Politique | Un modèle pour l`Europe http://c.dna.fr/politique/2016/07

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Politique | Un modèle pour l’Europe
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POINT DE VUE - 25E ANNIVERSAIRE DU TRAITÉ GERMANO-POLONAIS DE BON VOISINAGE
Un modèle pour l’Europe
Gerhard Küntzle et Janusz Stańczyk, respectivement représentants permanents de
l’Allemagne et de la Pologne auprès du Conseil de l’Europe, rappellent les efforts
considérables de rapprochement faits par les deux pays.
Le Traité de bon voisinage et de coopération amicale du 17 juin 1991 a marqué un tournant dans
l’histoire germano-polonaise en posant les fondations pour la relance des relations entre les deux
pays. À cet accord s’en ajoute un autre : le Traité sur la confirmation de la frontière commune qui a
été signé à la même période. La frontière, définitivement confirmée, pouvait désormais devenir un
endroit ouvert aux rencontres et à l’amitié entre les deux nations.
Aujourd’hui nos pays jouissent de liens sociaux, politiques et culturels les plus proches possibles.
Après la Seconde Guerre mondiale, nos relations étaient caractérisées par le manque de
communication des deux côtés. La mémoire des crimes des occupants allemands était alors
omniprésente. La division de l’Europe a rendu les choses encore plus difficiles.
Les Églises des deux pays ont joué un rôle clé dans le rapprochement. En 1965, l’Église
protestante allemande a publié Ostdenk- schrift, qui est devenu une inestimable impulsion pour le
dialogue. Il appelait les Allemands à faire face aux conséquences de leur culpabilité dans la
Seconde Guerre mondiale et à réparer les injustices commises. Comme Richard von Weizsäcker,
un des auteurs devenu ensuite le président de l’Allemagne, l’a écrit, ce document a contribué à
pallier le manque de communication politique à l’époque.
La « Ostpolitik » de Willy Brandt
Les évêques catholiques de Pologne, pour leur part, ont fait un geste remarquable et généreux
d’ouverture envers leurs homologues allemands. Dans leur lettre, ils ont demandé d’initier « les
débuts d’un dialogue ». La phrase « nous pardonnons et nous demandons pardon » est devenue le
signe impressionnant de cette époque.
Avec la politique de détente du chancelier Willy Brandt, il est devenu possible de normaliser les
relations germano-polonaises. Quand le chancelier Brandt et le Premier ministre Cyrankiewicz ont
signé le traité introduisant la base de normalisation en décembre 1970, la Pologne et l’Allemagne
ont fait un courageux pas vers la réconciliation au plus haut niveau politique.
Le courage de Jean Paul II
Un autre homme de courage et de réconciliation fut inoubliable : le Pape Jean Paul II. Sa
contribution à mettre un terme au pouvoir communiste en Pologne et dans la région est
inestimable. Le mouvement de « Solidarnosc » reste une inspiration et un exemple pour toutes les
nations. La soif de liberté des Polonais fut le modèle des mouvements démocratiques en Europe de
l’Est et en Europe centrale, y compris la RDA.
Les relations germano-polonaises au cours des dernières décennies ont mis l’accent sur deux
dimensions de la réconciliation : l’une politique, l’autre morale. Deux gestes demeureront gravés à
jamais dans nos mémoires : l’échange du signe de la paix, signe chrétien du pardon et de la
réconciliation, entre le Premier ministre Tadeusz Mazowiecki et le chancelier Helmut Kohl, pendant
la messe commune à Krzyżowa en novembre 1989 ; et les paroles de Roman Herzog, le Président
de la République fédérale d’Allemagne, adressées aux Polonais à l’occasion du 50e anniversaire
de l’Insurrection de Varsovie célébré en 1994.
Nous souhaiterions conclure en rappelant le discours du ministre Władysław Bartoszewski au
Bundestag en 1995, disant que la mémoire et l’attentive rétrospection historique doivent être notre
compagnon à jamais. Mais, en même temps, ils ne peuvent pas être notre unique motivation. Ils
doivent plutôt servir pour ouvrir des motivations plus contemporaines et pour regarder vers le futur.
Les relations entre nos nations et États ont atteint la dimension européenne – la qualité de notre
voisinage décidera considérablement quand et à quel degré l’Europe divisée s’unifiera et vaincra
ce qui reste des divisions.
Le Traité de bon voisinage tout comme les déclarations, gestes et événements évoqués ci-dessus
ont bâti les fondations morales et politiques pour aujourd’hui comme pour demain, et continuent à
renforcer la structure de nos relations bilatérales. Notre difficile point de départ, qui doit être
respecté et rappelé, ne peut pas gêner notre courageux voyage vers l’avenir.
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18.07.2016 10:31

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