CR Plaine Monceau-111217x
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CR Plaine Monceau-111217x
Superbe et secrète plaine Monceau (sortie régionale Ile de France du 28 avril 2011) Aujourd’hui 28 avril 2011, rendez-vous à l’entrée du parc Monceau, l’un des jardins les plus aristocratiques de Paris, entouré de grilles, de luxueux et calmes hôtels particuliers. Il fut créé en 1778 pour Philippe d’Orléans, duc de Chartres, dit Philippe Egalité, père du roi Louis Philippe. Après la période révolutionnaire où il est démantelé, il est acheté par la ville de Paris qui en garde la moitié, aménagée par Jean-Charles ALPHAND (Ingénieur des Ponts et Chaussées) selon les directives du préfet HAUSSMANN. L’autre partie est revendue au financier PEREIRE. Les frères Émile à Paris et Isaac à Bordeaux sont des banquiers qui ont participé aux opérations immobilières liées à la modernisation de Paris dirigée par le préfet HAUSSMANN. Ils possédaient aussi de nombreuses entreprises dans les chemins de fer, les assurances. Le dessin du parc est de CARMONTELLE (peintre et architecte-paysager) qui s’inspire des jardins anglais pour réaliser un jardin extraordinaire où sont réunis tous les temps et tous les lieux. A l’entrée du parc une rotonde à colonnade dite pavillon de Chartres fut construite par Nicolas Ledoux dans l’ancien mur des Fermiers Généraux ; c’est là qu’on payait l’octroi sur les marchandises entrantes dans Paris ; elle abrite dans sa partie supérieure un appartement sans fenêtre, probablement refuge galant du duc de Chartres. En entrant dans le parc, des ruines vraies ou fausses sont dispersées : des colonnes amenées au 19ème siècle, vestiges des incendies sous la Commune des Tuileries et de l’Hôtel de ville. On y trouve aussi une petite pyramide, un obélisque et une lampe des morts offerte par le Japon à la France en 1986 ; ces objets sont placés dans une zone romantique à caractère funèbre. Nous n’oublierons pas pour terminer la visite de la Naumachie (dans la Rome antique, un bassin aménagé pour des combats navals), vaste bassin ovale entouré d’une colonnade corinthienne. Celle-ci provient d’une rotonde que Marie de Médicis fit bâtir pour le mausolée de Henri II et le sien près de la basilique de Saint Denis, afin que ce Valois ne soit pas mélangé à ses prédécesseurs, et qui ne fut jamais terminée. Une plaque commémore le premier saut en parachute à partir d’une montgolfière, effectué par André-Jacques GARNERIN le 22 octobre 1797. Les hôtels particuliers témoignent de la richesse du quartier, ils sont construits par les prospères hommes d’affaires du milieu du 19ème siècle, Pereire en fut un illustre exemple. Par contre, le cahier des charges imposé par Haussmann fut intransigeant et n’autorise aucune apparence ostentatoire de luxe sur les rues nouvellement créées, c’est seulement le portail franchi que les escaliers montrent une certaine originalité, les fenêtres sans balcons se doivent d’être d’une sobriété haussmannienne. Nous admirons les deux hôtels mitoyens des frères CAMONDO, banquiers venus de Constantinople ; le premier celui de Nathan est devenu propriété de la banque américaine Morgan, le deuxième celui de Moïse après sa mort dans un combat aérien en 1917 devint le musée Nassim de CAMONDO du nom du grand père créateur de la dynastie. Nous voyons le musée Cernuschi avec sa collection d’art d’Extrême-Orient, ancienne demeure léguée avec ses collections à la ville de Paris. Sur sa façade sont représentés en médaillons ARISTOTE et LÉONARD DE VINCI. L’hôtel le plus luxueux est sans contexte celui de la famille MENIER, Justin à l’origine pharmacien se sert de cacao pour envelopper des médicaments, il invente la tablette de chocolat en 1835. Cette famille arme le Belém, voilier trois-mâts qui sert désormais à la Marine nationale pour l'entraînement de ses mousses. En 1867, bien que député de gauche, MENIER demande à Napoléon III de déroger aux prescriptions sévères d’Haussmann ; son hôtel à la façade monumentale s’inspire du château de Chenonceau. Au dessus du porche une proue de navire soutenue par une tête de femme. Dans les sculptures du décor, de nombreuses cabosses (fruit du cacaoyer). On aperçoit discret au fond de la cour d’honneur l’abreuvoir aux chevaux. Cet hôtel affiche l’opulence et la réussite du propriétaire. Emile ZOLA y situe son roman "La curée" et Philippe HÉRIAT celui de la "famille Boussardel". Quelques autres hôtels particuliers HAUSSMANN a l’obsession de la ligne droite et des espaces verts, les modèles de références sont l’immeuble de rapport et l’hôtel particulier, c’est une esthétique rationnelle. Mais à côté de ces immeubles on trouve tout un quartier réservé aux gens du théâtre attirés par Rochefort, le directeur de nombreuses salles. Rue Berger, nous découvrons la maison où Edmond ROSTAND vit de 1891 à 1897,et où il écrit (du moins les parisiens le disent) Cyrano de Bergerac. Marcel PAGNOL de 1933 à 1950 s’installe là à son tour et, il y écrit sa trilogie ; Sarah BERNARD de 1844 à 1923 se montre avec son rat à son balcon orné de deux petits rats ; elle reçoit dans son cercueil et elle est voisine d’une courtisane, la belle OTERO (1868-1965). Un hôtel a appartenu aux grands parents de Nicolas SARKOZY qui eut, dit-il, la rue comme cour de récréation. Pour rompre avec la rigueur du quartier, on peut voir un hôtel d’inspiration médiévale avec faux colombages, statuettes dans des niches et une frise de têtes. Pour terminer, nous découvrons l’immeuble appelé château Gaillard du nom de son propriétaire. Bâti en 1878, il devint une succursale de la Banque de France.. C’est un pastiche de la Renaissance, sur le modèle du château de Blois. Sur la façade deux statuettes : en habit renaissance l’architecte avec son compas et le banquier avec son portefeuille. A l’intérieur, des fossés se remplissaient d’eau le soir pour protéger les salles des coffres ; la légende raconte qu’il y avait aussi des crocodiles pour dissuader les voleurs !. En partant, place de général Catroux, se trouvent les trois statuts des Dumas cachées par les arbres. Cette visite riche d’informations et d’anecdotes prélude à un excellent repas. Alain Bernard Montage photos : Annie Gauchet