Produire du colza destiné à l`obtention d`huile végétale pure

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Produire du colza destiné à l`obtention d`huile végétale pure
Produire et valoriser les huiles végétales pures
en région Centre
Produire du colza destiné à
l’obtention d’huile végétale pure
1
Août 2011
On trouvera dans cette fiche des préconisations et des éléments simples de réflexion sur la
production de colza avec, comme enjeux majeurs, la durabilité de la production et l’autonomie vis-àvis des intrants.
Choisir des variétés à bon comportement et pratiquer l'alternance
D’une façon générale, privilégier le choix de variétés très peu sensibles (TPS) au phoma et à la verse et peu sensibles
(PS) à l'élongation en les adaptant à la précocité de semis.
Ensuite, choisir la variété en fonction de sa rusticité et de sa teneur en huile.
Parmi les variétés présentées dans le tableau ci-dessous, ADRIANA est celle qui présente le meilleur compromis entre
productivité, teneur en huile et rusticité. On peut donc considérer que cette variété a un profil particulièrement adapté
dans la filière huile végétale pure.
Mais attention, au delà du choix variétal, il convient de ne pas négliger la qualité du système de pressage-filtration qui est
le facteur prépondérant de réussite de l’extraction (cf. fiche n°3).
A noter enfin que le critère "taux d'huile dans la graine" semble peu influer sur la quantité d'huile obtenue au final sur un
lot de graines.
Principales caractéristiques pour quelques variétés
Tolérance
Groupe
aux
Alternance
maladies
phoma
Variétés
Teneur en
huile
Teneur
Glucosinolate
Précocité
Floraison
Précocité
Maturité
Cylindrosporiose
Sensibilité à
l’élongation
Verse
ADRIANA
élevée
faible
1/2 T
1/2 P
TPS
I
PS
Faible
TPS
ALPAGA
élevée
élevée
P
T
TPS
I
PS
Faible
PS
OVATION
élevée
élevée
1/2 T
1/2 T
TPS
I
S/PS
Forte
TPS
PAMELA
bonne
faible
1/2 P
1/2 T
TPS
PS
Moyenne
TPS
KADORE
moyenne
élevée
T
1/2 P
TPS
AS
Faible
TPS
CATALINA
élevée
très faible
P
P
TPS
EXOCET
moyenne
moyenne
T
T
TPS
II
TPS
Moyenne
PS
FLASH
élevée
moyenne
1/2 T
1/2 T
PS
I
PS
Forte
PS
NK AVIATOR
moyenne
élevée
T
1/2 T
TPS
II
PS*
Moyenne
PS
I
PS / S
TPS
Densité de semis compris entre 45 et 60 graines/m²
Avec les variétés actuelles, on doit viser des densités de l'ordre de 30
pieds/m² pour les lignées et de 25 pieds/m² avec les hybrides.
Sur la ligne, le maximum à ne pas dépasser est 15 pieds par mètre
linéaire.
Pour le semis, l'utilisation d'un semoir de précision présente plusieurs
avantages :
 Une meilleure maîtrise de la densité de semis, de la régularité
de profondeur et du rappuyage assurant une bonne qualité
de levée
 La possibilité d'ajouter un localisateur d'engrais pour
optimiser l'apport de phosphore
Le semis à grand écartement est favorable à la mise en œuvre de
méthodes de lutte alternative comme par exemple le binage.
Dates de semis optimum:
du 20 août au 5 septembre
Implanter sans labour
De nombreux arguments plaident en faveur du non labour, mais les problématiques de désherbage freinent le
développement de cette technique et aujourd’hui, la pratique du labour oscille encore entre 50 et 75 % selon les années.
Pourtant, semer du colza sans labour, c’est possible, à condition d'être attentif au volume de paille, à l'état de sécheresse
du sol et à la profondeur de semis, quelque soit le mode de déchaumage dent ou disque.
Au global, l'énergie consommée passe de 13 800 à 12 500 MJ*/ha, soit un bénéfice de 1300 MJ/ha. Il convient toutefois
de relativiser cette économie en terme d’impact sur les émissions de GES**. En effet, la part des techniques
d'implantation du colza ne représente que 10 % des émissions de GES contre 85 % pour la fertilisation. C'est donc sur
ce dernier poste qu'il faudra mener l'essentiel de la réflexion.
* MJ Méga Joules – ** GES : Gaz à Effet de Serre
Les atouts du non labour
Choisir une technique
d’implantation
 Intérêt agronomiques : limiter les
tassements et l’érosion, augmenter
l’activité biologique et le taux de
MO…
 Intérêt environnemental : améliorer
le bilan énergétique
 Intérêt socio-économique : gagner
du temps




Labour combiné herse rotative semoir
Déchaumage profond semis simple
Déchaumage superficiel semis TCS
Déchaumage
superficiel
semoir
monograine
 Semis direct sous couvert.
Privilégier le désherbage mécanique
Dans les rotations courtes où dominent les cultures d’hiver (colza - blé ou colza - blé - orge hiver), les solutions chimiques
sont coûteuses et insuffisantes pour maîtriser l’ensemble de la flore adventice.
Dans ce contexte, l’approche agronomique devient un passage obligatoire pour maîtriser le coût du poste désherbage et,
surtout, pérenniser la culture du colza.
La technique de désherbage doit se baser sur une solution mixte (chimique + mécanique) ou mécanique seule. Trois
outils peuvent être utilisés en solution mécanique : la herse étrille, la houe rotative et la bineuse.
Le semis du colza associé à d'autres espèces (légumineuses) est également une solution intéressante pour la maîtrise
du salissement.
9 ,5
Colzamid 2,2 L/ha
Colzamid 2.2 L/ha puis Nimbus 2 L/ha
9
T émoin
8 ,5
8
7 ,5
7
6 ,5
6
5 ,5
5
4 ,5
Conduite agri
Semis 45 cm
Semis 45+binage
Le graphique donne la note
globale d’efficacité sur 10
pour différentes modalités
d’intervention.
La solution du semis
« grand écartement » à 45
cm
accompagnée d’un
binage offre une efficacité
supérieure dans la maîtrise
des adventices.
Le binage seul apporte une
efficacité équivalente à une
solution chimique de présemis.
Fertilisation : calculer et ne pas négliger les apports organiques
 Azote : le colza stocke l’azote absorbé à l'automne et le remobilise au printemps. Il n’est pas nécessaire d’apporter de
l'azote minéral à l'automne.
A la sortie d’hiver, pour établir la fumure azotée, il est impératif d’évaluer les besoins de la culture en s’appuyant sur la
méthode du bilan (réglette CETIOM) et le système de pesées de la biomasse.
 Phosphore et potasse : les besoins en P et K sont calculés sur la base de la méthode COMIFER
Le colza est très exigeant en acide phosphorique et moyennement exigeant en potasse. Pour un rendement de 35 q/ha,
on retiendra des besoins inférieurs à 50 U en P et K.
 Soufre : les besoins en soufre sont également élevés au printemps. Un apport de 75 unités de soufre sous forme de
sulfate ou de késérite est impératif à la reprise de la végétation en février.
Les apports de matières organiques présentent un intérêt agronomique non négligeable de par ses valeurs fertilisantes
en P et K et sur la MO des sols. Valeurs à prendre absolument en compte lors de l'analyse des besoins totaux du colza.
Maladies : ne pas faire l’impasse sur le sclérotinia
 Phoma : grâce aux pratiques agronomiques (choix variétal notamment), la lutte contre le phoma peut être facilement
gérée.
 Sclérotinia : un traitement au printemps est incontournable dans l’état actuel de la recherche agronomique (pas de
résistance variétale connue). Intervenir à partir de la chute des premiers pétales, période où les premières siliques
apparaissent sur plus de 50% des plantes. Le stade optimal du traitement est le stade G1.
Insectes : pas d’interventions systématiques !
En présence d’insectes ravageurs, la décision d'intervenir doit s'appuyer sur plusieurs conditions :
 Etre à un stade sensible de la culture : les insectes peuvent être présents dans la culture. Mais pour avoir une
nuisibilité entraînant une perte significative de production, il faut à la fois :
- la présence d'un stade donné de l'insecte (larve ou adulte selon les cas)
- une phase de développement de la culture sensible aux dégâts de l'insecte considéré.
 Constater une présence significative du ravageur : intervenir seulement lorsque les capacités de compensation de
la culture risquent de ne pas être suffisantes pour supporter les agressions (on est au-delà du seuil de nuisibilité).
Pour repérer et évaluer l'importance des populations d'insectes, utiliser les bulletins de santé du végétal (BSV).
 Protéger la faune utile, la faune auxiliaire et le gibier : la conduite raisonnée des interventions phytosanitaires
permet de réduire très largement l’impact sur la faune auxiliaire.
La maîtrise des insectes passe par la pose de pièges et l'utilisation des seuils de nuisibilité.
Deux insectes à surveiller particulièrement :
 Le charançon du bourgeon terminal et de la tige du colza
Intervenir 8 à 10 jours après les premières captures
 Le méligèthe
Stade de sensibilité : du stade bouton à la floraison engagée.
Seuil : 3 méligèthes par plante au stade D1 et 6 à 8 au stade E
Les traitements sont inutiles une fois la floraison engagée.
Lutte alternative contre
les méligèthes grâce au
mélange variétal
On mélange à la variété de
colza choisie, 10 % d’une autre
variété de colza dont la
floraison est plus précoce, en
maximisant l’écart de floraison.
Les méligèthes sont ainsi
attirés par les premières fleurs
et n’occasionnent pas de
dégâts sur la variété la plus
représentée.
Récolte et stockage : éviter les pertes et l’échauffement
 A la moisson : un bon réglage de la moissonneuse-batteuse associé à une coupe avancée et à un stade de récolte
optimal permet de gagner facilement plusieurs quintaux/ha !
Veiller à réduire la ventilation pour éviter les pertes à l'arrière de la machine : ne pas chercher à récolter trop propre.
Au besoin, éliminer ensuite les impuretés avec un nettoyeur-séparateur.
 Au silo : contrôler régulièrement la température et l’humidité de la masse pour détecter tout début d'échauffement
pouvant entraîner une altération de l’huile des graines. Les impuretés constituent des points d'échauffement, le grain
doit donc être suffisamment propre.
L'humidité de conservation se situe autour de 8%. Ramener la température du lot stocké à moins de 10°C à l'entrée
de l'hiver. Attention, il est plus difficile de refroidir du colza que du blé. Il faut réduire la hauteur de chargement des
cellules ou réduire la vitesse de l’air en ventilant plusieurs cellules avec le même ventilateur.
Itinéraire raisonné : le bon compromis entre économie
et environnement
Le graphique ci-dessous donne une synthèse de trois années d’expérimentation en micro-parcelles comparant trois
modalités d’un itinéraire technique colza.
Les modalités étudiées sont les suivantes :
 Itinéraire conventionnel : X + 40 N, 3 fongicides, 3 insecticides
 Itinéraire raisonné : X, 1 fongicide, 2 insecticides
 Itinéraire intégré : X – 40 N, 1 fongicide
X étant la dose d’azote établie en s’appuyant sur les outils de prévision de la fumure azotée
Pour les simulations économiques, le prix du colza a été fixé à 300 €/T.
La modalité 2 dite « Raisonnée » apporte une marge de 841 €/ha face à une modalité 1 « Conventionnelle » à 775 €/ha.
Dans l’optique d’une valorisation en huile végétale pure, les modalités « Intégrée » ou « Raisonnée » apparaissent
comme les solutions parfaitement adéquates et justifiées.
L’IFT hors désherbage (Indice de Fréquence de Traitement - représentant le rapport dose appliquée / dose autorisée)
est de :
 Modalité 1, conventionnelle : 3.8
 Modalité 2, raisonnée : 2.8
 Modalité 3, intégrée : 0.8
L’impact environnemental de la modalité 1 « conventionnelle » est non négligeable face à la modalité 2 « Raisonnée ».
45
950
841 €
776 €
775 €
850
750
40
39,3
650
38,6
550
405
35,0
317
35
274
COP €/ha
Marge Brute €/ha
Rdt qx/ha
450
350
250
150
50
30
ITK
Conventionnel
ITK Raisonné
ITK Integré
Bulletin de santé du Végétal
Le Bulletin de Santé du Végétal – BSV – est
une synthèse hebdomadaire de l’état sanitaire
des cultures, une analyse et une prévision du
risque lié aux bio-agresseurs. Cet outil, destiné
à vous aider à mieux raisonner la protection
des cultures, sert de base aux conseils
pratiques diffusés par les organismes en
matière de produits phytosanitaires.
Retrouvez les BSV chaque semaine sur le site
de la Chambre régionale d’agriculture.
www.centre.chambagri.fr
Conception-Réalisation : Chambre d’agriculture de l’Indre
Crédits photos : Chambres d’agriculture