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CATHEDRALE NOTRE DAME de STRASBOURG 12 juin 2016 11 dimanche du temps ordinaire – année C e Homélie du Chanoine François GEISSLER Sœurs et frères, Chers amis, Parmi d’autres, une question m’est venue à l’esprit en préparant cette homélie. Quels sont vraiment les personnages les plus importants dans les passages de l’Ecriture entendus aujourd’hui ? Les femmes ? La femme d’Ourias, la pécheresse anonyme, les femmes guéries de maladies et d‘esprits mauvais, Marie, appelée Madeleine, Jeanne, Suzanne et beaucoup d’autres qui servaient les douze en prenant sur leurs ressources…. Ou alors les hommes, David, Ourias, le prophète Nathan, le psalmiste, saint Paul, les galates, le pharisien, Jésus lui-même, les douze… ? Au cœur de la liturgie dominicale, notre réponse peut ne pas être innocente, et peut-être même pas indemne d’arrières pensées, selon que l’on insiste par exemple sur David, d’une part et sur la pécheresse, d’autre part. Dans le premier cas on ignore la femme séduite et enlevée à son mari lui-même assassiné. Dans le second cas, on ignore le pharisien, ses convives y compris les douze. Prenons donc les choses d’une autre manière, à contrepied, en quelque sorte pour prendre une image de football. Et insistons, d’une part, sur la femme d’Ourias et, d’autre part, sur le pharisien en n’oubliant ni les priants du psaume 31 ni les destinataires de la lettre de Paul. Dès lors, j’insisterai volontiers sur la victime instrumentalisée et sur l’homme de bonne foi en leur adjoignant le pécheur repentant et le chrétien confiant. La victime instrumentalisée. Naturellement nous avons tendance à nous tourner vers David pour le juger et le condamner. Nous pouvons même nous étonner de sa fausse naïveté ou plutôt de son déni de responsabilité, du moins dans un premier temps. Force est cependant de constater que l’aveu ne change pas la situation elle-même : la femme d’Ourias est devenue la femme de David. A aucun moment David ne songe à s’en séparer. Elle deviendra même la mère de son fils et successeur Salomon. Devenue veuve suite à un assassinat, la femme devient reine et mère de roi et l’aveu de péché de David n’y change rien. Voilà qui a de quoi surprendre, n’est-ce pas? Où l’homme finalement fait la loi ? L’homme de bonne foi en suite. Le pharisien qui accueille Jésus à sa table est, de fait, un homme sérieux, respectueux de sa religion et généreux au point d’inviter non seulement Jésus mais aussi les Douze et sans doute bien d’autres convives. De plus, l’homme connaît son monde et est parfaitement lucide quant à la personnalité de la femme qui mouille de ses larmes les pieds de Jésus et les oint de parfum précieux. Et le voilà qui est pris à partie par Jésus qui lui fait la leçon à partir d’une parabole. Et le voilà, lui l’homme, apparemment juste et droit, mis en cause. Et voilà que la pécheresse lui est proposée comme modèle. La pécheresse est pardonnée. Le pharisien, document téléchargé sur www.cathedrale-strasbourg.fr page -1- non. Voilà encore qui a de quoi surprendre, n’est-ce pas ? Où la femme, amoureuse, devient l’avenir de l’homme ? Le psalmiste quant à lui voit son chant quelque peu modifié par la liturgie, en tout bien tout honneur comme il convient. Cela aboutit à une hymne de bonheur et d’allégresse qui insiste sur l’aveu et la confession du péché tout en insistant sur l’attitude du Seigneur qui ne retient pas l’offense, pas même un peu. Voilà encore qui a de quoi surprendre, n’est-ce pas ? Où l’aveu s’avère incontournable mais la liberté de Dieu infinie ! Enfin, Paul s’adressant aux Galates leur donne la clé décisive, celle qui ouvre à la compréhension de tous ces éléments. Ce n’est pas la Loi qui est essentielle ni même sa pratique. C’est la grâce de Dieu qui est essentielle. Et cette grâce c’est de pouvoir expérimenter une nouvelle réalité ainsi résumée par l’apôtre : « je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi». Voilà encore qui a de quoi surprendre, n’est-ce pas ? Où nous sommes invités, suite à la découverte de la Parole de Dieu de ce jour, à mettre notre foi, notre confiance dans le Christ ! Plus extraordinaire encore : nous sommes invités à laisser toute la place au Christ en nous, oui toute la place au Christ en nous pour qu’il vive en nous et, de ce fait, par nous. Voilà qui règle définitivement notre question de personnages masculins ou féminins, hiérarchisés ou non. En effet, chacune, chacun de nous est directement concerné, directement provoqué. En réalité, et c’est la Bonne Nouvelle de cette eucharistie, nous ne serons vraiment chrétien que le jour où nous pourrons dire en vérité : « je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi ». AMEN Textes du jour : 2 S 12, 7-10.13 ; Ps 31, 1-2, 5abcd, 5ef.7, 10bc-11 ; ; Ga 2, 16.19-21 ; Lc 7, 36 – 8, 3. document téléchargé sur www.cathedrale-strasbourg.fr page -2-