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L’ITINÉRAIRE DE MAURICETTE PONS
DUNKERQUE
NORD–
PAS-DE-CALAIS
62
80
59
AMIENS
PICARDIE
60
PARIS
PITHIVIERS
CENTRE
BOURGES
PARIS–
ÎLE-DE-FRANCE
45
18
03
LIMOUSIN
MONTLUÇON
23
USSEL
19
AUVERGNE
15
AURILLAC
12
MIDI-PYRÉNÉES
81
CASTRES
CARCASSONNE
11
LANGUEDOCROUSSILLON
66
LE MÉRIDIEN D’ARAGO
PY
– LA MÉRIDIENNE VERTE
80 étapes
1651 km
21 départements traversés
méridien ;
parcours
14
Mauricette Pons
LES 80 ÉTAPES
8
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DUNKERQUE, VILLE DE DÉPART
DUNKERQUE BERGUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
BERGUES BOLLEZEELE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
BOLLEZEELE ARQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
VISITES DE FONTINETTES ET DE SAINT-OMER
ARQUES AUCHY-AU-BOIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
AUCHY-AU-BOIS SAINT-POL-SUR-TERNOISE . . . . . . . . . . . .
SAINT-POL-SUR-TERNOISE DOULLENS . . . . . . . . . . . . . . .
DOULLENS NAOURS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
NAOURS AMIENS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
AMIENS
AMIENS LA FALOISE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LA FALOISE MONTREUIL-SUR-BRÈCHE . . . . . . . . . . . . . . .
MONTREUIL-SUR-BRÈCHE AGNETZ . . . . . . . . . . . . . . . . .
AGNETZ MONTATAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
MONTATAIRE VIARMES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
VIARMES SAINT-BRICE-SOUS-FORÊT . . . . . . . . . . . . . . . . .
SAINT-BRICE-SOUS-FORÊT MONTMORENCY . . . . . . . . . . . .
GROSLAY SAINT-DENIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
SAINT-DENIS PARIS (Montsouris) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
PARIS (gare d’Austerlitz) CHOISY-LE-ROI . . . . . . . . . . . . . . .
CHOISY-LE-ROI RIS-ORANGIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
ÉVRY
ÉVRY LA-FERTÉ-ALAIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LA-FERTÉ-ALAIS MALESHERBES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
MALESHERBES PITHIVIERS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
PITHIVIERS CHAMBON-LA-FORÊT . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CHAMBON-LA-FORÊT BOUZY-LA-FORÊT . . . . . . . . . . . . . .
BOUZY-LA-FORÊT SAINT-AIGNAN-LE JAILLARD . . . . . . . . . .
SAINT-AIGNAN-LE JAILLARD SULLY-SUR-LOIRE . . . . . . . . . .
SULLY-SUR-LOIRE ISDES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
ISDES BRINON-SUR-SAULDRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
BRINON-SUR-SAULDRE MÉNÉTROL-SUR-SAULDRE . . . . . . . .
MÉNÉTROL-SUR-SAULDRE NEUVY-SOUS-BARANGEON . . . . . .
NEUVY-SOUS-BARANGEON BOURGES . . . . . . . . . . . . . . . .
BOURGES
BOURGES CHÂTEAUNEUF-SUR-CHER . . . . . . . . . . . . . . . .
CHÂTEAUNEUF-SUR-CHER LE CHÂTELET . . . . . . . . . . . . . .
Total provisoire
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821
La Méridienne ou la Traversée de la France en 80 étapes
Report
39
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–
–
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LE CHÂTELET VESDUN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
VESDUN HURIEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
HURIEL TREIGNAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
MONTLUÇON
MONTLUÇON-HURIEL
TREIGNAT LUSSAT (Le Puy-Haut) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LUSSAT MAINSAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
MAINSAT CROCQ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CROCQ LA COURTINE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LA COURTINE USSEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
USSEL
USSEL NEUVIC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
NEUVIC MAURIAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
MAURIAC SALERS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
SALERS
SALERS SAINT-ILLIDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
SAINT-ILLIDE JUSSAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
JUSSAC AURILLAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
AURILLAC
AURILLAC VITRAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
VITRAC MARTORY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
MARTORY LIVINHAC-LE-HAUT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LIVINHAC-LE-HAUT BOURNAZEL . . . . . . . . . . . . . . . . . .
BOURNAZEL COMBROUZE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
COMBROUZE SAUVETERRE-DE-ROUERGUE (Jouels) . . . . . . .
SAUVETERRE-DE-ROUERGUE PAMPELONNE . . . . . . . . . . . .
PAMPELONNE AMBIALET (La Moulinquié) . . . . . . . . . . . . . .
AMBIALET MONT-ROC (barrage de la Rasisse) . . . . . . . . . . . .
MONT-ROC MONTREDON-LABASSONNIE (Granquié) . . . . . . .
MONTREDON-LABASSONNIE LA CROUZETTE . . . . . . . . . . .
LA CROUZETTE CASTRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CASTRES
CASTRES MAZAMET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
MAZAMET VILLARDONNEL (domaine de la Gleyre) . . . . . . . .
VILLARDONNEL CARCASSONNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CARCASSONNE
CARCASSONNE LIMOUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LIMOUX SOUGRAIGNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
SOUGRAIGNE CAUDIES-DE-FENOUILLÈDES . . . . . . . . . . . .
CAUDIES-DE-FENOUILLÈDES MONTFORT-SUR-BOULZANE . . .
Total provisoire
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26
23
18
31
15
1588
16
Mauricette Pons
Report
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78
79
80-1
80-2
MONTFORT-SUR-BOULZANE MOSSET . . . . . . . . . . . . . . . .
MOSSET VILLEFRANCHE-DE-CONFLENT . . . . . . . . . . . . . .
VILLEFRANCHE-DE-CONFLENT
VILLEFRANCHE-DE-CONFLENT PY . . . . . . . . . . . . . . . . . .
VILLEFRANCHE-DE-CONFLENT borne 513 . . . . . . . . . . . .
Total
1588
12
13
26
12
1651
8 RÉGIONS, 21 DÉPARTEMENTS TRAVERSÉS
NORD–PAS-DE-CALAIS
NORD (59)
Dunkerque, Bergues, Bollezeele
PAS-DE-CALAIS (62) Arques, Auchy-au-Bois, Saint-Pol-sur-Ternoise
PICARDIE
Doullens, Naours, Amiens, La Faloise
Montreuil-sur-Brèche, Agnetz, Montataire
PARIS–ÎLE-DE-FRANCE
VAL D’OISE (95)
Viarmes, Saint-Brice-sous-Forêt, Montmorency,
Groslay
SEINE-SAINT-DENIS (93) Saint-Denis
PARIS (75)
Paris
VAL-DE-MARNE (94) Choisy-le-Roi
ESSONNE (91)
Ris-Orangis, Évry, La Ferté Alais
SOMME (80)
OISE (60)
CENTRE
LOIRET (45)
CHER (18)
Malesherbes, Pithiviers, Chambon-la-Forêt,
Bouzy-la Forêt, Saint-Aignan-Le Jaillard,
Sully-sur-Loire, Isdes
Brinon-sur-Sauldre, Ménétrol-sur-Sauldre,
Neuvy-sous-Barangeon, Bourges,
Châteauneuf-sur-Cher, Le Châtelet,Vesdun
AUVERGNE
ALLIER (03)
CORRÈZE (19)
CANTAL (15)
Huriel,Treignat, Montluçon
Ussel, Neuvic
Mauriac, Salers, Saint-Illide, Jussac, Aurillac,
Vitrac, Martory
CREUSE (23)
Lussat, Mainsat, Crocq, La Courtine
MIDI-PYRÉNÉES
Livinhac-le-Haut, Bournazel, Combrouze,
Sauveterre-de-Rouergue
Pampelonne, Ambialet, Mont-Roc, MonredonLabassonnie, La Crouzette, Castres, Mazamet
LANGUEDOC-ROUSSILLON
Villardonnel, Carcassonne, Limoux, Sougraigne
Caudies-en-Fenouillèdes, Montfort-sur-Boulzane,
Mosset,Villefranche-de-Conflent, Py, borne 513
LIMOUSIN
AVEYRON (12)
TARN (81)
AUDE (11)
PYRÉNÉES-ORIENTALES
(66)(66)(66)
AVANT-PROPOS
L’HOMME : Arago (François) [1786-1853] – 67 ans
Astronome, physicien, né à Estagel (Pyrénées-Orientales), ses
travaux sur la polarisation de la lumière, les indices de réflexion
des gaz et ses expériences sur l’électromagnétisme sont restés
célèbres. D’un esprit libéral, très populaire, François Arago fut
nommé membre du gouvernement provisoire en 1843, républicain
modéré.
LE MÉRIDIEN
Demi-cercle imaginaire allant d’un pôle terrestre à l’autre et
coupant l’équateur en angle droit.
1er méridien : cercle qu’on se figure décrit sur le globe terrestre
pour compter de là les degrés de longitude. La longitude d’un lieu
est exprimée par rapport au méridien international (ou méridien
d’origine, au premier méridien) qui est le méridien de Greenwich
(Angleterre).
La méridienne : ligne qu’on suppose tracée sur la surface d’un
pays dans le plan d’un méridien déterminé. Exemple : le méridien de Paris.
18
Mauricette Pons
PRÉPARATIFS
Le méridien de Paris va de Dunkerque à Barcelone. Le suivre au
plus près. Pour rien, pour le seul plaisir d’enjamber tous les jours
cette ligne imaginaire.
En l’an 2000, Catherine Tasca, alors ministre de la Culture,
Michelle Demessine, secrétaire d’État auTourisme et Jean-Jacques
Aillagon, président de la “Mission 2000 en France” présentèrent
l’incroyable pique-nique.
Le 14 juillet 2000, tout le long du méridien de Paris, entre Dunkerque (Nord) et Prats-de-Mollo (Pyrénées-Orientales), eurent
ainsi lieu sur une ligne de 1000 kilomètres trois cents pique-niques
organisés par les communes. Catastrophe ! il plut presque partout
ce jour-là.
Savoir les souvenirs que gardèrent les gens qui organisèrent, participèrent à ce grand rassemblement et travaillèrent à sa réussite,
excitait ma curiosité. Que restait-il des fresques florales de
“Variations sur toute la ligne” de Jacques Leclerck qui ponctuaient
la plantation d’arbres, imaginée par l’architecte Paul Chemetov
tout le long du méridien ?
De plus, au hasard d’un voyage à Dunkerque en 1983, j’avais
découvert la stèle du méridien, érigée alors en plein centre ville,
boulevard Alexandre-III, et la retrouvais en 2002 au fort de PetiteSynthe à l’ouest de sa position première.
Suivre un méridien ondulant, en zigzaguant par-dessus lui, voilà
qui pigmentait l’affaire, d’autant plus que la stèle n’en était pas à
son premier déménagement puisqu’en 1926, elle était à l’emplacement de l’écluse de Bergues.
L’office de tourisme m’envoya à la mairie lorsque, photo à l'appui,
je demandais poliment des explications sur le vagabondage du
méridien. La mairie ayant d'autres chats à fouetter me dirigea vers
le journal La Voix du Nord où je rencontrai la journaliste qui, en
1997, lors de l’implantation de la stèle à Petite-Synthe avait justement fait un article là-dessus.
Cette dernière m’assura qu’à Petite-Synthe le méridien trouvait là
sa vraie place, qu’on avait asséché les marais, aménagé ce beau
La Méridienne ou la Traversée de la France en 80 étapes
19
parc autour du fort, le mettant ainsi en valeur et désormais il ne
bougerait plus.
Promis, juré, Arago pouvait reposer en paix. Une borne aux
armes de Dunkerque précisait :
HISTOIRE DE LA CITÉ – LE MONUMENT DU MÉRIDIEN.
Aux abords de Dunkerque, sur le terrain de Petite-Synthe le méridien de l’observatoire de Paris fut mesuré par différents astronomes :
Philippe de La Hire en 1681, Jacques Cassini en 1718, François
Cassini en 1740, Jean-Baptiste Delambre enfin en 1793.
Ces calculs jumelés avec ceux de Pierre Méchain aboutirent à la
création de la mesure universelle du mètre dix millionième partie du
quart du méridien terrestre.
En 1818, les astronomes français Biot et Arago et les savants anglais
Mutge, Colby etThomas complétèrent la mesure de l’arc à travers ces
deux pays.
Érigé en 1820, ce monument rappelle leurs travaux.
La stèle du méridien, face aux douves du fort suivie d’une large
allée de chênes lui ouvrant, par une haie d’honneur aux couleurs
de la France, le chemin de la liberté.
Le méridien se matérialise par des jeunes arbres entourés d’un
triangle de tuteurs aux couleurs nationales.
Le nouveau souffle “ la France, l’Europe, le Monde”.
Des hommes nouveaux “Libres, Égaux, Fraternels”.
Et par un médaillon de laiton d’une vingtaine de centimètres,
réplique agrandie des 135 jalonnant Paris du nord au sud portant
gravé le nom d’Arago. Ces médaillons de la “méridienne verte”
rappelleront l’an 2000, ils ne mentionnent plus Arago mais indiquent toujours le nord et le sud. Discrets lorsqu’ils sont au sol ;
moins lorsqu’ils sont fixés sur leurs balises de pierre, dans des
parcs, des places publiques, au bord des routes, des chemins, en
forêt. Ponctuation baroque d’une ligne imaginaire à travers toute
la France.
Désormais arbres et médaillons feront partie intégrante de notre
patrimoine : témoins muets d’une génération moins inféodée à
l’argent et au confort qu’il n’y paraît.
20
Mauricette Pons
Le temps profitera aux arbres, témoins de notre passage, ils nous
survivront.
Les balises serviront de repaire aux marcheurs, de perchoirs aux
écureuils et aux oiseaux et pour les médaillons qui sont à même le
sol ; il se trouvera toujours un affamé d’espace pour les débroussailler, et leur rendre leur brillance initiale.
On oubliera peut-être le nom de Paul Chemetov mais son œuvre
enraciné dans notre sol portera témoignage de son amour pour
notre pays et les valeurs dont il est porteur
La liberté : le chemin n’est pas balisé – ce n’est pas l’autoroute
piétonne de Compostelle – le méridien, ligne imaginaire, se rit
des obstacles, de nombreuses voies de communication le franchissent, chacun peut choisir son itinéraire. Découvrir les arbres qui
le matérialisent, jeu passionnant. On peut les apercevoir de loin
ou tomber sur eux au détour d’un sentier, ils sont disséminés dans
la campagne. Tous les chemins qui traversent le méridien n’en
sont pas porteurs.
Ce n’est pas une ligne d’arbres continue.
L’égalité : à pied, à cheval, en vtt, l’endurance sera la règle pour
tous. Le méridien se gagne et demande toujours un effort.
À pied, les étapes doivent être courtes : intendance et hébergement occasionnent souvent des éloignements du méridien. Un
beau site, une ville historique méritent un détour… La randonnée
ce n’est pas seulement aller d’un point à un autre : on ne peut tout
voir, mais quelques belles opportunités s’imposent.
La fraternité : réelle tout au long du chemin, même si bien
souvent les gens rencontrés ne comprennent pas votre attirance
pour les grands espaces, les voyages sac à dos en solitaire.
Cependant, ils seront toujours prêts en ville comme à la campagne pour converser ou rendre service.
En ville, le porteur de sac interpelle car il est aussi porteur de
rêves ; à la campagne, il inquiète davantage, il est l’intrus… Celui
qui vient et va ailleurs…
Une randonnée s’effectue en trois épisodes : préparation, exécution, narration et les trois stades sont porteurs d’émotion.
La Méridienne ou la Traversée de la France en 80 étapes
21
Par l’ign, recevoir les cartes, se pencher curieuse sur un morceau
de pays à découvrir où tout paraît simple, où l’œil couvre un
immense territoire. Pays inconnu où tout est indiqué, les autoroutes comme les chemins d’exploitation, les rivières comme les
ruisseaux, les villes comme les fermes isolées. Tout est là, sur une
petite feuille de papier et la magie commence curvimètre en
main…
Téléphoner aux offices de tourisme, expliquer un projet et obtenir d’eux des renseignements touristiques, le sel de la randonnée,
et les lieux d’hébergement possibles, préférer les petits hôtels de
campagne aux chambres d’hôtes.
Le parc hôtelier français, avec l’accroissement du tourisme, s’est
beaucoup renouvelé et modernisé. Il a l’avantage de l’anonymat,
de la tranquillité, les hôteliers connaissent leur métier, ce sont des
professionnels. Si après une journée de marche, fatiguée, je n’ai
plus qu’envie de me doucher, manger et dormir, à l’hôtel on
respectera ces besoins.
Dans une chambre d’hôtes, je devrai assumer ma qualité “d’hôte”,
me présenter sourire aux lèvres, expliquer mon parcours, remercier pour le service qu’en payant l’on veut bien me rendre, animer
la soirée de “mes hôtes” lesquels seront tout surpris de m’entendre gentiment mais fermement préférer les draps de lit blanc, qui
m’assurent un usage unitaire, à tous les autres, pour aussi beau que
soient les fleurs et les feuillages qui les décorent.
La beauté de l’architecture de la maison qui m’accueille, son site,
son environnement, son beau jardin, la décoration des pièces où je
ne fais que passer ne sont pas d’une importance capitale ; j’ai
marché toute la journée dans la beauté de la nature et rien ne peut
égaler cette harmonie-là. Alors…
J’ai connu, lors de mon tour de Bourgogne, un hôtel crasseux
(dont je tairai le nom) où la literie cependant était neuve, la
cuisine sensationnelle et l’ambiance à la table commune chaleureuse, mais aussi, dans ce même voyage une chambre d’hôtes (je
me tais encore) dans une superbe demeure du XVIIe siècle où mon
repas était prévu dans une immense salle à manger lambrissée qui
avait peut-être vu Jean-Baptiste Rameau assis à cette grande table
où se dressait solitaire mon couvert. C’était trop d’honneur ! J’ai
22
Mauricette Pons
fui au restaurant du coin ! C’est le piment de la randonnée pédestre !!!
Mais au calme, dans mon appartement, devant la carte déployée :
hôtels, chambres d’hôtes, gîtes et même campings ne sont que des
repères à retenir tous les 20 à 25 kilomètres.
Moins de 20 kilomètres, c’est une étape-repos, au-delà de 30 kilomètres la fatigue s’installe et la randonnée perd de son attrait. Or,
même sous la pluie, la balade doit rester un temps privilégié de
bonheur.
Méridien tracé, points de chute repérés, le tracé sur la carte peut
commencer. Tout paraît facile. Fuir les nationales et les départementales à grande circulation trop dangereuses parce que, trop
souvent, sans bas-côtés utilisables à pied. Le réseau des chemins
communaux ou d’exploitation est suffisamment dense, bien
entretenu, bien signalé. S’assurer que les chemins communiquent
entre eux, que rivières et ruisseaux possèdent des ponts. Les
cartes sont très bien faites, reste à les lire attentivement. Le
chemin à parcourir étant tracé, la quête culturelle commence tout
aussi passionnante. Noter les curiosités des chemins, des villages
traversés ; même si l’on ne peut tout voir, ne pas “marcher idiot”.
D’autres sont venus avant, mais quelles traces ont-ils laissé de leur
passage ; que sera la nôtre ? Les médaillons et plus encore les
arbres porteront témoignage de la “méridienne verte” et ils ne
figurent pas encore sur les dépliants touristiques.
Et la toponymie ? Un mystère éveillant un passé à la fois proche et
très lointain. Louis Charpentier(1), il y a une quarantaine d’années,
avait écrit un livre là-dessus et j’imagine en marchant ce fameux
dieu Lug sous les traits d’un petit faune se jouant de l’éléphantesque christianisme, de toutes les invasions civilisatrices ou pas,
réapparaissant toujours sur notre sol latinisé, germanisé, francisé,
mais présent.Tous ces lieux conservant le radical Lug ou ses dérivés, luz, leon, lion sont le domaine de ce dieu antique que j’imagine farceur.
(1) Louis Charpentier, Les Géants et le mystère des origines, Robert Laffont,
1969.
La Méridienne ou la Traversée de la France en 80 étapes
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Plus près de nous, tout aussi évocateurs, les lieux-dits : “L’avare”,
“chétif village”, “le danger”, “jappe aux loups”, tous ces jolis noms
insensés qui maintiennent l’imagination en éveil et font plus
courte la route.
Jour après jour, préparer sur le papier tout le périple pour trois
mois ; avant le départ, passer au stade le moins intéressant, celui
de la réservation. Là commence les difficultés. Inconcevable, mais
souvent vrai, l’individu solitaire de sexe féminin inspire la
méfiance ; d’autres logeurs au contraire se passionnent pour ce
trajet, aimeraient y participer et ouvrent grand leur maison et leur
cœur ; des responsables de gîte préfèrent les groupes, cela se
comprend, mais l’idée d’une traversée de la France en suivant le
méridien les intéresse. Les hôteliers enregistrent la réservation
sans poser de question, mais sont certainement déçus lorsqu’apparaît à l’heure de l’apéro cette cliente atypique surtout les
jours de pluie.
Parfois aussi, il me faudra changer d’itinéraire, l’unique hôtel
étant complet ou la chambre d’hôtes déjà retenue.Tous ces obstacles étant dépassés, reste à préparer le sac, le poids restant l’ennemi n° 1. Il faut reconnaître que beaucoup de progrès ont été
faits dans le domaine de l’équipement et de l’habillement. S’en
tenir à l’essentiel, c’est là aussi un autre plaisir de la balade. Savoir
que l’on peut vivre dignement avec très peu de chose. La France
qui, peu à peu, perd ses écoles et ses bistrots n’est tout de même
pas encore un désert.
Tout cela étant réglé, enfin PARTIR.
Mes mots ne sont pas des lentilles,
je refuse qu’on les trie.
Je marche avec ma personnalité
avec l’empreinte de toute une vie.
Mauricette PONS