la leçon - Didier Lestrade

Transcription

la leçon - Didier Lestrade
Porno
LA LEÇON
MORT DU SIDA EN 1992, AL PARKER ÉTAIT UN DIEU DU PORNO GAY, QU'IL FIT PASSER
DES SALLES OBSCURES AUX MAGNÉTOSCOPES DE SALON. AVEC LA RÉÉDITION EN DVD DE CINQ
DE SES FILMS, ON DÉCOUVRE UN VÉRITABLE AUTEUR, DOUBLÉ D'UN FOU DE SEXE.
uand, en 1980, à 28 ans, Al Parker fonde Surge Studios avec son
il est déjà l'acteur porno gay le plus célèbre
du monde. Lancé par Colt Studios dans les années 70, confirmé par
Falcon, il joue toujours les premiers rôles dans des films où sa
frénésie sexuelle n'a pas de limite. En fait, même s'il n'a pas inventé
le phénomène, Parker est l'incarnation du «clone», ce gay mousta·
chu made in San Francisco . Aujourd'hui, la société de vente par
correspondance Man 2000 importe des DVD édités par Pacific Sun
qui compilent des morceaux pas toujours bien raccordés de films
écrits, produits et interprétés par Al Parker pour Surge Studios, et
réalisés après 1988. Mettons de
Même s'il n'a pas
côté America's Sexiest Home
inventé le phénomène,
Videos et Kinky Stuff, des
compilations dans lesquelles
Paykey est l'incaYnation
«clone», ce Bay moustachu Parker est assez peu présent.
Produits après la mort de la star,
made in San Fyanci.sco.
ces films, qui ont parfois des
scènes en commun, recèlent quelques perles. Dans Amercica's
Sexiest Home Videos, par exemple, une gym-queen overpoilue
sujette à une véritable diarrhée verbale éructe des phrases
supposées viriles en s'essuyant délicatement les fesses sur la
cuvette. C'est hilarant. Dans Super Surge Outtakes Il, Parker se met
en scène en poète, entre Cocteau (les torchères vivantes de La Belle
et la Bête) et Godard (les portes ouvertes jamais franchies
d'Alphaville). Il déambule dans les vestiaires d'un sauna, totalement
Qamant Richard Cole,
du
34
TÊTU. FÉVRIER 2003
nu, puis, en plan serré, ouvre l'un des casiers, d'où sort un sexe,
qu'il suce jusqu'à ce que sa barbe soit blanchie par le sperme.
L'opération, répétée plusieurs fois, avec d'autres bites inconnues,
tourne à la folie. C'est long, ce n'est rien, un plan fixe très cadré, de
profil, mais Parker, dingue total des prépuces, est tellement médusé
lui-même qu'on le regarde faire bouche bée. Dans (Surge men are)
Better than Ever et Turbo Charge, tournés en 1988, les sexes sont
souvent pompés à la machine avant le début du plan. Cela donne
des images plus proches des films médicaux sur l'éléphantiasis que
du porno. Quand Parker se flagelle le visage avec le sexe horrible·
ment boursouflé d'un Black coiffé comme Jerrnaine Jackson puis
lui glisse des billes de verre dans le prépuce, l'évanouissement nous
guette. La nostalgie aussi, quand on découvre les capotes courtes
des balbutiements de la prévention, qui ne couvraient de leur latex
épais que le gland. Dans Turbo Charge, Parker, qui se savait malade,
propose un véritable manuel du safe-sex absolu. 11 bouffe le cul de
Justin Cade à travers un film plastique alimentaire (Reynolds Plastic
Wrap 200 - on voit la marque) sans perdre une once de son appétit
légendaire, et joue avec les capotes en suçant, comme il aimait le
faire avant avec l'excédent de peau. À la fin, ce message: " Safe sex
can be hot. .. and FUN Il!>> . Al Parker est mort, mais il faut retenir sa
leçon. THOMAS DOUSTALY Captures d'écran VINCENT VE RDE
Better than Ever et Turbo Charge, avec Al Parker, 25!l'un, 45!
les deux. Disponibles, comme quatre autres films d'Al Parker, chez
Man 2000. Renseignements au 0140 19 0542 et sur www.man2000.fr