Variantes Ronsard - Choeur de Chambre Eole
Transcription
Variantes Ronsard - Choeur de Chambre Eole
Branle à Cassandre Belle brunette, trop aimer ne vous puis Vous êtes honnête dont à vous du tout suis Belle brunette, trop aimer ne vous puis Petit coeur gauche, c'est à toi que je bois J'aime la débauche quand je suis près de toi Mon p'tit coeur gauche, c'est à toi que je bois. Je suis Cassandre qu’est descendue des cieux Je suis Cassandre non pas pour vos beaux yeux Je suis Cassandre qu’est descendue des cieux Buvons encore à mon petit coeur droit Viens-t'en mignonne, viens boire avec moi Quand j'te regarde, je ne vois plus que toi. Belle Cassandre, fais-moi une faveur Charmante Cassandre, fais-moi une faveur Et de tout cœur, te serais serviteur Un dernier verre pour que vous soyez deux Charmantes jumelles, je suis tant amoureux Je n'sais laquelle je vais aimer le mieux. Recueilli) J’ai le cœur tendre et je sais la leçon Pour vous répondre, entendez la façon Mon petit mignon, entendez la façon Ma petite colombelle Ma petite colombelle Ma petite toute belle, Mon petit œil baise moi D'une bouche toute pleine De baisers chasse la peine De mon amoureux émoi Quand je vous dirai, Mignonne, Approchez vous, qu'on me donne Neuf baisers tout à la fois. Lors ne m'en donne que trois. Tels que Diane guerrière Les donne à Phoebus son frère, Et l'Aurore à son vieillard: Puis reculez votre bouche, Et bien loin toute farouche Fuyez d'un pied frétillard. Comme un taureau par le pré Court après son amourée, Ainsi tout plein de courroux Je courrai fol après vous. Et prise d'une main forte, Vous tiendrai de telle sorte Qu'un aigle l'oiseau tremblant. Lors, faisant de la modeste, De me redonner le reste Des baisers ferez semblant. Mais en vain serez pendante Toute à mon col, attendante (tenant un peu l'œil baissé) Pardon de m'avoir laissé. Car, en lieu de six, adonques J'en demanderai plus qu'onques Tout le ciel d'étoiles n'eut, Plus que d'arène poussée Aux bords, quand l'eau courroucée Contre les rives s'émeut. Ajouts anonymes Violée de mes doigts polissons Tu résisteras de la même façon Que résiste à l'aigle le lièvre tremblant, Lors même que faisant semblant De me redonner tout le reste, Des caresses tu me feras comme avant. Mais en vain tu sera attenante Toute à mon membre, pendante Tenant un peu les dents serrées Demandant pardon de n'avoir su résister. Car en lieu de six pompes d'alors J'en demanderai plus qu'alors Tout le ciel d'étoiles n'eut, Plus que d'arène chassé Aux bords, quand le sperme éjaculé Contre les rives de tes lèvres s'émeut Quand ce beau printemps je vois Chanson 98 du Second livre des Amours Quand ce beau printemps je vois J'aperçois Rajeunir la terre et l'onde Et me semble que le jour Et l'amour Comme enfants naissent au monde Quand je vois tant de couleurs Et de fleurs Qui émaillent un rivage, Je pense voir le beau teint Qui est peint Si vermeil en son visage. Le jour qui plus beau se fait, Nous refait Plus belle et verte la terre, Et Amour armé de traits Et d'attraits, Dans nos coeurs nous fait la guerre. Quand je vois les grand rameaux Des ormeaux Qui sont lacés de lierre, Je pense être pris és lacs De ses bras, Et que mon col elle serre. Il répand de toutes parts Feux et dards Et dompte sous sa puissance Hommes, bestes et oiseaux, Et les eaux Lui rendent obéissance. Quand j'entends la douce voix Par les bois Du gai rossignol qui chante, D'elle je pense jouir Et ouïr Sa douce voix qui m'enchante. Vénus avec son enfant Triomphant, Au haut de son coche assise, Laisse ses cygnes voler Parmi l'air Pour aller voir son Anchise. Quand Zéphyre mène un bruit Qui se suit Au travers d'une ramée, Des propos il me souvient Que me tient La bouche de mon aimée. Quelque part que ses beaux yeux Par les cieux Tournent leurs lumières belles, L'air qui se montre serein Est tout plein D'amoureuses étincelles. Quand je vois en quelque endroit Un pin droit, Ou quelque arbre qui s'élève, Je me laisse décevoir, Pensant voir Sa belle taille et sa grève. Puis en descendant à bas Sous ses pas Croissent mille fleurs écloses; Les beaux lis et les oeillets Vermeillets Y naissent entre les roses. Quand je vois dans un jardin, Au matin, S'éclore une fleur nouvelle, J'accompare le bouton Au teton De son beau sein qui pommelle. Je sens en ce mois si beau Le flambeau D'Amour qui m'échauffe l'âme, Y voyant de tous côtés Les beautés Qu'il emprunte de ma Dame. Quand le Soleil tout riant D'Orient Nous montre sa blonde tresse, Il me semble que je vois Près de moi Lever ma belle maîtresse. Quand je sens parmi les prés Diaprés Les fleurs dont la terre est pleine, Lors je fais croire à mes sens Que je sens La douceur de son haleine. Bref, je fais comparaison, Par raison, Du printemps et de m'amie; Il donne aux fleurs la vigueur, Et mon coeur D'elle prend vigueur et vie. Je voudrais au bruit de l'eau D'un ruisseau, Déplier ses tresses blondes, Frisant en autant de noeuds Ses cheveux. Que je verrais friser d'ondes. Je voudrois, pour la tenir, Devenir Dieu de ces forêts désertes, La baisant autant de fois Qu'en un bois Il y a de feuilles vertes. Hà! maîtresse, mon souci, Viens ici, Viens contempler la verdure! Les fleurs de mon amitié Ont pitié, Et seule tu n'en as cure. Au moins lève un peu tes yeux Gracieux, Et vois ces deux colombelles, Qui font naturellement, Doucement L'amour du bec et des ailes. Et nous, sous ombre d'honneur, Le bonheur Trahissons par une crainte: Les oiseaux sont plus heureux Amoureux, Qui font l'amour sans contrainte. Toutefois ne perdons pas Nos ébats Pour ces lois tant rigoureuses; Mais, si tu m'en crois, vivons, Et suivons Les colombes amoureuses. Pour effacer mon émoi, Baise-moi, Rebaise-moi, ma Déesse! Ne laissons passer en vain Si soudain Les ans de notre jeunesse.