La Chaîne Sympathique Cervicale

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La Chaîne Sympathique Cervicale
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2000-2001
UNIVERSITE DE NANTES
La Chaîne Sympathique Cervicale
Par
Veto Vincent
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Pr. J. LEBORGNE
Président du jury :
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Pr. O. ARMSTRONG
Pr. C. BEAUVILLAIN
Dr. F. CAILLON
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. D. DUVEAU
Pr. Y. HELOURY
Pr. P.A. LEHUR
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. D. RODAT
Pr. R. ROBERT
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A/ Introduction
I/ Rappels anatomiques
Le système nerveux végétatif est un système qui est régi par deux systèmes opposés dans
leur fonction et complémentaires dans leur action.
Le premier, ou système orthosympathique, a une distribution métamérique, comme en
témoignent ses centres étagés dans la moelle, dans la portion centrale de la substance grise.
Le second, ou système parasympathique, possède des centres nerveux situés « aux
antipodes du névraxe et est de configuration transmétamérique ».
Ces deux systèmes ne sont qu’exceptionnellement placés sous le contrôle de la volonté : le
système végétatif est un système automatico-réflexe.
Comme le système nerveux de la vie de relation, le système nerveux végétatif possède à la
fois une partie centrale, dans le névraxe, et une partie périphérique : c’est sur une des parties
périphériques du système orthosympathique que portera notre étude.
II/ La chaîne sympathique cervicale
Le tronc(ou la chaîne) sympathique cervical(e) est destiné(e) à la tête, au cou, mais aussi
aux membres supérieurs, aux seins, et aux médiastins supérieur et antérieur.
La chaîne est classiquement décrite comme formée de trois ganglions principaux : le
ganglion cervical supérieur, le ganglion cervical moyen, le ganglion cervical inférieur ou cervicothoracique.
Cette chaîne est en réalité sujette à quelques variations.
En effet elle peut décrire deux, trois ou quatre ganglions étagés contre la lame prévertébrale
du fascia cervical, en regard des processus transverses des vertèbres cervicales et en arrière de la
gaine carotidienne.
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B/ Description anatomique du tronc sympathique cervical
I/ Anatomie morphologique
1/ Le ganglion cervical supérieur est le plus volumineux des trois, mesurant 40 mm de
long et 5 mm de diamètre. Ce ganglion correspondrait à la fusion des quatre premiers ganglions
sympathiques.
Ce ganglion se situe en regard et en avant des processus transverses des deuxième et troisième
vertèbres cervicales et du muscle long du cou, dans l’espace rétrostylien (c’est à dire dans la
portion postérieure de la région latéro-pharyngienne divisée en deux par le diaphragme stylien ou
aileron latéral du pharynx.), en arrière de l’artère carotide interne, et à 2 cm environ de la base du
crâne.
2/ Le rameau interganglionnaire qui lui fait suite est grêle et sa longueur d’environ 3 cm
est dépendante de l’existence ou non du ganglion cervical moyen (qui quand il existe, mesure
moins de 1 cm de long.).
Le ganglion cervical moyen existe en moyenne une fois sur deux. Il est situé en avant du tubercule
carotidien de C6 (tubercule de Chassaignac). Il peut se rapprocher ou même composer une partie
du ganglion sus- ou sous-jacent.
Il est relié par un rameau interganglionnaire complexe au ganglion cervico-thoracique.
En effet il peut :
se dédoubler autour de l’artère thyroïdienne inférieure (anse de Drobnick.)
mais en général ce rameau se divise en deux contingents :
→ l’un, postérieur,
qui rejoint directement le ganglion stellaire.
→ l’autre, antérieur,
peut rejoindre le ganglion stellaire ou contourner au paravent l’artère subclavière formant ainsi
l’anse sub-clavière, ou anse de Vieussens. A droite l’anse est représentée par quelques filets
nerveux contigus, alors qu’à gauche elle est souvent unique et rubanée.
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Ganglion
sympathique cervical
supérieur
Anse
subclavière
Ganglion
sympathique
moyen
Anse subclavière
Anse
subclavière
Ganglion
vertébral
A. vertébrale
Ganglion cervical
inférieur
Artère subclavière
A : Anse subclavière de type court
B : Anse subclavière de type moyen
C : Anse subclavière de type long
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3/ Le ganglion cervical inférieur
Il est constant mais sa forme est variable. De part son aspect irrégulier il est couramment
appelé ganglion stellaire ; bien que selon C. FONTAINE et A. DRIZENKO il soit rarement étoilé.
Il mesure 18 mm de long pour 8 mm de large.
D’après ces mêmes auteurs, il est dans trois cas sur quatre fusionné avec le premier ganglion
thoracique ; on le nomme alors ganglion cervico-thoracique.
Dans ce cas il peut soit constituer un ganglion unique dans la fossette sus- et rétro-pleurale de
Sébileau, soit former deux masses distinctes : une inférieure et volumineuse ; l’autre supérieure en
rapport étroit avec l’artère vertébrale, et appelée « ganglion vertébral ».
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Le tronc sympathique cervical
Dessin de Frank H. NETTER «ATLAS D’ANATOMIE HUMAINE »
Editions Maloine.
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II/ Anatomie topographique
La chaîne sympathique cervicale se situe dans la partie moyenne du cou si l’on
considère :
une région cervicale dorsale, ou nuque, constituée par les muscles érecteurs du
rachis (c’est à dire qui redressent la tête et le cou).
Région
cervicale
ventrale
Région
cervicale
moyenne
Coupe TDM
Passant en C5
Région
cervicale
dorsale
une région cervicale ventrale, en avant de la colonne cervicale, qui comprend au
centre une loge viscérale, latéralement une loge vasculaire, le tout engainé par les muscles
plus superficiels du cou.
une région vertébrale, au centre, occupée par la colonne vertébrale, les
muscles pré- et latéro-vertébraux qui s’y insèrent, et la lame prévertébrale du fascia cervical
qui les recouvre. C’est là que se situe la chaîne sympathique cervicale tendue presque
verticalement dans un dédoublement (aponévrotique d’origine discutée) soit de la lame
prévertébrale du fascia cervical, soit de la gaine vasculaire de l’axe jugulo-carotidien.
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III/ La distribution du tronc sympathique cervical
Le tronc sympathique cervical donne surtout des nerfs efférents. Il reçoit cependant
des rameaux communicants blancs, en provenance de deux myélomères C8 et Th1
(éventuellement Th2).
Nous verrons successivement les branches anastomotiques, vasculaires et viscérales pour
chaque ganglion de la chaîne.
1/ Le ganglion sympathique supérieur :
Ce ganglion situé le plus haut dans la chaîne sympathique va donner des branches pour les
plexus nerveux du cou et même du thorax, mais son rôle majeur est d’envoyer des
contingents sympathiques aux ganglions autonomes de la tête.
a) Les rameaux anastomotiques
Le ganglion donne naissance aux rameaux communicants gris pour les
trois premiers nerfs cervicaux.
De son pôle supérieur, émerge le nerf carotidien interne qui longe la face
postérieure de l’artère carotide et remonte avec elle dans le canal carotidien.
Il donne des branches sympathiques pour : - le nerf carotico-tympanique
- le nerf du canal ptérygoïdien (n. vidien)
- forme le plexus carotidien interne
dans le sinus caverneux qui donne des branches multiples : pour les nerfs
moteurs de l’œil, pour le trijumeau, pour les ganglions ciliaires et
ptérygopalatins, et des rameaux hypophysaires et méningés.
De son pôle supérieur naît aussi le nerf jugulaire d’Arnold, qui monte
plus latéralement que le nerf carotidien interne, car rejoint le foramen
jugulaire. Il rejoindra dans le crâne les ganglions supérieur et inférieur du
nerf vague (gg. jugulaire et plexiforme) et le ganglion inférieur du nerf
glosso-pharyngien (gg. d’Andersch).
b) Les rameaux vasculaires
Ils descendent le long de la carotide homolatérale, pour former les plexus
intercarotidien et carotidien externe.
c) Les rameaux viscéraux
Ils sont destinés au pharynx et au larynx en formant avec le IX et le X des
plexus nerveux.
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Le nerf cardiaque supérieur descend derrière l’artère carotide interne pour
aboutir au plexus cardiaque.
2/ Le ganglion cervical moyen
Les collatérales varient évidemment avec son volume, car on sait que ce ganglion
est absent une fois sur deux.
a) Il donne des rameaux communicants gris pour C4 et C5 ; d’autres
rameaux inconstants pour le nerf laryngé récurrent et le nerf phrénique.
b) Il donne des branches à destinée vasculaire pour l’artère thyroïdienne
inférieure et l’artère carotide commune.
c) Il donne enfin des rameaux à destinée viscérale : pour la thyroïde et pour
le cœur ( le nerf cardiaque moyen étant le plus volumineux des nerfs cardiaques).
3/ Le ganglion cervical inférieur
a) Les branches anastomotiques
Ce ganglion va recevoir les seules afférences du tronc
sympathique que sont les rameaux communicants blancs de C8 et Th1.
Ainsi, il se forme une liaison avec les centres nerveux cilio-moteurs (de
Budge) du névraxe. Classiquement, il n’existe pas de rameau communicant
blanc au-dessus du 8° nerf cervical.
Le rôle du ganglion cervico-thoracique est capital : il est le seul en relation
directe avec la moelle, par l’intermédiaire des rameaux communicants
blancs.
L’anse subclavière.
Le nerf vertébral de François Franck qui accompagne l’artère
vertébrale : il se poursuit jusqu’au tronc de l’artère basilaire en réalisant un
véritable plexus nerveux périartériel.
Il est parfois appelé « nerf accélérateur cardiaque ».
Anastomose avec le nerf phrénique par une anse nerveuse en
avant de l’artère subclavière.
b) Les branches à destinée vasculaire
Pour l’artère vertébrale
Pour l’artère subclavière
Pour le tronc thyro-bicervico-scapulaire.
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c) Les branches à destinée viscérale
Pour la plèvre et les muscles prévertébraux
Le nerf cardiaque inférieur.
IV/ La vascularisation du tronc sympathique
A/ La vascularisation artérielle
Le ganglion cervical supérieur reçoit des rameaux de l’artère pharyngienne
ascendante, de l’artère thyroïdienne supérieure, et parfois de l’artère cervicale ascendante.
Le ganglion cervical moyen est vascularisé par des rameaux de l’artère thyroïdienne
inférieure ou de l’artère cervicale ascendante.
Le ganglion cervico-thoracique est lui vascularisé par l’artère thyroïdienne
inférieure, le tronc costo-cervical et l’artère vertébrale.
B/ Le drainage lymphatique
Celui du ganglion cervical supérieur est très riche et se collecte dans les nœuds
jugulo-digastriques les plus crâniaux.
Celui du ganglion cervico-thoracique gagne les nœuds du premier espace
intercostal.
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C/ Conduite des dissections
1/ Matériel d’étude
Les dissections ont porté sur deux pièces anatomiques formolées, qui ont permis
d’effectuer les photographies présentées ci-après.
Les travaux de dissection ont été effectués à droite et à gauche pour l’un des sujets,
et à droite uniquement pour l’autre.
Matériel utilisé :
- Manches de bistouri n°4, et lames n°23
- Pinces de dissection
- Ciseaux de dissection divers
- Pinces à clamper
2/ But de l’étude
Le but de l’étude est d’étudier plan par plan les régions antérieure et moyenne du
cou, du point de vue topographique ; c’est à dire la description des fascias, des muscles, des
paquets vasculo-nerveux et des structures osseuses qui les entourent.
Puis la description de la chaîne sympathique, en particulier les ganglions moyen,
vertébral et cervico-thoracique, ainsi que leurs branches collatérales et leurs rapports.
3/ La voie d’abord
Le sujet est placé successivement en décubitus dorsal puis latéral, avec un billot
placé sous la nuque.
Une dissection assez large a permis de mettre à jour les différents rapports.
Trois grandes incisions du plan cutané :
Une première incision reliant la
mastoïde au gnathion, le long du bord inférieur
de la mandibule; une seconde reliant le
processus mentonnier à la fourchette
sternale sur une ligne strictement sagittale;
puis une troisième reliant le manubrium sternal
à l’extrémité latérale de la clavicule en
longeant le bord antérieur de celle-ci.
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4/ Le plan superficiel du cou
On découvre immédiatement sous le plan cutané et graisseux le muscle platysma
qui est le seul muscle cutané du cou. Il s’attache en haut sur le bord inférieur de la
mandibule et la commissure des lèvres, en bas sur la face profonde de la peau des régions
pectorale et deltoïdienne. Il forme une nappe aplatie (Platysma=assiette plate en grec)
oblique en bas, en arrière et en dehors, qui recouvre la partie antérieure du cou.
Avt
Bas
Le muscle platysma
Lame
superficielle du
fascia cervical
Clavicule
Plan
cutané
réséqué
Remarque :Le muscle platysma est habituellement le dernier muscle atteint lors des paralysies faciales
globales et le premier muscle a être réinnervé en cas de récupération.
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5/ Les muscles superficiels antéro-latéraux du cou
Ce sont les muscles : sterno-cléido-mastoïdien, les muscles supra et infrahyoidiens.
m. platysma réséqué
m. sternohyoïdien
Ventre supérieur du
m. omo-hyoidien
Chef sternal
Chef claviculaire
du m. SCM
Avant
Bas
Les muscles sterno-cléido-mastoïdien et infra-hyoïdien forment un triangle à sommet
inférieur, limité en haut par la glande submandibulaire et dans lequel on retrouve la gaine
jugulo-carotidienne qui contient trois éléments possédant chacun une gaine fibreuse
propre :
- L’artère carotide commune, qui s’y divise en a. carotide interne et externe à
environ 1 cm du bord supérieur du cartilage thyroïdien.
Elle est croisée par le tronc thyro-linguo-pharyngo-fascial à hauteur de la division
de l’artère carotide commune.
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- La veine jugulaire interne qui se jette plus bas dans la veine subclavière en
formant le confluent jugulo-subclavier (de Pirogoff ). Elle reçoit un contingent
important : le tronc thyro-linguo-pharyngo-fascial. Plus bas elle reçoit des veines
thyroïdiennes moyennes.
- Le nerf vague, ou dixième paire des nerfs crâniens, descend classiquement
dans l’angle dièdre postérieur formé par l’accolement de la veine jugulaire
interne et de l’artère carotide commune.
Avant
Bas
Artère carotide
commune
Veine jugulaire interne
sectionnée
Nerf vague droit
Ci-dessus, le muscle sterno-cléido-mastoïdien a été réséqué. Pour découvrir l’ensemble du
paquet jugulo-carotidien, la veine jugulaire interne a été sectionnée à hauteur du cartilage
thyroïde permettant ainsi de voir le nerf vague homolatéral que l’on a dit plus haut être
situé dans l’angle dièdre postérieur formé par l’artère carotide et la veine jugulaire interne.
c’est derrière cette artère carotide que nous allons rechercher la chaîne sympathique
cervicale :
L’artère carotide est tirée
vers l’avant par une pince
Avant
Le nerf vague est engainé
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avec l’artère
Bas
6/ Le tronc sympathique
Sur une vue médiale, on voit également se dessiner le tronc sympathique cervical : ici, le
ganglion cervical moyen n’existe pas, il s’agit donc d’une grande anastomose
interganglionnaire :
Du tronc sympathique
s’échappent de petits rameaux
à destinée vasculaire : pour l’artère
carotide
Vue latérale
même orientation
L’artère carotide n’est volontairement pas disséquée, ainsi on peut voir ci-dessus un lacis
de fibres nerveuses sympathiques qui assurent son innervation. On voit également
s’échapper du tronc les minuscules fibres nerveuses qui vont constituer ce plexus périartériel.
Ci-dessous, les ciseaux pointent une branche nerveuse plus volumineuse, qui elle aussi
participe à l’innervation sympathique de l’artère carotide.
Vue médiale
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Avant
Haut
La chaîne sympathique :
Droite
Haut
Le ganglion stellaire
Le ganglion moyen
Pôle inférieur
du ganglion
supérieur
Le nerf vague gauche
On découvre une anastomose entre la chaîne sympathique gauche et le nerf vague
homolatéral.
L’artère carotide commune gauche a été réclinée en bas.
Il existe un rapport intéressant le ganglion sympathique : l’artère thyroïdienne inférieure.
L’artère carotide est
réclinée vers la
gauche
L’artère thyroïdienne
inférieure issue du tronc
thyro-bicervico-scapulaire
passe dans un
dédoublement du rameau
interganglionnaire :
c’est l’anse de Drobnick.
Bas
Droite
La photo ci-dessus est une vue antéro-supérieure .
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Un autre rapport important concerne le ganglion cervico-thoracique et le ganglion
vertébral, c’est celui de l’artère vertébrale qui décrit une légère crosse pour rentrer dans le
foramen transversaire de la sixième vertèbre cervicale.
L’artère vertébrale rentre
dans le foramen
transversaire de C6
Ganglion vertébral
Artère vertébrale
La trachée est ici
réclinée en avant
Droite
Bas
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D/ Embryologie de la chaîne sympathique cervicale
Le tronc sympathique est originaire du bord ventral de la crête ganglionnaire.
Il s’agit d’un dérivé ectodermique qui se met en place vers la 5° semaine de la vie
embryonnaire.
Le système orthosympathique est un système métamérique, mais au niveau cervical on ne
retrouve pas la métamérisation initiale.
La région cervicale subit de profondes transformations lors du développement
embryonnaire.
C’est le phénomène de déflexion cervicale, qui explique « l’apparente descente » du cœur
dans le thorax.
La déflexion cervicale permet d’expliquer l’origine des nerfs cardiaques, du nerf
phrénique; en effet le septum transversum, zone mésenchymateuse qui constituera le futur
diaphragme, naît en regard des 3°, 4°, et 5° somites (selon C. FONTAINE) qui resteront
bien sûr chez l’adulte l’origine de l’innervation diaphragmatique.
Ce redressement du cou explique aussi l’origine des anses nerveuses ; c’est en effet les
formations artérielles issues du cœur qui en montant traverseront la chaîne sympathique en
développement et qui vont être à l’origine de l’anse subclavière (ou anse de Vieussens) qui
se forme entre les ganglions moyen et cervico-thoracique de chaque côté, de l’anse de
l’artère thyroïdienne inférieure ( ou anse de Drobnick ) ou encore du ganglion vertébral en
avant de l’artère vertébrale.
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E/ Systématisation du tronc sympathique cervical
I/ Les centres
Ils sont situés dans la substance intermédiaire latérale de la moelle, au niveau de la
corne latérale de la substance grise.
Plus précisément, cette colonne culmine au niveau de C8 avec le centre cilio-spinal
(de Budge), les centres cardio-accélérateur et cardiomoteur.
II/ Les voies afférentes
Elles sont constituées d’une part, par les rameaux communicants blancs de C8 et
Th1, d’autre part, par les fibres afférentes des rameaux communicants blancs sous-jacents
ayant un trajet ascendant dans les rameaux interganglionnaires.
III/ Les voies efférentes
Ce sont des fibres grises (= amyéliniques) qui après avoir reçues les informations
des rameaux communicants blancs, vont rejoindre soit :
les rameaux communicants gris pour le contingent somato-moteur,
destinés au plexus cervical (ganglion cervical supérieur) et au plexus
brachial (ganglion cervico-thoracique).
le nerf carotidien interne pour le contingent viscéro-moteur ; ce
dernier est constitué de fibres sympathiques vaso-motrices, viscéro-motrices,
musculaires, sécrétoires qui vont traverser les ganglions autonomes de la tête
sans y faire relais, et suivent des trajets plus ou moins complexes, pouvant
suivre des nerfs crâniens.
les rameaux viscéraux destinés au pharynx, au larynx, à l’œsophage
cervical et à la trachée.
les trois nerfs cardiaques de la chaîne sympathique qui sont cardioaccélérateurs.
les rameaux vasculaires, qui sont vasoconstricteurs pour le plexus
carotidien et les branches de l’artère subclavière.
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F/ Applications en clinique
I/ Le syndrome de Pancoast et Tobias
Aussi appelé syndrome apico-costo-vertébral douloureux, il s’observe au cours de
l’évolution des tumeurs malignes de la région de l’apex pulmonaire (cancer pulmonaire
surtout). Il est caractérisé par des douleurs irradiant dans l’épaule, le bras et la main, parfois
par une parésie localisée à la main et par des troubles sympathiques : Syndrome de Claude
Bernard- Horner, tachycardie, troubles de la sudation et de la pigmentation.
Une radiographie montre une opacité de l’apex et, presque toujours, des lésions de
destruction osseuse : costale et vertébrale.
Ici, sur un scanner on voit
distinctement une masse tumorale à
l’origine d’un syndrome de Pancoast et
Tobias .
Il faut également noter face à la
recrudescence des cas de tuberculose,
que cette maladie infectieuse, dont la
primo-infection est classiquement de
type apicale, peut provoquer un
syndrome de Pancoast et Tobias.
Une légère incision de la plèvre médiastinale
du poumon gauche permet de prendre
dans la pince l’apex du poumon.
Les ciseaux pointent le ganglion
cervico-thoracique.
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II/ Le syndrome de Claude Bernard-Horner
Aussi appelé syndrome oculo-sympathique paralytique, il correspond à l’association
De plusieurs signes caractéristiques, que sont :
Un myosis et donc une anisocorie.
Un rétrécissement de la fente palpébrale, ou ptosis partiel.
Une énophtalmie
avec presque toujours :
Une élévation de la température de la joue, et sudation unilatérale.
Autres signes associés : - troubles de sécrétion lacrymale avec larmoiements
- troubles de l’accommodation
- hémiatrophie discrète de la face
- troubles pilomoteurs (horripilation)
- alopécie unilatérale
Ce syndrome est du à une paralysie du sympathique cervical ipsilatéral aux signes observés.
Les étiologies sont diverses: - traumatique
- vasculaire (anévrysme de l’aorte ou de la carotide)
- tumorale (adénopathie cervicale/ adénopathie sus claviculaire/
tumeur du dôme pleural)
Remarque : il existe un diagnostic différentiel : le syndrome de Claude Bernard-Horner peut aussi se rencontrer dans
certaines lésions des hémisphères cérébraux et de la moelle allongée.
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G/ CONCLUSION
Cette étude concerne une région anatomique riche en éléments musculaires, vasculaires,
nerveux, osseux et tendineux : la région du cou, qui est la zone de transit entre la tête et le reste du
corps .
La réalisation de cette dissection aura donc été une aventure extraordinaire, de par la
complexité des rapports, et l’importance fonctionnelle des différents éléments rencontrés.
Le tronc sympathique appartient à un système qui régit tous les centres vitaux de notre
organisme : le système végétatif. Ainsi toutes les atteintes à ce système, de quelque nature qu’elles
soient, vont attenter à la parfaite organisation du système nerveux végétatif.
Quelques traitements existent pour traiter notamment le syndrome de Claude BernardHorner : il s’agit essentiellement de traitements chirurgicaux, tels les sympathectomies dorsales
hautes (préférées à l’exérèse du ganglion cervico-thoracique), ou d’infiltrations du ganglion
sympathique.
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