MEP Programme 14 octobre copie
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MUSIQUES FUNÈBRES À LA CHAPELLE DE LOUIS XV Mardi 14 octobre 2003 Chapelle royale du château de Versailles 5 PROGRAMME MUSIQUES FUNÈBRES À LA CHAPELLE DE LOUIS XV JOSEPH-ANTOINE BLANCHARD (1696 - 1770) De profundis ANDRÉ CAMPRA Messe des Morts (1660-1744) par Anna-Maria Panzarella, Dessus I Salomé Haller, Dessus II Robert Getchell, Haute-contre Jean-François Novelli, Taille Thierry Félix, Basse CHŒUR LES ÉLÉMENTS LES TALENS LYRIQUES DIRECTION : CHRISTOPHE ROUSSET 6 CHŒUR LES ELÉMENTS direction : Joël Suhubiette Geneviève Duport-Fourtet, Cécile Dibon, Anne-Sophie Durand Claire Suhubiette, Roselyne Heuzé, dessus Frédéric Bétous, Eric de Fontenay Andres Rojas Urrego, hautes-contre Hervé Suhubiette, Hugues Primard Benoît Porcherot, tailles Jean-Marc Savigny, Luc Terrieux Jean-Luc Rayon, basses-tailles Hubert Dény, Ludovic Provost Cyrille Gauterau, Bertrand Maon, basses LES TALENS LYRIQUES direction : CHRISTOPHE ROUSSET Gilone Gaubert-Jacques, Stéphanie Paulet Cécile Mille, Marie-Hélène Landreau Anne Maury, Yuki Koike,violons Judith Depoutot, Jun Okada, hautes-contre de violon Christophe Robert, Françoise Couvert, tailles de violon Atsushi Sakai, Emmanuel Jacques, Emilia Gliozzi, basses de violon Giovanni Valgimigli, contrebasse Jocelyn Daubigney, Amélie Michel, flûtes Claude Wassmer, Philippe Miqueu, bassons François Saint-Yves, orgue 12 LA MESSE DES MORTS DE CAMPRA Il nous reste trois messes de Campra : une messe de plain-chant, la Missa Ad majorem Dei gloriam publiée dans les dernières années du XVIIe siècle et une Messe des morts. Par son ampleur, ses qualités esthétiques et sa notoriété, cette dernière éclipse quelque peu les deux autres. Toutefois, on sait très peu de choses sur ce Requiem et l’on ne connaît ni sa date de composition, ni sa destination. Bien que son style et son unité remarquable puissent faire penser à la période de maturité du musicien, il n’est pas impossible que cette œuvre ait vu le jour avant 1700, à l’époque où il officiait encore à Notre-Dame de Paris. Il est fort possible également, qu’elle ait été remaniée après 1722, et jouée à la Chapelle royale. Pour sa Messe des Morts, Campra fait appel à quatre voix d’hommes solistes (haute-contre, taille, basse-taille et basse), excluant les voix féminines. Comme le veut la tradition du grand motet versaillais au XVIIIe siècle, le chœur est à cinq voix et l’orchestre à quatre parties réelles. Si l’effectif laisse transparaître les habitudes de composition de l’époque, on remarquera que le texte ne se conforme pas aux usages courants et que le Dies irae et le Libera me n’ont pas été mis en musique par Campra. En outre, le compositeur a évincé le Benedictus de sa composition. À l’instar de tous les Requiem, l’Introït s’articule en trois volets : la partie centrale, constituée du premier verset du psaume Te decet hymnus Deus in Sion, est confiée à un trio de solistes (hautecontre, taille, basse-taille), tandis que les paroles Requiem aeternam. qui l’entourent, rassemblent les voix du grand chœur. La musique traduit admirablement le calme et la sérénité qui caractérisent le repos éternel, annoncés par la symphonie introductive, ainsi que l’espoir apporté par une soudaine dynamique sur les mots Et lux perpetua. Dans la seconde partie du Graduel, les répétitions en style homophonique du mot « non » se ressentent directement des opéras du compositeur, par l’effet dramatique qu’elles engendrent. L’Offertoire est un grand moment de l’ouvrage : le contenu spirituel des deux séquences contrastées qui le composent, a été traduit musicalement avec beaucoup de subtilité. La première partie nous plonge dans l’univers infernal, en référence à l’idée de la Mort « Punition ». La seconde, à partir de Sed signifer, réintroduit la lumière, la paix et invite à la prière en offrant l’image de la Mort « Espoir ». Après le Sanctus et l’Agnus Dei, un très beau récit de basse ouvre la Post-communion. Enfin, le grand chœur Requiem aeternam se déploie magnifiquement aux confins de la tradition grégorienne et du chœur polyphonique baroque et offre, dans le fugato conclusif, une transcription musicale de l’apaisement de l’humanité face à son destin. On a souvent commenté l’absence du Dies irae dans le Requiem de Campra, mais on a moins souvent attiré l’attention du public sur la symétrie remarquable du style et de l’organisation, rappelant l’élégance structurelle du Dies irae de Lalande, qui permettent de distinguer cette œuvre du reste de la composition contemporaine de musique sacrée. Les deux mouvements extérieurs - l’Introït et la Communion - comportent deux chœurs polyphoniques. Dans les deux mouvements, l’un de ces chœurs est basé sur le plain-chant et comporte un motif de carillon récurrent et mélancolique. Le deuxième mouvement (Kyrie) et l’avant-dernier (Agnus Dei) comportent un chœur homophone et des parties caractéristiques d’instrument obligé dans les récits expressifs à voix seule. Le Graduel et le Sanctus, chacun avec deux chœurs homophones, encadrent le mouvement central, l’Offertoire, qui en comporte trois. Avec cette Messe des Morts, la musique sacrée française atteint indiscutablement un nouveau stade de son évolution ; la preuve en est apportée dans le Kyrie et l’Agnus Dei, où l’écriture très typée pour flûtes n’est qu’un signe avant-coureur parmi d’autres de la dette que devait Rameau à Campra et ses contemporains. 13 Comme Lalande, Campra cherchait à marier le raffinement du style français à la vivacité de la musique italienne : nul doute qu’il y parvint pleinement et avec conviction dans ce Requiem justement célèbre. BENOÎT DRATWICKI Manuscrit de la Messe des Morts de Campra