de l`allemagne à la provence : le parcours d`emma, jeune lycéenne
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de l`allemagne à la provence : le parcours d`emma, jeune lycéenne
DE L'ALLEMAGNE À LA PROVENCE : LE PARCOURS D'EMMA, JEUNE LYCÉENNE EUROPÉENNE. Comment t’appelles tu et quel âge as-tu ? Je m'appelle Emma Sippl et j'ai 16 ans et demi. Exerces-tu un métier ? Je suis actuellement lycéenne, en terminale scientifique. Pourquoi as-tu quitté ton pays natal ? Mon père est allemand, et ma mère française. J'ai du quitter l'Allemagne lors de la séparation de mes parents : ma mère s'est enfuie du pays avec moi. Depuis combien d'année es-tu en France ? J'y suis depuis dix ans. Qu'est-ce qui te plaît en France ? Je trouve que certains lieux sont vraiment magiques, que c'est un pays riche de ses différences. J'ai longtemps vécu à Marseille, qui a une ambiance unique et que j'apprécie beaucoup. Mais de la féerie parisienne au charme des villages du Verdon, en passant par les côtes atlantiques, la France a une multitude de facettes différentes et originales. J'aime également le mélange culturel : à Marseille ou à Paris, des personnes venues des quatre coins du monde se mêlent entre eux, et je pense que cela apporte beaucoup aux échanges et à la tolérance. Qu'est-ce qui ne te plaît pas en France ? Et pourquoi ? Je trouve que les français se plaignent systématiquement de tout. Qu'il s'agisse du gouvernement, des prix, des écoles, des autres gens, le moindre aspect de leur vie est sujet à la critique. Parfois, ils ne sont pas très chaleureux les uns vis à vis des autres, et peu sociables envers les inconnus. Une autre chose qui m'a choquée aussi est l'irrespect de l'hygiène des villes : ils polluent leurs propres rues bien davantage que les touristes ! Que regrettes-tu de ton ancienne vie dans ton pays d'origine ? Je n'ai vécu qu'à Saarbrücken, une ville frontalière de la Lorraine, et ne peux donc avoir une vue d'ensemble. Mais je me souviens d'inconnus souriants, liants, que l'on rencontrait dans la rue et avec lesquels l'on partageait naturellement quelques instants pour discuter et se connaître un peu. C'était aussi un endroit idéal pour les enfants : dans les maternelles, et même les écoles primaires, il était par exemple très fréquent que les enfants prennent leur petit déjeuner tous ensemble. Je trouve que la vie y est en général plus conviviale. Envisagerais-tu, un jour d'y retourner vivre ? Cela a pendant très longtemps été mon rêve. Dans les premières années, j'ai haï ma vie en France car j'étais arrachée à mes origines, mon pays, ma famille et mes amis. Aujourd'hui je n'imagine plus me réinstaller en Allemagne, car j'ai désormais construit ma vie en France, rencontré des personnes extraordinaires et appris à aimer ce pays. Cependant, je souhaite y retourner le plus souvent possible. Avais-tu du mal à apprendre la langue française ? Étant arrivée à seulement six ans, j'ai appris très vite. Je ne parlais pas un mot de français en arrivant, et au bout de quelques mois je maîtrisais mieux la langue que les autres enfants. As-tu les deux nationalités ? Oui, et j'en suis fière ! Bien que beaucoup de personnes pensent qu'il faudrait que je fasse un choix, je ne pourrais jamais renier une de mes deux patries : je suis entièrement francoallemande, de cœur comme de nationalité ! Te sens-tu plutôt européenne, française ou allemande ? Je suis très liée à mes deux cultures, et je ne peux en dissocier aucune de ma personne. Je me sens aussi bien française qu'allemande. As-tu gardé des liens dans ton pays d'origine, de la famille, des amis... ? J'ai malheureusement perdu mes amis, à cause de la distance et du temps. Il me reste de la famille en Allemagne : mon père, ma bellemère et ma petite sœur, avec lesquels je perds malgré tout progressivement le contact. As-tu parfois le mal du pays ? Cela m'arrive souvent. Je regarde régulièrement des films et lis des livres en version originale, et lorsque autour de moi des touristes parlent allemand, je m'approche d'eux pour entendre un peu ma langue. Je n'ai plus eu l'occasion d'y aller depuis plus d'un an, et je souffre beaucoup de cet éloignement. La distance est et restera toujours telle une blessure ouverte en moi. Danke ! Lorraine AQUILINA, sde BMA, Lycée DON BOSCO, Mme CARAPESSA Lorraine AQUILINA, sde BMA, Lycée DON BOSCO, Mme CARAPESSA