Audience disciplinaire de Fabrice Burgaud : un CSM sous pression ?

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Audience disciplinaire de Fabrice Burgaud : un CSM sous pression ?
> La justice dans l’œil du cyclone
PARIS,
LE
10
FÉVRIER
2009
Audience disciplinaire de Fabrice Burgaud : un CSM sous pression ?
mercredi 11 février 2009
Le 18 décembre 2005, sur France 5, l’un des acquittés de l’affaire dite d’Outreau déclarait : « Je trouve assez curieux que les médias
mettent autant d’acharnement à me mettre au trou qu’à me mettre au pinacle maintenant ». Lors de la même émission, il ajoutait,
s’adressant à un journaliste de la Voix du Nord et à un reporter de France 3 Région,"les juges vont s’interroger, j’espère que vous,
vous allez vous interroger".
Après l’audience disciplinaire au cours de laquelle Fabrice Burgaud a répondu des griefs qui lui sont reprochés, une polémique
regrettable voit le jour sur le contenu du témoignage de Didier Beauvais, président de la chambre de l’instruction de Douai au
moment de l’affaire d’Outreau.
Alors que de nombreuses personnes ont assisté à cette audition, un journaliste de la Voix du Nord n’hésite pas à déformer ce
témoignage, en sortant certaines déclarations de leur contexte et en leur attribuant une portée générale stigmatisante pour les
habitants du Nord-Pas-de-Calais.
Le Syndicat de la magistrature a toujours considéré qu’après un tel désastre judiciaire, il était indispensable que la Justice tire les
enseignements d’une procédure pénale dans laquelle les droits de la défense ne sont pas suffisamment garantis et qui autorise un
recours excessif à la détention provisoire.
Mais, au-delà de la nécessaire réforme de la procédure pénale, et d’une réflexion indispensable de la part des acteurs judiciaires,
peut-on admettre qu’un quotidien régional qui, deux jours avant le premier procès d’assises de Saint-Omer, indiquait dans ses
colonnes (les 2 et 3 mai 2004) « les récits d’enfants sont suffisamment précis et détaillés pour balayer les doutes et exclure une
manipulation. Ils reconnaissent une habitation où ils disent avoir été emmenés en voiture pour des séances, ils identifient aussi des
personnes habituées du quartier, un prêtre-ouvrier, une commerçante ambulante.... » continue d’user de la caricature sans
précaution ?
Le Syndicat de la magistrature rappelle que le CSM doit se prononcer sur le sort professionnel de Fabrice Burgaud dans quelques
semaines. Comme nous l’avons rappelé à l’audience, le CSM doit pouvoir travailler en toute indépendance et impartialité, loin de
toute forme de pressions, qu’elles soient corporatistes, politiques ou médiatiques.