 1439 une armée
permanente, permettra à son fils Louis XI
d’avoir les moyens d’écarter définitivement
la menace des grands seigneurs. (…)
(suite du texte) Les guerres du XVIII et XIXème siècle participent au renforcement du processus
étatique. D’abord parce que les rivalités entre puissances les conduisent à des efforts croissants
pour mobiliser les ressources (en en monnaie, en hommes, en matériel militaire…) nécessaires à la
conduite des opérations. A la fin de l’Ancien régime, la monopolisation fiscale au profit de la
Monarchie n’est pas achevée et les rentrées d’argent sont encore assurées par les « fermiers
généraux » qui sont des particuliers. (…) La révolution couronne l’évolution de ce processus
multiséculaire en rationalisant les prélèvements et en instaurant l’égalité de tous devant l’impôt.
(….) La mise en place d’une administration moderne (disposant d’un corps de fonctionnaires)
constitue le point d’aboutissement d’un long processus de rationalisation*.
P. Braud, Penser l’Etat, Editions du Seuil, 2004
*processus dans lequel les activités sont de plus en plus organisées selon des règles précises, reposant sur la
raison et l’objectif d’efficacité.
Q1. Comment est-on passé d’un pouvoir politique et militaire fragmenté à son unification
en France ?
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Q2. Montrez que les monopoles fiscaux d’une part et, militaires et policiers d’autre part,
se renforcent mutuellement.
Q3. En prenant l’exemple du monopole fiscal, montrez en quoi l’Etat moderne se
distingue de l’Etat de l’Ancien régime.
Un Etat est une forme institutionnalisée de domination où un territoire et sa
population sont contrôlés par une instance, dont le moyen est la détention du monopole
de la violence légitime. Dominique Colas, Dictionnaire de la pensée politique, Coll. Les référents,
Larousse 1997, in Nathan 2011.
Un Etat (c’est-à-dire l’ensemble des institutions qui le représentent : législatives,
judiciaires, exécutives) détient donc la souveraineté, c’est-à-dire le droit exclusif
d’exercer l’autorité politique sur un territoire donné.
C/ L’Etat-nation
Activité de sensibilisation : Astérix et Obélix Belin doc 4 327
Et en complément : vidéo de présentation d’Astérix et Obélix chez les bretons.
http://www.youtube.com/watch?v=9rXgg6TEwvI
Q1. Les aventures d’Astérix et Obélix sont-elles fidèles à l’histoire réelle ?
Q2. Quelles valeurs Astérix incarne-t-il, dans lesquelles les Français peuvent avoir envie
de se reconnaître ?
Q3. Pouvez-vous citer d’autres symboles de la nation française ? Et de la nation
marocaine ?
De quelle époque datent-ils ? Effectuez des recherches.
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
Document 4 : Les Kurdes, une nation dispersée dans différents Etats belin doc 2 p 329
Q1. Quels sont les principaux attributs qui font une nation ?
Q2. Que signifie un « Etat souverain » ?
Q3. Une nation possède-t-elle toujours un Etat ?
Un Etat n’abrite-t-il qu’une seule nation ? Illustrez chaque réponse avec d’autres
exemples.
Une nation désigne une communauté liée par un sentiment d’appartenance
commune et particulière, qui revendique son autonomie politique (c’est-à-dire le fait de
choisir ses lois). Définition Belin 2011
Un Etat-nation est l’alliance entre une nation et un Etat dans lequel celle-ci peut se
projeter. Définition Belin 2011
Il répond aux critères suivants : souveraineté
(indépendance politique), délimitation territoriale, pouvoir exercé par des représentants
élus démocratiquement, gouvernement émanant de la majorité politique et où la
population constitue une communauté culturelle Définition Nathan 2011.
Un Etat construit une nation par des éléments symboliques et matériels (lieux de
mémoires, monuments, drapeau, devise, fêtes nationales etc…), par la transmission
d’une langue, de normes, valeurs communes et d’une histoire commune, à travers
l’école, par la délimitation de territoires sur lesquels s’exerce le pouvoir politique.
II QUELLES SONT LES FORMES INSTITUTIONNELLES DE L’ORDRE
POLITIQUE ?
A/ Démocratie et démocraties
Document 5 : Qu’est-ce qu’un Etat de droit ?
a) « Une distinction classique oppose État de police et État de droit. Dans l'État de police, les règles
protectrices des libertés ne s'imposent qu'aux personnes privées, alors que dans l'État de droit
elles s'imposent aussi aux pouvoirs publics. Les libertés publiques ne peuvent donc se développer
pleinement que dans un État de droit. (...) L'État de droit est l'État qui, étant à la fois esclave et
protecteur des libertés, tire sa légitimité de son aptitude à les développer, et à s'y soumettre.
Pour que cette "mission-soumission" caractéristique de l'État de droit soit menée à bien, deux
conditions doivent être réunies. Il faut d'une part que l'action des gouvernants soit enserrée dans
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
une hiérarchie des normes, au sommet de laquelle figure la déclaration des droits, d'autre part que
les juges soient suffisamment indépendants pour en sanctionner la méconnaissance."
G. Lebreton : Libertés publiques et droits de l'homme, Armand Colin, Coll. U, 1995
b) « Le concept d’Etat de droit repose sur deux piliers :
- le droit au droit : du point de vue formel, l’Etat de droit suppose l’existence d’un ordre juridique
et d’une hiérarchie des normes bien établis ; mais il est également lié à l’adhésion du corps social à
une exigence démocratique. A priori le constitutionnalisme participe d’une philosophie libérale :
mais la revendication de droits économiques et sociaux relèvent davantage de la logique de l’Etatprovidence et conduit à un renforcement de l’Etat, alors que l’Etat de droit constitue par définition
un instrument de limitation de l’Etat.
- Le droit au juge : la diversité et la hiérarchie des normes impliquent pour leur respect la mise en
place de contrôles juridictionnels. Le contrôle de constitutionnalité des lois assure l’intégrité de la
pyramide des normes. Le recours pour excès de pouvoir, reconnu comme principe général du droit
applicable même sans texte, sanctionne la légalité des actes administratifs. »
B. Oppetit : Philosophie du droit, Dalloz, Coll. Précis, 1999
Source de l’exercice : http://www.eloge-des-ses.fr/pages/pedagogie/formes-institutionnelles-del27ordre-politique.pdf
Q1. Quelle est la différence entre un Etat de police et un Etat de droit ?
Q2. Que signifie l’idée de « hiérarchie des normes » ?
Q3. Rappelez la définition du terme « Etat providence ». Expliquez la distinction entre
Etat providence et Etat de droit :
Exercice : en vous appuyant sur les connaissances acquises au cours de votre scolarité,
rappelez les critères qui permettent de qualifier un régime de « démocratique » :
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Document 6 : Démocratie représentative et démocratie directe
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Belin document 2 page 331 et documents ci-dessous
Origine sociale des députés en 2007 en France
(âge moyen 55 ans et 3 mois, 4 % ont moins de 40 ans)
Pour la législature 2012 : http://www.assembleenationale.fr/qui/xml/tribun_tableau_post.asp
Assemblée nationale issue des élections législatives de 2012
Q1. A l’aide du doc 2 p 331,
rappelez les raisons de la
représentation dans les démocraties modernes :
Q2. Quelles sont les limites de la démocratie représentative ? Pour répondre, utilisez des
chiffres des documents ci-dessus sur la France.
Voyez-vous d’autres limites (non présentées dans les documents), à la démocratie
représentative ?
Document 7 : la démocratie participative
Première vidéo : le mouvement des « indignés » et « occupy Wall street », 2011
Journée historique pour les mouvements des Indignés et Occupy Wall Street
http://www.youtube.com/watch?v=RGTqwKxjnUo (moins de 2 mn)
Egalement : Indignation mondiale en ce samedi, Euronews, 1.05 mn
http://www.youtube.com/watch?NR=1&v=3zhHS4XJ3ac&feature=endscreen
(pour aller plus loin : en anglais : “Occupy Wall Street: the story behind seven months of protest”,
The Guardian, 4.43 mn, sur you tube, http://www.youtube.com/watch?v=KFOWci6yrSs)
Q1. Quels sont les objectifs des participants au mouvement « occupy Wall street » ?
Deuxième vidéo : « La démocratie participative : Nouveau créneau politique? », TV 8
Montblanc , 2010, 2.23 mn sur you tube.
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
http://www.youtube.com/watch?v=APmo-0vtqIs
Q1. Pourquoi mettre en place une démocratie participative dans les villes ?
Q2. Quelles limites voyez-vous à la démocratie participative ?
Une démocratie représentative est un système politique dans lequel les citoyens
élisent leurs représentants. Ceux-ci n’ont pas de mandat impératif mais sont censés agir
pour l’intérêt général. Une démocratie directe est une démocratie où les citoyens
prennent directement part aux décisions (ou indirectement par des représentants ayant
des mandats impératifs).
La démocratie participative désigne une forme de partage du pouvoir entre les
représentants élus et les citoyens, basée sur une participation des citoyens à certaines
débats et décisions politiques.
On parle encore de démocratie protestataire pour désigner un système politique qui
prend en compte les mouvements de contestations (manifestations de rues, pétitions,
rassemblements …)
B/ Les différents régimes politiques en démocratie
Document 8 : régime parlementaire et régime présidentiel
Source :
http://langlois.blog.lemonde.fr/2008/11/17/regimes_politiques/
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
Q1. Trouvez à quoi correspondent chacun des numéros (à côté des flèches) pour chacun
des régimes, et définissez leurs caractéristiques respectives :
. parlementaire :
1:
2:
3:
4:
5:
6:
Qu’est-ce qui caractérise le régime parlementaire ?
. présidentiel :
1:
2:
3:
4:
Qu’est-ce qui caractérise le régime parlementaire ?
Document 9 : le régime semi-présidentiel de la Vème république en France
(Voir document page suivante)
Q1. Quelles caractéristiques du régime présidentiel et du régime parlementaire se
retrouvent dans le régime français ?
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
Source : http://langlois.blog.lemonde.fr/2008/11/17/regimes_politiques/
C/ Etat unitaire et Etat fédéral
Exercice : vous mènerez une comparaison France et Etats-Unis sur les thèmes suivants :
lois, peine de mort, respect de l’ordre, échelons du pouvoir. (source : site éloge des ses)
Un Etat unitaire est un Etat dans lequel les mêmes règles de droit s’appliquent à
toute la population qui réside sur le territoire.
Un Etat fédéral est un Etat qui organise le partage des compétences par la constitution
fédérale entre l’Etat fédéral souverain et les Etats fédérés disposant d’une certaine
autonomie (législative, exécutive, judiciaire). Source : Bordas 2011
III COMMENT ANALYSER LA DIVERSITE DES FORMES DE
CITOYENNETE ET DES CULTURES POLITIQUES ?
Activité de sensibilisation : selon vous, que faut-il
apprendre, transmettre aux jeunes pour qu’ils
deviennent « citoyens » ?
Qu’est-ce que la citoyenneté selon vous ?
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A. Les trois dimensions de la citoyenneté
Document 10 : les différentes perceptions du mot citoyen Belin doc 1 p 334
Q1. La définition de la citoyenneté est-elle toujours la même ?
Q2. Sur quoi repose la citoyenneté selon Dominique Schnapper ?
Q3. Par quoi ce principe d’égalité et de commune appartenance à une même
communauté est-il de nos jours remis en cause ?
Document 11 : Les étapes de la construction des droits du citoyen Belin doc 2
Q1. Donnez des exemples de droits liés à la citoyenneté politique.
p 335
Q2. La citoyenneté dans ses trois dimensions est-elle présente partout dans le monde ?
B. Les différents types de citoyenneté selon la culture politique
Document 12 : Citoyenneté et universalisme dans le modèle français
[La] citoyenneté est aussi le principe de la légitimité politique. Le citoyen [...] est détenteur d'une
part de la souveraineté politique. C'est l'ensemble des citoyens, constitués en collectivité politique
ou en “communauté des citoyens”, qui, par l'élection, choisit les gouvernants. [...] C'est l'ensemble
des citoyens qui contrôle et sanctionne l'action des gouvernants issus de l'élection. [...]
En proclamant la souveraineté du citoyen, les révolutionnaires posaient le principe de
transcendance des particularismes (1). Constitués en “Nation”, pour reprendre la formule de
l'article 3 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, les citoyens cessaient d'être des
individus concrets pour agir dans l'espace public en tant que citoyens. C'est pourquoi ils devenaient
en principe citoyens sur un pied d'égalité, quelles que fussent leurs origines historiques, leurs
croyances et leurs pratiques religieuses, leurs appartenances sociales. [...]
La séparation du public et du privé devenait un principe fondateur de l'ordre social : au privé la
liberté des individus historiques dans toute leur diversité, au public l'affirmation de l'égalité des
droits des citoyens. Tous les particularismes étaient renvoyés à la sphère du privé. Ce qui fonde la
citoyenneté, c'est l'opposition entre les spécificités de l'homme privé, membre de la société civile,
et l’universalisme du citoyen.
Dominique Schnapper, “Citoyen”, Encyclopaedia Uniersalis, 2010
(1) : Transcendance des particularismes : dépassement des spécificités de chaque groupe afin de
placer avant tout les éléments communs partagés par tous les citoyens.
Q1. A partir du passage souligné, montrez en quoi la conception française de la nation
vise à "transcender les particularismes" : "au privé, la liberté des individus historiques
dans toute leur diversité, au public l'affirmation de l'égalité des droits des citoyens. Tous
les particularismes étaient renvoyés à la sphère du privé".
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Document 13 : Citoyenneté et multiculturalisme
Le multiculturalisme est un dispositif institutionnel, né au Canada au début des années 1980, qui
reconnaît juridiquement la pluralité des cultures au sein d'un même Etat. Chaque communauté
peut bénéficier d'une certaine autonomie politique, et demander à être protégée contre
l'assimilation et les discriminations. Ces droits sont accordés aux groupes et non pas aux citoyens
qui les composent. Le multiculturalisme ne suppose pas l'abandon d'une référence à des valeurs
universelles. C'est le principe des "accommodements raisonnables" au Canada : certains principes
universels sont posés comme supérieurs, mais on doit chercher les moyens de les concilier avec les
croyances particulières du groupe pour éviter la discrimination.
[Par exemple], chez les Sikhs, groupe religieux originaire du Nord de l'Inde, les hommes doivent
porter un poignard rituel. Un élève canadien s'est vu opposer l'interdiction du port des armes à
l'école. Un accommodement a été trouvé : il a été autorisé à porter son poignard cousu dans un
tissu de façon à ce qu'il ne puisse servir d'arme.
Magnard, 2011
Q1. Qu’est-ce que le multiculturalisme ?
Q2. En quoi la conception canadienne de la citoyenneté se différencie-t-elle de la
conception française ?
Document 14 : Des valeurs différentes de gauche à droite Hatier doc 4 p 327
Actuellement en Europe, trois grandes dimensions de valeurs rendent compte de la
manière dont les électeurs effectuent leurs choix politiques et se positionnent sur l’axe
droite-gauche. La première est la dimension religieuse. L’irréligion est un facteur de vote
à gauche, la croyance et l’appartenance religieuse favorisant au contraire le vote de
droite.
La seconde est la dimension relative au domaine économique et social. La croyance dans
les vertus de l’intervention de l’Etat pour assurer une plus grand égalité des conditions
incite à voter à gauche, alors que la croyance dans les vertus de la libre initiative privée
pour assurer l’intérêt général incite à voter à gauche.
La troisième dimension est celle des valeurs humanistes et universalistes. L’adhésion à
des valeurs de tolérance et d’épanouissement de l’individu humain pousse à voter à
gauche, alors que les valeurs ethnocentrées et rigoristes favorisent le vote de droite (…).
Etienne Schweisguth, valeurs et attitudes politiques en Europe, presses de Sciences Po,
2007
Q1. Comparez dans le tableau ci-dessous le vote à gauche et le vote à droite selon les
trois grandes dimensions de valeurs décrites dans le texte :
Valeurs
Gauche
Droite
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Pour aller plus loin : document 15 La droite et la gauche expliquées à ma fille
La campagne présidentielle n'enthousiasme personne, et surtout pas les jeunes. Au lycée, qu'ils
votent ou non, les adolescents sont au mieux perplexes, au pire indifférents. Dans les deux cas ce
n'est pas satisfaisant car ce qui se joue est malgré les apparences un débat d'idées qui mérite leur
attention. Au-delà des discours caricaturaux, il est important de leur expliquer sereinement ce qui
au fond différencie réellement Nicolas Sarkozy de François Hollande, et de façon plus générale la
"droite" de la "gauche".
Voici quelques repères pour répondre à leurs questions.
Il est utile de leur rappeler, d'abord et avant tout, que tous les candidats, quelque soit leur parti,
ont pour ambition de rendre les gens heureux. Oui, même Marine Le Pen. La seule réserve, dans
son cas, consisterait à dire que sa cible est moins large : dans "les gens", elle range sans doute
moins de monde que les autres candidats. Mais l'ambition demeure : les programmes prétendent
tous améliorer la vie des gens. Il n'y a pas la méchante droite d'un côté, et la gentille gauche de
l'autre, ou inversement. Les extrêmes n'y échappent pas, qui proposent toutefois des méthodes un
peu plus radicales pour y parvenir.
Car ce sont les méthodes qui font la différence, les moyens à mettre en œuvre. S'agissant des
principaux partis en lice, c'est même une différence de vision du monde, qui se traduit par l'ordre
dans lequel ils placent l'individu et la société, c'est-à-dire le collectif.
Pour le dire en quelques mots et proposer à nos adolescents une formule qui résume bien le débat
: la droite pense que pour que la société aille mieux, il faut que les individus aillent mieux. La
gauche pense à l'inverse que pour que les individus aillent mieux, il faut que la société aille mieux.
La droite part de l'individu et considère qu'une société harmonieuse est le fruit, ou la somme, de la
réussite ou du bien-être individuel. La gauche fait le chemin inverse, en considérant qu'il ne peut y
avoir de bien-être individuel qu'au sein d'une société harmonieuse. La réussite collective précède et
conditionne la réussite individuelle. C'est une distinction fondamentale qui traverse la science
économique, la sociologie, et l'ensemble des sciences humaines. Il est logique qu'on la retrouve
dans le champ politique.
Détaillons un peu.
Pour la droite, l'initiative individuelle est le moteur de la société. C'est elle qu'il faut favoriser, à qui
il faut donner les moyens de son épanouissement. Le désir de réussir, l'envie de s'enrichir, la
volonté de s'élever socialement : voilà des motivations que la droite reconnaît comme les
principaux moteurs de l'action.
Elle s'interdit de porter un jugement moral : l'avidité ou l'appât du gain n'ont pas à être condamnés
puisque la fameuse "main invisible" se charge de transformer ces vices privés en vertus publiques.
Les mécanismes sont connus : la volonté de réussir provoque le besoin de s'instruire, de créer des
entreprises, d'innover, ce qui au final crée de la croissance, des emplois et plus généralement de la
richesse. Celle-ci peut alors être plus ou moins redistribuée par l'Etat, au travers de dispositifs
comme la sécurité sociale, l'assurance chômage, l'enseignement, ou les infrastructures collectives.
La limite de ce raisonnement, c'est que ça ne marche pas aussi bien que prévu. La gauche pointe
précisément cette faiblesse : depuis 20 ans en particulier, la richesse créée par la croissance n'a
profité qu'à une très petite minorité, ce qui a conduit à une explosion des inégalités entre les
classes aisées et les classes modestes. Elle réclame en conséquence davantage de régulation : en
clair, que l'on cesse de se reposer sur l'initiative individuelle en pensant que les problèmes collectifs
se résoudront d'eux-mêmes grâce à la main invisible.
La gauche propose en effet d'inverser la perspective. Elle constate que tout le monde ne part pas
dans la vie avec les mêmes armes et que le mécanisme de la main invisible ne peut fonctionner
que si chacun démarre avec le même bagage, dans le même contexte.
Elle propose de commencer par travailler ce contexte, afin que chacun dispose d'un capital de
départ financier, culturel, symbolique, à peu près équivalent. C'est la raison pour laquelle les
questions d'éducation, de protection sociale, d'infrastructure, de logement etc. sont si présentes
dans son discours, là où la droite parle plus volontiers d'aider les entreprises et les entrepreneurs,
ou met en avant "la France qui se lève tôt".
A gauche, on n'hésite pas à justifier cette prééminence du collectif par des jugements moraux,
contrairement à la droite. Considérant que le raisonnement politique doit s'imposer au
raisonnement économique, elle considère certains comportements économiques comme clairement
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
immoraux et entend encadrer davantage l'activité, afin de remettre l'économie volontairement au
service de la société, et non mécaniquement par le biais de la main invisible.
Ce faisant, elle prend le risque de l'angélisme, qui consiste à ne pas reconnaître la réalité des
comportements individuels en pariant sur une humanité vertueuse.
C'est la limite que pointe la droite : l'expérience montre que les réussites, qu'elles soient
individuelles ou collectives, n'ont que peu à voir avec les bons sentiments. De surcroît, dans un
contexte mondialisé et encore très déséquilibré entre les riches démocraties du Nord et les
nombreux pays du Sud qui aspirent eux aussi à la prospérité sans avoir le même niveau d'exigence
sociale, c'est prendre un risque important.
Chacune des visions porte naturellement une part de vérité et une part d'exagération. Aucune n'est
suffisante et nos adolescents doivent en être conscients. Que cela ne les empêche pas de pencher
d'un côté ou de l'autre. L'important, c'est de comprendre les termes du débat, et d'y participer.
Le Monde.fr | 20.03.2012
Patrick Moynot, maître de conférences à Sciences Po Paris
Voir aussi : le texte d’André Compte Sponville, philosophe.
Q1. Quelles sont les caractéristiques de la droite selon ce texte ?
De la gauche ?
C. La participation citoyenne conventionnelle et la participation non
conventionnelle
Activité de sensibilisation :
Q1. Qu’exprime un vote blanc selon
vous ?
Q2. Quelle différence faites-vous
entre
vote blanc et abstention ?
Document 16 : Manifestations pour le droit au logement
Vidéo « Logement : Le Droit au logement interpelle la Ministre Cécile Duflot » you tube, 4
mn (regarder le début jusqu’à 1.45 mn)
http://www.youtube.com/watch?v=9WPBCDjhaOs
et vidéo « Nouvelle occupation du DAL ( Droit au Logement) » you tube, 4.07 mn
http://www.youtube.com/watch?v=zigk8uDvFUo (regarder le début jusqu’à 1.30)
Q1. Que demandent ceux qui manifestent ou occupent les locaux ?
Document 17 : vidéo Faucheurs d'OGM : la révolte continue (Touraine)
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COURS PREMIERE ES – LVH – STRATAKIS – 2012/2013
Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
http://www.youtube.com/watch?v=Hu_yI2F5te4 you tube, TV Tours 1.04
Q1. Que revendiquent ces faucheurs volontaires ?
Q2. Que risquent-ils ?
Q3. Qu’est-ce que la désobéissance civile ? Pourquoi la revendiquent-ils ici ?
Document 18 : De nouveaux modes légitimes de participation Hatier doc 3 et 4 p 331
La plupart de ces mobilisations* ont recours à des modes non conventionnels de participation
politique, par exemple des modes qui se différencient du vote – mais qui sont plus ou moins
reconnus ou légitimés par l’opinion publique. C’est le cas des modalités légales d’expression telles
que la manifestation ou le boycott approuvés par 76 % et 61 % des français, voire d’actions se
situant aux marges de la loi comme les occupations de locaux administratifs (ou autres) : 37 %. A
l’évidence, les nouvelles formes de mobilisation et de participation citoyennes impliquent un
renouvellement de la démocratie. Elles donnent lieu à des espaces d’expression publique inédits
mais aussi et surtout à l’institution de lis nouvelles avalisées par le législateur.
Guy Groux, Affaiblissement de la citoyenneté et nouvelles formes d’engagements citoyens.
b. La société civile s’est émancipée. Les citoyens acceptent moins bien la logique délégataire de la
démocratie représentative. Ils désirent aujourd’hui être représentés dans la diversité de leurs
appartenances (professionnelles, culturelles, …), mais aussi participer à la construction d’un espace
public commun et à la définition de l’intérêt général avec tous les attributs d’une identité sociale
particulière.
Au total, l’image d’un pouvoir central qui, à travers l’affirmation de sa volonté politique, peut agir
et transformer la vie sociale au nom de l’intérêt général ne correspond plus à la réalité. A cet idéaltype s’est substitué un système complexe de compromis entre les différents intérêts de la société
civile, dans lequel le pouvoir central n’occupe qu’une place d’arbitre et de régulateur.
Bruno Denis, Problèmes politiques et sociaux n° 927, 2006
*mouvements sociaux concernant les mal-logés, les chômeurs, les sans-papiers, mais aussi
d’autres types de mouvements concernant les femmes, les homosexuels, l’écologie…
Q1. Quelle est la forme conventionnelle de participation politique ?
Q2. Expliquez les transformations actuelles de la démocratie :
Pour aller plus loin dans la réflexion sur la participation politique non conventionnelle : voir le film
« Gandhi », Richard Attenborough sorti en 1982.
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
La citoyenneté désigne l’ensemble des normes juridiques et des pratiques
sociales qui fondent le statut de citoyen. Elle comporte un ensemble de droits et de
devoirs (voter par exemple pour le premier, payer ses impôts pour le second).
Un citoyen est une personne qui détient une part de la souveraineté politique.
La citoyenneté est le fruit d'une construction historique, par étapes :
- Acquisition de droits civils : protection contre l'arbitraire politique, liberté de parole,
d'expression, de propriété...
- Puis la citoyenneté politique, associée aux progrès de la démocratie : droit de vote,
liberté syndicale, liberté d'association, liberté de manifestation...
La citoyenneté politique marque l'appartenance à une communauté politique, la nation.
Les droits civiques désignent l’ensemble des droits civils et des droits politiques. Ils
désignent l’ensemble des droits du citoyen.
- Cependant, sans droits sociaux, les droits civils et politiques risquent de demeurer de
grands principes sans traduction concrète. Le droit à un travail, à la santé, au logement,
constituent une condition pour un plein exercice de la citoyenneté. Source : éloge des ses
Synthèse du chapitre 4 Ordre politique et légitimation. Synthétisez
La citoyenneté peut s’exercer différemment selon la culture des sociétés. On peut par
exemple distinguer l’universalisme à la française du communautarisme américain. La
culture politique européenne s’exprime à travers deux grands repères que sont la «
droite » et la « gauche », auxquelles se rattachent certaines valeurs et visions politiques.
Le vote est une façon conventionnelle d’exercer sa citoyenneté ; mais alors que
l’abstention croissante montre une pratique affaiblie de ce type de citoyenneté, d’autres
formes de participations, non conventionnelles, émergent et deviennent un mode
légitimé de participer à la vie politique. La démocratie représentative telle qu’elle existait
est remise en cause et laisse de plus en plus de place à une démocratie participative et
protestataire.
Exercice (source Hatier p 335) : associez chacune des notions suivantes à son illustration
a. Démocratie représentative
1. Participer à une réunion
b. démocratie participative
2. Couverture du risque maladie
c. droits civils
3. Droit de vote
d. droits politiques
4. Jury citoyen
e. droits sociaux
5. Election des députés
f. participation politique conventionnelle
6. Liberté d’expression
g. participation politique non conventionnelle
7. Occupation collective d’un logement
vacant en soutien aux mal-logés
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Partie 2 Sociologie Chapitre 4 : Ordre politique et légitimation
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