Solarstadt Gelsenkirchen
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Solarstadt Gelsenkirchen
GELSENKIRCHEN – VILLE SOLAIRE S'il vous plaît citer que: Jung, W., Hardes, A. and Schroeder, W. (2009) : From industrial area to solar area - the redevelopment of brownfields and old building stock with clean energies. In: Maryke Van Staden; Franceso Musco (Eds.): Local Governments and Climate Change. Sustainable Energy Planning and Implementation in Small and Medium Sized Communities. Springer, Heidelberg. SOMMAIRE RÉSUMÉ............................................................................................................................... 2 DESCRIPTION DU CAS ....................................................................................................... 2 Un nouveau paradigme pour la « cité de l’énergie » .......................................................... 2 Le point de départ : le Parc scientifique de Gelsenkirchen................................................. 2 L’industrie photovoltaïque, noyau d’un cluster dédié à l’énergie propre ............................. 4 Impliquer la population : les lotissements solaires ............................................................. 5 La seconde vague dans le développement de la stratégie / Institutionnalisation................ 6 La seconde vague de projets de grande envergure ........................................................... 7 Des lotissements solaires aux quartiers solaires ............................................................... 7 CONCLUSIONS .................................................................................................................... 8 RÉSUMÉ Ancien centre minier et sidérurgique – avec plus de la moitié de la population active employée dans ces secteurs jusqu’aux années 1960 – la ville de Gelsenkirchen se dirige aujourd’hui vers un futur énergétique nouveau, basé sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. L’un des éléments clé de la politique de cette ville en matière d’urbanisme consiste à explorer et à mettre en œuvre les options offertes par l’énergie propre pour la revitalisation d’anciens sites miniers, et la rénovation de bâtiments liés à cette activité, tels que les corons. Divers projets ont déjà été réalisés, allant des édifices industriels individuels à l’architecture spectaculaire aux lotissements solaires prévus pour quelque 2.000 habitants. Cette démarche est appelée à prendre encore plus d’ampleur, avec un projet actuellement en cours portant sur la construction d’un nouveau quartier sur le site d’un ancienne mine. DESCRIPTION DU CAS Un nouveau paradigme pour la « cité de l’énergie » L’histoire de la ville solaire qu’est Gelsenkirchen s’apparente à une boucle de rétroaction positive et continue, entre le niveau de la stratégie et celui du projet. Le point de départ de ce cercle vertueux se trouve à la fin des années 1980, alors que le déclin industriel était à son apogée et que, pour la première fois, les taux de chômage frôlaient les 17 %. Confrontée à cette situation difficile, la municipalité et le gouvernement du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie ont élaboré ensemble une idée dont l’objectif était de faire prendre à la mutation structurelle une direction nouvelle, positive, sans négliger pour autant les racines du développement économique de la région : Gelsenkirchen, la cité de l’énergie, la ville des mille feux devait devenir la ville des mille soleils – une « ville solaire ». Le principal enjeu était de créer de nouvelles activités et des emplois dans un secteur industriel moderne, et d’améliorer l’image de marque de toute la région, de manière à attirer les investisseurs et de la main-d’œuvre qualifiée, et ce pas seulement dans le secteur de l’énergie. Mais par où commencer pour mettre en œuvre un programme aussi ambitieux ? Près de trois décennies de déclin dans les industries minière et sidérurgique avaient laissé place à de nombreuses friches industrielles sur le territoire urbain, plusieurs d’entre elles s’étendant sur de vastes superficies et étant fortement polluées. Mais, d’un point de vue au moins, ce passé historique s’est révélé être un avantage : l’expansion la ville s’étant faite avec ces sites, et autour d’eux, ceux-ci se situent à des emplacements centraux, bien desservis par les infrastructures routière et ferroviaire. Dans la plupart des cas, la propriété de ces sites a été transférée d’entreprises industrielles privées (en faillite) à l’Agence régionale de développement du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie (Landesentwicklungsgesellschaft, LEG NRW). À cette époque, la LEG s’était déjà spécialisée dans la dépollution et la réhabilitation des sites industriels contaminés – en coopération avec les municipalités respectivement concernées de la région. Le point de départ : le Parc scientifique de Gelsenkirchen Le point de départ de la mise en œuvre du programme évoqué ci-dessus a été l’idée de construire le Parc scientifique (Wissenschaftspark) de Gelsenkirchen, un pôle technologique moderne érigé sur le terrain d’une ancienne fonderie d’acier, à proximité du centre-ville. Après 125 ans d’exploitation minière et de production d’acier sur ce site, la fonderie Thyssen a été finalement fermée en 1984, la mine de Rheinelbe étant, quant à elle, déjà fermée depuis 1930. L’idée d’ériger le Parc scientifique de Gelsenkirchen a germé pour la première fois en 1989. À l’époque, elle était étroitement liée au lancement de l’IBA Emscher Park – un programme représentant plusieurs milliards d’euros d’investissement et prévu sur dix ans, portant sur la régénération de la région de la Ruhr et comportant des projets individuels largement co-financés par le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie et l’Union européenne.1 Inauguré en 1995, le Parc scientifique de Gelsenkirchen est devenu un projet emblématique, à la fois pour l’IBA Emscher Park et pour la stratégie de la « Ville solaire » de Gelsenkirchen. Au cœur d’un parc paysager de 45 hectares, un centre technologique de 300 m de long a été érigé, offrant une superficie de 12.500 m² pour des bureaux et des laboratoires. En 1995, au salon international de l’immobilier MIPIM à Cannes, cet édifice, qui a remporté plusieurs prix d’architecture, a été reconnu comme étant « l’un des meilleurs centres d’affaires en Europe ». L’Agence LEG (une filiale à 100 % du Land) et la Ville de Gelsenkirchen étaient les maîtres d’ouvrage et les propriétaires du projet.2 La majeure partie de l’investissement total de 50 millions d’euros a été financée par l’Union européenne (par le biais du Fonds européen de développement régional), par le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie et par l’État fédéral. En 1996, une centrale photovoltaïque de 210 kW a été construite sur le toit du centre technologique. À cette époque, c’était la plus grande de son genre dans le monde. L’investissement, qui se chiffrait à 3 millions d’euros, a été co-financé par le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, par l’Union européenne et par la régie communale d’électricité. L’architecture spectaculaire et le profil « haut de gamme » de l’édifice ont permis – au moins en partie – de procéder à un recrutement ciblé d’institutions de recherche et d’entreprises comme locataires du nouveau pôle technologique. L’un de ces premiers locataires a été l’Institut für Angewandte Photovoltaik – INAP (Institut de photovoltaïque appliquée), fondé en 1996. L’INAP menait des recherches sur une nouvelle génération de cellules solaires à colorant, activité reprise plus tard par l’Institut Fraunhofer des Systèmes d’énergie solaire (FhG ISE), basé à Fribourg. Recherche, développement et marketing de technologies liées aux énergies renouvelables sont devenus l’une – mais pas la seule – des pierres angulaires des activités accueilles par le Parc scientifique. Aujourd’hui, sur les 45 entreprises et institutions installées dans le centre technologique et dans un centre destiné aux start-up, situé à proximité, 8 travaillent dans le domaine des énergies propres. À gauche : l’ancienne aciérie Gelsenkirchener Gussstahl- und Eisenwerke AG (1929) ; à droite : le Parc scientifique de Gelsenkirchen, avec la centrale photovoltaïque de 210 kW (1996) Les modules photovoltaïques « verre/verre » de la centrale de 210kW du Parc scientifique ont été fabriqués par une entreprise locale, projet qui lui a permis d’accroître et d’automatiser sa production. Aujourd’hui, la Sté Scheuten Solar figure parmi les leaders sur le marché mondial des systèmes photovoltaïques intégrés dans les édifices. L’inauguration du Parc scientifique de Gelsenkirchen, combinée aux applications à grande échelle de la technologie solaire produite au niveau local, a marqué le point de départ simultané de deux pistes majeures dans la mise en œuvre de la stratégie de la « Ville solaire » : a) des efforts conjoints de la municipalité et du gouvernement du Land visant à soutenir la croissance d’un 1 Pour un bref aperçu du programme, cf. : Ingrid Helsing Almaans (1999) : Regenerating the Ruhr – IBA Emscher Park project for the regeneration of Germany’s Ruhr region. In : Architectural Review, février 1999. 2 À la fin de 2007, la participation de LEG NRW dans le capital du Parc scientifique s’est terminée, et la Sté Science Park Gelsenkirchen GmbH est devenue une filiale à 100 % de la Ville de Gelsenkirchen. cluster industriel dédié à l’énergie propre ; b) une série de projets de référence spectaculaires propres à concrétiser la stratégie des clusters, à générer une identité locale et à soutenir la stratégie. L’industrie photovoltaïque, noyau d’un cluster dédié à l’énergie propre Une démarche évidente propre à renforcer l’industrie naissante du photovoltaïque a été de grimper plus haut sur l’échelle des valeurs, et d’attirer des investisseurs pour un site de production de cellules solaires. Cet objectif a été atteint en 1999, année où, à proximité immédiate de l’usine existante de modules solaires, Shell Solar a ouvert une fabrique dotée d’une technologie de pointe, capable de produire chaque année des cellules solaires d’une puissance totale de 25 mégawatts (MW). Se chiffrant à 30 millions, l’investissement a été subventionné par le Land et par l’Union européenne. Aujourd’hui, les deux usines (production de cellules et de modules) appartiennent à Scheuten. Leur expansion est prévue, afin de répondre à la croissance mondiale des marchés du photovoltaïque : d’ici la fin de 2008, la capacité de l’usine de cellules sera portée à 50 MW, ce qui se traduira par la création de 100 emplois. L’usine de modules a déménagé à l’intérieur du territoire urbain. La capacité de production du nouveau site sera portée à 100 MW, les effectifs passant à 420 personnes en 2010. C’est dans le but de favoriser l’innovation et l’optimisation des technologies de production des cellules solaires que l’Institut Fraunhofer des Systèmes d’énergie solaire (FhG ISE), basé à Fribourg, a ouvert en 2000 un laboratoire et un centre de services dédiés au photovoltaïque à Gelsenkirchen, à proximité de l’usine de cellules solaires. À gauche : l’usine de cellules solaires ; à droite : l’usine de modules solaires (toutes deux Scheuten Solar, Gelsenkirchen) La combinaison de sites de production modernes et de projets de référence spectaculaire n’a pas tardé à attirer l’attention sur le modèle de Gelsenkirchen, et ce bien au-delà des limites de la ville. Le Parc scientifique de Gelsenkirchen, l’usine de cellules solaires de Shell et l’Académie Mont Cenis, aux environs de la ville de Herne, équipée de modules solaires de 1 MW produits à Gelsenkirchen et pleinement intégrés dans la façade de verre, ont formé le « Triangle solaire de l’Emscher Park », projet présenté en 2000 à l’Exposition universelle de Hanovre, qui a attiré des milliers de visiteurs venus du monde entier. Stimulées par l’émergence de l’industrie photovoltaïque locale et par l’amélioration des plans de soutien au photovoltaïque mis en place à la fin des années 1990 au niveau régional et fédéral, les entreprises de la région ont été de plus en plus nombreuses à s’investir dans la planification, l’installation, la commercialisation et la maintenance de systèmes solaires, contribuant ainsi à l’essor d’un « secteur de services solaires ». Visant à favoriser ce développement, des programmes de formation pour architectes, promoteurs, ouvriers et chômeurs ont été mis en place et tenus régulièrement, plusieurs d’entre eux au Parc scientifique.3 3 H.P. Schmitz-Borchert et W.Jung (2002) : The Role of Science Parks in the Development of Regional Industry Clusters: The case of the ‘Solar City Gelsenkirchen’, contribution à la 19e IASP World Conference on Science and Technology Parks, 3 au 6 septembre 2002 , Québec – Canada Aujourd’hui, la liste des entreprises appartenant au cluster dédié aux énergies propres dépasse largement le secteur du photovoltaïque : elle inclut notamment des sociétés fabriquant des collecteurs solaires thermiques, des pompes à chaleur géothermiques et des composants d’éoliennes, ainsi que des bureaux d’ingénierie spécialisés dans le biogaz et les parcs d’éoliennes, pour ne citer que les plus importantes.4 Impliquer la population : les lotissements solaires Parallèlement à ces activités de gestion de clusters, la municipalité a travaillé sur la seconde piste, évoquée précédemment, de mise en œuvre de la stratégie solaire de la ville, à savoir le développement d’autres projets de référence. Les projets déjà réalisés à cette époque (Parc scientifique, usine de cellules solaires et Mont Cenis) mettaient en effet en évidence le potentiel économique de la technologie solaire, et son aptitude à être utilisée dans l’architecture moderne. Alors que ce message avait été reçu cinq sur cinq par les politiques, les chefs d’entreprise et les architectes, il ne se prêtait pas exactement à une implication générale de la population. Cette implication a été obtenue par le lotissement solaire de Gelsenkirchen-Bismarck, projet qui a mis en évidence le fait que les énergies propres – considérées comme faisant partie du concept de l’habitat intégré – possèdent un grand potentiel pour l’amélioration de l’habitat et de son environnement. Le projet, qui était le premier de son genre dans la région de la Ruhr, s’inscrivait dans le programme intitulé 50 Solarsiedlungen NRW (50 lotissements solaires en Rhénanie du Nord-Westphalie). Lancé en 1997, ce programme est encore en cours aujourd’hui, certains des projets en étant encore au stade de l’étude ou de la construction. Ces projets se distinguent non seulement par des concepts innovants d’utilisation de l’énergie, mais aussi par d’excellents paramètres sociaux, environnementaux et urbains.5 Le lotissement solaire a été créé à la périphérie de l’ancien site minier Consolidation, au cœur du quartier Gelsenkirchen-Bismarck, à deux kilomètres du centre-ville. Lancé en 1993, le projet de planification de cette vaste zone a commencé par un concours d’urbanisme, qui a débouché : a) sur une Gesamtschule (école intégrée) à l’architecture écologique, professant des méthodes d’enseignement modernes, et b) sur un lotissement comprenant des maisons à l’architecture intentionnellement simple, conçues, pour certaines, par leurs futurs propriétaires. Ces deux projets ont été achevés en 1997. Les habitants du lotissement ont été sensibilisés aux enjeux de la démarche par des réunions d’information et des brochures. Il se sont fortement identifiés au projet, comme le prouve le fait qu’ils aient fondé une association locale à vocation écologique baptisée SOL Förderverein für solare Energie und Lebensqualität der Sonnensieldung GelsenkirchenBismarck e. V. (Association pour l’énergie solaire et la qualité de vie). Ce groupe organise des réunions d’information et des visites guidées du lotissement. Les retombées positives du projet ont été multiples, dépassant largement les enjeux purement écologiques. L’un des aspects les plus importants du projet a peut-être été le fait qu’il offrait un cadre de vie attrayant à de nombreuses jeunes familles qui, sans cela – suivant la tendance générale du moment – auraient pu avoir choisi de partir s’installer en dehors de la ville, contribuant ainsi à son dépeuplement croissant. De plus, le projet a contribué à stabiliser le mélange social et à rehausser le profil d’un quartier de la ville qui avait un besoin urgent de renouveau. Il a aussi fourni le cadre à une intégration 4 Pour un aperçu complet, voir www.solarstadt-gelsenkirchen.de > Company Guide 5 Cf. www.50-solarsiedlungen.de. Un programme de suivi visant un enjeu technologique plus vaste est en cours de préparation au Ministère des Affaires économiques et de l’Énergie du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie (Intitulé du projet : « 100 lotissements pour la protection climatique »). systématique de solutions mettant en œuvre les énergies propres dans les projets d’habitat, dans la ville et au-delà. Et dernier argument, mais pas des moindres, il a contribué à impliquer le public dans la mise en œuvre de la stratégie axée sur l’énergie solaire, alors qu’elle était initialement conçue comme une démarche « top-down ». Les retombées sociales des projets des lotissements solaires se sont trouvées confirmées dans un second projet qui s’inscrivait, lui aussi, dans l’initiative des 50 lotissements solaires. Le lotissement solaire de Gelsenkirchen-Lindenhof, de la société immobilière Landesentwicklungsgesellschaft (LEG) NRW, est un exemple de l’intégration réussie de la technologie solaire dans la rénovation de bâtiments anciens. Le lotissement de Lindenhof avait été initialement construit en 1952, pour les mineurs et leurs familles. Les mesures de rénovation visaient à rehausser de manière significative le standard environnemental, tout en maintenant les loyers à un niveau socialement acceptable. Les travaux d’étude ont été lancés en 2000. Commencées en 2002, les mesures de modernisation ont été achevées en 2003. Désireuse de faciliter l’émergence d’autres projets de lotissements solaires, la municipalité a lancé en 2003 un programme visant à aider les petites sociétés et coopératives immobilières, en analysant leurs parcs de logements et en définissant des priorités en termes d’investissements. Cette initiative a débouché sur un projet de rénovation solaire de la société immobilière GGW, filiale de la Ville de Gelsenkirchen (bloc de maisons, rénovation achevée en 2006), et sur une coopérative immobilière (lotissement solaire, actuellement au stade de planification). La participation de la population à la mise en œuvre de la stratégie de la « Ville solaire » s’est trouvée encore accrue par les nombreuses activités conçues et organisées dans le cadre du réseau de l’Agenda 21, créé en 1998 et financé essentiellement par la Ville de Gelsenkirchen et l’Église protestante. L’un des projets phare de cette démarche est une course de charité baptisée SOLIDAR 21, organisée chaque année depuis 2000. Elle réunit entre 3.000 et 5.000 jeunes en âge scolaire, qui parcourent au total quelque 10.000 kilomètres et recueillent des fonds auprès d’environ 10.000 personnes. Une partie de l’argent ainsi collecté (entre 30.000 et 40.000 euros chaque année) est consacrée à des installations photovoltaïques sur des bâtiments publics, ainsi qu’à des projets d’énergie solaire dans des pays en voie de développement.6 La seconde vague dans le développement de la stratégie / Institutionnalisation Le succès de la mise en œuvre des projets de grande envergure évoqués précédemment a eu un impact positif au niveau de la stratégie. Au sein de la municipalité, les processus et budgets ont été révisés, puis optimisés, afin de faciliter de nouveaux investissements dans l’énergie solaire et de nouvelles applications de cette technologie, et de répondre aux attentes croissantes générées par la proclamation de la stratégie de la « ville solaire ». Afin de renforcer la participation des principales parties prenantes, la municipalité et le Parc scientifique de Gelsenkirchen ont initié en 2004 la création de l’association sans but lucratif Solarstadt Gelsenkirchen e.V. (Ville solaire de Gelsenkirchen).7 Parmi les co-fondateurs, on trouvait la régie communale d’électricité (privatisée) l’Université des sciences appliquées, la Chambre des Métiers, une grosse société immobilière et des entreprises de l’industrie solaire. Après l’adhésion, en 2007, de deux institutions de financement, la liste des membres de l’association comprenait la totalité des acteurs importants concernés par les technologies liées aux énergies propres, depuis la recherche, le développement et la production jusqu’à l’installation et la maintenance. Dès ses tous débuts, l’association a joué le rôle de forum 6 Voir la liste des projets sur le site : http://agenda21.gelsenkirchen.de/ 7 Site web : www.solarstadt-gelsenkirchen.de pour la communication et le développement de projets présentant les qualités de Partenariats Public-Privé (PPP). La seconde vague de projets de grande envergure L’écho manifestement positif suscité par l’énergie propre et devenu un argument de marketing pour la ville de Gelsenkirchen s’est avéré précieux pour le lancement d’autres projets de grande envergure. En 2007/2008, quatre projets remarquables ont été achevés. Certains d’entre eux avaient été initiés par de nouveaux venus sur la scène locale du secteur solaire. Gelsendienste, filiale de la Ville en charge de la gestion des déchets et des espaces verts, a mis le toit de l’un de ses hangars à la disposition d’un investisseur, qui y a installé une centrale photovoltaïque de 200 kW. Ce projet est le premier de ce type réalisé à Gelsenkirchen. Des tentatives lancées antérieurement avaient souvent échoué, les entreprises susceptibles de fournir un toit estimant en effet que le risque lié à un bail de location à long terme était trop élevé. La centrale photovoltaïque de 360 kWp installée sur l’entrepôt de la société de logistique LOXX a démontré que les projets photovoltaïque de grande envergure pouvaient s’avérer attrayants pour les entreprises du secteur privé, et ce à plusieurs égards, représentant notamment un investissement économiquement viable et une manière de professer une « approche verte ». L’un des projets les plus spectaculaires réalisés à ce jour est la centrale photovoltaïque de 355 kWp installé sur un colosse en béton, vestige du passé sidérurgique. S’associant à d’autres investisseurs, la société d’ingénierie solaire Abakus Solar a installé la centrale sur le bunker de minerai de fer et de charbon de l’ancienne aciérie Schalker Verein, réalisant ainsi un autre projet emblématique qui symbolise la transition de la ville du charbon à l’énergie solaire. Le lotissement solaire de Gelsenkirchen-Schaffrath représente un autre point d’orgue dans la liste des projets solaires de la ville. À la fin de 2008, la société immobilière THS aura installé près de 800 kWp de modules solaires sur les toits orientés vers le sud d’un ancien lotissement minier modernisé, créant ainsi la plus vaste « communauté photovoltaïque » jamais réalisée en Allemagne, et la deuxième au niveau mondial.8 Ce projet représente la troisième contribution de Gelsenkirchen au programme 50 lotissements solaires initié par le Land. L’un des volets du projet de modernisation a été de réduire les besoins en chaleur des immeubles, à une moyenne de 70 kWh par mètre carré, et de basculer l’approvisionnement en chauffage sur le réseau de chauffage urbain. Des lotissements solaires aux quartiers solaires Le retour d’expérience positif provenant des projets de lotissements solaires a encouragé la municipalité à poursuivre le développement de ce concept, et à le faire passer à une plus grande échelle, en transposant les méthodes d’urbanisme solaire au niveau de quartiers entiers. Le Stadtquartier Graf Bismarck (quartier Graf Bismarck) est en cours de planification sur la plus vaste friche industrielle de la ville, l’ancienne mine de charbon Bismarck, proche d’un cours d’eau. Dans ce quartier, qui couvre une superficie de 80 hectares, il est prévu de créer 5.000 emplois et 700 habitations. Il comprendra des édifices résidentiels et des bureaux, des 8 http://www.pvdatabase.org/ commerces et des espaces récréatifs répondant à des exigences élevées en termes d’efficacité énergétique, d’urbanisme solaire et d’applications de systèmes solaires. Le développement des infrastructures a commencé en 2008. L’ensemble du projet ne devrait pas être terminé avant 2012. CONCLUSIONS Pour pouvoir réussir, les stratégies locales en faveur de la protection climatique et des énergies renouvelables doivent être liées à des tendances de développement majeures de la ville ou de la communauté concernée. Dans les villes marquées par le déclin industriel, des taux de chômage élevés et une tendance au dépeuplement, les stratégies axées sur les énergies propres devraient viser s’efforcer d’offrir des solutions à ces problèmes socioéconomiques. Dans le cas de Gelsenkirchen, ceci a été réalisé par la mise en œuvre de concepts innovants basés sur les énergies propres, par la réhabilitation de friches industrielles et par la rénovation d’anciens parcs de logements. La création de nouveaux emplois grâce au développement de clusters industriels dédiés aux énergies propres, et l’amélioration du cadre de vie urbain grâce aux projets de lotissements solaires, sont devenus des éléments clé d’une stratégie intégrée qui ouvre la voie vers un futur énergétique nouveau. De nombreux éléments du cas de Gelsenkirchen – depuis la définition des priorités, du développement de stratégies et du concept institutionnel jusqu’à la concrétisation des différents projets – devraient s’avérer particulièrement intéressants pour les villes en situation de mutation économique, comme celles situées dans les anciennes régions minières d’Europe.