Les Vacances de Cacyreus marshalli
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Les Vacances de Cacyreus marshalli
La Gazette des Jardins – N° 33 - septembre 2000 Les Vacances de Cacyreus marshalli Chère Joelle, cher Michel, cher Jean-Paul, Il y a quelques jours, nous avons reçu une carte postale de vacances venant d'Antibes. Bizarre. Qui dans notre entourage aurait pu passer dans la région sans venir nous rendre visite ? Donc Bizarre. Comme toutes les cartes, elle n'était pas arrivée tout de suite puisqu'elle était datée du mois de juillet. Mais il nous a semblé intéressant de vous en faire parvenir une copie. En effet, elle ressemblait moins à une carte postale de vacances qu'à une lettre de … Mais, lisez plutôt. Hola Edith, Hola Pascual, Que tal, mue bien… Vous ne me connaissez pas encore très bien et c'est pour cette raison que je me permets de vous écrire ces quelques mots afin de me présenter. Vous m'avez certainement remarqué pendant ces belles journées d'été sur ou près de vos géraniums ou de vos pelargonium. Vous vous êtes certainement dit en me voyant : "Oh, t'as vu, dis, t'as vu, ça marche la lutte bio. T'arrêtes les traitements et t'as toute la faune qui avait disparue qui revient, t'as vu, y' a même des papillons. Oh il est joli celui-là, non ?". Grossière erreur, mes amigos, vous n'aviez pas affaire à un jolie, mignon, inoffensif, fragile et tendre papillon mais A LOS papillones de l'année. Celui qui fait trembler les grands-mères de Catalogne, des Baléares, de Toulouse, de Montpellier et depuis cette année de Cannes, Antibes, Nice et j'en passe des meilleurs. Mais parce que j'ai oun physique de rêve, elles ne se méfient pas, elles me laissent venir, butiner à droite à gauche sans comprendre que je ponds et reponds sans cesse. En effet, je suis un papillon d'environ 1,8 à 2,7 cm d'envergure. Le dessus de mes ailes est brun avec à la périphérie une frange qui alterne le blanc et le marron. Le dessous de mes ailes est recouvert de dessins brun et gris bleuâtre soulignés de blanc. Ce qui me caractérise, c'est la présence d'une digitation très fine en bas de mon aile postérieure et une tache noire juste au dessus. Je suis un papillon diurne, j'aime le jour, le soleil et la chaleur. Je sors d'ailleurs les jours les plus chauds pour le grand plaisir des humains qui ne voient en moi qu'un petit être frêle et charmant. S'ils savaient. Quando soufras, ma c'est dans ma nature. Je ne suis pas un de ces hidalgo aux yeux de braise. Je ne suis pas un de ces papillons de nuit qui vole à la luna loca. Peut-être est- ce que cela vient de mes origines sud- africaines… J'aime les fleurs de géranium et je les aime tellement que je ponds mon œuf à proximité ou dans les boutons de fleurs. Ils sont arrondis et aplatis, largement décorés. Ils mesurent 0,5 mm de diamètre et 0,3 mm de hauteur. Ma chenille éclos et ressemble beaucoup à toutes les chenilles de mes congénères de la même famille : les Lycaenidae. Elle est très courte ( 5 mm de long), trapue et d'abord blanche avec une ligne verdâtre qui s'accentue avec l'âge. A partir des deux derniers stades larvaires des bandes longitudinales roses apparaissent. Tout son corps à l'exception de la face ventrale est recouvert d'une forte pilosité blanche. En vieillissant, ses couleurs deviennent plus voyantes. Ma chrysalide est de couleur vert clair à vert foncé et devient marron un ou deux jours avant l'éclosion. Il y a quatre stades larvaires. A l'éclosion, ma petite larve pénètre dans le capitule de la fleur et s'y alimente. A partir du second stade, elle peut y rester ou migrer vers la tige où elle perforera un trou pour pénétrer et des galeries pour se nourrir. Vous pourrez alors repérer des petites crottes noires dans les galeries et à proximité de la fleur. Il vous faudra compter cinq ou six générations de las ninas par an. Les fleurs de géranium noirciront et se dessécheront de même que les tiges et la plante tout entière et vous n'aurez aucune difficulté a repérer les trous d'entrée de mes larves tout le long de la tige. Je ne suis pas oun traitre, il existe des méthodes pour m'empêcher de me développer ma, elles ne sont pas simples et pas forcément très efficace. Vous pouvez tout d'abord supprimer les inflorescences de vos géranium et pélargonium dès que vous observez ma présence. La lutte chimique est encore plus compliquée. Je vous imagine aisément me courant après armé de votre petit pulvérisateur renfermant les molécules chimiques les plus dangereuse et les plus toxiques, surtout pour vous. Ma quel clown, ridicoule… Quant à mes larves, essayez donc de les atteindre quand elles sont bien tranquilles et bien protégées dans leur galerie... En plus, il n'existe aucun produit homologué que vous puissiez utiliser. Alors, asta luego, amigos Cacyreus marshalli Suite à cette carte postale, nous avons pris quelques renseignements. Il n'existe effectivement aucun produit homologué contre ce nouveau ravageur mais le service régional de la protection des végétaux recommande l'utilisation de trois molécules chimiques normalement homologuées sur noctuelles : la Betacyfluthrine, la Cyfluthrine ou la cyperméthrine. Il vous faudra renouveler le traitement toutes les deux ou trois semaines sur les jeunes chenilles avant qu'elles pénètrent dans la tige. Il n'est pas interdit non plus d'essayer le Bacillus thuringiensis moins toxique et plus bio. La bactérie peut être utilisée sur les jeunes stades larvaires du papillon de la même manière que les molécules chimiques. Cacyreus aimant la chaleur, ses attaques devraient s'arrêter avec le retour des températures plus fraîches. Mais dors et déjà, préparez-vous pour la saison prochaine. Il a encore pas mal de beaux jours devant lui… La Gazette des Jardins – N° 33 - septembre 2000 La dentellière de l'Eucalyptus : Gonipterus scutellatus L'Eucalyptus a aussi sa dentellière. Peut-être l'avez vous repéré cette année sur vos arbres ? A partir du mois de juin, les feuilles sont minées, puis trouée, puis dévorées par un petit insecte roux appartenant au groupe des charençons : Gonipterus scutellatus. La larve est jaune brillante avec deux rayures noires le long du corps et des bandes transversales de points noirs. Elle creuse des mines dans les feuilles les plus tendres pendant son développement. On la repère par la présence d'excréments dans les galeries. Quant à l'adulte, il se nourrit en grignotant les feuilles plus âgées. Gonipterus est apparu en France pour la première fois en 1977 et ses populations n'ont pas cessé de se développer sur la Côte d'Azur. Outre les dégâts esthétiques, les attaques répétées de cet insecte peuvent conduire à un affaiblissement de l'arbre sur plusieurs années. En 1978, son parasite : Patasson nitens a été introduit en Ligurie et a suivi la progression du ravageur vers nos côtes. Il est encore présent dans notre région et dans toutes les zones où sévit le charançon. Il n'est donc pas nécessaire de traiter ou d'intervenir de quelques manières que ce soit contre cet insecte. Ecrit par Edith MÜHLBERGER et Pascal MAIGNET