La danse du monde se pose sur le Tarmac

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La danse du monde se pose sur le Tarmac
08/07/13
La danse du monde se pose sur le Tarmac - Libération
CULTURE
La danse du monde se pose sur le Tarmac
9 juin 2013 à 19:26
CRITIQUE
Francophonie . Le Burkina Faso, la Guadeloupe et le Congo se partagent la petite scène parisienne.
Par MARIE-CHRISTINE VERNAY
Le Tarmac, la scène internationale francophone installée depuis juillet 2011 dans les bâtiments de l’ancien TEP, fait
un sérieux boulot, notamment avec les jeunes artistes. Sillonnant les continents, de l’Afrique à l’Asie, Valérie Baran,
la directrice, est à l’écoute des moindres mouvements qui disent mieux que cent discours l’humeur de générations
pour qui tradition et modernité ne sont plus un souci. En faisant place à la danse jusqu’au 6 juillet, le Tarmac
braque ses projecteurs sur des spectacles personnels qui disent l’état du monde.
«Egarement». Entre le Burkina Faso, où il s’est formé au sein de la compagnie Feeren, la Belgique, où il a dansé
pour Alain Platel ou Sidi Larbi Cherkaoui, et la France, où il est régulièrement invité et réside avec sa femme
burkinabée et sa fille de 13 ans, Serge-Aimé Coulibaly, 41 ans, a conçu un solo pour le Tarmac. «Je n’arrêtais pas,
entre mes spectacles, les tournées, les actions de sensibilisation, j’avais besoin de me recentrer. La disparition de la
chanteuse et danseuse de ma compagnie Djeneba Koné, tuée en voiture, a renforcé cette sensation d’égarement.
J’ai failli arrêter.»
Fadjiri, son solo, est connecté sur la mort. Il a pensé au fusillé de Goya qui lève les bras face aux armes et a utilisé
en ouverture de son spectacle la musique de Bach du Jeune Homme et la Mort que Roland Petit créa en 1946. Seul
avec la gestuelle qu’on lui connaît, qui va du contemporain au traditionnel en passant par les danses populaires, il
trace un chemin sur des matelas de mousse instables, nage tête hors de l’eau pour échapper à la noyade. On pense
à des fossés, à la terre ravinée. La sincérité de ce solo, son brin de folie où les pensées tournoient, ses sons qui
éructent d’une gorge serrée, ou ses crises de rire, renvoient à la complexité de l’homme moderne secoué de
contradictions. La qualité du danseur magnifie la réflexion personnelle.
Souvenirs. Cette semaine, on peut également découvrir Florent Mahoukou, danseur chorégraphe congolais très
actif dans son pays, où il propose un festival de rue à Brazzaville. Il part dans Sac au dos, pièce écrite avec Andréya
Ouamba, à la recherche de l’indicible. Il s’agit pour le tandem de vider le sac, trop lourd, des souvenirs de guerres
civiles qui ont ravagé le Congo et la santé mentale des survivants.
Comme le café du Tarmac est des plus fréquentables, on peut sans hésiter y passer plusieurs soirées, le volet danse
s’achevant sur «la créolité», avec les Guadeloupéens Catherine Dénécy et Soylé, le scénographe.
«Fadjiri», jusqu’au 15 juin à 20 heures, les samedis à 16 heures. «Sac au dos», du 11 au 15 juin à
20 heures, le samedi à 17 h 30. Le Tarmac, 159, avenue Gambetta, 75020.
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