teatro di ateneo
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TEATRO DI ATENEO Università del Salento __________________________________________________________________________________ H.H. LA CONFESSION D'UN VEUF DE RACE BLANCHE ÉCRITURE DE PLATEAU ET MISE EN SCÈNE Aldo Augieri ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE Totò Del Popolo ACTEURS Aldo Augieri, Anastasia Coppola, Federica Epifani, Vito Lettere SCÉNOGRAPHIE Antonio Cazzato, Daniele Sciolti ACCESSOIRES Coopérative « Fatti di Carta » MUSIQUE ET SON Emanuele Augieri MAQUILLAGE ET COSTUMES Bianca Sitzia Teatro di Ateneo, via Vecchia Frigole, 73100 Lecce, Italie email [email protected] tél. +39 338 2433222-‐ +39 327 3973263 PRÉSENTATION Le spectacle de la Compagnie Teatro di Ateneo est une réécriture ironique, grotesque, onirique et tribunalesque du Lolita de Nabokov. À son procès, Humbert Humbert, le coupable, doit confesser sa faute, le frisson qu'il a ressenti et l'attraction foudroyante qu’il éprouve pour la toute jeune Lolita. La confession est une partition composée de moments hétéroclites où les souvenirs se mêlent à des cauchemars, à des fantômes sonores (matérialisés par des voix off). La passion d’Humbert Humbert pour Lolita, fillette en chair et en os mais aussi incarnation d'un nouveau code linguistique, à découvrir et partant désirable, apparaît comme une passion folâtre et pleine de doubles sens, constamment soumise au jugement d'un tribunal à la fois réel et mental qui prend corps durant le monologue de Humbert. Au tribunal se joue en réalité la censure, le jugement envers qui teste les limites de la langue et court le risque de l'outrager, ainsi que les limites de l'écriture et de ses propres désirs, en les extrémisant au point de provoquer des malentendus, comme dans le cas de Lolita. Humbert Humbert lui-même vit un auto-jugement constant durant sa confession. Sa pensée se dédouble (entre présent et passé, entre jugement et justification), à l’image de son nom même. Ce double prend sur scène l’apparence d'un personnage lui ressemblant en tout et pour tout, qui acquiert la fonction d'un miroir, d'une ombre qui le suit et le tourmente, l'obligeant à un processus d'autoévaluation permanent, qu'il tisse tout au long de sa confession. 2 NOTE DU METTEUR EN SCÈNE D'habitude on comprend tout de suite quand une écriture n’est pas seulement mise en page, mais visqueuse, glissante… Elle déborde de la page, elle a envie de parcourir des mondes… je l'appelle écriture de plateau… une écriture qui attends un corps et une voix… beaucoup de corps et beaucoup de voix… une écriture qui demande à être perforée… alimentée par d'autres rêves… d'autres caresses… d'autres vertiges… moi j'aime les batifoleurs… ceux qui sont pornographiques au sens kafkaïen… les nantis… les raffinés… les élégants crottés et Nabokov est justement de ceux-là… il met son doigt dans la plaie… à la manière de Mozart il fait des mots des enfants et pour un acteur partir à la chasse aux mots-enfants c'est le pied. Pour ce spectacle aussi j'ai travaillé avec des acteurs « neufs »… vides... malléables… pleins d'espoir… un espoir à mettre dans sa besace et à jeter à la rivière… faire du théâtre est un miracle aujourd'hui comme hier comme demain comme après-demain… c'est un luxe disproportionné… comme il est émouvant de penser qu'entre les larmes et la grossièreté de notre époque il y a encore des gens qui pensent à fléchir cette sacrée voix… à entonner des chants-parlés adressés aux animaux… aux pierres… aux nues… aux paperasses… aux os… aux divans… à jouer à la pétanque sans bras et dans ce vaste problème comme le dit Céline rire… à confondre en musique toute capitulation et après par-dessus tout faire rire… oui faire rire… faire glousser… faire tordre de rire… ah que c'est bon quelle béatitude quand on réussit… j'aime les débuts… j'aime expérimenter… j'aime reprendre toujours à zéro… le zéro le point x comme point de départ me fascine et puis y aller au milieu de mille affrontements… mille péripéties… chercher le pas de danse pouvant créer un montage… entre mille incursions… le théâtre voyage en peu de mètres et n'a besoin que de beaucoup de crânerie funambulesque et d'envie d'aventure… il ne s'agit pas d'avoir de l'estime de soi rien de pire que l'estime de soi mais d'avoir une carte et d’en sortir… voilà en sortir me paraît un bon but. Avec les mots société et pédagogie d'habitude je me lave les mimines quand je n’ai pas de savon… des mots trop abstraits, trop lourds, trop engageants… rien à fiche… mieux vaut le colinmaillard… l'accident… le déroutage linguistique… Nabokov déroute l'attente, son roman Lolita, prétendument érotique, n'a pas une seule scène de sexe… quelle déception pour les critiques sauvages, quelle déception pour les grands artistes obscènes fauteurs de scandale capables de le faire uniquement par le biais de thématiques sexuelles… mais scandaliser par des rythmes… par des notes, des gammes, des abysses mélodiques, voilà ce qui me ferait rougir… L'usage de la vidéo au théâtre ne m'a jamais particulièrement intéressé, mais cette fois-ci l’expérimentation s'est avérée nécessaire… fouiller dans le souvenir… dans les pensées… dans la parole qui devient image qui a sa peau à elle… chercher des ponts entre parole et vision… créer des triptyques picturaux, faire courir du rythme entre les tableaux, j'ai trouvé ça amusant et je l'ai fait. 3 EXTRAIT ACTE I H – (Humbert) H – Ces messieurs les jurés ont fait de moi un bouc émissaire… et ce n’est pas juste… ce n’est pas humain de chagriner une bonne créature… moi qui suis un homme sans reproche… mais je vais tout vous raconter depuis le début… je suis né à Paris il y a 40 ans… mon père homme aimable et indulgent possédait un hôtel de luxe sur la côte d’azur… ma mère… la pauvre… ma très photogénique mère mourut quand j’avais trois ans frappée par la foudre durant un malheureux pique nique j’ai grandi dans un monde scintillant et tout le monde m’aimait… me chouchoutait… les princesses charmantes m’offraient de doux fruits nabokonfits Je me souviens un été j’avais quatorze ans je rencontrai Annabel une douce poupée de douze ans nous tombâmes follement amoureux un soir nous nous perchâmes sur un muret en ruine dans un bosquet de mimosas tandis que je l’embrassais Annabel frémissait… et quand ma main trouva ce qu’elle cherchait arriva la voix de sa mère… Annabel… Annabel… et ce fut la fin de l’été je ne l’ai plus revue mais cette fillette à la langue ardente n’a plus cessé de me poursuivre F1 et F2 – (Deux femmes chez le coiffeur) F1 – Tu as vu cette peau de pêche ??... Tout ça grâce à la gymnastique faciale de mon kinésithérapeute F2 – Ou au chirurgien esthétique qui vide le compte de ton mari ? F1 – Tais-toi… Vipère numéro un des femmes entretenues F2 – Idiote… Tu as lu ??... Cette année la mode est aux hippocampes sur les jeans F1 – Mais tu ne lis que les infos sur les hippocampes ?? F2 – Non… très chère… je lis aussi le cours de la Bourse F1 – C’est cela bien sûr… elle fait sa star maintenant F2 – Regarde ça plutôt… un certain professeur Humbert-Humbert écrit… F1 – Des lettres anonymes aux petites filles… je sais… la fille de Betty en a reçu une il y avait écrit de ces aberrations… des trucs du genre F2 – La fille de Betty ?? Mais puisqu’elle a des mollet je veux dire monstrueux… F1 – Il lui a même offert un livre… intitulé La gazelle avec trois carottes à la main F2 – Oh mon dieu… mais c’est un livre diabolique… Et la fille de Betty tu crois qu’elle l’a lu ?? F1 – Oui… tout entier… du début à la fin… comme marque page il y avait dedans une fleur de pomme de terre… et ce n’est pas tout et dans son cartable elle a trouvé une cravache… à côté de son agenda Hello Kitty… pauvre petite F2 – Tu sais quoi ?? – je crois que c’est nous qui devrions l’utiliser cette cravache… On ne peut plus être tranquille F1 – Oui…purifions les rues de cet homme immonde… faisons quelque chose de définitif F1 – Il a réveillé le papillon errant qui dormait en nous – libérons la ville de cette peste bubonique… F2 – Mais avant… faisons un saut… F1-F2 - Aux soldes 4 L’ÉQUIPE ARTISTIQUE Aldo Augieri, metteur en scène, acteur et dramaturge fondateur d’Asfalto Teatro, commence sa formation théâtrale à Lecce à la l’école du Centre de Recherche Théâtrale Astragali Lecce. Après de premières expériences dans le théâtre de rue, il aborde le théâtre italien du début des années 1990 au Théâtre nomade dell’Impasto avec Alessandro Berti et Michela Lucenti. En parallèle, il développe une activité expérimentale de textualité théâtrale appliquée, accompagnée par un travail sur le corps, le mouvement, la voix, le chant et l’acrobatie avec des acteurs et des metteurs en scène comme Iben Nagel Rasmussen, Julia Varley de l’Odin Teatret (1996) – Andreas Hecker (1996) – Germana Giannini du Teatro della Voce, Monica Francia (1997) – Teatro Due Mondi (1998) - Danio Manfredini (1999) - Silvia Lodi, Katia Dalla Muta (1999) – Cesare Ronconi (2000) – Teatro Natura (2000). En 2001, il fonde la compagnie Asfalto Teatro. Sa recherche devient alors moins nomade et se concentre sur le travail physique de l’acteur, corps, voix et mouvement, qui mêle les expériences vécues en inventant une méthode qui se modifie en fonction des écritures rencontrées. Il est l’auteur de nombreux spectacles qui l’ont vu jouer aussi comme acteur : Guai in un paese d’utopia (2000) ; Leccesso (2001), né de la rencontre entre les biographies des patients du centre psychiatrique de Lecce et les nouvelles de Jorge Luis Borges ; Porkopolis (2001), texte né de l’enregistrement de discussions lors de rencontres nocturnes dans la rue ; Lo schiaffo del soldato (2002), tiré du Baphomet de Pierre Klossowski ; La caccia allo Snark (2006), né de la rencontre avec Lewis Carroll ; Descrizione di una battaglia (2007), La condanna (2008), Odradrek (2009), trilogie tirée des nouvelles de Kafka ; Il pompelmo rosa (2010), étude sur Kerouac, devenu l’année suivante Vecchio angelo mezzanotte ; Le bagatelle di Mister Macbeth (2012) et Le bagatelle di Lady Macbeth (2013), tous deux inspirés du Macbeth de Shakespeare, réécrit dans un entrelacement avec l’écriture de LouisFerdinand Céline. Il est depuis 2012 le directeur artistique du Teatro di Ateneo, avec lequel il a créé H.H. la confessione di un vedovo di razza bianca (2014), d’après Lolita de Vladimir Nabokov. Anastasia Coppola fait des études d’archéologie et histoire ancienne à l’Université de Lecce. Elle participe à son premier atelier théâtral en 2008 avec la compagnie Busacca dirigée par Francesco Piccolo et Gustavo D’Aversa, et joue dans Médée d’Euripide, présenté au concours national de théâtre antique de Syracuse, et dans une adaptation théâtrale de l’Iliade d’Alessandro Baricco. Toujours avec la Busacca, elle joue dans Œdipe roi de Sophocle (2010) et dans L’Istruttoria de Peter Weiss (2010). Elle rejoint en 2012 la compagnie Teatro di Ateneo. 5 Federica Epifani a fait des études de sciences politiques à l’Université de Lecce. Elle est actuellement doctorante en géographie humaine. Elle fait partie de la compagnie Teatro di Ateneo depuis 2012. En 2013, elle a participé à Lecce à un stage dirigé par Annette Barthélémy autour du Mariage forcé de Molière. Vito Lettere étudie les sciences politiques à l’Université de Lecce et fait partie de la compagnie Teatro di Ateneo depuis 2012. En 2013, il a participé à Lecce à un stage dirigé par Annette Barthélémy autour du Mariage forcé de Molière. Antonio Cazzato, expert en fabrication de papier mâché (spécialité artisanale de la ville de Lecce), est scénographe pour la compagnie Asfalto Teatro depuis 2006. Il a conçu les décors des spectacles suivants : La caccia allo Snark (2006) ; Descrizione di una battaglia (2007) ; La condanna (2008) ; Odradek (2009) ; Il pompelmo rosa (2010) ; Vecchio angelo mezzanotte (2011) ; Le bagatelle di Mr Macbeth (2012) ; Le bagatelle di lady Macbeth (2013). Depuis 2012, il est le scénographe de la compagnie Teatro di Ateneo. Depuis 2011, il est membre fondateur de la Coopérative Fatti di Carta qui réalise et restaure des objets en papier mâché. Daniele Sciolti, diplômé de scénographie de l’Académie des Beaux Arts de Lecce et spécialisé en technique photographique, collabore depuis 2002 à la réalisation de décors pour les saisons lyriques et théâtrales en collaboration avec l’orchestre philarmonique Tito Schipa de Lecce. Il a en outre créé une partie des décors pour I due baroni di Rocca Azzurra représenté au théâtre de Wolfsburg et Wolfenbuttel en Allemagne. Il a été assistant à la scénographie pour Asfalto Teatro pour La condanna (2008), Odradek (2009), Vecchio angelo mezzanotte (2011), et avec Teatro di Ateneo depuis 2012. Bianca Maria Sitzia est danseuse, performeuse, comédienne, maquilleuse, créatrice de décors et d’installations lumineuses. Alors qu’elle fait des études de peinture à l’Académie des Beaux Arts de Brera (Milan), elle commence à travailler comme actrice et maquilleuse pour des agences de spectacle entre Parme, Milan et Massa Carrar. Elle se spécialise dans la création de costumes et de prothèses en latex, et collabore avec MTV Production Italia et Gardaland. Elle a dirigé de nombreux ateliers de travaux manuels et de théâtre pour enfants, produit des installations audio et vidéo, des œuvres textiles et des peintures présentées dans des collectifs d’artistes en Italie, Belgique et France. Parmi ses derniers travaux théâtraux et cinématographiques : réalisation des costumes et des accessoires pour La piccola città, mise en scène Giacomo Andrico ; conception et réalisation des décors pour Dalla parte del Fiume, Ossigeno Teatro ; assistante maquilleuse sur le tournage de Cucito addosso de Giovanni la Parola ; maquillage et costumes pour Le bagatelle di Lady Macbeth et H.H. la confessione di un vedovo di razza bianca mis en scène par Aldo Augieri ; performeuse dans Io sono te de Mara Bertoni. 6