Télécharger le sujet

Transcription

Télécharger le sujet
Voici un plan pour la réponse à la question 1 (que vous pourrez vous exercer
à rédiger) et la réponse à la question 2 rédigée.
Question 1
• Les poètes du corpus célèbrent des objets banals pour diverses raisons.
• La première est explicitée dans le texte – théorique – de Ponge : montrer
que tout sujet a sa place en poésie, même le plus ordinaire (« Tout a droit
de cité en poésie », disait déjà Hugo dans ses Orientales) et exprimer les
« qualités particulières » d’un objet que le lecteur ne discernait même plus, à
cause de la « routine » ; le lui faire redécouvrir, en en faisant l’éloge. Ainsi
Baudelaire affirme : « Il n’est pas d’objet plus profond […] qu’une
fenêtre »… ; le calligramme de C.-F. Panard commence par cette affirmation :
©HATIER
« Nous ne pouvons rien trouver sur la terre, / Qui soit si bon, ni si beau que
le verre » ; le chiffon est « bon garçon, le cœur sous la main »…
• Au-delà de cette raison « littéraire », il en est une autre, plus profonde et
presque philosophique : c’est que ces objets dépassent leur simple réalité
et sont liés à une expérience pour ainsi dire existentielle. Baudelaire affirme
clairement que cette « réalité » l’a « aidé à vivre », « à sentir », dit-il, « que je
suis et ce que je suis » ; la « quincaillerie vogue vers l’éternel », elle fait
« sentir le poids du monde inéluctable » ; grâce au « chiffon », « la vie redevient transparente ». Dans le « verre », on voit « Nager l’Allégresse et les
Ris », qui traduisent une philosophie optimiste de la vie.
• Les poètes du corpus ont ainsi répondu aux objectifs que Baudelaire assignait à la poésie : transformer la « boue » – l’objet banal – en « or » et se
faire le « traducteur, le déchiffreur » des mystères du monde.
Question 2
• Tous ces textes portent comme titre le nom d’un objet banal ou d’une
réalité quotidienne : deux éléments de cuisine (« Le Verre », « Le chiffon »),
un élément de la maison (« Les fenêtres »), un commerce (« Quincaillerie »)
et une fleur : « L’œillet ». Le texte de Ponge est le seul à nommer un végétal,
réalité naturelle, qui ne porte pas la main de l’homme.
• Mais ce n’est pas là sa spécificité essentielle. C’est plutôt par son genre,
sa visée et par son type de discours qu’il se distingue des autres textes du
corpus. Ceux-ci sont en effet des poèmes qui décrivent un objet, qui
mettent en valeur son originalité, souvent sur un ton lyrique ; indirectement
ils sont un peu argumentatifs, puisqu’ils défendent le « parti » de cet objet.
En cela, ils correspondent à ce qu’annonce leur titre.
• Le titre du texte de Ponge laisse aussi attendre une description, celle d’un
« œillet », thème poétique (la fleur est un sujet poétique) ; mais, comme par provocation, il ne nous apprend rien sur l’œillet, qui n’est absolument pas décrit…
Il ne sert que de point de départ à une réflexion sur la poésie – une sorte de
« mini-essai » –, à la fois argumentatif (« je pense que… ») et injonctif : en même
temps qu’il définit la poésie (« une telle recherche pourra […] être appelée
poésie »), il donne des conseils aux poètes (sous forme d’infinitifs). On peut le
considérer comme un véritable art poétique, qui expose la théorie que les
autres textes mettent en pratique, dont ils sont l’illustration. En effet, les
poèmes du corpus répondent à l’exigence de Ponge : « dégager » « les
qualités » d’une « chose – la plus ordinaire soit-elle », puisqu’ils font l’éloge de
réalités quotidiennes et leur donnent leurs lettres de noblesse.
• La surprise que provoque ce décalage entre ce qu’annonce le titre du
texte et son contenu est une stratégie de Ponge pour susciter l’attention et
réveiller l’intérêt de son lecteur.
©HATIER