Véolia Propreté teste un compacteur plus sûr
Transcription
Véolia Propreté teste un compacteur plus sûr
actu déchets Recyclage de papiers cartons À Laneuveville, ce matinlà, les camions de collecte de déchets de l’établissement Véolia Propreté qui desservent l’agglomé ration de Nancy et le sud de la Meurthe-et-Moselle sont restés immobiles. « Cette pause est organisée pour sensibiliser le personnel à la prévention des risques professionnels et réunit également tous les responsables sécurité du grand Est, explique Yves Bertho, directeur de l’établissement. Nous en profitons pour présenter les modifications apportées à l’un de nos compacteurs afin de le rendre plus sûr. » Philippe Obrecht, chargé d’assistances au centre INRS de Lorraine, a conçu le nouveau dispositif de sécurité. Selon lui, l’intérêt est double : suppression des risques d’accidents mécaniques et améliorations ergonomiques prenant en compte l’activité réelle. « La modification du compacteur a fait l’objet d’une convention entre Onyx Est, filiale de Véolia Propreté, et l’INRS, à des fins de test en Cinq niveaux de sécurité sont activés avant d’autoriser la descente d’une personne dans la zone dangereuse. 12 Travail & Sécurité – Mars 2009 situation d’exploitation », précise Anne Leroy, responsable du pôle Veille et Valorisation technologiques de l’INRS. Après essais et validations, les plans, la notice d’utilisation ainsi que les connaissances techniques seront mis à la disposition des entreprises qui souhaitent modifier le même type d’équipement. « Dans cette perspective et afin d’informer les professionnels du domaine, l’INRS prévoit l’organisation de visites sur le site, commente Anne Leroy. Elles s’adresseront notamment aux médias couvrant le secteur d’activité, aux représentants des sociétés de recyclage ainsi qu’aux utilisateurs de la grande distribution. L’objectif est d’équiper le maximum de compacteurs. » Les compacteurs se sont imposés, il y a plus de vingt © Serge Morillon/INRS Avec le recyclage et la valorisation des déchets, le compacteur à emballages s’est imposé. Mais sa technologie met en œuvre un système dangereux. Pour rendre plus sûrs ces équipements utilisés dans la plupart des établissements de la grande distribution ainsi que dans les déchetteries, l’INRS a mis au point, en concertation avec Véolia Propreté, un matériel prenant mieux en compte les conditions réelles d’exploitation. ans, avec la mise en place des circuits de collecte sélective et de recyclage des déchets. Véolia Propreté Laneuveville loue ainsi une centaine de compacteurs répartis dans le sud du département. Les emballages de carton et de papier utilisés dans la grande distribution sont ainsi récupérés pour être valorisés en centre de tri. En réduisant le volume des déchets embarqués dans le caisson de transport, le compacteur abaisse le coût de la collecte. Accidents de compactage Avantageuse sur le plan économique, cette évolution l’est moins sur le plan de la sécurité. Cet équipement est à l’origine de nombreux accidents graves ou mortels. En cause, la technique de compactage insuf fisamment sécurisée sur les sites d’exploitation : le vérin hydraulique horizontal développe une poussée de plus de dix tonnes (1). La base de données Epicéa de l’INRS, alimentée par les enquêtes des agents de la CRAM, répertorie ainsi 27 accidents graves ou mortels survenus entre 1995 et 2002. « C’est à la suite d’un accident mortel survenu en Savoie que la CRAM Rhône-Alpes a sollicité le concours de l’INRS, précise Philippe Obrecht (2). Nous avons alors étudié comment améliorer la sécurité de ce type de compacteur horizontal à chargement manuel. » L’enquête préalable qui a été menée montre que l’accès en zone de compactage est généralement empêché par des protecteurs fixes d’une hauteur de 1,40 m, permettant ainsi un chargement aisé des déchets, ou par des protecteurs fixes et mobiles asservis à la commande du mouvement de compression. Dans ce second cas, le chargement est moins aisé puisqu’il nécessite l’ouverture du protecteur mobile. L’analyse de l’activité réelle montre que dans le premier cas, la hauteur de 1,40 m n’est pas assez dissuasive. L’escalade est en effet aisée pour pratiquer un débourrage, récupérer des déchets ou effectuer une opération d’entretien. Dans le second cas, © Serge Morillon/INRS Véolia Propreté teste un compacteur plus sûr l’asservissement du protecteur mobile est souvent neutralisé pour les mêmes raisons ou pour gagner du temps lors du chargement des déchets. Le principe retenu par l’INRS pour améliorer la sécurité de ce type de compacteur consiste à réduire la fréquence des accès en zone de compactage. « Lorsque ces interventions sont Deux types d’interventions « Débourrage » à partir de la plate-forme • L’ouverture du portillon extérieur d’accès à la plate-forme agit sur un interrupteur à sécurité positive, grâce à une came ; elle commande le recul du presseur et arrête le moteur. • L’escalier, solidaire de la machine, peut alors être descendu jusqu’au sol ; son guidage sert de main courante. • Après l’intervention, la commande d’un nouveau compactage ne peut se faire qu’après avoir refermé le portillon, ce qui rend le circuit de commande à nouveau fonctionnel. La remise en position de l’escalier est laissée à l’initiative du personnel. Intervention en zone de compactage • Pour descendre dans le caisson de compactage, il faut ouvrir le portillon intérieur placé devant l’escalier vertical qui fait office de garde-corps. • L’ouverture du portillon actionne la descente d’un arbre qui bloque le mécanisme de compactage. En position basse, celui-ci actionne un interrupteur de position à manœuvre positive d’ouverture, qui ouvre le circuit d’alimentation de la pompe hydraulique, libère la clé de l’interrupteur de sécurité qui maintient l’escalier. • L’escalier peut être descendu dans la zone de compactage ; un gyrophare signale la présence d’une personne dans la zone dangereuse. • En fin d’intervention, le démarrage volontaire de la machine redevient possible dès que les escaliers et les portillons sont remis en place. nécessaires, nous avons cherché à faire en sorte qu’elles soient faciles et sûres. Nous avons pris toutes les dispositions pour éloigner les personnes des zones dangereuses lorsqu’elles ne sont pas sécurisées », commente Philippe Obrecht. S’adapter à l’activité réelle Le compacteur, en cours d’essai à Laneuveville, a subi des modifications importantes inspirées par ce principe. Au niveau de la zone de compactage, une rampe anti-retour a été mise en place dans l’aire d’évolution du « bélier » équipant le vérin. Elle permet de réduire les phénomènes de « bourrage » et donc de limiter la fréquence des interventions de « débourrage ». Ensuite, un accès et une plate-forme ont été aménagés pour permettre des interventions en différents endroits de la machine. Les accès sont équipés d’escaliers escamotables et la mise en place de gardecorps de protection contre les chutes délimite la plate-forme de travail. Selon le niveau de l’intervention envisagée, l’opérateur peut soit monter sur la plate-forme pour réaliser un « débourrage » de la trémie à l’aide d’une perche, soit monter sur la plate-forme pour descendre ensuite en toute sécurité dans la zone de compactage. La plaque inclinée éloigne l’opérateur de la zone dangereuse et facilite l’évacuation des emballages. En ce qui concerne le poste de chargement, la problématique consistait à éloigner l’opérateur des zones dangereuses. La trémie d’alimentation a donc été équipée d’une plaque inclinée qui facilite la dépose et l’évacuation des emballages vers la zone de pressage, des grilles latérales et arrière complétant la protection périphérique. Après plusieurs mois d’essais, le test de fiabilité réalisé à Laneuveville s’est avéré concluant. « En trois mois, nous n’avons enregistré aucun incident », commente Joël Prévost, cariste, dont le rôle consiste à acheminer les « caisses palettes » de cartons puis à transférer manuellement leur contenu dans le compacteur. Le nouvel équipement a retenu l’attention du groupe Véolia, qui envisage de le proposer à l’ensemble de ses clients. 1. Cf. la fiche pratique de sécurité Prévention des risques en zone de compactage, INRS, ED 124. 2. Lire sur le sujet « Des règles d’accès plus sévères pour les compacteurs », Travail & Sécurité n° 658, p 38-39. Jean-Paul Richez Travail & Sécurité – Mars 2009 13