Performance - Splendor Films
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Performance - Splendor Films
e c n a m Perfor De Nicolas Roeg et Donald Cammell Sortie le 12 mai 2010 en copies neuves DISTRIBUTION Splendor Films 8, rue Molière - 93100 Montreuil [email protected] 01 42 87 92 67 PRESSE Anne-Charlotte Bappel [email protected] 06 20 34 69 21 01 48 70 39 73 Rédaction : Louis Gauthier ,7ème promotion Distribution-Exploitation de la Fémis FICHE TECHNIQUE ET ARTISTIQUE Titre original : Performance Royaume-Uni – 1970 – 1h45 Format image : 1 :85 (couleur) Son : Mono Copies VOSTFR Visa n°37685 Réalisateur : Donald Cammell et Nicolas Roeg Producteur : Sanford Lieberson et David Cammell, Scénariste et dialogue : Donald Cammell Chef opérateur : Nicolas Roeg Décors : John Clark Genre : Drame, Musical Interprètes James Fox - Chas Mick Jagger - Turner Anita Pallenberg - Pherber SYNOPSIS A Londres, dans les années 60, au cours d’un règlement de comptes, Chas Devlin, un truand, abat un homme. Poursuivi à la fois par les autres membres du gang et par la police, il trouve refuge chez Turner, un musicien de rock autrefois célèbre, qui vit avec deux femmes, Pherber et Lucy, dans le quartier de Nothing Hill. Chas va entretenir une relation étrange avec Turner et découvrir un monde qu’il ignorait jusqu’alors. CONTEXTE DE LA SORTIE Coréalisé par Nicolas Roeg et Donald Cammell, ce film est un témoignage exemplaire du travail à deux. Cammell, très limité techniquement, s’est chargé de la direction des acteurs et Roeg s’est occupé de la caméra et de la direction de la photographie. Pourquoi trouve-t-on une major américaine à l’origine de ce projet? La Warner voulait un film qui capte les nouvelles tendances chez les jeunes pour attirer ce nouveau public qui n’allait pas dans les salles. La perspective d’avoir Mick Jagger au casting fut un argument essentiel pour les producteurs. En s’appuyant sur Mick Jagger et par conséquent sur la popularité des Rolling Stones, la Warner espérait toucher ce public et répondre à ses envies. Malgré la contrainte d’un budget très limité, une liberté totale a été laissée par la Warner à Roeg et Cammell. Une fois fini, le film a été envoyé aux pontes de la Warner. Leur réaction ne se fit pas attendre, ils furent horrifiés par la violence et les scènes de débauches. De plus, le fait que Mick Jagger ne fasse son apparition dans le film qu’au bout de 40 minutes les agaça au plus haut point. La Warner ordonna de remonter le film en coupant les scènes en cause et en avançant l’arrivée de Mick Jagger. Ce film trainera durant son tournage une réputation sulfureuse. James Fox qui joue Chas est mêlé à des cambriolages avec les voyous qui jouent leur propre rôle dans le film. Les techniciens se plaignent de maux dûs aux vapeurs de drogues sur le plateau. La découverte de scènes pornographiques par la production achèvera la réputation de Performance. Au moment de sa sortie aux Etats-Unis en 1970, soit deux ans après sa sortie initialement prévue, Performance connaît un accueil catastrophique. Il est qualifié de film vide ou de « pire film jamais vu ». Le film survivra grâce aux « midnight show circuit » (projections de films considérés de séries B destinés à une audience jeune) et gagnera peu à peu ses galons de film culte. LE SWINGING LONDON et LES FRERES KRAYS Le « Swinging London » est à l’origine un titre de Time Magazine (1966). Il explique pourquoi Londres était alors devenue la capitale de la culture et de la mode pour le monde entier. C’est une période qui marque aussi la rencontre entre les classes supérieures bohèmes et les prolétaires embourgeoisés grâce à leurs succès artistiques. Cammell, alors artiste et dessinateur, vivait dans le quartier de Chelsea, véritable antre du dandysme et de la décadence. Fasciné par la cohabitation entre les hippies et les criminels du coin, Cammell vrai « Swinging Londoner » décide d’écrire sur le « Swingin’ London ». Ami avec l’un des guitaristes des Stones Brian Jones, il est amené à rencontrer les acteurs principaux du film : Mick Jagger et Anita Pallenberg l’ex petite amie de Brian Jones (celle-ci sortira avec Keith Richards au moment du tournage). Il s’inspire aussi des faits divers du moment et notamment des voyous qui font les gros titres. Les frères Krays Reginald et Ronald servent ainsi de modèle pour les voyous décrits dans le film. Impliqués dans le crime organisé durant les années 50 et 60 et véritables patron de l’East End (où se passe la première partie du film) grâce à leurs multiples boîtes de nuits, ils s’affichent avec des stars comme Frank Sinatra ou Judy Garland et des personnalités politiques. De même, ils n’hésitent pas à avoir une certaine notoriété médiatique en donnant des interviews à la télévision et en étant photographiés par David Bailey, le photographe de mode. Ils seront arrêtés en 1968 et emprisonnés à vie pour vols à main armée, incendies criminels, rackets et meurtres. INFLUENCES ET MESSAGES Le film a de multiples influences : Jean Genet, Antonin Artaud, Nabokov (le roman La Méprise sur le thème du double) mais Donald Cammell s’appuie essentiellement sur Borges. Le film est truffé de références à son œuvre : dans la première partie du film, les gangsters lisent Borges pendant leur pause-café, le thème borgésien de l’homme double est le socle du film avec la fusion entre Chas (personnification de la violence) et Turner (symbole du pacifisme). De même, le montage reprend l’idée que « les événements sont liés sur différents temps et sur différents individus ». Performance essaie de transcender tous les genres et contre-cultures de cette époque. On pourrait considérer le film comme kitsch avec l’usage psychédélique des drogues, la musique, le style vestimentaire, le décor marocain mais la force de ce film réside dans son message sous-terrain « Rien n’est vrai, tout est permis ». BIOGRAPHIE DES REALISATEURS NICOLAS ROEG Nicolas Roeg est né à Londres en 1928. Il entre dans le monde du cinéma dans les années 40. Durant les années 60, il devient directeur de la photographie et travaille avec Richard Lester, François Truffaut (sur Fahrenheit 451) et Roger Corman. Il démarre une carrière de réalisateur au début des années 70. Au moment de la sortie de Performance, Nicolas Roeg s’occupe de son premier projet solo Walkabout, il connaîtra son heure de gloire dans les années 70 avec Don’t Look Now, The Man Who Fell to Earth (on retrouve dans ce film une rock-star: David Bowie) et Bad Timing: A Sensual Obsession (avec une autre star du folk : Art Garfunkel). Roeg est principalement reconnu pour son style visuel très marqué et ses expérimentations. Pour exemple, il développe le montage en cutup cherchant à retrouver le style littéraire de William S. Burroughs et Brian Gysin. DONALD CAMMELL Donald Cammell est né en 1934. Il est issu d’une famille aisée où le père est un esthète passionné d’ésotérisme qui publiera une biographie d’Aleister Crowley. A l’âge de 20 ans, Donald se lance dans la peinture mais la découverte du mouvement de La Nouvelle Vague le convainc de la modernité artistique du cinéma. S’impliquant dans le mouvement du Swinging London il évolue dans les milieux mods, rockers et undergrounds. Performance est sa première expérience. Par la suite, il réalisera seul en 1977 Demon Seed puis White of the Eye et Wild Side. Il se suicidera en 1996 à l’âge de 66 ans. Interview de Donald Cammell par David Del Valle Watchdog Magazine, juin 1998 James Fox joue un rôle très important dans votre deuxième film Performance ? Bien sûr, ce rôle a changé sa vie et la mienne, Performance est le chant du cygne du « Swinging London » et il n’a pas été vraiment un succès à sa sortie. La Warner n’a rien fait pour. Qu’est-ce que la Warner a modifié au film? Lorsqu’ils ont vu le tout premier montage, ils étaient consternés car Jagger n’apparaissait à l’écran que passé la première heure du film. Alors dans une tentative vaine, j’ai essayé de sauver mon travail, j’ai remonté trois fois le film le réduisant de plus en plus. Pendant ce temps-là, Nicolas Roeg était complètement absorbé par Walkabout, et ne voulait pas être mêlé à ça. Quelle a été la réaction de Roeg lorsqu’il a vu le dernier montage? Il voulait qu’on retire son nom du générique parce que d’après lui trop de libertés avaient été prises. Vous devez bien comprendre que ce film a été une collaboration, c’est-à-dire que j’ai écrit le scenario, le concept et j’ai dirigé les acteurs. Nicolas a fait ce qu’il savait le mieux faire : la photo. Ça vous ennuie que Roeg se partage une part de l’oeuvre en étant crédité sur Performance ? Je ne veux pas remettre en cause le travail de Nicolas mais je n’ai qu’une chose à dire : Nicolas a continué à faire des films grâce au prestige que le film a eu et quand vous savez que le projet s’est appuyé sur mon amitié avec Mick Jagger et qu’il m’a fait confiance… vous enfoncez le couteau dans la plaie. J’en ai assez dit. Comment vous est venue l’idée de combiner le monde des voyous et l’univers d’une rock star sur le déclin ? En Angleterre, les bas-fonds sont rattachés aux Krays. Les Krays étaient très machos, très dangereux et pas du tout glamour. Le parallèle s’est fait lorsque j’ai vu les Rolling Stones. Au départ, le titre de mon scénario était « The Performers » car chaque personnage était un performer dans tous les sens du terme. Vous semblez peu apprécier les méthodes d’Hollywood J’ai un vrai irrespect et c’est sain. Une des raisons pour laquelle la Warner a détesté ce film est le fait qu’il force le public à considérer leurs différentes personnalités, les divers aspects de la sexualité ce que personne à l’époque ne remettait en question. Nicolas Roeg adore raconter cette anecdote : un des cadres de la Warner lui fit remarquer que « même l’eau du bain est sale dans ce film » en référence à la scène du ménage à trois dans le bain de Turner. La seule réponse que Nick put faire « L’eau est comme ça parce qu’ils prennent simplement un bain ! » A mes yeux, le style cinématographique du film vient de l’école de l’expressionisme psychédélique (Rires) D’accord, peut être que tout le film est de l’expressionisme psychédélique ! Oui, j’aime beaucoup cette idée. Je peux l’utiliser? Plus sérieusement… J’ai montré à John Clark, le directeur artistique, plusieurs œuvres d’artistes comme Aubrey Beardsley et Francis Bacon. Nous voulions délibérément traduire la vision d’un artiste. Tous les films que j’ai pu faire ne seraient rien sans l’art, il faut dire que j’ai à l’origine une formation de peintre. La technique de montage, est à mon avis un mélange entre Alain Resnais et Aram Avakian Vous êtes sûr que vous ne travaillez pas pour les CAHIERS DU CINEMA? (Rires). D’une certaine façon, c’est vrai que c’est ce mélange-là. La précision et la formalité d’un Resnais et le tape à l’œil et le glamour d’Aviakan. Mais de nos jours ce style est considéré comme celui de Nicolas Roeg. Un moment dans le film, Turner dit: « Rien n’est vrai. Tout est permis». Cette citation vient de Nietzsche. Performance parle de dépasser toutes les valeurs. Peut-être que le film est nietzschéen dans le sens où je crois que l’on peut vivre de cette façon. Le film mélange un gangster Néandertalien et une rock star dans une fusion démoniaque. C’est une histoire d’amour très provocante. La marge entre l’amour et la haine est réduite et j’ai voulu montré que là où la violence existe il y a aussi bien de l’amour que de la haine. C’était comment de travailler avec Mick Jagger ? Jagger est Jagger. Sa vie est son art. Le personnage de Turner n’est pas Jaggerien car Mick voulait vraiment devenir une star du cinéma. On a offert à Mick et aux Stones Orange Mécanique mais Mick voulait un rôle solo, loin du groupe. Mais Mick ne joue pas dans Performance, c’est lui tout craché. Après les tournages il gardait le maquillage de Turner. Il a essayé de ressembler à ça pendant des années. La relation entre Mick et Anita était réelle. Ils sont tombés amoureux alors qu’Anita sortait avec Keith Richards. Je n’oublierai jamais la Rolls Royce de Keith garé non loin du lieu de tournage pour venir surveiller sa dulcinée. Alors que Keith venait sur le plateau à la recherche d’une quelconque tromperie, Jagger emmenait Anita au sous-sol pour coucher avec elle, Keith ne se rendait pas compte qu’il était à quelques mètres de l’action ! Jagger arrive assez tard dans le film, son entrée ressemble à celle de Rita Hayworth dans Gilda Plus en Norma Desmond dans Sunset Boulevard. C’est pourquoi Jagger dit : « Pourquoi n’allez-vous pas dans un hôtel ? » quand Fox essaye de louer l’appartement. Ça sonne comme la remarque qu’une pute vieillissante aurait dit à un humble mortel. A la fin du film, après que Chas a tiré sur Turner en pleine tête, c’est Jagger que l’on voit quitter la maison avec ses vieux amis gangsters pour être sans doute tué par eux plus tard. Vous sous-entendiez que Chas a absorbé la personnalité de Turner ? Dans une certaine mesure oui, je pensais à Borges et au torero espagnol El Cordobes qui embrassait le taureau entre les deux yeux avant d’y planter son épée. Jagger est semblable à ce torero. En terme de peintures si vous prêtez attention à la chanson du « Memo de Turner», le personnage de Jagger a déjà revêtu l’identité d’Harry Flowers (dans la perception de Chas). Ainsi, l’absorption à venir semble naturelle. La séquence du « Memo de Turner » est sans aucun doute la première vidéo rock. Vous ne le savez peut-être pas mais j’ai réalisé plusieurs clips rocks ces dernières années. De plus, j’ai participé de façon mineure au montage de Gimme Shelter des frères Maysles.