Corée du Nord - Portes Ouvertes

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Corée du Nord - Portes Ouvertes
Au cœur d’une dynastie totalitaire
I. De Kim Il-Sung à Kim Jung-Un
A. Kim Il-Sung, fondateur élevé au rang d’un dieu
Kim Il-Sung a dirigé la Corée du Nord entre 1948 et 1994, date de sa mort. Fondateur
de la dictature totalitaire, il a été transformé en figure centrale d’un culte de la
personnalité
Né Kim Sŏng-ju en 1912, le futur leader nord-coréen
s’engage très tôt dans des groupes de résistance à
l’occupation japonaise. A dix-sept ans, il a déjà fait de la
prison pour « activités subversives ». Il rejette très tôt le
protestantisme de ses parents et part en Chine pour
suivre l’enseignement marxiste d’un maoïste influent,
Wei Zhengmin.
En 1935, il est promu commandant dans la guérilla communiste anti-japonaise, et adopte le
pseudonyme de « Kim Il-Sung » qui signifie « deviens le soleil ». A la fin de la seconde
guerre mondiale, l’URSS envahit le nord de la Corée et Kim Il-Sung est placé à la tête du
gouvernement de transition. Il devient chef du Parti des Travailleurs en 1948 et prend le
pouvoir total. La rupture avec le Sud est alors officialisée.
Après la guerre de Corée, Kim Il-Sung met en place le culte de sa personne et transforme sa
biographie en mythe héroïque. Il établit le strict contrôle de la population par l’armée et la
propagande. Avec l’aide de l’URSS, puis de la Chine après 1960, la Corée du Nord connaît
une période de regain économique jusqu’à la fin des années 70.
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A la mort de Kim Il-Sung en 1994, son fils Kim Jong-Il lui succède. Ce dernier fait embaumer
le corps de son père, transforme le palais présidentiel en mausolée et y organise des
pèlerinages. Quatre ans après sa mort, Kim-Il Sung reçoit le titre de « Président éternel ».
Même défunt, Kim Il-Sung reste à ce jour la plus haute autorité politique et idéologique du
régime.
B. Kim Jung-Un : nouveau leader, quels changements ?
Malgré le manque d'informations sur les intentions de Kim Jung-Un, peu de
changements sont attendus
Kim Jung-Un, troisième fils de Kim Jong-Il, a été désigné par son père comme successeur
incontesté. Âgé de 29 ou de 30 ans seulement, il n'a pas encore reçu toutes les rênes du
pouvoir. Selon de nombreuses sources, Kim Jong-Il aurait préparé une véritable « régence »
pour régner à ses côtés pendant la période de transition.
En effet, des tensions existent dans la classe dirigeante, composée principalement de
généraux et de commissaires ayant plus du double de l'âge de Kim Jung-Un. L'éventualité
d'un coup d'état militaire existe. Comme le rappelle le fils aîné de Kim Jong-Il, tombé en
disgrâce au début des années 2000 et vivant aujourd'hui en Chine, certains dirigeants
n'acceptent pas la succession dynastique comme une évidence.
Pour gagner le soutien de la population, Kim Jung-Un tente déjà d'exploiter l'image de son
grand-père Kim Il-Sung, très populaire en comparaison de Kim Jong-Il. Par l'habillement, les
discours et de nombreuses visites aux armées, le jeune dirigeant veut être identifié à son
grand-père mais dans le fond, la nature violente et oppressive du régime ne semble pas
devoir changer à travers cette succession.
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II. Le régime
A. Un pouvoir fondé sur le mensonge
Le mensonge est au cœur du pouvoir dynastique de la famille Kim. Il sert à maîtriser la
population, mais aussi à dissimuler la corruption de la classe dirigeante
Depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Il-Sung, le régime nord-coréen a
falsifié l’histoire et imposé à tous une mémoire unique et formatée.
Le régime cherche à déraciner toute mémoire personnelle, familiale
ou populaire pour les remplacer par l’histoire officielle, centrée autour
de quelques héros. En réalité, ces « héros » sont les membres
divinisés de la famille Kim. Cette lignée est considérée comme
supérieure et même « la plus pure de sang ».
La guerre de Corée est jugée positivement, comme une guerre de
libération de l’impérialisme occidental. Envers la Corée du Sud, le discours officiel condamne
l’asservissement du peuple par un gouvernement fantoche à la solde des Américains. Ce
discours insidieux prône l’unité du peuple coréen, tout en maintenant un climat de conflit
imminent.
La réalité du pouvoir et de l’histoire sont bien différentes. Les Kim règnent grâce à un groupe
important de généraux, de commissaires et de responsables politiques, tous âgés et
corrompus. Cette classe dirigeante principalement militaire reste dans l’ombre et permet au
régime de fonctionner.
Le maintient à la tête du pays des descendants de Kim-Il-Sung est donc entièrement
dépendants des jeux de pouvoir au sein de cette junte nord-coréenne. Cette dernière profite
du dirigeant comme d’une façade pour cacher la corruption et la manipulation. C’est elle, par
exemple, qui s’accapare la quasi-totalité de l’aide alimentaire destinée aux Nord-Coréens.
(Photo : Image de propagande)
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B. L'idéologie du « Juche »
En Corée du Nord, les persécutions extrêmes découlent directement de l'idéologie
fondatrice du régime
Le régime nord-coréen s'appuie sur un ensemble d'idées développées dans les années 1950
par Kim Il-Sung, fondateur du régime. L'idéologie dite du « Juche » (ou du « corps entier »,
de « la masse populaire ») est le fondement de la nature violente du régime et
particulièrement de la répression envers les chrétiens.
Selon Kim Il-Sung, la croyance centrale du Juche établit que « l'homme est le seul maître de
toute chose et décide seul de son destin ». Cette idée, à l'opposé d'une vision chrétienne de
la liberté, est utilisée pour asservir la population.
L’idéologie du Juche met l'accent sur la nation coréenne. Dans son discours du 28 décembre
1955, Kim Il-Sung place « l'amour ardent du pays natal et de la mère patrie » à la toute
première place pour tout habitant de Corée du Nord. L'autarcie alimentaire, politique et
surtout militaire sont donc ses valeurs fondatrices. Toute croyance venue de l'extérieur est
réprimée, surtout si elle est assimilée à l'occident. Le message des évangiles est donc
condamné par la doctrine du Juche comme étant étranger et dangereux.
Kim Il-Sung a tiré une idéologie raciale de ces principes, en affirmant que le peuple coréen
doit veiller à la pureté de son sang. Pour légitimer la dynastie, la lignée des Kim est
présentée par la propagande comme « la plus pure de sang ». Sur cette base, il a été
« divinisé ». Quiconque rend hommage à un autre « dieu » est persécuté, ce qui contraint les
200 à 400 000 chrétiens nord-coréens à la clandestinité absolue.
C. Les camps de concentration
Le nombre estimatif de détenus s'élève à un million, soit 5 % de la population totale. Parmi
eux, 20% ont été accusés d'avoir commis un crime, tous les autres sont leurs parents,
emprisonnés car ils partagent le même ADN perverti.
Les prisonniers d’opinion, y compris les 50 à 70 000 chrétiens, sont envoyés dans les pires
camps, situés dans le nord. Il est presque impossible de sortir de ces terribles lieux, selon le
témoignage de gardes qui ont fui la Corée du Nord.
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Les détenus travaillent 15 à 18 heures par jour, générant ainsi 40 % du revenu national brut.
Adultes et enfants sont soumis à des expériences dignes de celles qui se déroulaient dans
les camps nazis. Ils sont utilisés comme cobayes pour des expériences médicales et des
tests sur des armes biologiques et chimiques. La chirurgie, y compris la chirurgie du cerveau
et les amputations, se fait sans anesthésie. Les scientifiques regardent les prisonniers mourir
dans des chambres à gaz en verre et étudient les effets de la nourriture empoisonnée sur
leur corps. En cas de punition, les prisonniers sont enfermés dans une petite cage pendant 8
jours, sans pouvoir s’étirer ou se déplacer.
Dans les rares cas où un détenu est libéré, il survit avec de graves séquelles et est
handicapé. Le viol des femmes est organisé à une grande échelle. Si elles tombent
enceintes elles sont forcées d’avorter dans de grandes souffrances ou sont assassinées. Les
enfants sont chassés par des chiens. Plus les gardiens sont cruels, mieux ils sont payés. Les
chrétiens sont ceux qui subissent les pires tortures car ils refusent de renier leur foi.
Le régime a prévu des moyens pour effacer toute trace de ces camps en cas de changement
politique majeur, comme une réunification avec la Corée du Sud. Un réfugié explique : « A
partir d'une photo satellite, j'ai vu un nouveau barrage construit. S’il est détruit, il pourrait
inonder l'un des principaux camps et tuer tous les détenus. »
II. Le christianisme en Corée du Nord
A. Du réveil à la persécution
La persécution des chrétiens en Corée du Nord dure depuis plus de soixante ans.
Mais avant, le pays donnait une place au christianisme
La persécution extrême qui touche les chrétiens
nord-coréens n'a pas toujours existé. Avant que
les Japonais ne soient chassés de la péninsule
en 1945, il y avait environ 500 000 chrétiens en
Corée du Nord. Pyongyang, la capitale actuelle,
était même surnommée « la Jérusalem de
l’Orient ».
Dès le début du 20e siècle, la future capitale du
pays a connu un réveil sans précédent. En
1890, des pionniers commencèrent un travail de développement et d'évangélisation dans la
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ville, qui comptait alors 180 000 habitants. Après une période d’implantation difficile, la
mission presbytérienne offrait à la ville les services d’une université, d'un centre d’aide pour
les veuves et les pauvres, d'un hôpital, d'une église, et employait de nombreux habitants.
L'Evangile se répandait rapidement. En 1907, près de 2000 habitants assistaient aux
réunions sur la Bible organisées par la mission.
Avec le début du règne de Kim Il-Sung en 1948, l'athéisme d'Etat fut proclamé et les églises
fermées. La fuite de beaucoup de chrétiens pendant la guerre de Corée (1951-1953) fut
utilisée comme prétexte pour durcir la répression. Seulement dix ans après, toute trace
visible de l'Église avait disparu. Aujourd'hui encore, les chrétiens sont accusés d'être des
traîtres, des espions à la solde des Américains, un crime puni de mort. (Photo : Groupe de
prière de réfugiés nord-coréens en Chine)
B. L’Eglise aujourd’hui
La Corée du Nord est à la première place des pays qui persécutent le plus les chrétiens et
ce, depuis au moins 10 ans. La gravité des persécutions antichrétiennes n’a pas d’équivalent
dans le monde d’aujourd’hui. Tout est mis en place pour que le christianisme soit
définitivement éradiqué : camps de travaux forcés, délation, interdiction d’avoir une bible, de
parler de sa foi. Les lieux de culte ont été détruits dès la mise en place de l’actuel régime en
1948.
Selon le témoignage d'un ancien agent du gouvernement qui a fui en Corée du Sud, les
agents sont entraînés spécialement pour repérer les chrétiens. Ils surveillent ainsi les
personnes qui prennent une attitude de recueillement, même légère, à leur travail ou dans
les lieux publics, ou surveillent de près les anciens alcooliques ou joueurs qui ont
soudainement cessé leurs habitudes.
Des agents se font même passer pour des chrétiens afin de pousser les vrais disciples à se
trahir. Ils organisent des rencontres de prière factices pour piéger les croyants et tous ceux
qui voudraient en savoir plus sur le message des évangiles. Les chrétiens découverts
peuvent être exécutés sur place, et ceux qui y échappent subissent des interrogatoires
terribles avant d'être envoyés dans des camps.
Dans ces conditions, les chrétiens sont isolés, ils peuvent difficilement se reconnaitre entre
eux et doivent se montrer extrêmement prudents. Pourtant malgré plus de 60 ans de
persécution, une Eglise secrète subsiste en Corée du Nord. Des réseaux souterrains de plus
en plus forts se sont mis en place. Ils permettent aux responsables de ces réseaux de faire
circuler des enseignements bibliques et toutes sortes de vivres et produits de première
nécessité. On estime qu’au moins 200 000 chrétiens survivent en Corée du Nord.
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