Cela peut réussir… Cela réussit… Y avez-vous pensé

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Cela peut réussir… Cela réussit… Y avez-vous pensé
La Baume. Atelier Pratique du Métier.
Madeleine, Lucienne, Dominique, Simone, Jean.
Nous relevons que la pratique actuelle du métier implique la construction d’équipes
pédagogiques et éducatives. Ces équipes sont importantes pour la cohérence vis-à-vis des
élèves, le soutien à chacun des membres, le projet qu’elles portent qui permet à un membre
nouveau de se situer dans un établissement. Les contractuels et les titulaires de zone s’en
rendent compte particulièrement. Certains parmi eux ont des idées novatrices qu’ils essaient
d’appliquer.
Nous faisons le lien avec ce qui s’est vécu en 1968 : nous faisons le constat d’une école en
crise, parce que la société est en crise et que les enseignants sont divisés. La question qui se
pose, c’est comment exercer son métier en situation de crise.
Un des aspects de cette crise est cette rumeur que l’école ne sert à rien. Depuis 4 ou 5 ans un
discours discrédite l’école. « Ils ne sont profs que pour la sécurité de l’emploi ».
Dans certains lieux les enseignants ne peuvent pas compter sur l’administration. Alors
quelquefois, la survie, c’est la coquille dans laquelle chacun s’enferme : on ne parle plus des
problèmes, « tout se passe bien dans ma classe ».
Certains jeunes enseignants sont sur le point de démissionner. Pourtant beaucoup de jeunes
profs essaient de faire le plus sérieusement possible leur formation à l’IUFM, et envisagent
positivement leur métier.
Comment sont constituées les classes dans l’école obligatoire? Il s’y retrouve souvent des
publics trop homogènes : les élèves en difficulté sont très souvent ensemble. [à approfondir :
problèmes d’habitat, Pourquoi un élève n’appartiendrait-il pas à une classe et à un groupes de
besoin ?…]
Nous relevons qu’il n’y a pas de travail scolaire aujourd’hui sans travail sur les motivations
des élèves. Le point d’accroche est à rechercher sur chaque sujet étudié. Il serait nécessaire
que des activités à option soient proposées.
Les élèves ne s’entendent pas forcément, mais certains se désolent de cette impasse dans
laquelle ils sentent l’école, et dans laquelle ils sont. Mais ceux-là n’ont pas les arguments (ni
les mots) pour le dire et demander aux autres que cela change.
Les équipes d’enseignants chrétiens sont très importantes par l’échange en vérité qu’elles
permettent. Proposer des équipes à des jeunes est une manière de répondre à leurs questions.
Mais il faut avoir conscience de leur multi-appartenance à des groupes divers. C’est une autre
manière de dire « c’est les mêmes qu’on rencontre partout », mais c’est beaucoup plus positif.
A titre d'illustration, nous reproduisons ci-dessous un questionnaire issu de la dernière
session "actifs", en août 2006.
Cela peut réussir… Cela réussit… Y avez-vous pensé ?
Durant notre session à Châtel, du 21 au 24 août 2006, nous nous sommes regroupés en
4 ateliers permettant de faire le partage d’expériences réussies à l’école primaire, au collège,
au lycée professionnel et au lycée. Leurs présentations seraient trop longues, mais nous nous
sommes vite aperçus qu’elles présentaient des points communs et que leur succès dépendait
souvent de questionnements préalables, dont nous vous livrons ci-dessous une tentative de
synthèse.
Mise en place de stratégies collaboratives
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Entre personnels éducatifs et éducateurs
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Ai-je pris le temps de savoir ce qui se fait déjà dans le quartier et qui peut m’aider à
bâtir mes séquences ou un projet ?
Ai-je contacté le ou les enseignants que je sens les plus intéressés et les plus concernés
par mes idées ou mes projets ?
Ai-je contacté le ou les intervenants extérieurs à l’établissement (centre social,
associations…) que je sens les plus intéressés et les plus concernés par mes idées ou
mes projets ?
Suis-je prêt à travailler en collaboration dans une même classe, en perdant la maîtrise
d’une partie des apprentissages, en faisant des concessions sur mes pratiques ?
La question des moyens (disponibilité et temps requis de la part des différents
intervenants, financements éventuels) a-t-elle été clairement abordée pour éviter toute
ambiguïté ?
Un projet étant prêt, ai-je mis au courant les autres adultes concernés, surtout s’ils
n’interviennent pas directement – et notamment les parents d’élèves ?
Le responsable administratif pense-t-il soutenir le projet ? Comment ?
Ai-je envisagé un dispositif d’évaluation permettant à tous ceux qui ont travaillé au
projet et l’ont mis en œuvre d’en faire un bilan (chacun de son point de vue, puis
collectivement) ?
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Entre élèves
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Ai-je précisé le rôle de chacun ?
Comment le travail des uns va-t-il servir aux autres ?
Quelles sont les places respectives données au travail individuel et au travail en
équipe ?
Quelle est la production ou les transformations attendues pour chacun ?
Quelle articulation dynamique le projet suscitera-t-il entre le scolaire et l’éducatif ?
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Entre personnels et élèves
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Ai-je pris le temps de connaître suffisamment les parcours de mes élèves (qu’ont-ils
fait avant ?) et de recueillir leurs questionnements afin de bâtir un projet qui réponde à
leurs attentes ?
Ma (notre) proposition de travail comporte-t-elle une « partie élève » et une « partie
professeur » ?
Ai-je précisé les modalités d’évaluation : celui ou ceux qui la réalisent, ce sur quoi elle
porte, les suites qui lui seront données ?
Si d’autres acteurs ont une place (parents, intervenants, témoins….), est-elle connue de
tous ?
Le projet peut-il se réaliser, tout ou partie, en dehors de l’école ? Qu’est-ce que cette
délocalisation va provoquer ?
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Pour l’initiateur – coordonnateur du projet
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Ai-je pris le temps de faire une auto-évaluation ?
Ai-je pensé à quantifier et à planifier mon action pour que celle-ci ne déséquilibre pas
trop ma vie ?
Suis-je resté le même avant, pendant et après l’action ?
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A chaque élève son projet
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Une place a-t-elle été faite au cours de l’année pour que chacun se présente ?
Un adulte a-il pris connaissance de la situation, du projet de chaque élève, selon une
démarche spécifique ?
Des activités d’information ou d’apprentissage ont-elles été différenciées selon le
projet de chaque élève et selon ses capacités ?
Chaque jeune a-t-il constitué un dossier personnel concernant son avenir ? Comment ?
Le responsable de l’orientation d’un jeune connaît-il la personne la plus proche du
jeune ?
Le responsable de l’orientation d’un jeune a-t-il rencontré son responsable civil ?
Quand l’élève est majeur, une copie de son bulletin a-t-elle été envoyée aux parents ?
Quand ses parents sont ses responsables légaux, une copie de son bulletin a-t-elle été
remise au jeune ?
Du temps a-t-il été prévu et organisé pour que chaque élève puisse faire, au(x)
moment(s) opportun(s), un bilan personnel ?
Chaque élève a-il pu exprimer à quelqu’un les différentes possibilités qui s’offrent à
lui pour l’année suivante, et ses préférences ?
L’expérience des « aînés » a-t-elle été sollicitée pour aider les plus jeunes à s’informer
et à faire des choix raisonnés ?
Toutes ces questions peuvent être déstabilisantes et nous pousser à moduler, voire à
changer nos pratiques. Elles montrent également la place centrale des élèves dans la
construction de leur savoir ainsi que la nécessité de décloisonner au maximum nos
enseignements pour donner du sens à l’apprentissage des savoirs, des savoir-faire et
des savoir-être.