en savoir plus - L`écran de Saint Denis
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samedi 8 février/écran 2 samedi 8 février/écran 1 13:30 BRAZIL DE TERRY GILLIAM ROYAUME-UNI/1985/COULEUR/2 H 12/VOSTF/35 MM AVEC JONATHAN PRYCE, ROBERT DE NIRO, KIM GREIST, MICHAEL PALIN, KATHERINE HELMOND Fonctionnaire modèle d’une sinistre mégalopole, Sam Lowry a des problèmes avec sa mère, et plus encore avec son employeur, l’État, omniprésent et tout-puissant. Pour couronner le tout, des songes bizarres l’entraînent chaque nuit sur les ailes d’Icare, à la recherche d’une jeune femme, blonde et inaccessible. « Cette histoire kafkaïenne de bureaucrates fous qui se cannibalisent à l’infini, ce monde surcloisonné et totalement intestinal qui se déglingue par ses tuyaux d’aération et ses messages codés, ce fantasme peuplé de complexes d’Œdipe galopants, de personnages triples, d’identités interchangeables, de paperasseries infernales devenues déesses ex machina, de géants intermittents, de gadgets et de hiéroglyphes infonctionnels décrivent moins un enfer de l’idéologie qu’un purgatoire de la communication, de l’efficacité informatique déchaînée, des manipulations bureaucratiques irréversibles. La mécanique interne de ce complot de la surinformation, ses implications politiques (ou anarchiques) nous stupéfient moins que son fabuleux impact visuel. Vidéo-clip de l’utopie socioculturelle punk déboussolée, ce film nous lave le regard d’un bain régénérant. » MICHEL CIMENT, POSITIF N° 289, MARS 1985 13:45 Séance suivie d’une rencontre avec Bruno Muel et Jean-Pierre Thorn, cinéastes, Youcef Tatem, compagnon des groupes Medvedkine, et Catherine Roudé, doctorante animée par Tangui Perron, historien, chargé du patrimoine à Périphérie CHRISMARKER, le fantôme-camarade C’était un temps déraisonnable. Mais plus politique. On va mettre Marker à table, et remettre le couvert – fourchettes, couteaux, faucilles et marteaux. Comme avec Godard et les godardiens, le problème avec Marker pourrait bien être certains markeriens. Quand le cinéaste est mort (en 2012), parce que son apport artistique est fondamental, parce que l’époque est déprimante et dépolitisée – plus guère portée par les utopies –, on a généralement négligé la dimension politique, complexe, de son engagement. Mais comment comprendre Marker sans parler d’éducation populaire, de communisme, de dissidence, de mouvement ouvrier ? Ce n’est pas parce que certaines choses n’existent plus qu’elles n’ont pas existé. Ce n’est pas parce que certains rêves ont fini en cauchemar qu’on n’a pas eu raison de rêver. (Et certains réveils sont d’autres cauchemars – qu’on appelle « le réel ».) Il est vrai que Marker lui-même a favorisé certaines mythologies markeriennes. L’homme (sans image de son visage), aux si nombreuses amitiés, aux multiples identités, aux admirations parfois changeantes, a aussi organisé la dissimulation de ses traces et la disparition, plus ou moins temporaire, de certains de ses films. Mais si l’on convoque Marker à table – une sorte de banquet républicain, si ce n’est prolétarien –, ce n’est pas tant pour ôter le masque à un mort que pour tutoyer un fantôme – un fantôme qui fut longtemps un « fantôme-camarade ».