EFFETS SECONDAIRES ET ROLE INFIRMIER
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EFFETS SECONDAIRES ET ROLE INFIRMIER
Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier -1- C - EFFETS SECONDAIRES1 ET ROLE INFIRMIER EFFETS SECONDAIRES 1. MANIFESTATIONS CLINIQUES - APLASIE MEDULLAIRE - A ) Leucopénie Elle provoque un affaiblissement de l’immunité naturelle contre l’infection. Un des effets toxiques les plus sérieux. Les granulocytes et les neutrophiles sont particulièrement affectés. SOINS INFIRMIERS - Symptômes infectieux. La fièvre ≥ 38° peut être la seule manifestation clinique Infections aux Candidas et Pseudomonas dangereuses si non traitées. Parfois zona. Abcès rectaux. Pneumonies, septicémies. B ) Thrombocytopénie Les plaquettes peuvent diminuer jusqu’à zéro. - Saignements lors de blessures mineures (ponctions veineuses, coupures de rasoir, etc ) Pétéchies, ecchymoses, épistaxis. Saignements d’un organe. Hémorragie cérébrale possible. - - Introduire si nécessaire un isolement protecteur. (se référer aux recommandations de l’U.E.H)2 Surveiller régulièrement la température. Adapter le régime alimentaire. Veiller à une bonne hygiène corporelle, buccale et anale. Maintenir l’intégrité de la peau. Eviter tout risque de refroidissement. Asepsie rigoureuse lors des soins invasifs. Traitements antibiotiques et facteurs de croissance hématopoïétiques selon O.M. Préconiser le repos. Transfuser des plaquettes selon O.M. Surveiller les signes vitaux à intervalles réguliers. Surveiller l’état de conscience, céphalées. Surveiller tout saignement anormal, l’état de la peau (ecchymose, hématome, pétéchies) Surveiller l’aspect des selles, urines, vomissements (présence de sang). Prendre des précautions – ou les enseigner – lors du brossage des dents (brosse souple, ne pas frotter les gencives) et du rasage (rasoir électrique). Eviter les injections intramusculaires. Pratiquer une bonne hémostase lors de ponction veineuse. Prévenir la constipation. Eviter les suppositoires, les ovules et la prise de température rectale. 1 GLAXOSMITH KLINE : compendium des cytostatiques à l’usage du personnel soignant. www.gsk.com Jean-Bernard Pittet, Key Account Manager Hospital, La Picarada 1116 Cottens VD, [email protected] 2 U.E.H Unité d’Epidémiologie Hospitalière : classeur d’hygiène hospitalière février 2000. Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES C ) Erythropénie 2. -2- MANIFESTATIONS CLINIQUES - Fatigue. Pâleur, faiblesse. Dyspnée. Tremblements. Vertiges. Céphalées. Tachycardie. - Nausées. Vomissements qui peuvent être très importants. Déshydratation (qui peut être fatale chez l’enfant). Déséquilibre électrolytique. Inappétence, déficit nutritionnel. SOINS INFIRMIERS - Transfuser des culots érytrocytaires selon O.M. Surveiller les signes vitaux Surveiller tout signe de fatigue, aménager des périodes de repos. Oxygénothérapie selon O.M. Traitement d’érythropoïétine selon O.M. COMPLICATIONS GASTROINTESTINALES A) Nausées, vomissements liés à : - Stimulation des sécrétions gastro-intestinales. Stimulation des contractions de l’œsophage et de l’estomac. Contraction des muscles abdominaux et diaphragmatiques. Stimulation des récepteurs chimiques de l’estomac. Excitation des centres corticaux - - Administrer les antiémétiques selon la prescription avant et après la chimiothérapie et évaluer leurs effets. Instaurer un bilan hydrique si nécessaire. Compenser les pertes liquidiennes. Surveiller le poids. Adapter le régime alimentaire : repas fractionnés. Sucer des cubes de glace. Manger et boire tiède. Eviter ce qui est très sucré, très gras, très épicé et très odorant. Proposer du Coca. Adapter l’alimentation aux goûts du bénéficiaire de soins. Accompagner et soutenir la personne. Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES -3- MANIFESTATIONS CLINIQUES SOINS INFIRMIERS B) Troubles du transit 1) Diarrhée : - Stimulation du tractus intestinal Augmentation de la destruction cellulaire. Toxicité directe sur la muqueuse digestive qui est éliminée. Risque augmenté en cas de chirurgie digestive et de radiothérapie abdominale récentes. - Diarrhée, coliques. (la fréquence de celles-ci indique l’étendue de la destruction cellulaire). Déséquilibre électrolytique. Déshydratation (peut être fatale chez l’enfant). Acidose métabolique. Anorexie, perte de poids, déficit nutritionnel. Douleur aiguë, perforation. - Assurer une alimentation et une hydratation adaptées (régime d’épargne gastrique, sans résidus et pauvre en lactose). Effectuer un bilan hydrique. Surveiller les électrolytes. Administrer des anti-diarrhéiques, antispasmodiques selon O.M. 2) Constipation : - Peut aller jusqu’à l’occlusion intestinale par iléus paralytique. Risque augmenté en cas de traitement par opiacés et antiémétiques (anti TH3 tel Zofran…). - Absence de bruits, de gaz et de selles. - Prévenir la constipation. Adapter le régime. Veiller à une bonne hydratation. Surveiller le transit et les bruits intestinaux. Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES 3. -4- MANIFESTATIONS CLINIQUES SOINS INFIRMIERS TOXICITE SUR LES MUQUEUSES - - Inflammation des muqueuses de l’ensemble du tractus gastro-intestinal (stomatites, oesophagites, mucites…) - Sécheresse de la bouche – brûlure des lèvres, de la bouche, de l’œsophage. Saignements des gencives. Difficulté à ingérer, mastiquer, boire. - Sensation « Grains de sable » dans les yeux. - Vaginites - Conjonctivites… - Ulcérations : (aphtes…) 4. - TOXICITE SUR LES PHANERES - Les cheveux. Les poils (destruction des follicules). Les ongles : fragilité. - Assurer une bonne hydratation. - Surveiller l’état de la bouche. - Soins de bouche (rinçages de type : NaCl 0,9%, eau bicarbonatée). - Eviter le dessèchement des lèvres. - Utiliser une brosse à dents souple. - Déconseiller de fumer (irritation) et de boire de l’alcool. - Eviter les aliments et boissons très acides, très chauds et très épicés. - Proposer une alimentation lisse si nécessaire. - Sucer des cubes de glace en prévention. - Evaluer les douleurs et adapter l’antalgie - Alopécie partielle ou totale. Perte des cils, sourcils, poils (axilliaires, pubiens, etc…. Réversibles à l’arrêt du traitement. - Avertir la personne de ce risque mais aussi de la réversibilité de la situation (éventuellement texture et teinte un peu différentes). Encourager le port d’un chapeau, turban, perruque et conseiller la coupe des cheveux avant le traitement. Conseiller la prise de contact avec un institut capillaire avant le début du traitement. Discuter avec le médecin de l’indication du port du GEL-CAP et/ou de la nécessité de maintenir les doigts au froid (dans de la glace) durant l’administration de la chimio de courte durée. Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES 5. -5- MANIFESTATIONS CLINIQUES SOINS INFIRMIERS TOXICITE SUR LES ORGANES A) Foie - - - Hépatite toxique. Cholostase Foyers de nécroses hépatiques Les signes cliniques d’insuffisance hépatique. Déficience hépatique avec du Méthotrexate® à haute dose (ictère, troubles de coagulation…). - S’assurer selon O.M. d’un bilan hépatique normal avant et après le traitement. D’allure banale : brûlure, dysurie… Parfois plus grave : douleur, fièvre, hématurie (cystite hémorragique). - Hydratation importante. Surveillance du pH urinaire (alcalinisation des urines selon O.M.). Diurèse. Conseiller au bénéficiaire de soins d’uriner régulièrement pour prévenir la stase. Utilisation d’un uroprotecteur selon O.M. Surveillance hématurie, macro ou microscopique B) Système urinaire 1) Vessie : - Toxicité sur la muqueuse vésicaleÆcystite. - - 2) Reins : - Toxicité rénale. - Insuffisance rénale aiguë. La lyse tumorale importante peut entraîner une néphropathie hyperuricémique. - Signes d’une mauvaise fonction rénale, diminution de la diurèse, albuminurie, hématurie microscopique, urémie etc… - Evaluer la fonction rénale avant le traitement selon O.M.. Hydratation importante. Bilan hydrique. Diurèse horaire. Surveillance du syndrome de rétention hydrique. Surveillance du poids 2 fois/jour Alcalinisation des urines selon O.M.. Diurétiques selon O.M. Administrer un antihyperuricémique selon O.M. Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES -6- MANIFESTATIONS CLINIQUES SOINS INFIRMIERS C) Cœur - Cardiotoxicité pouvant aller jusqu’à la cardiomyopathie chronique. Péricardite. Myocardite. Infarctus. - Troubles du rythme. Hypotension, bradycardie. Signes cliniques de : la péricardite, la myocardite, l’infarctus… - Etre à l’écoute des plaintes du bénéficiaire de soins. Surveillance de la fonction cardiaque : signes vitaux, TA, Pls , ECG. Epreuves fonctionnelles selon O.M. D) Poumons - Pneumopathie immunoallergique. Fibrose pulmonaire. - Tableau d’insuffisance respiratoire progressive qui peut évoluer même après l’arrêt du traitement. Dyspnée, détresse respiratoire. Etat fébrile d’apparition aiguë. - - Evaluation de la fonction pulmonaire selon O.M. Surveillance pendant et après le traitement des signes de la fonction pulmonaire (fréquence respiratoire, dyspnée, douleur, température, saturation d’O2…) Administration de corticoïdes et d’antihistaminiques selon O.M. Arrêt du traitement sur O.M. Rx pulmonaire selon O.M. Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES -7- MANIFESTATIONS CLINIQUES SOINS INFIRMIERS E) Organes génitaux - Troubles de la menstruation. - - Risque de stérilité chez l’homme. - Perturbations hormonales. Aménorrhée transitoire ou définitive. « Ménopause chimique ». Saignements vaginaux chez la femme ménopausée. - Gynécomastie. Modification de la libido. - Diminution puis disparition des réflexes ostéo-tendineux des membres. Plus tard troubles fonctionnels : crampes, picotements dans les extrémités, paresthésies, troubles moteurs (diminution de la force, difficulté à la marche). - Validation des connaissances du bénéficiaire de soins et du conjoint (contraception, congélation de sperme, stérilité…). - Observer tous signes de neuropathie et avertir le médecin. Etre attentif aux plaintes. Prévenir les risques d’accidents (chutes…). Eviter l’application de la chaleur et du froid. Administration du traitement spécifique selon O.M. F) Système nerveux - Troubles neurologiques sensitifs et moteurs. - - - Troubles de la vue : diplopie. Ototoxicité : acouphène, surdité. Observer, être attentif à ces signes et à leur évolution. Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES 6. -8- MANIFESTATIONS CLINIQUES SOINS INFIRMIERS CHANGEMENT DE LA PERSONNALITE - Avec les alcaloïdes et les stéroïdes. - Avec l’Ifosfamide 7. - Euphorie avec la prednisone. Dépression avec les alcaloïdes. Encéphalopathie, hallucinations, troubles de la vigilance - - cf. p.2 chap.B - cf. p.2 chap.B - Erythème, urticaire, prurit. Allergies. - Antihistaminique selon prescription. - Phlébite : rougeur, douleur, chaleur du trajet veineux. Sclérose de la veine. - Limiter le nombre de prises de sang et les faire en capillaire si possible. Eviter les injections intra-veineuses directes. Rincer les veines après traitements. Respecter les temps d’injections. Si problèmes : arrêt du traitement. - Avertir la personne. Comparer ces états neurologiques avec le recueil des données prises avant le traitement. Administrer un antidote selon O.M. (bleu de Méthylène) TOXICITE LOCALE A) Extravasation du produit - Escarre dont la guérison est souvent retardée. B) Réaction d’hypersensibilité C) Inflammation de la veine - au niveau du point d’injection avec extension possible. - - Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES 8. MANIFESTATIONS CLINIQUES -9- SOINS INFIRMIERS LE CHOC ANAPHYLACTIQUE - Réaction d’hypersensibilité aiguë et généralisée se manifestant quelques secondes ou quelques minutes après l’exposition à un cytostatique. - Manifestations cliniques de l’allergie qui peuvent évoluer jusqu’au choc anaphylactique. Manifestations cutanées : rougeur, sensation de chaleur, érythème diffus, angio-œdème du visage. Manifestations respiratoires : Bronchospasme, œdème du larynx, oppression thoracique, dyspnée, cyanose. Manifestations cardio-vasculaires : Tachycardie, bradycardie, pâleur, pouls filant, hypotension, coma, mort. Manifestations digestives : Nausées, vomissements, douleurs abdominales type colique, diarrhées. Prévention : - Prémédication sur O.M. avec des corticoïdes et des antihistaminiques. - Contrôler régulièrement TA et Pls. - Respecter le schéma et le débit (lent au début, puis augmenter progressivement si bonne tolérance). - Avoir à proximité un chariot de réanimation. Traitement : - Stopper la perfusion de chimiothérapie. - Brancher la perfusion d’entretien. - Avertir le médecin. - Rassurer le bénéficiaire de soins. - Prendre les paramètres vitaux. Si chute de TA → position Trendelenburg Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier - 10 - FATIGUE3 9. Avec au moins 5 des symptômes suivants : Les symptômes suivants sont présents presque chaque jour pendant deux semaines au cours du mois écoulé : - Fatigue importante, diminution de l’énergie, augmentation du besoin de repos sans adaptation des activités quotidiennes. - Diminution de concentration. Sensation générale de faiblesse ou pesanteur des membres. Manque de motivation ou désintérêt pour les activités quotidiennes. Insomnies ou somnolence. Impression que la qualité du sommeil n’est pas suffisante. Tristesse, anxiété, frustration, irritabilité suite à la fatigue. Oublis. Sensation générale de faiblesse pendant plusieurs heures. Interventions non pharmacologiques : - Fixer des priorités. Déléguer des tâches. Economiser et doser l’énergie. Proposer l’alternance entre activité et repos (l’inactivité augmente la fatigue). Informer l’entourage 3 FOUBERT, Jean . - Influence de la fatigue sur la qualité de vie des patients cancéreux. Journée nationale des soins palliatifs et conférence suisse sur le cancer 2003.- Critères pour l’évaluation de la fatigue provoquée par le traitement (Cella 1998). Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004 Chimiothérapie/ C) Effets secondaires et rôle infirmier EFFETS SECONDAIRES - 11 - MANIFESTATIONS CLINIQUES SOINS INFIRMIERS 10. AUTRES RISQUES Oncogène : Il y a un risque de cancérisation secondaire chez les bénéficiaires traités avec des médicaments cytostatiques. Cela est probablement favorisé par l’utilisation de doses importantes en administration prolongée (en particulier avec les agents alkylants) et par l’association radiothérapie-chimiothérapie. Tératogène : - Orienter sur la nécessité d’une contraception efficace Groupe d’unification des techniques de soins Hôpitaux de stages, U.E.H. de l’I.C.H.V. et HEVs2, septembre 2004