Bienvenue en Norlande Véronique Sels Imaginez Joseph K. qui se
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Bienvenue en Norlande Véronique Sels Imaginez Joseph K. qui se
Bienvenue en Norlande Véronique Sels Imaginez Joseph K. qui se serait égaré, en 1984, dans le village du Prisonnier, sous l’œil goguenard de Terry Gilliam et vous aurez un petit aperçu de ce qui vous attend dans le nouveau roman de Véronique Sels, Bienvenue en Norlande. Quoi ? Vous ne connaissez pas la Norlande ? Normal… Située entre la Belgique, la France, l’Allemagne et le Luxembourg, la Norlande existait depuis toujours, mais personne n’y prêtait attention. Qui s’intéresserait à un pays peuplé pour moitié par les moutons ? Pourtant, c’est là que Paul Maréchal, un jeune Français pour qui la gentillesse était plus noble et virile que la brutalité, décide d’aller étudier les langues germaniques. De prime abord, son choix est bon. Les filles étaient toutes ravissantes et polies. Les garçons, rasés de près et courtois. Mais Paul ne tarde pas à déchanter… le rêve tourne au cauchemar. Un cauchemar douillet, mais impitoyable. C’est vrai que la verve de Véronique Sels est loufoque et jubilatoire, mais elle est aussi profondément dérangeante. Le plus terrifiant n’est pas le casier judiciaire à points, fer de lance du régime norlandais qu’il faut bien qualifier de totalitaire ; c’est plutôt la séduction exercée par une dictature sournoise qui amène un petit garçon bien élevé à se vouloir… mouton, pour être reconnu comme un citoyen exemplaire et méritant de ce pays de gentils végétariens. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si je suis un type bien ou un monstre. Il est clair que je suis les deux. Bienvenue en Norlande fait sourire souvent… rire, parfois. Mais dès qu’on a refermé le livre, on se prend à frissonner tandis que du fin fond de notre mémoire remontent les échos d’un temps où en Belgique, en France, en Allemagne, au Luxembourg, des jeunes gens rasés de près et courtois, défilaient au pas de l’oie… Paul Couturiau pour « La Tribune du réseau presse » - le 05/01/2013