Recyclage des déchets : Quelle revalorisation

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Recyclage des déchets : Quelle revalorisation
Transcription intégrale – Emission 07
Recyclage des déchets :
Quelle
revalorisation ?
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ANIMATEUR :
Philippe Gaudin
INVITÉS :
Xavier Collard - Directeur général – ALDESS
Yvan Tritz – Ingénieur agronome - Isara
Patrick de Rugeriis – Expert investisseur direction interrégionale Ouest - Caisse des Dépôts
Gilles de Montalembert - Vice président communauté de communes de Seaulieu
Animateur
Bonjour. Ravi de vous retrouver sur SolutionsDurables.tv. On jette, on jette, c’est fou
tout ce qu’on jette chaque jour. Eh oui, vous aussi, vous êtes concernés : 350 kilos
de déchets ménagers par an et par habitant. Nos poubelles débordent surtout si on y
ajoute les déchets issus de l’activité économique de notre pays : industrie, agriculture
j’en passe et des meilleures…
Alors si on regroupe tout cela, on arrive quand même à près de 14 tonnes de
déchets par an et par habitant. Oui, c’est un peu fou, mais ça nous laisse, en tout
cas, l’occasion de nous demander si on n’aurait pas intérêt à un peu mieux valoriser
nos déchets. En France, les 2/3 finissent ou en décharge ou dans un incinérateur et
c’est bien dommage car derrière les déchets, il y a non seulement des ressources
aujourd’hui sous-exploitées, mais aussi de l’activité économique et des emplois
durables. Il y aurait sur ce secteur en Europe un potentiel de 42 milliards d’euros
d’activité et de 400 000 emplois d’ici 2020.
Vous l’aurez compris, ça vaut le coup de s’y intéresser et c’est ce qu’on va faire
aujourd’hui sur SolutionsDurables.tv avec nos 4 invités : Xavier Collard, bonjour.
Vous avez dirigé longtemps une grande ressourcerie, tout à l’heure, on verra
précisément ce que ça veut dire. Aujourd’hui, vous êtes à la tête de l’ALDESS
(Agence Locale pour le Développement de l’Economie Sociale et Solidaire)
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Xavier COLLARD : C’est ça.
Philippe GAUDIN : Parfait, ça commence bien. Patrick Rugeriis, bonjour. Vous êtes
expert en investissement à la direction interrégionale de l’ouest pour la Caisse des
Dépôts. On va parler avec vous de comment on peut financièrement travailler sur
nos déchets, faire des partenariats.
Gilles de MONTALEMBERT , bonjour. Vous êtes le vice-président de la
Communauté communes de Seaulieu, c’est en Bourgogne et puis vous êtes le maire
de la Roche en Brenil, on les salue.
Et puis, Yvan Tritz, bonjour. Vous êtes ingénieur-chercheur spécialisé sur la question
de la valorisation de nos déchets.
Yvan TRITZ : C’est ça.
Philippe GAUDIN : Tout est bon ? Ah ben merci beaucoup d’être avec nous. On va
commencer et avant de voir ce que nous pourrions faire de nos déchets, voyons déjà
ce que nous en faisons aujourd’hui. Où vont nos poubelles ? La réponse…
Reportage
Voix off
En 40 ans, notre production de déchets ménagers a doublé atteignant presque 400 kilos par
habitant. Et nos poubelles, c’est 25 % de matière biodégradable, 22 % de verre et plastique, 21 %
de papier et de carton et 32 % de métaux, textiles sanitaires et divers. L’ennui, c’est qu’aujourd’hui,
moins d’un tiers de cette poubelle est valorisée. C’est peu, surtout quand on sait que 80 % de son
contenu pourrait l’être. Mais il n’y a pas que les déchets ménagers, il y a aussi les déchets
industriels et agricoles. Plus de 13 tonnes de déchets par habitant sont produites chaque année
dont le tiers seulement est valorisé. C’est nettement moins bien que nos voisins d’Europe du Nord
qui parviennent à des taux de valorisation de plus de 60% : de quoi donner des idées et changer
de regard.
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Retour Plateau
Philippe GAUDIN : Gilles de MONTALEMBERT, vous représentez les Communes
ici. Elles ont pris en considération l’intérêt aujourd’hui que peuvent représenter les
déchets ?
Gilles de MONTALEMBERT (Vice-Président de la Communauté de Communes
de Seaulieu) : Ah oui ! C’est l’un des problèmes que nous avons à régler tous les
jours et notamment avec les problèmes de coûts principalement et puis le savoir
qu’en faire puisque plus personne ne veut accepter dans son village ou un centre
d’enfouissement ou bien un incinérateur. Donc il faut essayer de réfléchir à toute
cette matière première, si vous voulez, comment pouvoir la recycler, lui donner
véritablement une perspective économique intéressante pour le village sans en avoir
les problèmes que nous avons déjà aujourd’hui.
Philippe GAUDIN : Une nouvelle valeur, il faut leur donner. Nos pays voisins, les
autres Européens, ont pris conscience de ça, il y a longtemps. On est quand même
plutôt à la traîne, Yvan TRITZ, c’est une question de mentalité ?
Yvan TRITZ (Ingénieur Agronome) : C’est vrai qu’il y a des pays comme le
Danemark, l’Allemagne qui ont pris de l’avance et notamment sur la filière de la
méthanisation qui est une manière intéressante de valoriser la fraction organique des
déchets en énergie. En Allemagne par exemple, si on prend l’exemple de
l’Allemagne, la méthanisation agricole, donc chez les agriculteurs, on compte environ
4 000 installations quand en France, on en compte une dizaine.
Philippe GAUDIN : Ce n’est pas beaucoup. On va voir de toute façon tout à l’heure
ce qu’est la méthanisation. Xavier COLLARD, est-ce que sur le terrain, vous, vous
avez le sentiment que les mentalités sont en train de changer, qu’on est en train de
se dire que les déchets, ça peut être une richesse ?
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Xavier COLLARD (Directeur ALDES) : Oui, tout à fait ! On le voit notamment par
l’explosion des projets, on en parlera tout à l’heure, sur les ressourceries, recycleries,
de Emmaus : de l’hiver 54 à aujourd’hui, on a beaucoup avancé donc aujourd’hui, on
récupérait pour effectivement redistribuer. Aujourd’hui, on récupère, on réemploie.
Ça dénote aussi, on voit des comportements sur la consommation, sur la
consommation plus citoyenne aussi et puis sur les échanges et sur les apports qui
sont beaucoup moins caritatifs qu’avant, mais qui sont aussi du coup beaucoup plus
citoyens aujourd’hui, donc il y a vraiment une prise de conscience. On a l’impression
qu’en 10 ans, il y a des pas énormes qui ont été faits dans le domaine.
Philippe GAUDIN : Une prise de conscience ! On va voir ça dans le détail. Quand on
s’interroge sur les déchets, le premier réflexe, c’est de penser recyclage. C’est plutôt
un bon réflexe, rassurez-vous ! De plus en plus de Français trient leurs déchets et
permettent un recyclage de plus en plus efficace, mais là encore, on pourrait
améliorer les choses ou développer de nouveaux réflexes, ce serait pas mal ! Par
exemple, imaginez une seconde vie à nos déchets et c’est le principe des fameuses
ressourceries dont on parlait à l’instant, des ressourceries qui se développent en
France, c’est écologique et c’est créateur d’emplois. Eh oui, le recyclage, c’est aussi
de l’activité économique. La preuve à Quingey, c’est dans le Doubs où l’on donne
une seconde jeunesse à nos déchets.
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Reportage
Voix Off
Près de 26 kilos de vaisselle usagée, c’est ce qui vient d’être amené ce matin à la ressourcerie de
Quingey. Appareils photos, jouets, petits électroménagers ou électroniques : des objets dont on ne
veut plus et que l’association sauve de la destruction.
Smahine HABBICHE (Responsable d’équipe TRI) : ça va pouvoir servir donc avoir une
deuxième vie et donc servir à des gens qui en auront besoin.
Voix Off
Eviter le gaspillage, réemployer ce qui peut encore fonctionner : voilà la mission de Smahine
HABBICHE. Il travaille depuis 3 ans dans l’association et encadre maintenant les valoristes comme
Elhassane
Smahine HABBICHE : Alors Elhassane, tu es en train de tester la chauffe.
Voix Off
Elhassane est employé dans la ressourcerie depuis quelques mois. En contrat aidé, il reprend pied
petit à petit dans la vie active : une situation fragile qu’a bien connue Smahine.
Smahine HABBICHE : Je suis passé par des galères, ça on peut le dire comme ça. Et vraiment,
dans cette structure, j’ai trouvé des personnes qui m’ont épaulé, qui m’ont écouté et qui m’ont
redonné le goût au travail.
Voix Off
L’insertion, une constante dans l’association. 45 salariés y sont en contrat aidé comme Sandrine,
valoriste spécialisée dans l’électroménager, Patricia, responsable du rayon jouets de la boutique
de l’association ou Didier, en charge de la vaissellerie.
Didier (valoriste) : On a quand même l’impression de faire quelque chose et de servir à quelque
chose.
Voix Off
Au total, l’association compte 80 emplois permanents ou en insertion et peut-être davantage dans
quelques mois. D’ici l’année prochaine, l’association espère doubler ses capacités de stockage et
de vente. Le projet est de longue haleine, son financement, complexe, mais il est important pour le
développement de la ressourcerie.
Damien FAIVRE (Directeur de l’association TRI – Quingey) : C’est plus d’emplois et un meilleur
fonctionnement dans nos activités actuelles : offrir de meilleures conditions de travail aux salariés
qui sont déjà en place, avoir de meilleurs outils de travail et forcément créer de nouveaux emplois.
Voix Off
Une extension urgente. 273 tonnes d’objets ont été recyclés l’année dernière par l’association.
Victime de son succès, elle est aujourd’hui obligée de refuser des objets et ne peut employer
davantage de personnel
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Retour Plateau
Philippe GAUDIN : Voilà, on sert à quelque chose, disait ce monsieur dans le
reportage. Xavier COLLARD, c’est quoi le principe d’origine de ces ressourceries ?
Vous en avez dirigé une très grande, une des premières à exister, c’était dans le
Jura. Le principe, c’est quoi ? C’est l’écologie ou le social, l’insertion sociale de ces
travailleurs ?
Xavier COLLARD (Directeur ALDESS) : On va dire rapidement deux démarches
d’utilité sociale. D’une première, il y a l’activité effectivement de collecte, de
valorisation, de tri et de revente d’objets réemployables avec en fil rouge aussi, toute
la partie de sensibilisation et de prévention à l’éducation et à l’environnement donc
on a cette forme d’utilité sociale. Puis, une deuxième utilité sociale qui est aussi un
vecteur d’insertion sociale et professionnelle pour un certain nombre de personnes,
autant sur l’insertion sociale d’il y a 50 ou 60 ans où aujourd’hui on rentre aussi dans
des mécanismes beaucoup plus complexes d’insertion socioprofessionnelle, donc on
a ces 2 formes d’utilités sociales : l’une qui structure des liens sur le territoire ; l’autre
qui permet à des gens de repartir et reprendre le chemin de l’emploi, de l’emploi
durable puisqu’on parle beaucoup de développement durable. Voilà.
Philippe GAUDIN : Alors l’idée, c’est de prendre nos déchets, d’en faire une
richesse, donc de créer des emplois par là. Qui sont ces gens qui viennent travailler
dans ces ressourceries ?
Xavier
COLLARD :
On
permanents, d’encadrants :
a
un
volet
d’encadrants
normalement
techniques,
de
souvent
de
gestionnaires,
d’administrateurs, d’accompagnants socio-professionnels et puis effectivement, on a
un volet aussi de personnes sous forme de contrats aidés de 6 mois à 18 mois qui
font un parcours de reprise au travail, de réadaptation au travail et puis de réinsertion
et de professionnalisation puisqu’on va vers une évolution sur les métiers, on en
parlera peut-être tout à l’heure.
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Philippe GAUDIN : Gilles de Montalembert, ça vous semble adapté aux
problématiques du chômage dans les collectivités ?
Gilles de MONTALEMBERT (Vice-Président Communauté de Communes de
Seaulieu) : Absolument ! Il ne faut pas oublier que ces déchets ne supportent pas le
transport.
Philippe GAUDIN : Donc ce sera forcément local ?
Gilles de MONTALEMBERT : Ce sera forcément local parce que ça a une très faible
valeur ajoutée donc ils ne supportent pas le transport donc il faut réfléchir à des
solutions vraiment sur place. Et ça, ça donne du travail peut-être à ceux qui sont
laissés pour compte ou bien tout simplement à des industriels qui vont embaucher
des gens pour pouvoir faire ce travail s’il y a un grand gisement de déchets.
Philippe GAUDIN : Justement Xavier COLLARD, on les appelle de différents noms :
les valoristes, ceux qui donnent de la valeur à nos déchets. Ça peut être une vraie
filière, les avenirs qualifiés pour l’avenir ?
Xavier COLLARD (Directeur ALDESS) : Oui, il y a plusieurs groupes qui travaillent.
Du coup, on est sur du logique émergente depuis les années 70, 80. On parlait des
Emmaüs il y a encore bien avant. Les structures aussi forment aux ressourceries,
c’est aujourd’hui à peu près 30, 35 ans d’existence, les premières. Et on voit bien
aussi, grâce à l’impulsion des politiques publiques, les mouvements associatifs et
aujourd’hui on a à travers le Grenelle 1, le Grenelle 2, il faudrait citer un certain
nombre de textes qui ont structuré avec les responsabilités élargies des producteurs,
qui ont structuré des filières économiques et sociales autour du déchet, ont permis
effectivement donc de commencer à identifier de nouveaux métiers, de nouvelles
formes de métiers. Il y a toute une démarche de professionnalisation avec des
réseaux qui travaillent sur une filière qualifiante, sur le technicien de réemploi, le
valoriste : enfin, il y a un certain nombre de choses, des modules qui sont déjà
prévus. Je pense qu’il y a aussi toute une filière qualifiante qui est en train de se
structurer d’ici quelques années.
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Philippe GAUDIN : Disons que c’est de l’espoir. Patrick de Rugeriis, vous êtes un
peu expert économique sur ce plateau. Vous connaissez bien les territoires. Ça peut
être un vrai levier pour l’emploi local, les déchets ?
Patrick de RUGERIIS (Expert Investisseur – Direction Interrégionale Ouest –
Caisse des Dépôts) : Alors c’est un vrai levier. Pour autant, il ne faut pas en
imaginer un développement extraordinaire. Evidemment, ce ne sera pas générateur
de créations de centaines de milliers d’emplois. Pour autant, des dizaines de milliers
d’emplois, pourquoi pas évidemment ! Par contre, c’est un facteur fédérateur. Je
pense que ce sont aussi des circonstances qui permettent à la fois aux collectivités,
à la fois au monde économique de trouver des circonstances de travailler ensemble
et évidemment peut-être d’imaginer ou de créer parce qu’on est, je pense qu’on est
vraiment au tout début de ces filières, de ces nouveaux marchés si on peut les
qualifier ainsi. On en est au tout début et je pense que l’imagination doit être au
pouvoir. Il y a pleins de choses qui se construisent au fur et à mesure. Nous, on le
voit sur les opérations où on est investisseurs, où on intervient en investisseurs, sur
les opérations où, tous les jours, on se pose de nouvelles questions et on essaie d’y
apporter de nouvelles réponses. Donc, Monsieur le disait tout à l’heure, le Danemark,
l’Allemagne, ce sont des dizaines de milliers d’unités de méthanisation, la France en
est au tout début. Pour autant, je pense que les Français apprennent vite et
effectivement, il y a plein de choses qui sont à imaginer.
Philippe GAUDIN : Justement on apprend vite mais les ressourceries, Xavier
COLLARD,
en France comment encourager la création de ressourceries sur le
territoire ?
Xavier COLLARD : Je crois qu’aujourd’hui, on voit là une structure dans le film, on
quitte bien là une logique de structure vers une logique de territoire. On est bien au
cœur d’un produit de territoire où on associe des choses et des acteurs qui ne se
sont pas toujours
associés dans le temps pour construire des nouvelles formes
d’économie locale.
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Philippe GAUDIN : Parce qu’on va rappeler, excusez-moi, pour compléter ce que
vous dites qu’on parle d’associations qui s’occupaient de ça. Aujourd’hui, c’est en
train de se structurer.
Xavier COLLARD : C’est en train de se structurer. C’est souvent des collectivités,
des agglomérations, des comités de communes, des syndicats de traitement ou
autres qui peuvent être maîtres d’œuvre porteurs d’une dynamique avec plusieurs
associations sur un territoire, des industriels, des partenaires institutionnels différents
et différentes branches, différents secteurs. C’est toute une nouvelle forme, une
nouvelle marque
de gouvernance territoriale et des modes de coopération
complètement innovants aujourd’hui. C’est associer l’inassociable d’hier aujourd’hui à
des projets vraiment innovants demain et quand on parle d’économie sociale ou
d’économie, on n’est pas en train d’opposer des économies, on est en train de
structurer de nouvelles formes d’économie locale et donc on a aussi des élus qui
nous arrivent de plus en plus sensibilisés. Amorcer un projet de territoire aujourd’hui,
est vraiment quelque chose qui peut rapidement s’enclencher.
Philippe GAUDIN : Economiquement, les communautés ont intérêt à investir dans le
principe d’une ressourcerie ?
Gilles de MONTALEMBERT : En fait, il y a 2 problématiques dans les domaines
notamment ruraux, c’est la collecte. C’est la collecte la plus compliquée, la plus chère
pour nous parce qu’on a un territoire étendu et il faut aller chercher chez chaque
habitant qui a trié ou pré-trié. La collecte a un coût considérable. Alors donc, bien
entendu, tout leur intérêt serait de valoriser sur place, au moins de donner une
première transformation qui puisse être mise sur le marché, que nos déchets
puissent être mis sur le marché. Là nous sommes intéressés bien entendu par des
petites structures relativement souples qui permettent de s’implanter localement.
Mais le problème c’est que, comme on traite d’abord le problème de la collecte et
généralement avec des grands groupes, seuls capables de nous faire des
propositions, eh bien souvent peut-être par facilité, nous continuons avec les grands
groupes et c’est pas forcément la meilleure réponse. Donc c’est vrai que plus les
projets comme les ressourceries ou comme de la mini-économie circulaire puissent
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s’implanter que ce soit dans le monde de masse ou le monde industriel, eh bien on
peut trouver des symbioses qui nous permettent de valoriser in situ nos déchets, que
ce soit nos déchets de tous les jours ou bien que ce soit les déchets industriels.
Yvan TRITZ (Ingénieur Agronome Doctorant Isara – LER) : Je voulais juste
revenir sur ce que disait monsieur sur la question du transport parce que, pour
donner un petit ordre d’idée, c’est vrai que quand on travaille sur la méthanisation
donc sur la valorisation énergétique des déchets organiques, on est tout de suite
sensible au bilan énergétique du processus, quoi. Et pour avoir un ordre d’idée, il
faut quand même se dire que les déchets, certes c’est une matière première
énergétique mais très diluée. Si on prend par exemple la mesure, la tonne équivalant
-pétrole qui est communément utilisée, une tonne de déchets, c’est 0,2 tonne
équivalant-pétrole donc en réalité, le contenu énergétique est très faible. Et ce qui
fait qu’effectivement ça ne supporte pas le transport parce que du coup, on a des
coûts énergétiques liés aux transports donc il y a tout intérêt à avoir de petites
structures plutôt que des grosses structures centralisées pour traiter de manière un
peu plus vertueuse le déchet.
Philippe GAUDIN : Patrick Rugeriis, excusez-moi, on va venir à la méthanisation et
je sens que vous avez envie d’en parler, donc on va y venir vite. Patrick Rugeriis,
faire travailler des acteurs comme des associations avant, des collectivités, c’est
quand même un peu compliqué aujourd’hui ?
Patrick RUGERIIS (Expert Investisseur Caisse des Dépôts) : C’est compliqué
mais on a toujours un élément fédérateur à la base. On s’aperçoit quand même que
sur la globalité des projets, on a toujours des personnes physiques donc des
individus qui enracinés territorialement et qui portent les projets. Comme les enjeux
sont évidents pour beaucoup, de plus en plus, il n’y a pas tant de difficultés que ça.
Par contre, décliner un modèle économique derrière, c’est un petit peu plus
compliqué.
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Philippe GAUDIN : Depuis tout à l’heure, on cherche à comprendre et à répondre à
cette grande question : que faire de nos déchets, de tous ces déchets que nous
produisons ; alors, il y a le recyclage, les ressourceries, on vient de le voir mais il y a
aussi d’autres pistes, des pistes de valorisation. Eh oui, il est possible de valoriser
nos déchets, vous l’aurez compris, on parle de méthanisation depuis tout à l’heure.
Imaginez tout simplement que nos déchets permettent de créer de l’énergie, de
chauffer une mairie par exemple, une école : eh bien cela s’appelle cette fameuse
méthanisation dont on a tant envie de parler sur le plateau. Ça marche et c’est même
l’avenir. La preuve : ça se passe à Combree, c’est à côté d’Angers.
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Reportage
Voix Off
Dans cette déchetterie du pays Angevin, les habitants ont pris l’habitude de venir jeter leurs
déchets organiques : des déchets verts valorisables qui sont ensuite acheminés ici. Chaque jour,
plus de 100 tonnes passent par ce pont bascule : une quantité utilisée par une activité émergente.
Jean-Paul CHAZE a lancé Méta-Bio-Energies, il y a 2 ans et peut compter aujourd’hui sur des
apports réguliers.
Jean-Paul CHAZE : Aujourd’hui, combien de camions ?
Secrétaire : J’ai 6 camions.
Jean-Paul CHAZE : Six camions, ok d’accord, très bien merci !
Voix Off
Pour l’instant, sa société transforme ces déchets grâce au compostage : 20 000 tonnes d’engrais
produits l’année dernière pour les cultivateurs de la région. Mais Jean-Paul CHAZE et son associé
ne comptent pas s’en tenir à cette activité.
Marcel GABDIN (associé Méta-Bio-Energies) : Et on ne veut pas s’arrêter effectivement à une
cible unique qui est agriculteurs, qui est maraîchers ou qui est viticulteurs donc l’important, c’est
effectivement d’être diversifié.
Voix Off
Dans quelques mois, les déchets organiques, collectés par leur entreprise, alimenteront ceci : une
unité de méthanisation produisant du biogaz. Avec le constructeur, il visite l’avancée des travaux.
Deux semaines de retard sur le calendrier, c’est tout sauf un détail surtout quand l’investissement
totalise 9 millions d’euros.
Jean-Paul CHAZE (PDG de Méta-Bio-Energies): Il est important de terminer effectivement dans
3 mois parce que nous avons 3 mois d’essai de monter en charge des métaniseurs et on a prévu
le plein rendement fin août, début septembre.
Voix Off
Un calendrier décisif. Dans ce local, sommeille un moteur ultra perfectionné capable de produire
électricité et chaleur à partir du biogaz. Une fois le moteur mis en route, l’électricité sera revendue
aux réseaux et la chaleur alimentera des industries alentour.
Marcel GABDIN (associé) : C’est un projet fou sur lequel je suis heureux effectivement d’être là et
que tout l’ensemble fonctionne bien à partir notamment de septembre ou plutôt avant septembre
pour que financièrement, l’ensemble du projet soit complètement viable.
Voix Off
Bonne nouvelle pour ce projet d’avenir : à proximité du site, une unité de séchage des boues
urbaines actuellement en chantier, achètera la chaleur produite par Méta –Bio-Energie.
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Retour Plateau
Philippe GAUDIN : Les Angevins sont exemplaires, que voulez-vous ! Si vous aussi,
vous êtes Angevin mais que vous allez porter vos déchets quelque part où il y a de la
méthanisation, vous savez ce qui vous reste à faire : vous allez sur notre plateforme
d’échanges, vous nous mettez un petit message pour nous expliquer comment ça se
passe pour vous.
Alors la méthanisation, ça va être votre truc et alors attention, on attend de vous que
vous soyez hyper pédagogique. Expliquez-nous : ça permet 1/ de faire de l’électricité
et 2/ de la chaleur.
Yvan TRITZ (Ingénieur Agronome - LER) : Oui.
Philippe GAUDIN : On vous attend. Il va falloir nous en donner ! Expliquez-nous !
Yvan TRITZ : La méthanisation, c’est un processus biologique au même titre que le
compostage qui permet effectivement à partir d’une matière organique, de produire
un gaz qui s’appelle le biogaz, et ce biogaz, actuellement, la forme de valorisation de
ce gaz la plus courante, c’est de l’utiliser en cogénération, c’est-à-dire de l’utiliser
dans un moteur qui va produire, qui va entraîner une alternatrice pour produire de
l’électricité et on va aussi récupérer la chaleur générée par ce moteur pour lui trouver
une utilisation locale, puisque la chaleur ne supporte pas non plus d’être transportée
sur de longues distances. Il faut l’utiliser localement, d’où un certain nombre de
partenariats derrière aussi pour valoriser cette chaleur, et en amont avec tous les
acteurs locaux qui ont des déchets, qui ont des problématiques…
Philippe GAUDIN : Parce que cette chaleur, si je ne dis pas de bêtises, on peut
l’utiliser dans un rayon de 8 kilomètres, à peu près ?
Yvan TRITZ : Oui, inférieur à 10 kilomètres. C’est surtout que le réseau de chaleur
est cher en investissement : du coup, on ne peut pas se permettre de tirer des
réseaux de chaleur...
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Philippe GAUDIN : Donc on fait de l’électricité et ça dégage aussi de la chaleur,
donc 2 emplois possibles. Quels types de déchets peuvent rentrer sur ce principe de
méthanisation ?
Yvan TRITZ : Ce sont des déchets qu’on appelle fermentescibles. Quels types de
déchets ? On a des effluents agricoles qui peuvent entrer dans le processus de
méthanisation. On a les déchets générés par l’industrie agro-alimentaire par exemple
qui sont une source importante de déchets fermenticibles et puis on a aussi ce qu’on
appelle la fraction organique des ordures ménagères, la fraction des fermentescibles
des ordures ménagères, donc tout ce qui est restes de cuisine, huiles usagées, des
choses comme ça…
Philippe GAUDIN : ça peut concerner le particulier comme la grosse entreprise ?
Yvan TRITZ : Voilà tout à fait !
Philippe GAUDIN : D’accord ! Par rapport, on esquissait un peu cette discussion tout
à l’heure, par rapport à nos voisins allemands, notamment vous en parliez, qui eux
sont assez pointus sur ces questions de méthanisation, on a combien de structures
en France aujourd’hui ? Est-ce qu’on est vraiment en train de les développer ou estce qu’on est vraiment définitivement en retard ?
Yvan TRITZ : Non,
là c’est vraiment une filière qui est en plein boom, la
méthanisation en France actuellement. Ça vient du fait que les tarifs d’achat de
l’électricité, donc l’électricité qui est produite, est vendue sur le réseau. Ça a été
augmenté en 2006 et puis ré-augmenté à nouveau par la suite, ce qui fait qu’on a
une valorisation qui est intéressante et qui génère un profit intéressant. Le simple fait
de vendre de l’électricité ; ce à quoi s’ajoutent les prestations de traitement de
déchets et la vente de chaleur ; donc oui, il y a plus d’une dizaine d’installations
aujourd’hui en France principalement les…
Philippe GAUDIN : Combien en Allemagne, pardon ?
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Yvan TRITZ : On est, je crois, à 3000 ou 4000…
Philippe GAUDIN : Quand même, c’est étonnant !
Yvan TRITZ : Cela dit, ce ne sont pas les mêmes modèles ; c’est-à-dire qu’en
Allemagne, ils ont beaucoup développé de la méthanisation à partir de cultures
énergétiques. En France, ce choix n’a pas été fait. On a privilégié la valorisation des
déchets dans un premier temps. Le fait d’utiliser des cultures énergétiques, et
notamment du maïs ensilage, a aussi un effet pervers c’est-à-dire qu’on utilise, qu’on
mobilise des surfaces agricoles pour la production d’énergie qui peut être en
concurrence avec les cultures alimentaires par exemple.
Philippe GAUDIN : Patrick RUGERIIS : vous connaissez bien ces questions-là.
Comment vous vous expliquez ce retard de la France ?
Patrick RUGERIIS (Expert Investisseur – Direction Interrégionale Ouest –
Caisse des Dépôts) : Alors je dirais pas qu’il est culturel. Il est peut-être aussi le fait
de ce que nous vivons dans un pays où on avait un modèle de production d’énergie
qui est…
Philippe GAUDIN :..nucléaire…
Patrick RUGERIIS : Nucléaire, mais bon pour autant…
Philippe GAUDIN : 74% de notre énergie…
Patrick RUGERIIS : Tout à fait, donc il y a toute sa place et peut-être que les
questions d’anticipation sont posées un petit plus tard chez nous. Elles se posent
aujourd’hui et c’est vrai que, comme le disait monsieur, on est en plein boom, on est
en plein développement. On a, nous, la chance d’accompagner un certain nombre de
projets sur le territoire. Les modèles sont souvent tendus, d’abord parce que c’est
nouveau et ensuite parce que la sécurité sur le moyen long terme, on ne sait pas
encore l’assurer, mais on a quand même un grand champ d’investigation, notamment
dans un pays où l’industrie agroalimentaire est fournisseur de matières premières, où
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les débouchés peuvent largement être utilisés par les agriculteurs. Comprenez bien
que la logique de circuits courts, la logique de développement économique…
Philippe GAUDIN : ..est extrêmement intéressante.
Patrick RUGERIIS : Voilà, tout à fait ! On a vraiment une conjonction d’intérêts pour
chacun des secteurs.
Philippe GAUDIN : Alors, quand on n’est pas un spécialiste comme vous ou
quelqu’un comme moi, c’est assez dingue de se dire qu’on peut générer de
l’électricité pour faire vivre par exemple un village. Et bien vous, Gilles
MONTALEMBERT, c’est ce que vous êtes en train de mettre en place chez vous.
Vous allez produire l’électricité de votre village. Expliquez-nous concrètement, en
quelques mots, votre projet !
Gilles de MONTALEMBERT Vice-Président Communauté de Communes de
Seaulieu) : On pourrait le faire pour le village, mais là on a préféré privilégier le parc
industriel, c’est-à-dire qu’effectivement dans ce projet où d’abord il y a une installation
d’une scierie dont la moitié de la production était ce qu’on appelait des déchets dans
le temps, et maintenant ce sont des collectes, et voire les matières premières pour
d’autres industries et notamment pour une cogénération qui est un peu différente de
la méthanisation puisqu’elle brûle, mais elle fait tourner une turbine qui va fournir la
moitié dont a besoin l’ensemble de l’industrie sur place.
Philippe GAUDIN : C’est-à-dire que la zone d’activité industrielle va être alimentée
par l’électricité faite par ces déchets.
Gilles de MONTALEMBERT : Voilà ! Et de la chaleur aussi !
Philippe GAUDIN :..de la chaleur qui va aller chauffer quoi ? Les mêmes bâtiments ?
Gilles de MONTALEMBERT : ..sécher les bois du premier, sécher la souillure pour le
second et faire marcher l’unité de chimie carbonée qui va s’installer et qui va utiliser
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les déchets d’une industrie à côté. C’est du caoutchouc ou du plastique…
Philippe GAUDIN : Donc il y a une sorte d’autogestion, en fait, dans cette petite
zone ?
Gilles de MONTALEMBERT : Voilà ! C’est-à-dire que je voulais revenir sur ce que
vous venez de dire qui est très intéressant. C’est qu’en fait que cet élément de
l’ordure ménagère est relativement récent. Quand vous dites qu’on n’est pas très en
avance, certes mais en fait c’est relativement récent ! Quand j’ai commencé mon
travail de maire, j’étais responsable de la collecte et à l’époque, on fabriquait 3 fois
moins c’est-à-dire qu’il y a 25 ans à peu près, 3 fois moins d’ordures ménagères. Ça
s’est beaucoup accéléré par principalement l’arrivée des supermarchés, c’est clair !
Dans nos villages, dans nos petites villes, donc c’est le modèle économique qui a
généré plus de déchets, donc c’est normal qu’on y réfléchisse maintenant qu’on en a
trop, mais qu’il n’y en avait pas beaucoup…
Philippe GAUDIN : La question se posait moins évidemment. Yvan TRITZ, c’est
généralisable quelque chose comme ça ? ça peut être à grande échelle ?
Yvan TRITZ (Ingénieur Agronome - LER) : L’exemple du projet de Monsieur, oui.
Philippe GAUDIN : Oui, ou la mécanisation peut-être en règle générale qui est pas
spécifiquement ..?
Yvan TRITZ : C’est intéressant, je pense effectivement de raisonner, comme vous
disiez, les pôles éco-industriels ou les symbioses industrielles, de les rechercher dès
le départ, c’est-à-dire que dès qu’une zone industrielle se met en place, chercher
comment les entreprises qui sont sur place vont utiliser leurs déchets, voir si on peut
mettre en place des circuits de valorisation locaux, voir comment on va pouvoir, par
exemple, à partir d’une unité de méthanisation, créer des partenariats autour de
l’utilisation de la chaleur, je pense que ce sont des choses très intéressantes et à
raisonner dès le départ, d’où l’importance de sensibiliser les collectivités dès le départ
à ces questions pour qu’elles puissent tout de suite y penser, parce que c’est
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beaucoup plus compliqué quand on intervient sur une zone industrielle qui est déjà
en place.
Philippe GAUDIN : Oui, parce qu’il y a un point clé dans ce principe, c’est qu’il faut
avoir une masse de déchets suffisante pour pouvoir créer un projet de méthanisation,
sinon ça fonctionne pas.
Patrick RUGERIIS (Expert Investisseur – Direction Interrégionale Ouest –
Caisse des Dépôts) : Oui, oui.
Philippe GAUDIN : Donc j’imagine qu’il y a une étude qui est faite localement ?
Patrick RUGERIIS : Oui, bien sûr, bien sûr ! Un des premiers sujets que l’on a à
travailler, c’est la sécurisation des intrants, une unité comme celle-ci…
Philippe GAUDIN : Les intrants, c’est les poubelles. On va faire simple.
Patrick RUGERIIS : Oui les poubelles. Tous les résidus fermentescibles. Une unité
comme celle-ci, elle va travailler entre 30 000 et 40 000 tonnes par an. On travaille
des sujets où l’on va jusqu’à 140 000 tonnes par an. Vous imaginez bien que quand
on définit un modèle financier, on doit être à peu près certain, même si
malheureusement on n’aura jamais tous les éléments pour le valider, on doit être à
peu près certain que les intrants sont bien sur le territoire, sont pérennes et que
surtout, on ne va pas se retrouver dans une concurrence de logique telle que, ceux
qui ont de la matière, demain seront amenés à en faire un produit et plus une charge.
Aujourd’hui, c’est une charge. Je crois qu’on doit tous veiller à ce que ça ne devienne
pas un produit parce qu’à ce moment-là…
Philippe GAUDIN : c’est-à-dire qu’aujourd’hui, les déchets deviennent quelque chose
qu’il faut acheter pour pouvoir créer de l’électricité une fois qu’on a mis en place une
méthanisation.
Patrick RUGERIIS : Oui. C’est un sujet et un enjeu, voilà.
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Philippe GAUDIN : C’est les industriels qui ont une tentation forte d’y aller ?
Patrick RUGERIIS : Ils pourraient l’avoir. Ça sera ou ce serait la loi du marché, donc
souhaitons que le marché ne vienne pas contrebalancer ce cercle vertueux, voilà !
Philippe GAUDIN : Est-ce que vous êtes d’accord, Xavier COLLARD ? Est-ce que
vous avez les mêmes questions sur les ressourceries du fait que les intrants
pourraient devenir, un jour, payants ?
Xavier COLLARD : Oui surtout que quand on crée des filières avec des
responsabilités élargies, on voit bien qu’on crée un système économique. Il faudra
bien, je pense qu’effectivement il y ait une valorisation économique où l’on ne pourra
pas forcément freiner. Il va falloir surtout la réguler sur le système local.
Philippe GAUDIN : Pour qu’on comprenne bien pourquoi ça peut un jour coûter,
c’est-à-dire pourquoi ça prend autant de valeur, prenons l’exemple de la Bretagne.
Par exemple aujourd’hui, la méthanisation rentre dans le fameux pacte énergétique.
Alors, pour faire simple, la Bretagne est en bout de chaîne, donc on l’a vu avec le froid
ces derniers mois, il y a des risques de coupure d’électricité. La méthanisation pourrait
rentrer comme un vrai facteur de production d’électricité en Bretagne ?
Patrick RUGERIIS : Oui. C’est d’ailleurs un des objectifs porté par le conseil régional
et par EDF avec qui nous avons structuré une société qui a vocation et ambition
d’accompagner un certain nombre de projets de méthanisation : 8% de la production
localement en Bretagne, donc évidemment le gap est énorme, il est colossal surtout
qu’on est dans une région où l’industrie croît, on ne peut que s’en féliciter, donc les
besoins en énergie tout autant et on a sous l’égide et avec la volonté du Conseil
Général, constitué une société qui, on l’espère, on va tout faire pour, va contribuer à
l’émergence d’un certain nombre de projets de méthanisation, justement parce qu’il y
a les matières, il y a des débouchés chaleur…
Philippe GAUDIN : Les agriculteurs sont nombreux en Bretagne…
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Patrick RUGERIIS : Les agriculteurs, les éleveurs. Géotexia, une des premières
unités de méthanisation, a montré l’exemple, c’était il y a 8 ans. Pas facile ! Vraiment
un sujet pas facile ! Il leur aura fallu 8 ans pour le faire aboutir, mais Géotexia en est
une des illustrations, je pense.
Gille de MONTALEMBERT : Y compris les algues vertes ?
Yvan TRITZ : Alors, bonne question !
Philippe GAUDIN : C’est un sujet polémique, mais c’est une bonne question !
Gille de MONTALEMBERT : Mais c’est un sujet que les maires aiment bien.
Patrick RUGERIIS : Je ne suis pas chimiste, mais pour autant il me semble bien
quand même que le traitement de ces matières organiques-là est un petit peu plus
compliqué parce qu’on doit éviter le souffre, notamment.
Philippe GAUDIN : La toxicité des gaz dégagés de ces algues. C’est une question
pour un ingénieur, ça ?
Patrick RUGERIIS : Les beaux moteurs qu’on a vus tout à l’heure ne l’accepteraient
pas, voilà.
Philippe BAUDIN : Justement, on va vous laisser le mot de la fin, Yvan TRITZ !
Faites-nous rêver ! Dites-nous à quoi ça peut ressembler d’ici quelques années, en
quelques mots, la méthanisation ?
Yvan TRITZ (Ingénieur Agronome) : L’intérêt de la méthanisation, on va dire, c’est
qu’elle a deux avantages : c’est que ça décentralise la production d’énergie qui, en
France, est très centralisée, et ça décentralise le traitement de déchets aussi. Au lieu
d’avoir de grosses installations qui vont nécessiter du transport, puisqu’on va devoir
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amener ces déchets, on va essaimer ces déchets les unité de sorte à traiter au plus
près des gisements de déchets et donc dans l’idéal, ce serait des installations bien
réparties sur le territoire qui génèrent une ressource qui profite aux acteurs locaux,
que ce soit par la diminution du coût des traitements de déchets du fait qu’on les
valorise, mais aussi par un certain nombre d’intérêts connexes, on va dire, puisqu’on
produit une énergie qui peut être utilisée localement, ça peut générer de l’emploi. Il
faut le voir comme un vrai outil de développement économique des territoires.
Philippe GAUDIN : Vous l’aurez compris, on va veiller à ce que nos déchets ne
deviennent pas un business spéculatif, on va le dire comme ça, mais qu’ils restent
bien une ressource, une ressource d’activité économique, une source d’emploi : c’est
possible, on vient de le voir avec vous tous . Il va falloir vraiment apprendre à
valoriser nos déchets. Vous avez peut-être des idées, vous avez peut-être déjà mis
ça en pratique par chez vous. Vous savez ce qu’il vous reste à faire : notre
plateforme d’échanges SollutionsDurables.tv. On attend vos commentaires. Merci
beaucoup à vous tous, Messieurs, et à très bientôt sur SolutionsDurables.tv.
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