n°95 Lyon-Maristes 2ème trimestre 2006 - Sainte

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n°95 Lyon-Maristes 2ème trimestre 2006 - Sainte
s
e
t
rs
-marie
externat sainte
sommaire
réflexions
page 4
éditorial
page 8
référence
L’objectif des études littéraires
Tzvetan TODOROV
page 12
Du mal au pardon,
la promesse de Pâques
Olivier ABEL
page 15
Enfin Muray vint
Paul-Etienne CHAVELET
Philippe Muray nous a quittés,
mais il nous laisse son gai savoir
les yeux fertiles
page 26 L’Inspiration du poète
Pierre GIULIANI
Commentaire d’un tableau
de Nicolas Poussin
collège
ciné-club
Notorious
Jacques PHILIPPE
page 36
L’option théâtre
page 42
travaux d’élèves
Myriam
Sherlock Holmes
page 46
page 52
Le prix des Incorruptibles
page 53
voyages
Freiburg
Paris
Saint-Romain-en-Gal
page 54
page 62
page 64
Lyon
La Verpillière
carnet
page 66
page 77
page 83
nouvelles
page 4
L
e désir de sécurité est naturel. De la
naissance à la vieillesse il prend des
formes différentes. Et comme tout
désir humain il a besoin d’être purifié. Il est
bon qu’un enfant ne soit pas seul, le soir, les
premiers mois de son existence, et mauvais
qu’on cède à ses caprices d’enfant qui refuse
de se coucher, de rester dans le noir ou dans
un lit qui n’est pas celui de sa mère. Dès la
petite enfance donc la frustration est une
condition de la saine croissance. Ainsi, à la
Genèse, Dieu crée en séparant la lumière et
les ténèbres, la mer et la terre, les animaux
et l’homme, l’homme et la femme. De
même, l’enfant ne sera élevé que s’il s’élève
au-dessus de sa condition d’enfant : pour
cela il faut que ses parents acceptent de s’en
sevrer, et que lui-même désire devenir adulte
et quitter le «vert paradis» enfantin. Double
séparation.
Mais pourquoi désirerait-il devenir adulte si
les adultes ne rêvent que de rester jeunes,
s’ils ont honte du monde dont ils sont les
ouvriers et pas seulement les héritiers, s’ils
lui présentent ce monde comme un enfer, le
travail comme une calamité, la société
comme une jungle contre laquelle il faut
manifester ? Elevé dans la crainte des
réformes, caricaturées en utopies naïves
Le paradoxe de l’école et de la famille, c’est
que le parc dont on entoure l’enfant, les
murs de l’école, sont les conditions de sa
liberté et non un cocon sécuritaire : il s’agit
non d’y bannir toute violence mais,
lorsqu’elle s’exprimera, de l’aider à la
reconnaître et, aimerait-on, à la canaliser. A
contrario l’angélisme peut rendre l’enfant
violent, car à ignorer ici la violence que
chacun a en soi, on la renvoie là où elle n’est
pas visible et où elle n’est pas contrôlée. Si
elle ne s’exprime pas à l’école, en famille,
sous le contrôle d’un adulte, elle ressortira
là où les adultes sont absents : la rue, la
nuit…La télévision, même vulgaire ou
violente, n’est pas dommageable si l’enfant
ne la regarde pas seul ; le mauvais professeur
ne traumatise, à quatre ou cinq heures au
maximum par semaine, que l’adolescent
fragilisé par une absence de repères… Il a
tout à la maison, mais il est seul.
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éditorial
conduisant au totalitarisme ou en
manœuvres libérales destinées à le broyer
dans le grand Capital mondialisé, comment
s’étonner alors qu’il préfère s’enfermer dans
une sécurité illusoire qui ne lui donne pas le
désir de grandir ? Trop d’égalité tue la
liberté, trop peu de liberté fragilise le lien
social.
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Alors la sécurité ? Avoir de bonnes petites
méthodes pour être sûr du résultat ? Un
petit diplôme pour avoir un poste non
précaire ? Seuls l’amour reçu et la générosité
donnent une vraie assurance. Mieux vaut un
sain conflit qui construit qu’une protection
étouffante qui tue les défenses immunitaires.
Autrement dit, notre monde a besoin
d’adultes, non parce qu’ils seraient des
modèles parfaits – les yeux de l’enfant nous
révèlent souvent qu’il a compris qu’il n’en
était rien –, mais parce qu’ils peuvent
assumer leurs limites : en admettant d’être
ce qu’il est, et de l’être parfois si mal,
l’adulte reconnaît qu’il n’est pas le Père toutpuissant, il ouvre la porte au pardon
mutuel, à la reconnaissance de sa propre
finitude sans laquelle il n’y a pas de sécurité
profonde.
Marc BOUCHACOURT
s
n
o
exi
fertiles
nt les yeux
fin Muray vi
référence en
Sous ce titre, Lyon-Maristes propose
à votre réflexion un texte ayant trait
à la conduite scolaire.
page 8
L’objectif des études littéraires
(...) L’objectif de toutes les disciplines
humanitaires est de nous faire mieux
connaître l’être humain et ses sociétés ; celui
des études littéraires est le même, sauf qu’il
passe par la connaissance des œuvres
verbales créées par les hommes et les
femmes du passé. L’analyse de ces œuvres
n’a pas pour but d’illustrer les concepts que
vient d’introduire tel ou tel linguiste, tel ou
tel théoricien de la littérature, et donc de
nous présenter les textes comme une mise en
œuvre de la langue et du discours ; elle a
pour but de nous faire accéder à leur sens,
car nous postulons que celui-ci, à son tour,
nous conduit vers une connaissance de
l’humain, laquelle importe à tous. A travers
lui, nous nous approchons aussi des
phénomènes historiques responsables de
notre identité collective : sans l’aide de la
littérature,
comment
pourrait-on
comprendre l’émergence de l’individu au
XV e et au XVI e siècle, le débat moral du
XVIIe, la vogue de l’exotisme au XVIIIe, le
conflit du rationnel et de l’irrationnel au
XIX e ? Je n’exprime pas là une position
solitaire. Dans un rapport sur la série L des
lycées, établi en 2003 par l’Association des
professeurs de lettres, je lis : «L’étude des
lettres revient à étudier l’homme, son
rapport à lui-même et au monde et son
rapport aux autres.»
page 9
référence
On voit qu’il s’agit là d’une ambition bien
plus forte que celle qui est proposée
aujourd’hui : l’objet de la littérature étant la
connaissance de l’homme, celui qui s’engage
dans une étude littéraire pourra devenir,
non un spécialiste en analyse littéraire, mais
un spécialiste de l’être humain. Quelle
meilleure introduction à la compréhension
des conduites et des passions humaines
qu’une immersion dans l’œuvre des grands
écrivains qui s’emploient à cette tâche
depuis des millénaires ? Et, du coup : quelle
meilleure préparation à de multiples
professions ayant trait aux rapports
interhumains, au comportement des
individus et des groupes ? Si l’on entend
ainsi la littérature et si l’on oriente ainsi son
enseignement, quelle aide plus précieuse
pourrait trouver le futur étudiant en droit
ou en sciences politiques, le futur travailleur
social ou intervenant en psychothérapie, le
futur historien ou sociologue ? Avoir comme
professeurs Shakespeare et Sophocle,
Dostoïevski et Proust, n’est-ce pas profiter
d’un enseignement exceptionnel ? Et ne voiton pas qu’un futur médecin, en vue de
l’exercice de son métier, aurait plus à
apprendre de ces mêmes professeurs que des
concours mathématiques qui déterminent
aujourd’hui sa destinée ?
page 10
Si l’on se met d’accord sur cette finalité de
l’enseignement littéraire, lequel ne servirait
plus à la seule reproduction des professeurs
de lettres, l’accord sur ce qu’il faut enseigner
devient facile : ce sont les grandes œuvres de
l’histoire de l’humanité. La mémoire
commune les a retenues parmi tant d’autres
précisément parce qu’elles ont eu quelque
chose à apprendre aux lecteurs ou
spectateurs de leur siècle – mais aussi des
siècles suivants ; de leur pays – mais aussi
du monde entier. «C’est dans cette communication inépuisable, victorieuse des lieux et
des temps, que s’affirme la portée universelle
de la littérature», écrivait Paul Bénichou3 La
vérité à laquelle aspirent les écrivains ne
connaît de validation qu’intersubjective : si
l’on continue de les lire aujourd’hui, loin de
leur contexte d’origine, c’est que leur
message nous est précieux. A nous, adultes,
incombe le devoir de transmettre aux
nouvelles générations cet héritage fragile,
afin qu’elles puissent s’en enrichir à leur tour.
Quel pourrait être l’objet des études
littéraires à l’école ? Au collège, le programme actuel demande d’étudier des
œuvres disposées dans un ordre à la fois
chronologique (accordé avec les cours
d’histoire) et linguistique, puisqu’on passe
d’une pratique de la narration à celle de
l’argumentation. Ce cadre est suffisamment
général et vague, on peut donc le garder –
pour peu qu’on garde présentes à l’esprit la
finalité des études littéraires et celles des
œuvres elles-mêmes. En revanche, au lycée,
il n’y a aucune raison de maintenir un
programme constitué de notions abstraites ;
Dans «Une communication
inépuisable», Mélanges sur
l’œuvre de Paul Bénichou,
Paris, Gallimard, 1995,
p.228.
3
Enfin, pour ce qui concerne le «comment»,
il faut bien l’admettre : toutes les
«méthodes» sont bonnes, pourvu qu’elles
aident à mieux comprendre le sens du texte
et, au-delà, sa portée universelle. Qui
pourrait mieux en juger que le professeur
lui-même, qui choisira sa «méthode» en
fonction tant de ses propres intérêts que de
la classe avec laquelle il travaille ? On peut
escompter que, pour parvenir au bon
résultat, il ne s’en tiendra pas à une
approche unique, mais multipliera les
perspectives choisies.
Je suis persuadé qu’une réorientation de
l’enseignement littéraire en accord avec ces
quelques principes serait profitable aux
élèves individuels, et à la société prise
comme un tout. (…)
Tzvetan TODOROV
Comment enseigner le français,
Le Débat, n° 135
mai-août 2005
page 11
il faut lui substituer une liste de grandes
œuvres, tirées de différentes périodes et
traditions. L’étude de textes traduits
(pourvu que la traduction soit bonne) ne
pose pas problème, dès l’instant où l’on
cherche avant tout dans ces œuvres, non un
témoignage de virtuosité linguistique ni un
ingrédient de l’esprit national, mais un
éclairage nouveau de l’existence humaine.
C’est bien ainsi, au demeurant, que nous
procédons une fois adultes, sans nous priver
des œuvres écrites dans des langues que
nous ne maîtrisons pas. Pourquoi empêcher
les enfants d’en profiter déjà ?
Du mal au pardon,
page 12
la promesse de Pâques
Dans les histoires humaines, le pardon est
attendu comme le Messie, qui va glorieusement tout réconcilier. Et pourtant, il
s’introduit furtivement, presque incognito,
partout où quelqu’un accepte de ne pas
avoir le dernier mot. Car le pardon n’est pas
un grand discours moralisateur qui attribue
les rôles et rétribue les bons et les méchants,
ni un grand récit qui pourrait tout raconter
et tout sauver. Il rompt avec l’ordinaire de
notre monde où la même interminable scène
se répète sans fin. En désignant l’irréparable,
il accepte qu’il y ait de la perte, des dettes
abolies et des promesses dont nous devons
nous délier. Il fait ce travail de deuil sans
lequel il n’y a pas de travail d’enfantement
ou de résurrection possible d’un autre
présent, d’un autre futur du passé.
Cependant le pardon n’est pas silencieux ni
oublieux. Il rompt avec l’ordinaire de notre
monde où tout s’oublie sans jamais être
reconnu, payé, ni pardonné. Il parle et
rouvre la mémoire de notre dette. La dette
merveilleuse envers ceux dont nous avons
tout reçu, la dette horrible envers ceux que
nous avons écrasés et auxquels nous avons
tout pris. Mais aussi la dette envers les
promesses du passé non tenues, les possibles
sacrifiés. Par là, il rouvre dans le présent
Par cette double rupture, avec le
ressentiment comme avec l’amnésie facile, le
pardon est bien plus que cette petite
question de pure spiritualité intérieure, ou
d’hygiène morale individuelle, à laquelle
nous l’avons trop réduit. C’est d’abord que
le mal est bien plus large, haut, multiple et
profond que nos petites culpabilités
individuelles. Le mal est coextensif à
l’histoire humaine, qui, sur tous les registres,
politiques, économiques, culturels, a
déployé tant de moyens d’opprimer,
d’exploiter, d’aliéner les humains.
Et le mal est plus ample encore, plus
cosmique : si nous enlevions tout le mal que
l’homme fait à l’homme, il resterait encore
une plainte pure. Mais cette lamentation
sans accusation est presque impossible. Car
nous avons du mal à supporter une
existence sans rétribution ni sanction, à
supporter l’expérience d’un malheur
entièrement absurde, juste bête, qui ne serait
imputable à personne.
Face à cela, dans son incognito même, le
pardon est épique, et se tient à chaque fois
au cœur battant de l’histoire, comme un
inattendu. La justice est prédictible, la
vengeance aussi. Mais le pardon est
imprévisible, qui néglige le mal reçu pour ne
rendre que le bien. Ce faisant, il rappelle un
don premier, plus radical que tous nos
échanges et toutes nos rétributions.
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d’autres avenirs possibles. Le pardon refuse
toute perspective sacrificielle, il rappelle tous
les laissés-pour-compte de l’histoire, du
présent et du futur.
page 14
Il rappelle à chaque existence sa naissance
imméritée, la grâce d’exister. Il rappelle
combien le monde est plus vaste. Il rappelle
un commencement oublié, un surgissement
nouveau. Parce qu’il accepte de sortir de la
surenchère des échanges et des représailles,
des cadeaux comme des violences, il permet
de tout recommencer autrement.
Il nous permet de sentir enfin ce que nous
faisons. Car à quoi sert de faire beaucoup de
choses si nous ne le sentons pas ? C’est notre
plus gros problème, humains d’aujourd’hui.
Sentir le mal, le sentir vraiment, sans
anesthésie ni ressentiment, c’est la seule
chose qui permette de ne pas le répéter, et de
faire face au mal à venir. Au moment où il
est cloué en croix, selon l’évangile de Luc,
Jésus a cette parole surprenante : «Père,
pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils
font.» N’est-ce pas justement l’impardonnable, que de ne pas savoir ce qu’on fait ?
Et tuer, n’est-ce pas par excellence ne pas
savoir ce qu’on fait ? Mais le pardon ici
appelé sur ces gens voudrait les rendre au
présent, leur redonner la possibilité de
commencer, d’agir vraiment, de juste sentir
ce qu’ils font.
Olivier ABEL
Philosophe,
professeur à la faculté protestante de Paris,
collaborateur de la revue Esprit
article paru dans Le Figaro du 14 avril 2006
Enfin Muray vint
Philippe Muray s’est éteint subitement le
jeudi 2 mars 2006. Son trépas fut à l’image
de son œuvre : inattendu et stupéfiant. Celui
qui fit du rire une méthode pour voir, faire
voir, penser les phénomènes et les
évènements, désormais n’est plus et nous
laisse orphelins de ce qui fut son talent
incomparable : distribuer joyeusement force
taloches et horions aux eunuques de la
pensée festive, officiant dans les principaux
«journaux de déférence», du Monde à
Télérama, en passant par les Inrockuptibles.
A
u travers de l’examen attentif de
nombreux épisodes de l’existence
concrète, Muray constate l’éradication du principe de réalité, et la
reconstruction, sur le principe de plaisir,
d’un nouveau monde onirique par ces
intellectuels dont il stigmatise le «bougisme»
vibrionnant et la mise à bas de tout ce qui
permettait à l’ancien monde de tenir un tant
soit peu debout. Or, c’est toujours en se
«dévouant à une cause» que les analphabètes
modernes opèrent leurs déprédations, au
nom d’«avancées sociétales» qu’ils procèdent
à leurs immenses démantèlements. Leurs
exactions se présentant toujours sous les
auspices bienveillantes du «mouvement» et
de la «positivité», la recréation de l’époque
page 15
«Le diable..., ce fier esprit,... ne peut souffrir
qu’on le raille», Thomas More
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prend les allures d’un conte de fée qui ne
rencontre guère que des approbations et des
soutiens.
Mais l’artillerie murayenne va pilonner les
positions avancées de ce clergé avantgardiste et révéler la forme particulière de
«congestion religieuse» dont souffre ce
nouveau parti dévot. Spécialisés dans
l’«industrie de l’éloge», ces miliciens de la
louange n’ont de cesse de tresser des
couronnes à l’époque «afin d’empêcher tout
regard un tant soit peu critique sur les
métamorphoses, sur les mutations
fantasmagoriques de la civilisation». L’éloge
est ainsi la forme moderne de l’interdiction
qui pèse sur les quelques énergumènes qui
auraient l’idée saugrenue de ne pas trouver
paradisiaque les délices de ce nouveau pays
des merveilles : «Je n’ai pas cherché, écrit
Muray, à donner un tableau de notre
société. J‘ai fait l’analyse de l’éloge qui en
est fait» car «ce devant quoi une société se
prosterne nous dit ce qu’elle est».
La post-histoire
Il n’est nul besoin d’être néo-hégélien pour
approuver le diagnostic de Muray : ce que
nous nommons habituellement «Histoire»
est terminé. Si l’Histoire est ce processus de
sortie de l’animalité, de production de
l’homme par lui-même, alors nous assistons
en ce moment au processus inverse de
transformation de l’homme en nature. Le
piétinement de toutes les limites que
l’Histoire avait dressées autour de
l’humanité, à commencer par la conscience
du péché originel, nous en fait sortir : «La
civilisation actuelle s’est engagée dans la
page 17
besogne titanesque consistant à éradiquer
l’instinct de mort, quel que soit le nom
qu’on lui donne (part maudite, hostilité
primaire, violence, péché, négativité, mal,
etc.), au profit de l’édification d’un monde
abstrait, stylisé, épuré, nettoyé de toutes les
irrégularités, de tous les accidents, de tous
les écarts, de toutes les perturbations, de
toutes les velléités de destruction ou
d’autodestruction des siècles révolus». La
post-humanité qui a remplacé l’être humain
se présente donc comme innocente, elle
prétend en avoir fini avec le plus vieux
fardeau qui soit : la honte, et l’a
définitivement remplacé par la fierté. Le
mutant issu de ce grand bond en avant est
«Homo festivus», personnage conceptuel
intermédiaire entre le concept et l’être
romanesque, néo-humain dont les aventures
constitueront la trame de fond des ouvrages
de Muray : «Ce qui remplissait de mystère
son ancêtre, l’individu, qu’on l’appelle
négativité, clivage, part maudite, pulsion de
mort, violence libératrice ou castration
symbolique, il semble en être libéré». Un tel
être n’est plus en procès, la division ne
passant plus par lui pour le structurer ; il a
oublié la vieille dualité, constitutive de
l’humain, ainsi que tous les clivages, les
contradictions, les anciennes divisions,
sexuelles ou autres. «C’est cet état d’esprit
non conflictuel, réconcilié, pacifié, pour tout
dire réinfantilisé et baignant dans une
ambiance de contes de fées qui est devenu la
situation
normale
des
vivants
d’aujourd’hui» Or, n’ayant plus en soi la
moindre trace de négativité, il retourne, vers
le dehors, cette absence interne en
vitupérations systématiques. «Procéduromaniaque, légalophile ou plus exactement
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maniaco-législatif» Homo festivus invente le
«despotisme légalitaire» : Fiestaland est ce
monde où l’orgie procédurière ne se connaît
plus aucune borne : «Nos plus sourdes
pensées, nos moindres gestes sont en danger
de ne pas avoir été prévus quelque part dans
un alinéa, protégés par un appendice,
surveillés par une jurisprudence. «Il faut
combler le vide juridique !», c’est le
nouveau cri de guerre…». Comment
comprendre «La marche implacable de nos
sociétés au pas de Loi» ? En ceci, que
baignant dans la non-conflictualité et
l’universel, ou y tendant de toutes ses forces,
la moindre singularité résiduelle apparaît à
Homo festivus comme une provocation.
Toute différence entre les groupes étant
matière à préjugé, il aspire à détruire tout
principe de différence intermédiaire entre le
niveau individuel et le niveau générique,
abolir toutes les oppositions qui constituent
encore ce qui lui reste d’«identité»… «La
destruction de la très vieille loi oedipienne
(dont la défaite ouvre enfin une voie royale
au matriarcat), l’effacement de la fonction
paternelle, la disparition du passé, le
triomphe de la vision infantile du monde, la
réduction à néant de la différence sexuelle,
l’évanouissement de l’univers concret et de
ses différences obsolètes (intérieur/extérieur,
public/privé, intime/social), sont ses raisons
profondes de faire la fête». La festivocratie
n’est autre chose que la liquidation de toutes
les différences, elle consiste, pour parler
comme les sociologues, à «brouiller les
schémas anciens». «La fête elle-même n’est
plus, comme jadis au temps des carnavals,
un moment exceptionnel dans le
déroulement quotidien de la vie sociale. Elle
n’est plus un renversement provisoire de
La meute pénalophile
A l’humanisation de la durée historique
succède la «festivisation» du temps
posthistorique. Cette nouvelle ère se
présente comme une immense accumulation
de défilés de la fierté. Il s’agit de s’exhiber
sans entraves. Le «principe de pride»
généralisé est un impératif incompressible.
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l’ordre établi. Elle est l’établissement
définitif d’un ordre renversé». Cet ordre
nouveau, résolument post-polémique élevé
sur les ruines de la différence sexuelle
s’accomplit dans la «maternification» la
plus délirante. Car la festivosphère est une
mère toute-puissante réduisant à la fusion
placentaire, à l’indétermination amniotique
toutes les séparations mutilantes, toutes les
frustrations de la réalité, toute asymétrie
entre les êtres. Elle est une machine
implacable à fabriquer du même. “Big
Mother is watching you !” La gynécratie
anhistorique fondée sur la dénonciation
permanente de «l’axe du mâle» est une
nouvelle optique, un mode de dévoilement
du monde devenu «nursery». Ce nouveau
monde-monstre, «celui des demi-mâles en
short, des sous-pères à poussette, des
spectres à portables et des grosses femmes
en lutte pour la disparition des derniers
vestiges du patriarcat» ne peut exister qu’en
réclamant de nouvelles lois répressives, des
renforcements de législations et des
interdictions. C’est sa profonde raison d’être :
«ces féministes du coche n’ont certes pas
tort de se dire libérées de l’antique et désuète
envie du pénis puisqu’elles ont l’envie du
pénal chevillée au ressentiment».
page 20
La seule chose interdite dans la culture du
dévoilement étant la tendance à interdire, à
fixer des limites au dévoilement. C’est au
nom de ce projet d’éradication de tout ce
qui prétendrait se mettre en travers du
meilleur des mondes qu’apparaissent «les
bacchanales du fiertisme». S’exhiber et
punir sont ainsi les deux commandements
solidaires de ce temps. Avec un sérieux de
plomb, la «coalition «exhibo-pénalisatrice»,
par la demande infatigable de nouvelles lois
scélérates, se lance dans une «persécution
sans précédent s’exerçant contre tout ce qui
pourrait encore subsister de non lissé chez
les lissés en devenir». Cette «opération Total
lissage» se manifeste «dans le radotage de
bonnes causes rituelles (antiracisme,
antisexisme, lutte contre l’homophobie,
pour la justice sociale ou la citoyenneté)».
Dans cette nouvelle vie dévote, les vieilles
catégories, comme celles de «valeur
d’usage» et de «valeur d’échange» qui
structuraient encore le monde ancien sont
frappées d’obsolescence et doivent laisser
place à la moderne «valeur d’éloge» associée
à la «valeur d’effroi», toutes deux pouvant
être regroupées sous le label «valeurs de
dressage». Ce gigantesque programme
d’aplanissement de l’espèce se caractérise
par une indifférence souveraine aux
contraintes de la réalité et à ses divisions
irréductibles. La déréalisation promue
frénétiquement par la post-humanité
transforme le monde en gigantesque «parc
d’abstractions» : qu’il se vautre dans les
transats de Paris-Plage, qu’il file à roller sur
les berges de la Seine, qu’il se pâme devant
les escroqueries les plus pitoyables de l’art
contemporain, qu’il explose les oreilles de
toute la faune alentour en imposant la
«teuf» sans condition ou qu’il trépigne que
l’on ait «marché sur le oui» à l’occasion du
dernier ultimatum 1 , Festivus, ce héros
sinistre poursuit la destruction de l’ancien
monde et la construction de son «île aux
enfants» sans aspérité, sans négativité.
«L’Histoire était diviseuse, irrationnelle,
discriminante, remplie d’imprévus, de
catastrophes, d’erreurs, de divagations, de
bégaiements, de retours en arrière et de
grands désastres. le monde qui s’annonce
sera fusionnel, mélangiste, convivial,
transfontalier, fluide, correct, osmotique,
contactophile et placentaire». Bref, «zéro
défaut». L’euphorie dans laquelle le plonge
une telle perspective justifie pleinement son
sentiment d’invulnérabilité. Muray la traduit
parfaitement dans sa lettre ouverte aux
ennemis de ce vistemboire nommé Occident :
«Chers djihadistes, vous êtes les premiers
démolisseurs à s’attaquer à des destructeurs ;
les premiers Barbares à s’en prendre à des
Vandales ; les premiers incendiaires en
concurrence avec des pyromanes. Cette
situation est originale. Mais à la différence
des nôtres, vos démolitions s’effectuent en
toute illégalité et s’attirent un blâme quasi
unanime. Tandis que c’est dans l’enthousiasme général que nous mettons au point nos
tortueuses innovations, et que nous nous
débarrassons des derniers fondements de
notre ancienne civilisation. C’est pourquoi,
chers djihadistes, nous triompherons de vous.
2
Extrait de Chers djihadistes, Nous vaincrons parce que nous sommes les
Paris, Mille et Une Nuits. plus morts»2
cf. Baudrillard s’interrogeant
publiquement à propos du
dernier référendum.
page 21
1
page 22
Rire et châtiment
Mortifère, telle est la rhétorique
modernolâtre. La modernisation au pas de
charge se présente, en effet, toujours comme
inéluctable. Or, seule la mort est inéluctable.
Couler la vie dans des processus
parfaitement déterminés, c’est donc la
transformer en un mécanisme impersonnel
et «sans histoire». Seul le rire peut alors,
selon les précieuses observations de Bergson,
sanctionner le mécanique plaqué sur le
vivant. «Pour reprendre une formule
connue, le rire est un anti-destin». Par le
biais du roman ou de l’essai, bref, de l’art
qui est d’abord sens du concret, Muray
transforme l’auto-dithyrambe de l’époque en
illusion comique et poursuit par là le seul
enjeu littéraire qui vaille, ridiculiser le
nouveau monde : «La ridiculisation du
monde tel qu’il va est une discipline encore
dans les limbes. Faire rire de cet univers
lamentable, dont le chaos s’équilibre entre
carnavalisation enragée et criminalisation,
entre festivisation et persécution, est la seule
manière aujourd’hui d’être vigoureusement
réaliste». A la suite de Molière délégitimant
la fausse dévotion de Tartuffe, ou de
Rabelais riant des autorités ecclésiastiques
ou du charabia des juges, Muray entend
bien «faire roman utile (…) en faisant
avouer au réel actuel son ridicule sans fin».
La série des Exorcismes spirituels trahit
ainsi un travail de démonologue, de
spécialiste de la tentation : «Du moderne en
tant que tentation démoniaque, en tant que
possession». Le démon, en effet, selon le
magnifique raccourci de Hadjadj, est celui
qui «ne veut que notre bien, tandis que le
Christ, ce branquignoleur des cœurs veut
pour nous le Bien, lequel n’est pas nôtre, se
situe par-delà nous-mêmes, et se révèle si
fort qu’il nous déchire»3. La grâce de Dieu
nous transforme et nous recrée en
profondeur. Sans elle, nous ne pouvons rien
faire. Le moderne est celui qui prétend tout
recréer sans elle et faire toute chose
nouvelle. L’amélioration des conditions
socio-économiques, la démocratie comme
religion œcuménique, le souci du montant
de la dette extérieure et du taux de
croissance suffiront à lui assurer la félicité.
Comme le bourgeois de Bloy, le moderne est
celui qui «ne fait aucun usage de sa faculté
de penser». Il approuve tout ce que son
époque lui sert de plus indigeste, ne poursuit
d’autre jouissance que celles qu’on lui
indique et s’indigne face à la menace
fantasmatique d’un complot des âmes noires
retardant l’avènement du meilleur des
mondes. Ce dernier, fruit de la seule
initiative humaine, sans grâce, ne vise pas
moins que l’instauration d’un paradis sur
terre. La tentation moderne prend ainsi la
forme souriante de «l’Empire du Bien» que
Muray nomme joliment «Cordicopolis».
Dans cet univers radieux dont l’indifférencié
est le souverain Bien, la solution finale au
tragique de la condition humaine se situerait
dans le catéchisme des droits de l’homme et
dans l’empyrée des valeurs. Mais, «L’enfer,
c’est le paradis sans Dieu» avertissait déjà
Simone Weil. Aussi, si Alain Besançon a pu
considérer le nazisme comme perversa
imitatio du judaïsme et le communisme
comme perversa imitatio du catholicisme,
que penser de ce nouvel avatar d’«homme
nouveau» présenté à grands cris comme le
nouvel horizon indépassable de notre temps ?
Le national-socialisme avait vendu la mèche
page 23
3
Fabrice Hadjadj,
Du raffinement technologique
ou la conspiration des brutes,
Les Provinciales, n°51
mai 1997
page 24
tout de suite, et quatre ans suffirent pour
l’arrêter ; l’idéologie marxiste-léniniste,
parce qu’elle était une internationale
prenant appui sur un prolétariat exploité,
fut à la fois plus difficile à démasquer et plus
longue à tomber. 80 ans ne furent pas de
trop pour en venir à bout et la fascination
exercée sur nombre d’intellectuels n’est
d’ailleurs pas encore définitivement passée.
Mais le nouveau modèle d’humanité
désinhibée et de modernité radieuse semble
exercer une attraction sans égal, un pouvoir
de séduction absolu. «On parle beaucoup de
déclin des grandes religions, de demande de
spirituel ou de retour du religieux, mais à
mes yeux, le XXIème siècle commence sous le
joug d’une religion implacable : le Moderne.
Le Moderne pour le Moderne. Le Moderne
en soi. C’est la plus dure des religions et,
contre elle, je ne vois pas d’autre délivrance
que celle du rire». «Moderne», cette seule
invocation est un blanc-seing. On ne sait
que penser de tel roman, de telle pensée ?
Qu’à cela ne tienne, on évoquera leur
modernité ! Le tic nerveux se substitue à la
pensée réflexive. L’effet d’annonce, par la
magie du mot, dispense de toute
argumentation. En même temps, le coup de
poing définitif envoie au tapis celui qui, en
face, pourrait émettre le moindre doute ou
le moindre avis divergent : «Pourquoi ce
film muet nous parle-t-il tant aujourd’hui ?-Eh parbleu, parce qu’il est furieusement
moderne». Le quinquennat ? «C’est,
souligne Valéry Giscard d’Estaing, une
réforme de modernité. C’est presque tout ce
qu’il y a à dire sur elle». «Moderne» ou le
mot comme bâillon. «Moderne», tel est bien
le mot d’ordre des nouveaux esclaves. Le
moindre étonnement un tant soit peu
Exorcismes spirituels,
I, II, III, IV,
1997-2005,
Les Belles Lettres
Après l’histoire, I, II,
Les Belles Lettres, 1999
Festivus, Festivus,
conversation avec
Elizabeth Levy,
Fayard, 2005
Désaccord parfait,
réedition Gallimard
Chers djihadistes,
Mille et Une Nuits.
Levons-nous, allons ! Le cadavre bouge
encore. La réanimation littéraire opère.
«Ce n’est qu’un début, continuons leur
débâcle».
Paul-Etienne CHAVELET
page 25
Bibliographie :
Philippe Muray
manifeste est menacé du chantage au
ringard : «Si tu ne manges pas ta soupe à la
grimace du moderne, le père ringard va
venir». A ce titre, Muray fut «réac»
absolument : car «vivre, c’est réagir».
L’irritabilité vitale, premier signe du vivant,
est réaction au milieu ambiant. Loin d’être
un retour à l’état antérieur, la réaction est,
au contraire, la réponse de l’organisme ou
de l’espèce à une situation nouvelle, et la
tentative heureuse ou malheureuse, efficace
ou inefficace, pour faire face à l’événement,
pour retrouver une harmonie compromise.
La réaction est une réponse à un défi
circonstanciel, et chacun sait, s’agissant des
moteurs du Concorde, qu’elle se caractérise
même par une puissante poussée en avant.
Ainsi de la prose de Muray qui, en quelques
magnifiques traits de plume, aura vengé
toutes nos défaites.
L’Inspir
du poète
Nicolas Poussin
vers 1628-1630
184 x 214 cm
musée du Louvre.
les yeux fertiles
ation
Mise en perspective
page 28
«Moi qui fais profession des choses muettes …»1
Nicolas Poussin appartient au XVIIe siècle,
comme Le Bernin qui a fait l’objet du
dernier article des «Yeux fertiles». Il a passé
à Rome une grande partie de sa vie de
peintre – et presque tout, cependant,
l’éloigne de cet art sensuel et mouvant
qu’illustre si bien La Bienheureuse Ludovica
Albertoni.
Au premier coup d’œil, il est possible que la
découverte de l’œuvre de Poussin donne à
l’observateur l’impression un peu
intimidante de se trouver face à un art
hiératique et d’aborder une œuvre savante
ou cérébrale à l’excès ; et il est vrai que
l’artiste lui-même a souligné dans sa
correspondance que le peintre devait se tenir
à bonne distance des émotions, et placer
toute une série de médiations entre le monde
et la peinture qui se propose de l’évoquer ou
de le célébrer. Aussi tient-il en haute estime
l’imitation des sculptures de l’Antiquité, et
a-t-il recours à des figurines de cire éclairées
et drapées pour ordonner la scène du
tableau qu’il entreprend de composer. Sans
compter que Poussin se défie de la séduction
que menacent d’exercer les couleurs, au
détriment, pense-t-il, de la rigueur et de
l’évidence patiente du dessin. Tous ces
éléments sont à garder à l’esprit pour entrer
dans l’univers esthétique de ce peintre
exigeant, et ils nous invitent en somme à lire
1
Extrait d’une lettre de
Poussin, février 1639
Première découverte
Après avoir appartenu à divers
propriétaires, L’Inspiration du poète – ce
tableau que l’on associe si spontanément au
Grand Siècle français – ne figure que depuis
1911 dans les collections du Louvre. A
partir de cette date, il n’a cessé d’excercer un
vif attrait sur les peintres majeurs du XXe
siècle et d’intéresser les poètes et les critiques
d’art. Mais c’est pour une autre raison que
des milliers de lycéens, entre le début des
années 1960 et le milieu des années 1980,
ont connu et reconnaissent aujourd’hui
L’Inspiration du poète, dont la moitié
droite, légèrement décalée, était reproduite
sur la couverture du manuel de littérature le
plus couramment utilisé alors : le XVII e
Siècle de la «Collection littéraire Lagarde et
page 29
sa peinture, à la manière d’une méditation
mûrie par le travail et la mémoire des textes
et des images.
«Moi qui fais profession des choses
muettes», a-t-il écrit aussi de lui-même.
Mais c’est pour mieux faire entendre la
subtile éloquence du monde, celle de la
nature, sans doute, mais aussi et surtout
celle de la grande Bibliothèque de la culture
occidentale : entre notre regard et la réalité
des choses, Poussin se présente ainsi comme
un intercesseur.
page 30
Michard» – à partir tout au moins de son
édition des années 1960, et jusqu’à ce que la
reproduction d’une œuvre de Cotelle vienne
remplacer celle de Poussin, pour la nouvelle
édition de 1985. On ne pourrait compter les
mamans qui ont protégé cette image d’une
couverture transparente, veillant à ce que
l’étiquette au nom de leur enfant ne
dissimulât pas le visage du jeune poète ou la
couronne tressée que le putto s’apprête à
déposer sur sa tête. Et on ne pourrait pas
non plus, bien sûr, compter tous les
cartables qui ont transporté, avec plus ou
moins d’égards, la reproduction du tableau
de Poussin.
Si le professeur de français s’avisait de
décrire cette reproduction que les élèves
avaient presque quotidiennement sous les
yeux, la riche matière de la Fable, comme on
disait à l’époque de Poussin, s’ouvrait
aussitôt à eux. Car L’Inspiration du poète,
comme de nombreux tableaux du XVII e
siècle français, mais de manière plus épurée,
est comparable à une fenêtre laissant
découvrir le déroulement d’un récit, que le
public cultivé, au demeurant, connaît déjà,
et auquel le titre de l’œuvre tient lieu de
didascalie. C’est dire que l’écho que Poussin
transmet ici de l’Antiquité ravive une série
de grandes figures et d’emblèmes littéraires,
que l’humanisme classique a souvent
honorés. Trois personnages : Apollon, au
centre du tableau, dieu du soleil, de la
beauté et de l’harmonie, protecteur des
poètes et des musiciens ; Calliope, debout à
sa droite, muse de la poésie épique (qui
occupe la première place dans la hiérarchie
des genres), mais aussi figure tutélaire de
l’éloquence ; et, à la gauche du dieu, le
page 31
poète, au jour de son couronnement, quand
il reçoit l’inspiration, comme une élection et
une féconde promesse. Trois éléments au
riche contenu mythologique, ensuite : le
bosquet planté de lauriers, qui alors tamise
la lumière de l’été et plus tard résistera aux
attaques de l’hiver, la lyre, placée au centre
de la toile, et les trois couronnes tressées –
de laurier également – que porte Apollon ou
que tiennent les deux putti. Trois livres
enfin, posés au pied du dieu, l’Iliade,
l’Odyssée et l’Enéide, qui résument, dans
l’Occident de la Renaissance et du XVII e
siècle, tout l’héritage poétique des belleslettres antiques.
Et le professeur, à juste titre, pouvait
aussi signaler l’harmonie de la composition ;
souligner l’élégance du trait et expliquer que
la symétrie solennelle de l’ensemble est
soutenue par la reprise du chiffre trois, qui
préserve le tableau de toute tension marquée
– les deux putti jouant le rôle de messagers ;
il aurait également montré l’ordonnance et
la complémentarité des courbes et des lignes,
dont la scansion conduit notre regard vers la
main d’Apollon ; ou encore la force médiane
de la lumière, paraissant habiter le dieu des
arts, et qui moire les vêtements de la Muse :
une lumière qui se mettrait ici au sevice du
dessin, et à laquelle Poussin semble
délibérément refuser les jeux du clair-obscur
pratiqués par un grand nombre de ses
contemporains italiens et français.
Ainsi, sans même commenter le choix
des couleurs, dont il n’est pas possible de
tirer parti dans ces pages, il y a là, on le voit
bien, assez d’éléments pour conduire un
cours sur l’esthétique classique et ses
caractéristiques plastiques et littéraires.
Mémoire et inspiration
page 32
«Vous, Muses, et toi, Calliope, je vous
invoque : soutenez ma voix …»,2
Le public instruit de 1630 reconnaissait
d’emblée le sujet de L’Inspiration du poète.
Chez un peintre, la vertu d’«invention»
(comme on disait à l’âge classique) ne
consiste donc pas à mettre en œuvre de
nouveaux thèmes, mais à se pencher, comme
pour s’y mirer, sur les margelles d’un vaste
lieu commun, miroir et mémoire des textes
et des œuvres plastiques que la Fable lui
présente, pour s’y reconnaître et y puiser sa
propre inspiration. Mais l’artiste a pleine
licence, bien entendu, et dans ce même
mouvement, de laisser sourdre un sens
renouvelé, sur un autre mode – ce mot,
emprunté à la poésie de son temps, est de
Poussin lui-même, et il vaut aussi pour la
musique. La tâche du peintre consiste alors
à se réapproprier l’héritage de l’Antiquité,
pour affiner tel motif, aviver tel geste, et
c’est cela aussi, sans doute, que de «faire
profession des choses muettes».
Dans ce même esprit, il faut remarquer
la pose sculpturale de Calliope, qui est,
rappelons-le, la fille de Mnémosyne et de
Jupiter, c’est-à-dire de la Mémoire et du
maître du temps. En elle Poussin ne
représente pas le corps d’une femme saisi au
naturel, ni même une allégorie de la
féminité, mais une œuvre d’art que le temps
a consacrée dans sa vocation d’inspiratrice.
Comme nous l’apprend Félibien, son
biographe de la première heure, Poussin
prenait pour modèles les sculptures de
l’Antiquité, lui qui «n’était pas si
présomptueux de croire que sur ses seules
2
Virgile, l’Enéide, IX, 525
C’est pourquoi, démentant l’impression
statique que livrait le premier coup d’œil,
L’Inspiration du poète nous donne à voir
une action, dont les putti sont la figuration
sensible, puisqu’ils n’ont pas d’autre
fonction que celle de transmettre. Car c’est
bien une transmission que cette action
évoque, non pas sur le mode initiatique,
puisqu’elle exalte au contraire notre culture
commune et partagée, mais sur le mode
page 33
idées il pût former des figures aussi
accomplies que celles de la Vénus de
Médicis […], et de plusieurs autres statues
que l’on admire tous les jours dans Rome
[…]» . C’est peut-être également la raison
pour laquelle, dans L’Inspiration du poète,
la Muse ne montre aucune ostentation :
cette scène qu’elle tient sous son regard, elle
en garantit plutôt, par sa présence même,
l’ancrage originel, dans la grande coulée des
récits anciens. Quant à la lyre sur laquelle
repose le bras d’Apollon, placée au cœur de
la composition, elle est dépourvue de cordes,
comme si le jeune poète, qui déjà dirige son
regard hors du cadre et au-delà de la ligne
verticale indiquée par les grands lauriers,
était seul appelé à les lui rendre, pour la
faire vibrer de nouveau. De la sorte s’opère
la circulation du souffle lyrique (au sens
premier de cette épithète) : une énergie
créatrice qui trouve dans la mémoire et
l’imitation des œuvres d’exception sa source
et son principe, mais qui s’accomplira
seulement lorsque l’inspiration recevra en
retour le chant singulier du poète ; et pour
celui-ci, placé sous la protection d’Apollon
et de Calliope, la suite des travaux et des
jours se présente ainsi comme une page
blanche qu’il a pour mission d’illustrer.
page 34
d’une élection consentie, qui affûte avec
exigence notre attention.
Il est vrai que L’Inspiration du poète
célèbre les prestiges du passé ; mais Apollon
est également le dieu des oracles. Aussi la
scène peinte par Poussin se comprend-elle en
définitive comme une pédagogie sereine et
silencieuse : une méditation sur le temps et
ses promesses – comme toute pédagogie –,
que le peintre éclaire au moment même de
l’acte qui ouvre l’avenir au jeune poète. Il y
apprend à ajuster sa voix créatrice, en
l’accordant à l’origine des Arts et des Lettres ;
et il nous apprend, dans le même geste, à
nous accorder un peu mieux à cette lyre
donnée en partage, comme la voix lointaine
et toujours présente de la très ancienne
mémoire des choses muettes.
Bibliographie :
Marc Fumaroli, L’Inspiration du
poète : essai sur l’allégorie du
Parnasse, Paris, R.M.N., 1989.
Alain Mérot, Poussin, Paris,
Hazan, 1990.
Pierre Rosenberg et Renaud
Temperini, Poussin. ‘‘Je n’ai rien
négligé’’, Paris, Gallimard, coll.
«Découvertes», 1994.
Consulter aussi le site du Musée
du Louvre :
http://www.louvre.edu
Pierre GIULIANI
l èg
ges
ves voya
ux d’élè
va
a
tr
b
ciné-clu
Les enchaînés
Notorious
page 36
Alfred Hitchcock
Etats-Unis 1946 1h.45 v.o.
Avec : Ingrid Bergman, Cary Grant,
Claude Rains, Léopoldine Konstantin
L’histoire et l’Histoire
Au lendemain de la guerre, un espion nazi
est condamné par un tribunal américain. Sa
fille Alicia (Ingrid Bergman), qui n’a jamais
été nazie, mène une vie dépravée. Un agent
du gouvernement, Devlin (Cary Grant),
vient lui proposer une mission. Elle accepte,
et tous deux partent pour Rio. Ils tombent
amoureux l’un de l’autre, mais Devlin se
montre tout de même assez méprisant à
l’égard d’Alicia. La mission de celle-ci
consiste à prendre contact avec un ancien
ami de son père, Sébastian (Claude Rains),
dont la grande maison sert de repère aux
espions nazis réfugiés au Brésil. Alicia
fréquente la maison de Sébastian qui est
devenu fou d’elle et veut l’épouser. Elle, qui
pourrait refuser, accepte par défi, espérant
en vain que Devlin l’en empêchera. Et voici
Alicia, maîtresse de maison, mal vue de sa
terrifiante belle-mère, et chargée par ses
chefs de s’emparer d’une clé de la cave que
Sébastian garde toujours sur lui. Au cours
Film projeté aux élèves
de première, terminale
et classe préparatoire
de Lyon, le 6 avril.
Notorious est le dernier film dans lequel
Hitchcock, réalisateur aux Etats-Unis depuis
1939, fait s’affronter l’Amérique
démocratique à l’Allemagne nazie. Les
premières images montrent la conclusion
d’un procès, une sentence rendue le 24 avril
1946 à 15h20 et qui condamne un espion
nazi, lequel menace le public américain :
«Vous ne pourrez pas empêcher la
page 37
ciné club
d’une réception donnée au retour du voyage
de noces, Alicia et Devlin inspectent cette
fameuse cave et découvrent de l’uranium
dissimulé dans des bouteilles de vin.
Sébastian comprend qu’il a épousé une
espionne américaine et, avec l’aide de sa
mère, commence à empoisonner très
progressivement sa compagne dont la mort,
même aux yeux des autres espions familiers
de la maison, doit passer pour naturelle.
Finalement, Devlin, étonné d’être sans
nouvelles d’Alicia, parvient à s’introduire
dans la maison : il rejoint l’héroïne qui est
prostrée dans son lit, la soulève, la soutient,
lui avoue son amour, l’entraîne, lui fait
traverser la maison et monte dans sa
voiture, tout cela sous le regard éperdu de
Sébastian qui ne peut rien faire ni rien dire
devant les autres espions, ses complices,
lesquels, menaçants, vont à présent lui
demander des comptes.
page 38
destruction totale qui menace votre pays. La
prochaine fois nous réussirons».
Le film, réalisé pendant la guerre, l’a été
pour un public américain. Situé dans la
grande Histoire, il en a une conception très
simple : le nazisme est une conspiration
maléfique. Les hommes ne s’y interrogent
pas sur leur engagement politique, sur leur
participation à l’Histoire ; ce ne sont pas les
héros d’Apocalypse now. Seule celle qui
semble la plus éloignée des questions
politiques par sa vie de call-girl de luxe
manifeste à un moment une capacité à
prendre position entre les idées de son père
nazi et celle de sa patrie. Ni apologie ni
dénonciation, Notorious est faible comme
un film de propagande, à une époque de
propagande de masse et de mobilisation des
intellectuels. Hitchcock reste extérieur aux
passions idéologiques de son temps.
Un film d’espionnage
L’actualité d’alors fournit l’objet de
l’affrontement entre des espions américains
et des conspirateurs nazis : l’uranium et les
recherches secrètes sur l’arme atomique.
«Alors qu’il travaillait sur l’histoire de
Notorious, Hitchcock et Ben Hecht
n’arrivaient pas à trouver un «Mac Guffin»
valable. Le «Mac Guffin» (terme
immortalisé par «Hitch») est soit le
fondement de l’intrigue, soit l’élément
essentiel autour duquel s’affrontent les
«bons» et les «méchants» du film ! «Hitch»
pensa à un échantillon d’uranium dans une
bouteille de vin. «Cet uranium doit servir à
Un mélodrame de «film de gare» ?
Hitchock déclarait que l’idée du film lui
était venue de la lecture décontractée des
«Mémoires» de Marthe Richard, l’espionne
qui met ses charmes au service de la Patrie,
ce qui pimente l’histoire policière et son
suspense. Ingrid Bergman, dont c’est le
deuxième film avec le réalisateur, est choisie
pour ce rôle de «Mata-Hari».
Ce côté mélodramatique, «littérature de
gare», permet de comprendre la sévérité des
critiques, en particulier en France lors de sa
sortie en 1948. L’un, par exemple, le traita
de «répugnante histoire de prostituée à la
police».
page 39
fabriquer une bombe atomique» expliqua-t-il
au producteur. «Quelle bombe atomique ?»
demanda ce dernier, scandalisé par une idée
aussi absurde. Cela se passait en 1944, un
an avant Hiroshima. Et les expériences
menées dans le désert du Nouveau-Mexique
étaient encore secrètes. Hitchcock raconte
même qu’il aurait été surveillé durant trois
mois par le F.B.I. par suite de questions trop
indiscrètes sur cette fameuse bombe !
Le découpage du film, rigoureux et clair,
suit la progression de l’intrigue policière :
recrutement à Miami pour une mission,
stratégie à Rio, avec les péripéties et le
suspense du combat entre les deux camps
autour du secret à découvrir ou à préserver :
l’uranium caché. Cette quête est illustrée par
un très long travelling qui traverse la maison
des nazis pour aboutir sur le gros plan de la
clé dans la main d’Alicia.
page 40
En 1962, Hitchcock donnait à Truffaut cette
version de l’idée de départ. «Au départ, le
producteur m’avait donné une histoire très
démodée, une nouvelle parue dans le
Saturday Evening Post, intitulée «La
Chanson des flammes», et qui racontait
l’histoire d’une jeune femme qui devient
amoureuse d’un jeune homme de la bonne
société new-yorkaise. Cette fille a un
problème de conscience car elle a fait
quelque chose dans son passé et elle imagine
que, si le jeune homme ou la mère du jeune
homme l’apprenait, leur grand amour en
succomberait. Quelle est cette chose ?
Pendant la guerre, le service d’espionnage
du gouvernement était allé voir un
impresario afin de trouver une jeune actrice
qui agirait comme un agent secret et qui
accepterait de coucher avec un espion pour
obtenir certaines informations. Elle avait été
proposée, elle avait accepté et elle avait fait
cela. Alors son problème actuel la remplit
d’appréhension et elle retourne voir
l’impresario pour lui confier ses scrupules. A
la fin de l’histoire, l’impresario va trouver la
mère du jeune homme, lui raconte tout et la
mère, très aristocratique, dit : «J’ai toujours
voulu que mon fils épouse une fille
réellement bien, mais je n’espérais pas qu’il
pourrait trouver une fille réellement aussi
bien.»
Voilà l’idée d’un film pour Mme Ingrid
Bergman et M. Cary Grant, et mis en scène
par Alfred Hitchcock ! Alors je m’assois
avec M. Ben Hetch et voici ce que nous
décidons de conserver : une fille doit
coucher avec un espion pour obtenir des
informations.»
L’intrigue policière associe dans la même
mission un homme et une femme, et le film
devient celui de la relation amoureuse qui se
noue entre eux deux. La mission qu’elle
accepte à Miami la conduit à Rio où l’agent
du F.B.I. qui l’a recrutée lui fait la cour.
Cette relation amoureuse se rompt tandis
que l’intrigue policière continue de les
associer. La séparation vient de leur
mutuelle incapacité à formuler une parole :
chacun attend une demande qui ne vient
pas. Les deux sont libres de leur décision
mais ils ne sont pas égaux. En effet, sur cette
femme pèse la réputation de sa vie
antérieure, que le spectateur découvre par
les yeux de Devlin lors de leur rencontre à
Miami dans la maison d’Alicia. Et cet
homme craint le jugement qu’il a porté sur
la femme qu’il aime, jugement qui est aussi
celui que les autres portent sur elle : «Un
ivrogne reste toujours un ivrogne, une pute
reste toujours une pute». Comment croire,
en effet, qu’elle peut changer ? Et comment
changer de jugement ? Une interrogation
semblable se trouve dans Rio Bravo ou Le
port de l’angoisse de H. Hawks.
La question : pourront-ils renouer ? crée un
suspense qui s’entrelace avec celui du film
d’espionnage. Ainsi la progression de la
narration s’organise-t-elle autour de trois
scènes de baisers, d’étreintes en gros plan
avec une caméra qui, tournant autour des
deux personnages, explore leur intimité. Ces
scènes ne sont pas une répétition, elles
révèlent entre cet homme et cette femme un
changement intime de leur relation.
Jacques PHILIPPE
page 41
La rencontre d’un homme et d’une femme
L’option
page 42
théâtre
Comme chaque année depuis maintenant
cinq ans, l’option théâtre a permis à
soixante élèves du lycée de Lyon de
découvrir et pratiquer le théâtre. Cette
option conduit, comme les options arts
plastiques et musique, à une épreuve du bac,
où les élèves présentent un dossier et un
travail de plateau. A part quelques
exceptions, les terminales ont généralement
suivi l’option depuis la classe de seconde.
Les élèves vont voir avec leur
professeur, pendant l’année, de nombreux
spectacles, auxquels ils sont préparés en
cours de théâtre, et qu’ils commentent
ensuite, oralement en classe, et sous forme
de comptes rendus écrits ; cela leur permet
de découvrir des lieux scéniques différents
de la ville de Lyon, et leur donne une bonne
formation de spectateur de théâtre. J’aurais
tendance à dire, avec l’expérience, que cette
formation est plus importante même que
celle de jeune comédien. Je suis bien
consciente du travail remarquable fait dans
les ateliers par les animateurs, et de la
satisfaction que cela donne aux élèves, qui
sont passionnés par ce qu’ils y apprennent,
malgré le temps que cela leur prend. Mais je
sais aussi que peu d’élus poursuivront dans
des carrières artistiques, alors qu’ils
Enfin les élèves ont aussi l’occasion, une fois
dans l’année, de travailler le décor de théâtre
sous forme de maquettes, et de participer,
pour les meilleurs travaux, à une exposition
à la bibliothèque du lycée.
C’est donc une pratique, une culture,
et une ouverture au monde du spectacle
riches que nous permet cette option très
appréciée des élèves, qui est proposée
aujourd’hui par de nombreux établissements
scolaires lyonnais.
page 43
continueront, toute leur vie d’adulte, à
apprécier l’art dramatique auquel ils ont été
initiés. Un aspect intéressant de l’option est
aussi la rencontre des professionnels de la
scène, metteurs en scène, comédiens,
régisseurs lumière et son.
page 44
Voici, à titre d’exemple, les spectacles
que nous avons vus cette année, année dont
les objectifs culturels étaient le théâtre
baroque, en particulier celui du siècle
élisabéthain, et dans un second temps,
l’indispensable ouverture à la création
contemporaine.
Vendredi 7 octobre au Théâtre des Célestins
L’Age d’Or de G. Feydeau
Mise en scène de Claudia Stavisky
Jeudi 10 novembre au Théâtre National
Populaire
L’Annonce faite à Marie de P. Claudel
Mise en scène de Christian Schiaretti
Vendredi 9 décembre au Théâtre des Célestins
Richard III de W. Shakespeare
Mise en scène de Philippe Calvario
Samedi 14 janvier au Théâtre des Célestins
Carnaval Baroque
Mise en scène de Cécile Roussat
Vendredi 3 février au Théâtre National
Populaire
Edouard II de C. Marlowe
Adaptation et mise en scène d’Antonio
Latella
Samedi 11 février à la salle Gérard Philippe
Les Amours de Ragonde, opéra baroque.
Mise en scène de Pierre Kuentz
Vendredi 17 mars au Théâtre des Célestins
Poeb de S. Valetti
Mise en scène de Michel Didym/Compagnie
Boomerang
Jeudi 20 avril au Théâtre de l’Iris
Non si paga de D. Fo
Mise en scène de Cyril Tournier
Brigitte CAZEAUX
page 45
L’année théâtrale se clôt, comme
chaque année, par des spectacles proposés à
l’ensemble de l’établissement et aux familles.
Les élèves sont heureux de voir apprécié par
un public nombreux le travail sérieux et
soutenu qu’ils ont fait dans l’année. Voici
les spectacles donnés cette année, dans la
salle de théâtre du lycée :
Terminales :
Jeudi 18 mai et vendredi 19 mai à 20 h 30
Dialogue de bêtes, de Colette.
Mise en scène : Emilie Guigen
Ce spectacle est adapté d’un récit de Colette,
et nous présente par les yeux d’un chien et
d’un chat l’univers drôle et poétique d’un
couple de la bourgeoisie parisienne.
Pourtant, dans ce monde oisif et feutré, se
font entendre les échos lointains de la
Grande Guerre.
Premières :
Jeudi 1er juin et vendredi 2 juin à 20 h 30
L’Ile des Esclaves, de Marivaux.
Mise en scène : Marie-Laure Rongier
Cette pièce en un acte de Marivaux présente
un renversement du statut des maîtres et des
serviteurs, et mêle la vivacité de la
commedia dell’arte aux réflexions
philosophiques des Lumières.
Secondes :
Jeudi 15 juin et vendredi 16 juin à 20 h 30
Des enfants et des fables,
d’après La Fontaine.
Mise en scène : Marie-Laure Rongier
Un groupe de jeunes orphelins qui
s’ennuient, un soir sans télévision,
redécouvrent l’univers des Fables de La
Fontaine.
Travail réalisé dans le cadre d’une séquence d’écriture
de nouvelle, et s’appuyant sur l’étude des structures et
outils repérés dans l’étude de L’Enfant des manèges
d’Andrée CHEDID.
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MYRIAM
C'était un joyeux après-midi de printemps
1943, au bord des rives de la Marne. Le
soleil brillait fort sur les fleurs qui
s'épanouissaient. Les marguerites servaient
de perchoirs aux insectes qui s'arrêtaient
parfois durant leur rude besogne de butinage.
Le fleuve abreuvait les petites fleurs qui
poussaient péniblement, privées de la lumière
du soleil par les orties et autres mauvaises
herbes. Dans ce havre de tranquillité, deux
couples de retraités finissaient leur repas. Les
Michel, dont le mari sommeillait déjà,
avaient invité les Caron à partager leur
maigre pique-nique, en ce temps de guerre,
au bord de cette eau limpide que les Français
appellent la Marne...
Vers les trois heures de l'après-midi, les
deux couples sombrèrent dans un paisible
sommeil. Mme Caron s'allongea sur un tapis
de fleurs des champs, à l'inverse de Mme
Michel qui préféra l'orée du bois située
derrière eux pour débuter sa sieste. Lorsque
la léthargie s'empara des quatre retraités, une
petite silhouette sortit furtivement du bois...
Les cheveux emmêlés et les habits en
lambeaux, l'ombre s'avança jusqu'à la nappe
de pique-nique et déroba un croûton de pain.
Ses gestes habiles lui permirent de détacher la
montre en or du poignet de Mme Caron sans
la réveiller. Lorsque la petite voleuse eut le
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travaux d’élèves
précieux objet entre les mains, elle retourna
silencieusement vers le bois...
«Dis-donc, toi, je peux savoir ce que tu
fais avec cette montre ? Elle ne t’appartient
pas, il me semble ?»
M. Michel venait de s'éveiller et il regardait
la petite insolente avec de furieux regards.
Elle s'immobilisa, sans lâcher l'objet dérobé,
et répondit, la voix tremblante :
«Madame l'avait perdue...Elle m'a demandé
de la retrouver...Madame me connaît bien, je
suis une grande amie...».
M. Michel demeurait perplexe. Il rétorqua
pourtant, mesquin :
– Ecoute, petite, je doute que Mme Caron
t’ait appelée pour retrouver sa montre.
D'ailleurs, elle ne l'avait pas perdue
lorsqu'elle s'est endormie !
– Monsieur, implora la fillette, je vous jure
que je connais votre amie ! J'avoue que j'ai
menti en vous disant que je cherchais sa
montre, mais Mme Caron m'a bel et bien
invitée à vous rejoindre et je voulais prendre
connaissance de l'heure...Croyez-moi,
Monsieur !
M. Michel fronça les sourcils avant de
déclarer :
– Bien, alors si tu devais nous rejoindre, tu
devais rester jusqu'à la fin de l'après-midi ?
– Mme Caron ne me l'a pas précisé, expliqua
la jeune voleuse.
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– Bon, eh bien, nous réveillerons Mme Caron
tout à l'heure. Pour l'instant, viens t'asseoir à
mes côtés.
La fillette et le vieillard restèrent assis devant
l'eau jusqu'au réveil de la propriétaire de la
montre.
Quelques minutes plus tard, Mme Caron
émergea de son long sommeil tout en
bâillant. Les yeux encore clos, elle parvint
difficilement à entendre M. Michel qui lui
demandait si elle avait bien dormi.
Elle répondit affirmativement, bien que
dormir sur un caillou ne fût pas très agréable.
Elle se redressa et aperçut la fillette qui la
regardait en lui tendant sa montre. Mme Caron
parut surprise et M. Michel lui expliqua que
la petite fille les avait rejoints, comme prévu.
La fillette sourit et dit à la vieille dame
qu'elle était arrivée à l'heure qu'elle lui avait
demandée. La retraitée ne semblait pas
reconnaître ]a petite étrangère et feignit de
savoir de quoi elle parlait ; elle avait de la
pitié pour la pauvre petite. Elle vint s'asseoir
à côté de M. Michel et de la voleuse. Elle
l'observa. La fébrile petite fille portait une
chemisette blanche, tachée, et une jupe
déchirée par endroits. Malgré ses habits
souillés, elle possédait un visage fin, pur, de
grands yeux marron lumineux et de petites
joues rosées. Ses longs cheveux noirs
tombaient sur ses épaules. Son nez aquilin la
vieillissait de quelques années. Le regard de
Mme Caron s'arrêta alors sur la poche de la
chemise de la brunette. Une étoile jaune y
était épinglée. La fillette était donc juive. Sa
vie était en danger. Mme Caron eut un
pincement au cœur : la jeune fille devait être
terrifiée. Qui la protégeait ? De quoi vivaitelle ? Elle sourit à la petite persécutée.
Le lendemain, la petite fille et Mme Caron
se retrouvèrent au même endroit que la veille
et firent un peu plus connaissance. La petite
juive était orpheline et n'avait plus de famille;
elle vivait depuis quelques mois dans la rue.
Elle volait pour vivre. Mme Caron savait
désormais qu'elle devrait aider financièrement
et moralement la petite abandonnée. Une
grande amitié naissait entre elles. Mme Caron
sentait resurgir son instinct maternel.
Les jours qui suivirent cette merveilleuse
rencontre, les deux amies se rejoignirent
chaque après-midi pour converser au bord de
l'eau. Mme Caron apportait à la fillette
quelques vivres puisés dans ses maigres
provisions. Leur amitié se construisait petit à
petit, Myriam se sentait protégée des
Allemands quand elle demeurait auprès de
Mme Caron.
Lors d'un rendez-vous amical sous le
soleil de juin, la vieille femme s'aperçut avec
tristesse que la petite orpheline devenait de
plus en plus maigre et que son teint pâlissait.
Comment faire pour que la fillette puisse de
nouveau subvenir à ses besoins ? Mme Caron
ne pouvait pas la recueillir chez elle, son
poltron de mari n'accepterait jamais de
courir ce risque. Elle détacha délicatement sa
précieuse montre, pensant que la jeune juive
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«Je m'appelle Myriam, lui souffla celle-ci à
l'oreille.» Mme Caron ouvrit la bouche mais
aucun son n'en sortit ; le prénom résonnait
dans sa tête. L'après-midi touchait à sa fin
lorsque Mme Caron invita secrètement
Myriam à la rejoindre le lendemain, au bord
de la Marne. La petite juive accepta. Les
deux couples de retraités rentrèrent chez eux
vers six heures et laissèrent la fillette seule
devant le fleuve.
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pourrait en tirer un assez bon prix. Lorsque
la petite malade reçut le bel objet, des larmes
de bonheur coulèrent sur ses maigres joues.
La montre coûtait extrêmement cher. Elle
embrassa la vieille dame, la serrant contre
elle. Mme Caron à la suite à cette
chaleureuse étreinte considéra Myriam
comme la fille qu'elle n'avait jamais eue.
Le lendemain, Mme Caron se rendit au
bord de la Marne, espérant y retrouver sa
petite protégée. Une heure s'écoula sans que
la fillette n’apparaisse. La vieille femme
s'inquiéta, puis rebroussa chemin et rentra
tristement chez elle à petits pas monotones.
Le surlendemain, elle retourna au bord du
fleuve et attendit désespérément comme la
veille avant de quitter l'endroit de la
rencontre, pour la dernière fois : elle savait
au fond d'elle-même qu'elle ne verrait
probablement plus jamais la fille aux
cheveux noirs. Toutefois, chaque soir, juste
avant le couvre-feu, elle allait secrètement
près de la forêt d'où était sortie la petite
juive. La blessure de cette soudaine
séparation demeurait dans son cœur meurtri.
Ce soir-là, Myriam errait dans la forêt
sombre où aimait se promener son amie. La
fillette s'assit sur un rocher, les coudes sur les
genoux, songeuse. Elle ferma les paupières et
écouta les chants des grillons qui rendaient le
bois paisible. Parmi ces douces mélodies, la
petite orpheline distingua des bruits de pas
qui se rapprochaient à toute allure. Elle
paniqua et aperçut deux hommes armés qui
couraient dans sa direction, arborant tous
deux une croix gammée sur les manches de
leurs uniformes. Myriam reconnut aussitôt
les soldats nazis qui avaient cruellement
assassiné les membres de sa famille.
Terrorisée, elle se leva et parvint à se cacher
Les obsèques eurent lieu un après-midi
de juin pluvieux, au bord de la Marne qui
s'écoulait. Une assemblée entourait le cercueil
d'une vieille femme et, parmi les personnes
qui étaient venues lui rendre un dernier
hommage, se tenait une jeune fille au teint
pâle et à la chevelure noire. Un mouchoir à la
main, elle essuyait les larmes qui coulaient
depuis quelques jours sur ses maigres joues.
Elle n'était pas morte ce terrible soir, protégée
par la montre que la vieille dame lui avait
offerte. Les plaintes de son cœur n'étaient
connues de personne, sauf peut-être de la
femme qui reposait en paix dans le coffre de
bois. Au creux de sa main, elle serrait une
petite étoile de tissu et une montre au cadran
brisé par une cartouche de fusil. Les aiguilles
demeureraient figées à jamais à l'heure de
l'effroyable séparation : vingt heures.
Juliette MEEUS
5e4, La Verpillière
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derrière le buisson le plus proche. Les deux
hommes se tenaient seulement à quelques
misérables mètres d'elle. Elle était perdue !
Son regard balaya les alentours, furtivement,
et s'arrêta sur sa montre. Celle-ci indiquait
vingt heures. Désespérée, Myriam hurla très
fort le nom de son amie, consciente que cela
causerait sa perte. Soudain, Mme Caron
surgit. Elle avait entendu les hurlements de la
fillette alors qu'elle terminait sa promenade
vespérale. Myriam pleura de soulagement. La
vieille femme, après avoir souri à la
persécutée, s'interposa entre les tireurs et la
cible. Les Allemands pensèrent que
l'arrivante était juive et l'un des soldats tira.
Les témoins de cette effroyable scène virent
deux silhouettes s'affaisser dans la nuit.
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SHERLOCKHOLMES
We went to the theatre last Saturday. We
saw a Sherlock Homes play. It was funny.
There was a little musical comedy in it. In
the middle of the play, there was a sketch
about the king of Bohemia. It’s one of
Sherlock Holmes’s adventures.
That marks the beginning of the friendship
between Holmes and Watson.
The actors played many different characters.
They spoke English very well. They came
from different countries. We could see that
in the clothes and hear various accents. One
character was speaking with a German
accent.
Some elements of comedy that we noticed :
when Watson was running after the train,
the actor played it with humour. One actor
went right in the middle of the audience and
he fought with a spectator. Another was
playing with his mobile phone after each
end of sketch.
After taking drugs, Holmes was walking in
a funny way and dreaming. He spoke alone,
about drugs in England, about a lot of
British people being addicted.
It was fun to see this play, although we
didn’t understand everything. But we had a
good time.
A propos d’une représentation
théâtrale en anglais proposée
aux élèves de La Verpillière,
le 26 novembre dernier.
Anouck APPRIOU
et la classe de 3e5,
La Verpillière
La classe de 9e B de la Verpillière a participé
au prix des Incorruptibles.
Il s’agit du premier prix de littérature de
jeunesse décerné par des jeunes lecteurs.
Ce prix permet de découvrir le plaisir de lire
dans un contexte original et vivant.
Les enfants de 9e B ont été invités à rejoindre
le jury. Six livres ont été soumis à leur
appréciation. La classe a dû s’accorder pour
n’en élire qu’un seul. Lors d’échanges et de
partage d’idées, chacun a pu donner son
avis sur son livre dans l’écoute et le respect
du choix de l’autre.
Avec Mme Faure, professeur d’arts
plastiques, nous avons choisi d’entrer dans
l’univers des Incorruptibles par l’illustration.
Les enfants ont illustré le livre qu’il
défendait par différentes techniques:
l’aquarelle, le crayon, le pastel, le modelage
et le collage. Un travail étonnant a été
réalisé et sera exposé.
Le vernissage de l’exposition se fera lors de
la soirée «Contes» du 23 mai où la
littérature jeunesse sera à l’honneur à
l’Externat dans un esprit de fête.
Martine HADOUR
page 53
Le prix
des INCORRUPTIBLES
page 54
voyage
Là se bornent, ou à peu près, hélas ! les
maigres ressources de mon allemand. J'ai
pourtant, avec Mmes Jung et Gindre, Mlle
Defourneaux et M. Thévenieau, eu le plaisir
d'être élu par Mme Ravistre pour
accompagner avec elle les sixièmes qu'elle
emmène chaque année à Freiburg (am
Brisgau) la semaine précédant les vacances
de Noël. Quel intérêt, demandera-t-on,
peut-il y avoir à emmener de si jeunes
enfants, n'ayant derrière eux qu'un trimestre
d'étude de la langue, en voyage en
Allemagne ? Je connais Mme Ravistre et je
savais donc, de confiance, qu'il y en avait
un. Mais pour être tout à fait honnête, je me
demandais un peu, moi aussi, lequel.
Eh bien ! cette semaine fribourgeoise m'a
comblé de réponses, que je vais tenter ici de
vous faire partager.
Prenons donc soixante élèves, garçons et
filles, n'ayant d'autre point commun
discernable au départ que d'être en sixième
et d'étudier l'allemand depuis trois mois ;
fourrons-les dans un car (et dans un minibus
annexe) en direction d'une ville que nous
aurons bien soin d'appeler Freiburg, comme
on dit là-bas, et non Fribourg, comme on dit
ici. C'est un détail capital car, à vrai dire, ce
n'est pas la même ville : Fribourg, c'est à
moins de cinquante kilomètres de Mulhouse
page 55
Nach FREIBURG !
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par l'autoroute, juste à gauche après le pont
(du Rhin) ; tandis que Freiburg, c'est au
cœur d'une terre d'aventure, où vivent ces
quatre-vingts millions d'intellectuels
germains qui parlent sans y penser une
langue que l'on prétend, chez nous, réservée
aux bons élèves, et heureusement qu'on a
commencé à l'apprendre mais est-ce que ça
va suffire, et tout compte fait qu'est-ce
qu'on est bien dans le car. Eh oui ! la
première chose qu'on apprend dans un
voyage comme celui-là, c'est à sortir du car.
D'abord par le regard :
– Regardez ! On voit la cathédrale ! dit le
professeur.
– C'est ça, leur cathédrale ? Qu'est-ce qu'elle
est moche! dit un élève qui regarde une
autre église de l'autre côté.
– Meuh, nous aussi, on en a une, de
cathédrale, dit un autre élève, qui, pour
comble, regarde la bonne église du bon côté.
– Regardez! Le Rathaus, l'Hôtel de ville !
– Meuh, nous aussi, on en a un, d'hôtel de
ville.
– Regardez ! Le stade !
– Meuh, nous aussi, on en a un, de stade.
Même que...
N'empêche qu'ils regardent. Ils sortent de
leurs game-boy et de leurs baladeurs et ils
regardent. Ce qu'ils disent ne correspond
pas à ce qu'ils pensent. Cela signifie surtout :
ouf, on n'est pas chez les extra-terrestres, il
y a des choses qui sont comme chez nous.
Deuxième étape : sortie physique du car.
Poser le pied sur un trottoir qui n'est pas de
la même couleur que les nôtres et sourire au
beau soleil qui nous accueille, et qui ne doit
pas non plus être exactement le même que le
nôtre, vu le froid polaire qui nous saisit.
page 57
Alentour, l'air résonne de syllabes
allemandes, le paysage se pare d'enseignes et
d'écriteaux allemands, avec des ß en-veuxtu-en-voilà et des mots de trois kilomètres ;
si l'on reconnaît les éléments du puzzle
(chaussée, trottoirs, immeubles, tramway,
voitures, piétons), le tout n'a pas l'air
disposé pareil : comme un appareil familier
dont le mode d'emploi en langue barbare
nous empêcherait de trouver le bouton
«Marche/Arrêt». Réaction instinctive : vite,
mes copains, mes copines! Comme tout à
l'heure dans le car, ce morceau de France
qui porte pourtant, inscrite entre ses phares,
la marque «Kässbohrer».
Il est temps de passer à la troisième étape :
sortie mentale du car. Comme c'est bien
organisé, tout est prévu : on commence par
visiter la ville. Les choses ont été bien faites :
les enfants (élèves ? comment faut-il dire ?)
ont entendu des dates, des anecdotes, au
sujet de monuments devant lesquels ils ont
dûment stationné. Mais le truc qui fait
mouche, ce sont les caniveaux, en effet
particulièrement profonds. C'est fait exprès :
ce gouffre qui attire le pied maladroit, le
long des trottoirs de la vieille ville, c'est un
entremetteur : qui met le pied dedans,
explique notre guide, doit épouser une
Fribourgeoise. Aussitôt nos ouailles de
sauter par-dessus, comme ci, comme ça, en
travers, en biais, histoire d'éprouver leur
adresse et de narguer la Fribourgeoise
perfidement tapie. Toute expérience étant
destinée à rencontrer ses limites, il est à
souhaiter que la polygamie soit autorisée en
Allemagne, ou tout au moins dans le Land
du Bade-Wurtemberg.
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À ce rythme-là, la lecture du présent récit
prendra une semaine, comme le voyage.
Mais non, l'essentiel est fait : ils sont, nous
sommes en Allemagne. L'Allemagne devient
réelle et se matérialise dans les pavés de la
vieille ville, les plaques d'immatriculation
des voitures, la couleur des boîtes aux
lettres, le marché de Noël, les deux Rathaus,
l'ascension du clocher de la cathédrale, le
monastère de Sankt Peter et sa bibliothèque
rococo (le mot remporte un certain succès),
le musée de l'horlogerie de Forêt Noire, le
salon de thé très chic qu'il faut mériter en
gravissant une colline. Elle pose aussi son
empreinte sur la vie de groupe, à l'auberge
de jeunesse (Jugendherberge, non mais !)
avec ses chambres traîtreusement communicantes par les douches-toilettes ; dans la
neige de la Forêt Noire ; au fil des parties de
foot en nocturne et des séances de
balançoire ; et, bien sûr, lors du bouquet
final de la soirée des talents.
N'y eût-il que cela, le voyage serait déjà
réussi : nos enfants auraient (un peu) appris
à voyager, et à retrouver sur place l'original
de ce qui jusque-là leur a été transmis en
cours d'allemand. Mais il n'y a pas que cela.
Il y a les fameux carnets de voyage,
préparés, construits soir après soir pendant
le séjour, enrichis dans les semaines
suivantes, qui marquent dès l'origine la
volonté de voyager pour apprendre, la
mettent en œuvre sur place au jour le jour,
et témoignent, après dissipation des
fumerolles de la mémoire immédiate, de la
solidité des découvertes de nos jeunes
explorateurs. Il y a tout ce que les enfants
auront, à chaud ou après coup, dessiné,
Vincent RICARD
page 59
écrit, entendu, joué, conté, chanté,
photographié et qui sera demeuré
suffisamment vivace pour qu'ils puissent,
cinq à six mois plus tard, en faire à leurs
parents spécialement invités pour l'occasion
une présentation affinée comme un saint-marcellin, délice des papilles curieuses.
J'ai l'air d'exagérer. Il n'est pas, j'en ai
conscience, de voyage scolaire raconté par
un professeur accompagnateur, qui n'ait
pas dépassé de mille et une coudées ses
objectifs de départ. Eh bien si, il en est un :
celui-là. Il a tout simplement rempli sa
mission. C'était une belle mission, elle
est bellement remplie. Peut-être y a-t-il
parmi vous, parents, des gens qui, comme
moi, avaient jusque-là entendu parler du
poids européen de l'Allemagne, appris en
histoire les méfaits de l'Allemagne, appris
en musique et en littérature les beautés de
l'Allemagne, jalousé à l'heure des résultats
sportifs les médailles de l'Allemagne,
pesté sur les routes estivales derrière les
camping-cars venus d'Allemagne, entretenu
à peu de frais quelques stéréotypes sur
l'Allemagne, voire peut-être traversé d'ouest
en est ou du sud au nord l'Allemagne pour
se rendre à Prague, à Varsovie, à
Copenhague, à Stockholm ou à Budapest.
Nous vous ramenons des enfants (et des
accompagnateurs) qui ont envie, eux, de
retourner en Allemagne. Je ne dis pas cela à
la légère, j'ai des preuves : il y en a un qui a
gardé la clé de sa chambre à l'auberge de
jeunesse !
FREIBURG
page 60
toujours…
Etes-vous prêt pour un fabuleux voyage ? Si
le cœur vous en dit, accompagnez-nous à
Freiburg : il vous suffit d’imaginer que …
Le matin du lundi 12 décembre, vous
embarquez dans le car avec d’autres classes
de 5 e et de 4 e mêlant germanistes de La
Solitude et de La Verpillière. Vous arrivez
six heures plus tard en Allemagne où vous
attend votre guide, Christiane Brannath.
Vous découvrez Freiburg : la cathédrale,
Freiburger Münster, et ses superbes vitraux
racontant chacun une anecdote, les dallages
des rues réalisés à partir de pierres
provenant du Rhin, le marché de Noël que
vous visiterez le lendemain, les petits
ruisseaux qui traversent la ville…et
beaucoup d’autres merveilles dont seule
l’Allemagne a le secret. Deux heures passent,
vous allez vous installer à l’auberge de
jeunesse du couple Handgrad. Après un
repas copieux, vous partagez votre chambre
avec trois autres élèves…
Le lendemain, visite du marché aux légumes
par petits groupes : vous vous informez du
prix d’un kilo de pommes de terre ou d’un
petit pain, vous vous perdez, demandez
votre chemin à plusieurs reprises, finalement
retrouvez les autres devant la Rathaus,
située près de la cathédrale. Déjeuner au
restaurant universitaire : il est important de
reprendre des forces avant de partir pour le
marché de Noël ! A nouveau vous êtes
Le lendemain matin, vous quittez l’auberge
avec vos bagages ; le car vous emmène
jusqu’à Sankt Peter ; dans cette église
baroque splendide, vos yeux écarquillés
découvrent des orgues, des colonnes que
l’on croit en marbre et qui sont pourtant
peintes, des fresques impressionnantes. Mais
vous allez plus loin, dans la Forêt Noire,
Schwarzwald, parmi des arbres si serrés
qu’on a une impression d’obscurité, vous
grimpez jusqu’à son sommet, le Feldberg où
il fait très froid ! Vous partez ensuite,
direction la France, le cœur gros de quitter
l’Allemagne, mais heureux d’avoir découvert
et vécu tant de choses !
Juliette MEEUS
5e4, La Verpillière
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séparés en groupes pour faire vos achats.
Les stands présentent tous des cadeaux
originaux et le choix est difficile : allez-vous
rapporter une bougie à votre maman ou
acheter une crêpe avec l’argent qui vous
reste ? Vous optez finalement pour un
bonnet de père Noël. Après une heure et
demie de promenade, retour à l’auberge et
dîner en ville, vous parcourez Freiburg de
nuit.
page 62
Sortie à PARIS
la classe de 1re STG
à l’Assemblée.
Mercredi 22 mars, 06h20. Accompagnée de
Mmes Truffandier, Matray, Valour et de
M. Verdier, la 1ère STG s’est donnée rendezvous à la gare Saint-Exupéry pour une
journée à Paris.
Encore engourdis de sommeil, les futurs
gestionnaires montent dans le train ; certains
s’endorment déjà pendant que le T.G.V. file
à vive allure en direction de la capitale.
Aussitôt arrivée gare de Lyon, la classe se
faufile dans le métro, direction l’Hôtel de
Ville. Dehors, le froid se fait sentir et les
blousons se referment. Le nez devant l’Hôtel
de ville, nous admirons la façade, puis celle
de la cathédrale Notre-Dame, située
quelques centaines de mètres plus loin. M.
Verdier nous explique l’origine du
monument, nous entrons et restons bouche
bée devant les splendides rosaces qui se
dessinent derrière l’orgue ainsi que sur les
côtés du transept.
Impressions positives ou négatives sur le
moment passé s’échangent tandis que les
professeurs décident de nous emmener visiter
l’Arc de Triomphe. Bloqués par les
intempéries, nous sommes dans l’impossibilité
de monter tout en haut. Un temps libre nous
est alors accordé dont nous profiterons pour
retrouver des connaissances, faire les
magasins ou encore étendre notre
connaissance de la capitale.
Après le dîner, retour en métro jusqu’à la gare
de Lyon. 21h45, gare Saint-Exupéry, nous
nous disons au revoir. Rendez-vous le
lendemain pour une journée normale de
cours.
Guillaume PERRET
1e STG, La Verpillière
page 63
Sous la pluie, nous nous dirigeons
maintenant vers l’Assemblée Nationale, but
principal de notre visite à Paris. Là, nous
attend
M. Colombier,
député du
département de l’Isère, lequel nous fait
l’historique du lieu, nous explique son
fonctionnement et nous donne rendez-vous
pour l’après-midi. Après quoi, le bateaumouche nous emmène pour une croisière au
cours de laquelle nous déjeunons, tout en
découvrant la ville et son histoire. L’heure
passe… Nous retournons bien vite à
l’Assemblée ; au programme : questions au
gouvernement et débat sur le fameux C.P.E.
Tension, crispation, cris, injures émaillent la
séance et laissent chacun éberlué, occupé à
repérer les personnalités généralement vues
sur son écran de télévision.
page 64
SAINT-ROMAIN
EN-GAL
Des classes du primaire
de La Verpillière
au musée gallo-romain :
initiation à l’art de la
mosaïque.
s
e
l
uve
carnet
erpillière
lyon la v
Association Familiale
10 juin : fête de l’Externat à La Solitude
6 juillet : conseil d’administration à La
Verpillière
page 66
Animation spirituelle
6 janvier : pour les élèves du lycée :
adoration du Saint-Sacrement, suivie du
partage de la galette des rois
janvier : retraite de les élèves d’hypokgâgne
avec la communauté du Chemin-Neuf à
Montagnieu
18-20 janvier : rencontre des animateurs en
pastorale scolaire des établissements
maristes à l’Externat, montée SaintBarthélemy, sur le thème : «Catéchèse ou
évangélisation»
21-22 janvier et 18-19 mars : retraite de
profession de foi pour des élèves de 4e et 3e
28 janvier : pèlerinage des pères de famille,
de Fourvière à la Maison Saint-Joseph à
Chasselay
février : retraite pour la classe de khâgne à
Saint-Jodard avec la communauté Saint-Jean
8 au 11 février : retraite pour les élèves de
terminale S2 à Aiguebelle
9 février : journée de la foi pour les
collégiens de La Solitude : carrefours sur le
«Linceul de Turin», «Cithare et Evangile
raconté», «Grand Témoin : Michel
Bronstun et trois jeunes de l’école
page 67
lyon
d’évangélisation» ; témoignages ; concert de
piano avec Jean-Christophe Kars, pianiste
virtuose, ancien concertiste devenu prêtre
13 février : réunion de parents pour la
première communion
16 février : journée de la foi pour les élèves
du 1er cycle
10 mars : rencontre des professeurs à
l’initiative de l’association «Maristes en
éducation» : messe, réunion, puis dîner
17-19 mars : retraite pour les confirmands
du second cycle, au monastère de
Chambarand pour les filles et à Saint-Jodard
pour les garçons
26 au 28 mars : retraite pour les terminales
S 1 à Aiguebelle, pour les terminales S3 à
Montagnieu
29 au 31 mars : retraite des TL à Aiguebelle
20 mars : remise du livre «Ta parole est un
trésor» aux élèves de 9e
31 mars : rencontre avec le cardinal
Barbarin pour les confirmands du second
cycle
4 avril : célébration du pardon et de la
réconciliation à la chapelle pour les élèves
du second cycle
3-7 avril : sacrement de la réconciliation
proposé à tous les élèves des classes
primaires 9 au 11 avril : retraite pour les
terminales ES2 à Pothières et les terminales S4
aux Dombes
page 68
13 avril, jeudi saint : célébration de la Cène
et lavement des pieds ; à 20h. La Passion,
film de Mel Brooks ; nuit d’adoration à la
chapelle s’achevant par l’office du matin
14 avril : chemin de croix pour les élèves de
7e et 8e avec le cardinal Barbarin de SaintJean à Fourvière par les jardins du Rosaire ;
bol de riz au profit de l’école SainteChristine de Kinshasa ; chemin de croix à
l’église Saint-Paul, préparé par les
confirmands et célébration de la Passion à la
chapelle pour les élèves du second cycle
18-19 avril : retraite pour les terminales STG
aux Dombes et du 14 au 16 mai à La Neylière
18-22 avril : pèlerinage des 6 e à Lourdes
avec Mlle Van Roie
17 mai : retraite de première communion
pour trente-six élèves du primaire à
La Chardonnière
17-21 mai : pèlerinage à Assise pour les
élèves de 3e
20 mai : confirmation pour 61 élèves du
second cycle ; première communion pour
des élèves des classes primaires
5-11 juin : pèlerinage à Lourdes pour des
élèves de seconde avec le père Skoff
17 juin : profession de foi pour les élèves de
3e et 4e à la cathédrale Saint-Jean
22 juillet-11 août : projet Kinshasa : séjour
de vingt-deux élèves du second cycle dans le
cadre du jumelage entre l’Externat et l’école
Sainte-Christine de Kinshasa ; de
nombreuses manifestations ont eu lieu pour
soutenir ce projet et aider cette école : 3
février : crêpes partie aux foyers des 1e et
terminales ; 7 février : séance de cinéma
gratuite, projection de La vie est belle,
Conférences et réunions
Soirées de réflexion sur la bioéthique au
théâtre de La Solitude :
29 mars : «Toute vie vaut-elle la peine d’être
vécue ?» avec le docteur Xavier Mirabel
5 avril : «L’amour humain dans le plan divin :
vision chrétienne de la sexualité» table ronde
animée par le professeur René Ecochard et le
docteur Isabelle Ecochard
19 avril : «Le fœtus et le diagnostic anténatal :
un être unique bien souvent en danger», table
ronde avec le docteur Chantal Vavasseur, le
professeur Laurent Guibaud et Geneviève
Pradel
13 mars : à La Solitude «L’enseignement
scientifique en France : les raisons d’une
faillite» par Xavier Dufour
20 mars : conférence sur les dangers des
différentes drogues avec la capitaine
Massucot.
24 mars : demi-journée scientifique avec
M. Bertrand pour les 1e S
11 mai : réunion d’information sur le choix
des langues pour les parents des élèves de 7e
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comédie réalisée par un africain ; 8 février :
tournoi de football professeurs-élèves (des
classe de 4e aux classes post bac) : 24 équipes
engagées ! 11 février : concert du groupe
«Glorious» à La Solitude ; 16-17 février :
représentation de la Cantatrice Chauve au
théâtre de l’Externat ; 18 mai : soirée
«Panaché d’opérettes» par les choristes du
«Diapason» de Lyon et de l’«Innamorata»,
au piano : Vincent Coiffet ; 30 mai : soirée
des talents pour les élèves du second cycle
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Echanges internationaux
Allemagne
- échange avec le Sankt Christophorus
Gymnasium de Werne, Français en
Allemagne du 19 février au 2 mars et
Allemands à Lyon du 3 au 13 avril
- échange avec la Hildegardis Schule de
Bochum : séjour de nos élèves à Bochum du
29 mars au 7 avril
- échange avec Berlin, en lien avec Chevreul :
séjour du 20 au 30 mars des Allemands à
Lyon et séjour des Français à Berlin du 3 au
14 mai.
- échange avec Mayence pour des élèves de
4 e , 3 e , 2 de et 1 e : séjour des Français à
Mayence du 17 au 28 mai et Allemands à
Lyon du 28 mai au 6 juin
Dans le cadre du programme «Brigitte
Sauzay», programme du nom de la
conseillère de Gerhard Schröder pour les
affaires françaises et géré en lien avec
l’Académie, des élèves de seconde feront un
séjour en immersion complète en Allemagne
d’une durée de six semaines ou plus. Ils
partiront à partir du 15 mai, seront
scolarisés dans un lycée allemand et
recevront leurs correspondants dans les
mêmes conditions. La candidature de huit
élèves a été retenue. Deux élèves partent à
Berlin, un à Mainz, deux à Bochum et deux
dans les environs de Hannover. Nous avons
déjà reçu une jeune Allemande en janvierfévrier, dans le cadre de ce même
programme
Espagne
18 juin-2 juillet : séjour en immersion
complète à Madrid pour des élèves de
seconde et du 10 au 25 juillet pour les
premières, terminales et post bac ; séjour des
Espagnols en France du 2 au 17 juillet et du
25 juillet au10 août
Etats-Unis
mars et juin : six élèves à Indianapolis, à la
Irish Christian High School ; du 12 au 29
avril, séjour de neuf élèves à l’école mariste
d’Atlanta ; du 6 au 29 juillet, avec
l’établissement mariste St Peter Chanel de
Cleveland, séjour de six élèves. Plusieurs
séjours en immersion de deux à trois mois
sont également prévus pour quelques élèves
à Toledo et à Boston ; mais aussi à Aukland,
en Australie
Externat
16 février : spectacle au théâtre, montée
Saint-Barthélemy, La cantatrice chauve de
Ionesco
7 mars : réunion d’information pour les
professeurs de La Solitude
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Angleterre, dans le cadre de l’échange avec
Chorleywood :
pour les élèves de seconde : du 27 janvier au
5 février, séjour des Anglais à Lyon et
Français à Chorleywood du 30 juin au 9
juillet ; pour les élèves de 4 e : du 2 au 9
février, séjour des Anglais à Lyon et, du 5
au 12 mai, séjour des Français à
Chorleywood
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9 mars-30 juin : à la chapelle de l’Externat,
montée Saint-Barthélemy, exposition d’Eric
Emo : «Ceci est mon corps», photographies
de crucifix prises dans des cimetières
13 mars : réunion d’information pour les
professeurs du lycée
13-17 mars : Printemps des poètes dans la
division des 2des : lectures, atelier d’écriture,
exposition sur le thème des bonbons,
spectacle de poésie autour de Dylan Thomas
«One Warm Saturday», hommage à
Léopold Senghor
15 mars : demi journée de formation des
professeurs à l’enseignement religieux
20-21 avril : ciné-club des 4e , Scarface de
Howard Hawks
12 mai : les élèves de 2de2 accompagnés de
leur professeur, Stéphanie Thuriez, ont
assisté à une pièce de Jean Giono, Un roi
sans divertissement suivie d’une rencontre
avec les comédiens
17 mai : conseil de maison ; ordre du jour :
les coefficients de matières dans le calcul des
moyennes trimestrielles
18 mai : dans le cadre du projet Kinshasa :
chorale et opérette au théâtre de La Solitude
Sorties, visites, voyages
28 novembre au 2 décembre : classe de neige
pour les élèves de 7e2 à Bessans
3 au 7 janvier : classe de neige pour les
élèves de 8e1 et de 7e1 à La Toussuire
16 janvier : les élèves de 11 e ont suivi la
fabrication de bûches en chocolat au
restaurant Têtedoie
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23 janvier : dans le cadre du cours d’histoire
sur le Moyen Age, visite de la cathédrale
Saint-Jean pour les 8e2
16 février : les 8e2 ont assisté à la projection
du film Le chien jaune de Mongolie
7 mars : journée botanique pour les 10e
7 mars : sortie de ski de fond aux Plans
d’Hotonnes pour les 8e2 et les 7e3
30 mars : visite d’une chocolaterie à
Limonest pour les 10e
3 avril : concert scolaire à l’auditorium,
musiques du monde (de Côte d’Ivoire) pour
les 8e1
3-11 avril : semaine découverte au musée de
l’Imprimerie pour les 8e3 et 7e4
19-26 avril : voyage en Espagne pour des
élèves du 1er cycle, visites et excursions à
Saragosse et Madrid, Ségovie, Tolède et
Figueras
20-26 avril : voyage en Grèce septentrionale
pour des élèves de 4e3 et de 4e4. Accompagnés
par un groupe de professeurs et
d’éducateurs, Frédéric Berthon, Jean-Pierre
Carrara, Brigitte Cazeaux, Nicole Fabre,
Marc et Isabelle Gaucherand, les hellénistes
ont ainsi pu découvrir des aspects moins
connus de la Grèce, la Grèce hellénistique et
byzantine, au travers des grandes figures de
Philippe et d’Alexandre de Macédoine.
Ils ont fait la viste de la célèbre cité de
Thessalonique, qui fut une des capitales de
l’empire byzantin, puis de l’empire ottoman,
et qui est aujourd’hui la deuxième ville de
Grèce, après sa reconquête sur les Turcs au
début du 20 ème siècle. Les sites de Pella,
Vergina et Dion leur ont permis une
page 74
meilleure connaissance de la Macédoine
antique. Ils ont découvert la religion et l’art
orthodoxes grâce aux monastères des
Météores et d’Osios Loukas, d’autant plus
que le voyage coïncidait avec la Pâques
orthodoxe, qui est, en Grèce, une fête pleine
de ferveur, à laquelle participe toute la
population. Enfin l’antiquité plus ancienne,
bien que moins présente, n’a pas été oubliée,
puisqu’ils ont pu visiter le site de Delphes, et
la ville d’Athènes
mai : voyage en Alsace pour la classe
d’hypokhâgne ; semaine d’études et de
détente à Villard-de-Lans pour les BTS
comptabilité-gestion 1e année
12 mai : concert «La grenouille
présomptueuse» pour les élèves du primaire
24 au 28 mai : voyage à Rome pour des
élèves de 6e avec M. Besana
Théâtre
14 mars : dans le cadre de la semaine du
«Printemps des poètes», spectacle One
Warm Saturday Live, d’Yves Charreton et
Véronique Bettencourt
4 avril : La sorcière dans le placard à balais
par le troupe «La compagnie et son
personnel de bord» pour les classes de 11e,
10e et 9e
18 et 19 mai : Dialogue de bêtes de Colette
donnée par les élèves de terminale de
l’option théâtre
19 mai : Comment dresser votre dragon ?
spectacle donné au théâtre de La Solitude
pour la classe de 10e
1 er et 2 juin : représentation de l’Ile des
Esclaves de Marivaux donnée par les élèves
de 1e de l’option théâtre
15 et 16 juin : Des enfants et des fables
d’après La Fontaine donnée par les élèves de
2de de l’option théâtre
16 juin : Loup y es-tu ? spectacle donné par
les classes de 8e3 et 7e4 avec Mme Ricard
20 juin : représentation au théâtre de La
Solitude par les 6e et 5e
22 juin : représentation au théâtre de La
Solitude par les 4e et 3e
Activités de la Schola :
19 mars : animation de la messe à l’église de
Bourgoin et concert l’après midi
20 avril : concert à l’église Saint-Paul ; au
programme : les Vêpres en fa de Haydn
27 avril-8 mai : tournée en France et en
Espagne
1 er juin : concert à l’abbaye d’Ainay ; au
programme : Stabat Mater de Pergolèse
18 juin : concert à Rochebonne
23 juin : concert avec la maîtrise
10 juillet : concert à Valpré
Petits chanteurs et Chœur mixte :
6 janvier : concert à La Toussuire sous la
direction de D. Faricier
10-11 février : concert à la halle Tony
Garnier : «Symphonie du Seigneur des
anneaux»
25 mars : concert à l’église Saint-Luc de
Sainte-Foy au profit de l’association
«Partage France-Bénin»
18 avril : concert des Petits chanteurs à la
chapelle Sainte-Camille
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Concerts, chorale
page 76
11 mai : concert à la résidence des personnes
âgées Morlot
14 mai : Messe du Couronnement à la
basilique Saint-Martin d’Ainay avec le
Chœur mixte de la primatiale
18 et 21 mai : Requiem de Mozart avec les
Petits chanteurs à la basilique Saint-Martin
d’Ainay
25 mai : messe de l’Ascension en direct sur
France-Culture
23 juin : concert de la Saint-Jean, en
hommage à Joseph Reveyron
Juillet : tournée d’été en Italie et en Suisse
Activités sportives
- Athlétisme : le 7 janvier, Alhassane
Doucoure(BTS 1), médaille d’argent au
Championnat de France cadet/junior
d’athlétisme à Eaubonne ; qualification en
individuel d’Alice Gorry (5 e1 ) aux
Championnats de France indoor 2006
- Volley : l’équipe Cadettes filles, qualifiée
au Championnat Super Région, obtient la
deuxième place
- Trisport : l’équipe 1 termine 1 ère au
Championnat du Rhône ; l’équipe 2 finit 4ème
- Hand : Benjamins : les deux équipes sont
qualifiées pour les demi-finales du
Championnat du Rhône. Minimes : l’équipe
de l’Externat conserve son titre de
Champion du Rhône et se qualifie pour la
finale Super Région, le 19 avril, à Annecy
la verpillière
17 juin : fête de l’Externat
12 mai : «Parents-École : quel partage des
rôles ?» conférence de Bruno Roche
Animation spirituelle
10 mars : célébration d’entrée en Carême
13 mars : conférence de Pascale Paté,
responsable de la catéchèse, sur le thème :
l’entrée en Carême
16-17 mars : retraite des élèves de terminale
STT à Notre-Dame des Dombes avec Mlle
Mentré et M. Verdier
30 mars : conférence de Pierre Benoît,
diacre, directeur de l’Institut de la Famille,
sur l’encyclique du pape Benoît XVI «Dieu
est amour»
31 mars-2 avril : session 2006 des
établissements maristes à La Neylière ;
assemblée générale ordinaire de l’association
«Maristes en éducation»
7-8 avril : retraite des BTS première année à
l’abbaye de Rimont avec Mlle Mentré et M.
Verdier
8-9 avril : retraite à Taizé et à Mazille pour
les confirmands 1e et 2e année
13 avril : célébration de la Cène
page 77
A.P.E.L
page 78
14 avril : célébration de la Croix ; un
chemin de croix représenté par des
peintures, dont certaines faites par des
élèves, a été installé dans l’établissement
15 avril : à l’usine, veillée pascale de la
paroisse Saint-Paul-des-Quatre-Vents
18 avril et 3 juillet : réunions des membres
de l’association «Maristes en éducation»
19 avril : à l’Externat, rencontre des
confirmands avec Mgr. de Kérimel, évêque
coadjuteur de Grenoble
20-21 avril : à Notre-Dame des Dombes,
retraite de préparation à la profession de foi
pour les 5e
10 mai : retraite de préparation à la
première communion chez les pères du
Saint-Sacrement à Colombier
13-14 mai : première communion de trente
élèves de CM 1 et CM 2 à Saint-QuentinFallavier
3 juin : célébration de la confirmation à
Vaulx-Milieu
7 juin : à Soleymieu, retraite de préparation
au baptême et à la première communion
10 juin : baptême de huit élèves de 6e et 5e ;
profession de foi des jeunes de 5e
17 juin : première communion pour 19
collégiens
Conférences, interventions, réunions
13 janvier : conférence de Clint, Indien
Micmac : «La tradition indienne et la place
des Indiens dans la société américaine»
26 janvier : intervention de la société
Riverchelles auprès des classes de BTS :
«L'entreprise, comment l'intégrer, rédiger
son c.v. et sa lettre de motivation ?»
Echanges internationaux
Avec Heusenstamm : séjour des Allemands
en France du 12 au 25 février ; séjour des
Français en Allemagne du 15 au 29 avril.
Cet échange concerne 25 élèves.
Par ailleurs, 23 lycéens partent en Australie,
dans la région de Melbourne, en juillet,
page 79
31 janvier : interventions de Mme Quentel
du lycée Jehanne de France, de Mme Vernay
de l’Ecole Boisard, de Mme Vasquez et de
M. Javaud du lycée La Mache pour
présenter aux élèves de 3e les formations de
leurs établissements
7 février : intervention de M. Jeanselme du
lycée Don Bosco pour présenter aux élèves
de 3 e1 et 3 e2 les formations de son
établissement
7 février : intervention de l’écrivain Charles
Juliet auprès des élèves de 1e STG et 1e L, à
propos d’une ses œuvres Lambeaux, étudiée
dans le cadre du cours de français sur
«l’autobiographie»
18 mars : réunion d’information sur
l’orientation pour les parents et élèves de
seconde
22 mars : conférence-débat animé par le
père Jean-Marie Petitclerc, éducateur
salésien, pour les élèves de l’internat
25 mars : réunion d’information sur
l’orientation pour les parents et élèves de
troisième
4 avril : réunion de présentation des options
LV2 pour les parents des élèves de 5e
20 avril : réunion d’information sur les
langues vivantes pour les nouveaux parents
et les parents et élèves de CM2
page 80
pour une durée de quatre semaines ; le
directeur de l’école australienne est accueilli
à La Verpillière du 9 au 13 mai. Les lycéens
australiens viendront en France au
printemps 2007
Plongée scolaire : six élèves de seconde
partent le 4 juin à Heusenstamm pour être
scolarisés jusqu’au 14 juillet dans notre
lycée partenaire. En septembre, trois élèves
français commenceront leur scolarité de
seconde dans ce même établissement.
Pendant la même période nous accueillerons
six lycéens allemands
Externat
09 janvier : dans le cadre du ciné-club,
projection du film de Kiyoshi Kurosawa,
Kairo, pour les élèves de première, terminale
et BTS
14 et 15 janvier : participation au Salon de
l' Etudiant
30 janvier : représentation de Frankenstein,
salle Rameau à Lyon, pour les élèves de
terminales L et ES, spécialité anglais
7 mars : réunion d’information pour les
professeurs
10 mars : don du sang
22 mars : conseil de maison ; ordre du jour :
les devoirs de vacances et les cours
particuliers
30 mars : dans le cadre du ciné-club,
projection du film de J.L. Godard, A bout
de souffle
11 mai : concours du «Big Challenge» pour
les collégiens
22 mai : réunion des professeurs
9 décembre : représentation théâtrale à Lyon
du Tartuffe de Molière pour les 2e4 et 2e5 et
leurs professeurs, Mmes Devirieux et Raillon
20 janvier : visite du musée gallo-romain de
Saint-Romain-en-Gal pour les classes de 7e B,
8e A, B et C avec Mmes Brizon et Vernay,
Angeli et Lefèbvre
22 mars : visite de l’Assemblée nationale
pour les 1e STG avec Mlle Truffandier et
M. Verdier
25-27 mars : voyage à Paris pour les classes
de TL et 1e L avec Mme Berthelot, MM. Pic
et Perceveaux ; au programme : musée
Jacquemart-André et parcours thématique
au Louvre ; représentation de La Leçon de
Ionesco au Théâtre de la Huchette ;
promenade à Montmartre et au Père-Lachaise
7 avril : sortie des 5e2 et 5e3 aux grottes de la
Balme sous la responsabilité de Mme Putman
11 avril : dans le cadre du programme
d’histoire, visite de la Maison d’Izieu,
Mémorial des enfants juifs exterminés, pour
les 3e4, avec leur professeur, M. Thibault
13 avril : dans le cadre d’un travail sur le
recyclage des déchets, visite d’une déchetterie
par les 9 e A et B avec Mmes Hadour et
Rouard
21 avril : visite du Centre de la Résistance et
de la Déportation par les 1e ES avec Mmes
Fichet et Dubost
23 mai : avec Mme Louat, visite des 7eB à la
maison de retraite de La Verpillière, pour
une après-midi en poésies. A 18h00,
organisée par Mme Hadour, soirée contes et
exposition sur l’illustration d’albums.
Ce même jour, sortie des élèves de CE 2
page 81
Sorties, visites, voyages
à Notre-Dame de Fourvière et des CM1 à
La Neylière
24-28 mai voyage à Venise pour des élèves
de 5e, accompagnés par Mlle Delorme, MM.
Thibault, Candela, Lanoiselée et Miolle
2 juin : sortie des élèves de 7e à Notre-Dame
de Fourvière
8 et 9 juin : sorties des latinistes de 3e au
musée gallo-romain de Fourvière avec
Mme Matray, MM. Perceveaux et Laillaut
page 82
Chorale
23-30 avril : camp musical pour les
préparatoires à Claveisolles
13 mai : concert à L’Isle d’Abeau, le Gloria
de Vivaldi
13-14 mai : animation des premières
communions à Saint-Quentin-Fallavier
16 juin : concert des trois chœurs (Chœur
mixte, Petits chanteurs et Préparatoires) à
l’église de La Verpillière
17 juin : messe de la fête de l’Externat ;
concert des Préparatoires pour le Liban
24-25 juin : “week-end échange” des
Préparatoires de Lyon et de La Verpillière
Activités sportives
Félicitations à M. Jarrosson (6e1), A. Truchet
(6e3), I. Diallo (6e4), K. Tinouche, T. Pujol,
G. Chevallier, B. Ntoni et X. Mignot (6e5),
Y. Nanou (6 e6) ; A. Loupeda, Y. Rahal,
V. Ouedraogo (5 e3 ), champions «super
région» et qualifiés pour participer au
Championnat de France, du 7 au 10 avril,
en trisport (foot, hand et volley)
carnet
Alix, fille de Bertrand Eygun, responsable de
La Solitude, le 23 janvier
Melevil, fils de Stéphanie Brand, professeur
de lettres à La Solitude et montée SaintBarthélemy, le 20 mars
Consécration religieuse
Stéphane Lange, éducateur et animateur
spirituel en classes préparatoires, montée
Saint-Barthélemy, a été ordonné prêtre à la
cathédrale de Chartres, le 14 janvier
Mariage
Catherine Stern, ancienne élève de khâgne et
actuelle responsable des 3e à La Solitude, avec
Philippe Tournyol du Clos, le 17 décembre
page 83
Naissance
Décès
page 84
Nous participons à la douleur de
Amine Chelabi, élève de seconde à Lyon, qui
a perdu son frère, début décembre
Brigitte Poyet, institutrice de 9 e1 à La
Solitude, qui a perdu son père, le 22
décembre
Annick Vacelet-Cartailler, professeur de
lettres, montée Saint-Barthélemy, qui a perdu
son père, le 6 janvier
Bertrand Jabouley, professeur d’économie,
montée Saint-Barthélemy et à La Verpillière,
qui a perdu son père, le 10 janvier
Dia Dissel, du personnel d’entretien à La
Solitude, qui a perdu son père, le 23 janvier
Grégoire de Bélizal, élève de 2e6 à Lyon, qui a
perdu son père, le 20 février
Maureen et Claire Servignat, élèves de 8e1 et
9 e1 à Lyon, qui ont perdu leur père
accidentellement, le 8 mars
Nadia Mezguiche, du personnel de service à
La Verpillière, qui a perdu son père, le 12
mars
Bernard Warluzelle, professeur de physique à
La Verpillière, qui a perdu sa mère, le 16
mars
Bérangère Verdet, élève de 1 e ES à La
Verpillière, qui a perdu son père, le 23 mars
Isabelle Feron, animatrice spirituelle du 2d
cycle, montée Saint-Barthélemy, qui a perdu
son beau-père, le 3 avril
Françoise Léal, institutrice de 9 e2 à La
Solitude, qui a brutalement perdu son mari,
le 9 avril
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