Une campagne pour l`évaluation du risque chimique

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Une campagne pour l`évaluation du risque chimique
actu formation
Automobile
Une campagne pour l’évaluation du risque
Fumées de gaz
d’échappement,
aérosols, dégraissants,
huiles de vidange…
Les salariés des
entreprises de la
réparation automobile
sont particulièrement
exposés aux produits
chimiques. Afin de
les inciter à évaluer
les risques chimiques,
la Carsat MidiPyrénées a lancé une
vaste campagne de
prévention par le biais
d’un réseau-relais
de formateurs agréés.
Une démarche qui
pourrait faire florès.
a officiellement été lancée
le 4 juillet dernier. Au premier semestre 2011, « on a
formé et conventionné quinze
consultants externes [cf. encadré] issus de douze organismes
de formation, raconte Didier
Durrieu, contrôleur de sécurité à la Carsat Midi-Pyrénées.
Ils interviendront durant
quatre jours discontinus en
entreprise : deux jours de for-
16
Travail & Sécurité ­­– Janvier 2012
des produits très nocifs sans
en avoir vraiment conscience,
notamment les produits pour
nettoyer et désodoriser les
tableaux de bord. Aujourd’hui,
on les a remplacés par un produit moins toxique, moins cher
et même plus efficace ! Grâce à
l’évaluation, on a mis en place
tout un système de recyclage
des déchets. On a acheté une
pompe doseuse avec enrou-
Le rôle
des formateurs
L
© Gaël Kerbaol/INRS
D
émultiplier les actions
de prévention via un
réseau de formateurs
conventionnés par la Carsat ?
C’est la stratégie de la Carsat
Midi-Pyrénées qui espère, par
ce biais, inciter les quelque
2 300 PME et TPE des secteurs
du commerce et de la réparation automobile et deux-roues
motorisés en Midi-Pyrénées
– soit environ 15 000 salariés – à réduire l’exposition
aux agents chimiques dangereux, dont certains sont des
cancérogènes, mutagènes et
reprotoxiques (CMR) avérés.
En association avec le Conseil
national des professions de
l’automobile (CNPA) MidiPyrénées et la FFC (Fédération
française de la carrosserie),
Réparateurs 31, l’opération
avant le 31 décembre 2014 et
de fournir la facture acquittée
relative à l’intervention du formateur, les fiches d’exposition
ainsi que trois preuves d’actions de prévention réalisées.
Une phase préalable d’expérimentation a été menée
entre 2007 et 2008 auprès
de quinze entreprises volontaires. « Au bout d’un an, on
a supprimé 30 % des CMR, se
mation sur le risque chimique
et sur le logiciel d’évaluation
Clarice, plus deux jours d’accompagnement à la mise en
œuvre d’un plan d’actions et de
fiches d’exposition. » Les entreprises de moins de 50 salariés
pourront bénéficier d’une
aide financière de 70 % du
montant global de l’intervention du consultant formateur,
plafonnée à 2 000 euros par
entreprise. À condition de
s’engager dans la démarche
félicite Didier Durrieu, un tiers
des entreprises ont rempli les
fiches d’exposition. On considère que 70 % des salariés de
ces entreprises sont protégés. »
Jean-Raymond Lascours, responsable après-vente du
garage Boréal Automobiles
à Labège près de Toulouse,
a participé à cette expérimentation. « On avait bien
un document unique mais
rien sur le risque chimique,
raconte-t-il. Or, on utilisait
es formateurs
conventionnés par la
Carsat ont pour mission de
recenser tous les produits
chimiques dangereux,
de collecter et d’analyser
les fiches de données de
sécurité (FDS) poste par
poste, puis d’incrémenter
la base de données du
logiciel Clarice (développé
par la CRAM AlsaceMoselle). Celle-ci permet
de fournir des statistiques
sur les interventions
des formateurs, par
département et par
typologie d’activité,
et de vérifier que les
actions de prévention
ont bien été réalisées
dans les entreprises.
Ensuite, les formateurs
aident l’entreprise à
mettre en œuvre un plan
d’actions avec notamment
la suppression ou la
substitution des produits
CMR ainsi qu’à réaliser
des fiches d’exposition
des salariés (FDE).
e chimique
leur, on a refait l’aire de lavage
à l’extérieur… C’est vrai que ces
aménagements coûtent cher,
mais ils sont rapidement amortis. » Si l’utilisation du logiciel
d’évaluation (à l’époque OSER)
a posé quelques problèmes
au départ, la démarche d’évaluation des risques chimiques
semble aujourd’hui péren­
nisée. « On continue d’évaluer
les risques poste par poste. Et
les salariés sont plus sensibilisés, surtout sur le port des
EPI », conclut-il.
Il s’agit maintenant d’inciter
le reste des entreprises de ce
secteur. « Nous espérons qu’au
moins 500 entreprises s’engageront d’ici à la fin de l’année
2014, note Didier Durrieu,
mais c’est difficile pour les
petites structures car le chef
d’orchestre, c’est le chef d’entreprise. Et pendant qu’il se
forme, il ne produit pas ! » En
outre, le principe de démultiplication via des organismes
formateurs – à but lucratif –
est une première. « Le risque,
c’est que les entreprises soient
insuffisamment
informées
au départ, souligne Didier
Durrieu. Elles pourraient également être tentées de mettre
en place des actions trop simplistes plutôt que de réfléchir
à l’organisation du travail
notamment. » Néanmoins,
si les résultats sont au rendez-vous, la démarche pourrait être appliquée à d’autres
types de risques et à toute la
région Midi-Pyrénées.
Jérôme Lemarié
Risques chimiques
Les méthodes d’évaluation évoluent
■
La nouvelle réglementation CLP, relative à
la classification, l’emballage et l’étiquetage
des produits chimiques, va conduire à une
mise à jour de la méthodologie d’évaluation
simplifiée du risque chimique (1). En effet, quel
que soit le type d’évaluation de risques mis en
œuvre dans les guides ou méthodes existants,
il est nécessaire de caractériser les dangers
des agents chimiques utilisés, en se basant
sur la FDS (fiche de données de sécurité) et
l’étiquetage. Or, le règlement n° 1272/2008
modifié, dit CLP, entré en vigueur en janvier
2009, instaure de nouvelles dispositions relatives
à la classification des dangers et à l’étiquetage.
Il n’existe pas de correspondance parfaite
entre l’ancien système et le règlement CLP,
qui s’applique depuis le 1er décembre 2010
aux substances et devra être mis en œuvre
pour les mélanges à partir du 1er juin 2015. En
raison des dispositions transitoires fixées par le
règlement, l’étiquetage des substances avec le
système CLP ne sera pleinement effectif dans
l’ensemble de la chaîne de distribution qu’à
partir du 1er décembre 2012 pour les substances
et du 1er juin 2017 pour les mélanges. Les
modifications des nombreuses réglementations
qui font référence à la classification ne seront
quant à elle bien souvent effectives qu’au
1er juin 2015. Jusqu’à cette date, les informations
relatives à l’ancienne classification restent
donc disponibles sur la FDS, même pour les
substances et mélanges étiquetés CLP.
C’est donc également pour juin 2015 que
les grilles de cotation des dangers utilisées
dans les méthodes et outils proposés devront
être disponibles et validées. Dans le cadre de
conventions sur la prévention des risques CMR
(cancérogènes, mutagènes et toxiques pour
la reproduction) signées entre le ministère du
Travail, la CNAMTS, l’INRS et les fédérations
professionnelles (UIMM, UIC, Sipev (2)), un
groupe de travail animé par l’INRS mène des
réflexions pour faciliter l’appropriation et
le déploiement de l’évaluation des risques
chimiques par les entreprises. Ce groupe de
travail recommande vivement de ne pas adopter
trop rapidement et sans validation l’adaptation
des classes de danger suivant le règlement
CLP. Un outil informatique d’évaluation et
d’information sur le risque chimique, développé
par l’INRS avec le concours de l’ensemble des
partenaires, viendra compléter, dans le courant
de l’année 2014, la méthodologie proposée.
1. ND2233 : Méthodologie d’évaluation simplifiée du risque
chimique : un outil d’aide à la décision, INRS, HST, 3e trimestre
2005.
2. UIMM : Unions des industries et des métiers de la métallurgie ;
UIC : Union des industries chimiques ; Sipev : Syndicat national
des industries des peintures, enduits et vernis.
G. B.
Hôpital
Une enquête mesure le malaise
■
Dégradation. C’est le
mot que citent 70 %
des médecins hospitaliers
interrogés pour qualifier leur
métier aujourd’hui. D’après une
enquête nationale auprès des
praticiens hospitaliers, réalisée
par le Syndicat national
des praticiens hospitaliers
anesthésistes-réanimateurs
élargi (SNPHAR-E), 43 % des
professionnels interrogés
estiment qu’il vaut mieux
aujourd’hui ne pas être
médecin (14 % estiment le
contraire et 22 % qu’il vaut
mieux être médecin libéral).
La cause notamment de
ce désarroi : le manque de
considération. Moins de 20 %
des praticiens se sentent
respectés par leur direction et
63 % jugent que leur travail
n’est pas reconnu par leur
établissement à la hauteur
du temps qu’ils y consacrent.
L’enquête, publiée en
novembre 2011, a été réalisée
auprès de 3 612 personnes
sollicitées par mail, internet
et réseaux sociaux en
septembre de la même année.
2 997 réponses complètes
ont été analysées. 94,7 %
des personnes interrogées
travaillent à temps plein à
l’hôpital.
www.snphar.com/Default.aspx.
J. C.
Travail & Sécurité ­­– Janvier 2012
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