Fiche pédagogique A mi lado (A mes côtés)

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Fiche pédagogique A mi lado (A mes côtés)
Fiche pédagogique
A mi lado (A mes côtés)
Carte d’identité
A mi lado (A mes côtés)
Nicaragua, 2012
Documentaire, 95 minutes
Réalisateur : Jean-Cosme Delaloye
En 2012, le film a été primé au XVe festival International Icaro et a été sélectionné dans de nombreux
autres festivals internationaux, dont celui de Biarritz.
Synopsis
Située sur 18 kilomètres, au bord du lac Managua au Nicaragua, Cheruca est la plus grande décharge à
ciel ouvert d’Amérique centrale. 1500 personnes y trient les déchets du matin au soir, parmi lesquelles
de nombreuses familles avec enfants. Dans ce milieu des plus hostiles, hanté par la maladie, la drogue et
la violence, se pose de façon vitale la question du lien filial. C’est précisément ce lien qu’A mi lado
interroge, révélant à travers trois histoires particulières la force de ce lien sous des formes très
différentes.
Dans le décor quasiment surréaliste des déchets à perte de vue, nous suivons Dominga, en phase
terminale du Sida, qui s’occupe de sa mère et lutte pour rétablir une relation avec son fils qui lui a été
retiré à la naissance. Fabiola, une jeune fille de onze ans tiraillée entre sa loyauté vis à vis de sa mère et
la tentation de rejoindre une fondation pour l’éducation qui use de toutes les séductions pour la
convaincre d’un avenir meilleur loin de Cheruca et donc de sa famille. Cet avenir meilleur dont rêve
désespérément l’inoubliable Maryuri (19 ans) pour son enfant et son bébé à naître, et cela malgré le
peu de chances que lui laissent la maladie et l’espèce de fatalité de la misère.
Reporter professionnel, Jean-Cosme Deloye était rentré plein d’interrogations sur son métier après avoir
couvert le tremblement de terre en Haïti. C’est sa rencontre avec ces femmes de Cheruca qui l’a
réconcilié avec lui-même, dit-il. A mi lado a été réalisé pour que leurs voix soient entendues, et surtout
ce qu’elles ont à nous apprendre de la vie.
En 2012, le film a été primé au XVe festival International Icaro et a été sélectionné dans de nombreux
autres festivals internationaux, dont celui de Biarritz.
Festival Enfances dans le monde. 20, 21 et 22 novembre 2013. www.enfancesdanslemonde.com
Organisé par le Bureau international catholique de l’enfance, www.bice.org,
au cinéma des 7 Parnassiens, 98, boulevard du Montparnasse, 75014 Paris. www.parnassiens.com
I.
Préparer la projection du film
Avertissement
Il s’agit d’un film avec des images parfois très difficiles, mais qui reflètent simplement la vérité du
quotidien dans cette communauté. Les élèves doivent en être conscients au préalable.
Thématiques abordées
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Droit à l’éducation
Travail des enfants
Droit à la santé
Repères
Chiffres
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215 millions d’enfants travaillent dans le monde. Parmi eux, 115 millions sont soumis à un travail
dangereux. Et 5 millions sont victimes de travail forcé, notamment d’exploitation sexuelle.
(Organisation internationale du travail, journée mondiale contre le travail des enfants, juin 2012)
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En 2010, 7,6 millions d’enfants sont morts avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans. Pneumonies,
diarrhées, paludisme, et absence de vaccination sont les quatre causes majeures de ces décès.
(Rapport conjoint de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Unicef, données sur la vaccination,
2009)
Eléments de contexte
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Le Nicaragua est le plus grand pays d’Amérique centrale. Il compte 6 millions d’habitants. 42%
d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté (Source : Banque mondiale).
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Le travail sur les décharges publiques consiste à séparer ce qui sera recyclé de ce qui ne peut pas
l’être. Ce tri permet aux chiffonniers de revendre des morceaux de plastique ou de métaux. Un
kilogramme de plastique ne rapporte que quelques centimes d’euros.
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Les protagonistes du film :
Luisa Dominga Aragon Morales – 25 ans et son fils Luis Domingo qui a été placé dans un orphelinat
à sa naissance.
Maryuri Arjelika Hernandez Lopez – 19 ans, enceinte de 7 mois ; sa fille de 3 ans - Cynthia
Fabiola Magdelena Garcia Castro, jeune adolescente qui souhaite aller à l’école mais dont la mère
peine à accepter sa démarche.
Priscilla Cisneros Diaz – responsable du centre de formation qui cherche à faire venir Fabiola.
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Ce qu’en disent les textes internationaux
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Le droit à l’éducation est inscrit dans l’article 28 de la convention relative aux droits de l’enfant
adoptée en 1989 à l’ONU :
« 1) Les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer
l'exercice de ce droit progressivement et sur la base de l'égalité des chances :
a) Ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous;
b) Ils encouragent l'organisation de différentes formes d'enseignement secondaire, tant général
que professionnel, les rendent ouvertes et accessibles à tout enfant, et prennent des mesures
appropriées, telles que l'instauration de la gratuité de l'enseignement et l'offre d'une aide
financière en cas de besoin;
c) Ils assurent à tous l'accès à l'enseignement supérieur, en fonction des capacités de chacun, par
tous les moyens appropriés;
d) Ils rendent ouvertes et accessibles à tout enfant l'information et l'orientation scolaires et
professionnelles;
e) Ils prennent des mesures pour encourager la régularité de la fréquentation scolaire et la
réduction des taux d'abandon scolaire.
2) Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour veiller à ce que la discipline scolaire
soit appliquée d'une manière compatible avec la dignité de l'enfant en tant qu'être humain et
conformément à la présente Convention.
3) Les Etats parties favorisent et encouragent la coopération internationale dans le domaine de
l'éducation, en vue notamment de contribuer à éliminer l'ignorance et l'analphabétisme dans le monde
et de faciliter l'accès aux connaissances scientifiques et techniques et aux méthodes d'enseignement
modernes. A cet égard, il est tenu particulièrement compte des besoins des pays en développement. »
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Le droit d’être d’avoir une famille et de connaître ses parents est inscrit dans l’article 7 de la
convention relative aux droits de l’enfant :
1) « L'enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d'acquérir
une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d'être élevé par
eux. »
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Le droit à la santé est inscrit dans l’article 24 de la convention relative aux droits de l’enfant :
1) « Les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de
bénéficier de services médicaux et de rééducation. Ils s'efforcent de garantir qu'aucun enfant ne soit
privé du droit d'avoir accès à ces services.
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2) Les Etats parties s'efforcent d'assurer la réalisation intégrale du droit susmentionné et, en particulier,
prennent les mesures appropriées pour :
a) Réduire la mortalité parmi les nourrissons et les enfants;
b) Assurer à tous les enfants l'assistance médicale et les soins de santé nécessaires, l'accent étant
mis sur le développement des soins de santé primaires;
c) Lutter contre la maladie et la malnutrition, y compris dans le cadre de soins de santé primaires,
grâce notamment à l'utilisation de techniques aisément disponibles et à la fourniture d'aliments
nutritifs et d'eau potable, compte tenu des dangers et des risques de pollution du milieu naturel;
d) Assurer aux mères des soins prénatals et postnatals appropriés;
e) Faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants,
reçoivent une information sur la santé et la nutrition de l'enfant, les avantages de l'allaitement au
sein, l'hygiène et la salubrité de l'environnement et la prévention des accidents, et bénéficient
d'une aide leur permettant de mettre à profit cette information;
f) Développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l'éducation et les services en
matière de planification familiale.
3) Les Etats parties prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d'abolir les pratiques
traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants.
4) Les Etats parties s'engagent à favoriser et à encourager la coopération internationale en vue d'assurer
progressivement la pleine réalisation du droit reconnu dans le présent article. A cet égard, il est tenu
particulièrement compte des besoins des pays en développement. »

Les conditions dans lesquelles une autorité compétente peut décider de séparer un enfant de ses
parents sont définies dans l’article 9 de la convention relative aux droits de l’enfant :
1) « Les Etats parties veillent à ce que l'enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins
que les autorités compétentes ne décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois
et procédures applicables, que cette séparation est nécessaire dans l'intérêt supérieur de l'enfant. Une
décision en ce sens peut être nécessaire dans certains cas particuliers, par exemple lorsque les parents
maltraitent ou négligent l'enfant, ou lorsqu'ils vivent séparément et qu'une décision doit être prise au
sujet du lieu de résidence de l'enfant.
2) Dans tous les cas prévus au paragraphe 1 du présent article, toutes les parties intéressées doivent
avoir la possibilité de participer aux délibérations et de faire connaître leurs vues.
3) Les Etats parties respectent le droit de l'enfant séparé de ses deux parents ou de l'un d'eux
d'entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents, sauf
si cela est contraire à l'intérêt supérieur de l'enfant. »
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Enjeux
Quelques pistes pour appréhender la complexité de la situation :
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Le travail des enfants représente une réalité sociale et économique importante. Dans certaines
situations familiales, il est indispensable à la survie du foyer. L’interdiction pure et simple du travail
des mineurs peut donc se retourner contre les enfants les plus pauvres.
D’après la convention relative aux droits de l’enfant, les Etats doivent se donner les moyens
d’assurer la formation scolaire et professionnelle des enfants d’une part, de lutter contre
l’exploitation par le travail d’autre part. Dans les faits, les Etats ne déploient pas toujours les
moyens nécessaires pour respecter cet engagement.
Le droit à la santé est un droit particulier : il se rapporte à la fois à des personnes et à des
institutions qui régissent l’organisation de la société.
La convention relative aux droits de l’enfant prévoit de « développer les soins de santé préventifs
et les conseils aux parents. » En effet, la santé des enfants se trouve nettement améliorée lorsque
les parents ont eux-mêmes reçu une éducation à la santé, connaissent l’importance de suivre
scrupuleusement les ordonnances du médecin et savent lire une notice de médicament.
Il est difficile de définir des critères objectifs pour décider que l’intérêt supérieur de l’enfant est
d’être retiré de sa famille. Par ailleurs, le maintien du lien mère-enfant dépend également des
efforts que les autorités compétentes ayant décidé du retrait de l’enfant sont prêtes à déployer.
Ressources à exploiter
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Site du film : www.amiladodocumental.com
Blood relative, autre film du festival, projeté le jeudi à 9h, qui aborde le droit à la santé.
Convention relative aux droits de l’enfant.
Contenu pédagogique pour l’éducation aux droits de l’homme avec les enfants. Thème 4 :
l’éducation et les loisirs.
Données de la banque mondiale sur le Nicaragua.
DEKEUWER-DEFOSSEZ, Françoise. Les droits de l’enfant. Collection Que sais-je, Presses
universitaires de France, 2010.
LAUDE, Anne ; MATHIEU, Bertrand ; TABUTEAU, Didier. Le droit à la santé. Presses universitaires
de France, 2009.
PILON, Marc ; MARTIN, Jean-Yves ; CARRY, Alain (Dir.). Le droit à l’éducation. Quelle
universalité ? Editions des archives contemporaines, 2010.
GERMAIN, Christian ; JARDE, Olivier. L’enfant et ses droits au cœur de la famille. Editions JeanClaude Gawsewitch, 2009.
Ressources de l’Unesco sur le programme « l’éducation pour tous », lancé en 2006, qui définit 6
objectifs à atteindre d’ici 2015.
Le combat de Malala Yousafzaï, 16 ans, que les talibans ont tenté de tuer pour son engagement
en faveur du droit à l’éducation.
Unicef, Rapport 2012 sur la situation des enfants dans le monde.
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II.
Vérifier la bonne compréhension du film
L’enseignant pourra interroger ses élèves en utilisant les questions ci-dessous.
« Digérer » le film
1)
2)
3)
4)
5)
6)
Quelles sont les images qui vous ont le plus marqués dans le film? Pourquoi ?
Considérez-vous que ce documentaire est un film violent ? Où cette violence se loge-t-elle ?
Quelles images et scènes évoquent l’importance du lien mère-enfant ?
Pourquoi Fabiola et son frère souhaitent-ils tant aller à l’école et étudier ?
Quelles images évoquent le droit à la santé ?
Les enfants qui travaillent sur la décharge sont-ils exploités ? Par qui ? Pourquoi ?
Cerner les enjeux
1) Remplir le tableau suivant « avantages et inconvénients d’un placement, à l’orphelinat pour Luis
Domingo, ou au centre de formation pour Fabiola ». Le texte grisé correspond aux réponses que les
élèves doivent trouver eux-mêmes à partir de ce qu’ils ont vu dans le film.
Avantages pour Luis Domingo et Fabiola
Avoir un toit, un lit, des repas.
Accès à la scolarité et aux soins de santé.
Inconvénients pour Luis Domingo et Fabiola
Altération du lien mère enfant.
Pour Luis Domingo, impossibilité de créer une
relation avec sa mère qu’il ne voit jamais et qu’il
« rencontre pour la première fois » au cours du
film.
Pour Luis Domingo, bénéficier d’un environnement Pour Fabiola, culpabilité d’avoir laissé sa Maman
psycho-affectif plus sûr que s’il était resté avec sa seule et de ne plus l’aider au quotidien.
Maman droguée et très gravement.
Pour Fabiola, accéder à son rêve d’aller à l’école et Difficulté à connaître ses origines car l’orphelinat
pouvoir croire en un avenir meilleur.
et le centre de formation, très protecteurs,
affaiblissent le lien avec la famille et la
communauté d’origine.
…
…
2) Listez les raisons pour lesquelles les familles du documentaire continuent à travailler sur la décharge
de Cheruca. Le texte grisé correspond à des réponses possibles.
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Pas de qualification permettant d’espérer avoir un autre métier.
Les bidonvilles dans lesquels vivent les familles se trouvent juste à côté de l’immense décharge.
Aller travailler ailleurs signifierait travailler loin de chez soi, ce qui semble compliqué avec des
enfants en bas âge.
Impossibilité d’emprunter de l’argent pour chercher du travail ailleurs et éventuellement
déménager.
L’enfant a moins conscience du danger que les adultes. Il n’aborde pas le tri des déchets comme
un travail dangereux.
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3) Pour quelles raisons les enfants présentés dans le documentaire ne vont-ils pas à l’école ?
4) L’interdiction du travail des enfants peut-elle constituer une solution ?
5) Apprendre à lire et à écrire constitue une grande chance pour les enfants. Est-ce suffisant pour
considérer que leur droit à l’éducation est respecté ?
6) Le droit à la santé consiste-t-il à être en bonne santé ? A avoir accès aux soins ? A ne pas subir de
situations dangereuses pour la santé ?
7) Luis Domingo a été retiré à sa mère lors de sa naissance. Pourquoi ? Quelles en ont été les
conséquences pour sa mère ?
8) La convention relative aux droits de l’enfant, adoptée en 1989 par la quasi-totalité des pays du monde,
stipule que « l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale » dans toutes les
situations qui le concernent. Comment expliqueriez-vous ce qu’est l’intérêt supérieur de l’enfant ?
Appuyez-vous sur les situations évoquées dans le film pour répondre à la question.
9) Peut-on soustraire un enfant à son milieu familial au nom du droit à l’éducation ? Argumentez.
III.
Poursuivre la réflexion et ouvrir le débat
Quelques pistes de débat ou de travaux de recherches pour continuer la réflexion avec vos élèves.
1) Où placer la limite entre un travail digne et un travail qui exploite l’enfant ? Appuyez-vous sur les
rapports et données de l’Organisation internationale du travail pour recenser les formes de travail
vécues par les enfants et, parmi elles, celles qui sont acceptables et celles qui ne le sont pas.
2) Le travail que font les familles à Cheruca existe-t-il sur les décharges des pays occidentalisés ?
Pourquoi ? Comparer la gestion des déchets dans un pays comme le Nicaragua et dans un pays comme
la France. Dans chaque cas, listez les conséquences en termes sanitaire, économique, social, etc.
3) A la lumière du texte complet de la convention relative aux droits de l’enfant, proposer aux élèves
d’effectuer des recherches sur les étapes et dispositifs de placements des enfants en France ainsi que
sur les différentes autorités qui interviennent. L’intérêt supérieur de l’enfant est-il pris en
considération ? Les droits de l’enfant vous semblent-ils respectés ?
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